1-Battle With the Cyclops 2.42
2-12 Watson Road 1.00
3-Professor Crowley 1.52
4-Steam from the Yard 1.39
5-Mysterious Hole 2.12
6-Tentacles 2.39
7-The Black Heart 2.12
8-Reawakening 0.46
9-Kicking Ass 3.00
10-Counseling Session 1.29
11-Many Years Ago 0.52
12-The Classroom 1.30
13-Jack is Ready 2.37
14-The Legend of the Heart 4.06
15-Eve's Situation 2.06
16-Battle with the Mutant 1.48
17-Battle with the Professor 1.33
18-The Final Showdown 3.23
19-Jack's New Calling 1.17
20-Jack Brooks: Monster Slayer 4.15

Musique  composée par:

Ryan Shore

Editeur:

Movie Score Media MMS-08018

Produit par:
Ryan Shore
Producteur exécutif de l'album:
Mikael Carlsson
Co-produit par:
Lawrence Manchester
Coordination musicale:
Paul Talkington

Edition limitée à 1000 exemplaires.

Artwork and pictures (c) 2008 Brookstreet Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
JACK BROOKS : MONSTER SLAYER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Ryan Shore
Série-B horrifique qui rappelle clairement les délires sanguinolents du cinéma d’épouvante U.S. des années 80, « Jack Brooks Monster Slayer » est une formidable kitscherie réalisée par un certain Jon Knautz. Tourné avec un budget très modeste, cette sympathique production horrifique canadienne rappelle les bonnes heures des premiers films de Sam Raimi ou ceux de George Romero. L’histoire met en scène Jack Brooks (Trevor Matthews), un jeune plombier qui a vu sa famille se faire massacrer par un monstre lorsqu’il était enfant. Des années plus tard, Jack est étudiant à l’université et va régulièrement consulter un psychologue pour ses problèmes de violence et son tempérament extrêmement colérique - le jeune homme a gardé des séquelles de son traumatisme qu’il exprime régulièrement par un tempérament violent et impulsif. Un jour, Jack accepte de rendre service à l’un de ses professeurs, le Dr. Crowley (Robert Englund), qu’il aide à réparer la tuyauterie de sa maison tombée en panne. Mais c’est en réparant la tuyauterie que Jack, sans le savoir, réveille un démon dans la maison de Crowley, qui prend très vite possession du docteur. Les monstres sont alors de retour et sèment le chaos dans l’école de Jack. Ce dernier va enfin pouvoir venger sa famille en combattant le démon et sa horde de monstres. « Jack Brooks Monster Slayer » rappelle donc les séries-B horrifiques « eighties », avec son lot d’humour noir, de scènes grotesques (séquence ahurissante où Robert Englund, à moitié zombifié, vomit devant ses élèves) et de monstres au look craignos, avec des effets spéciaux kitsch à l’ancienne. C’est bien simple : on croirait presque regarder le « Evil Dead » de Sam Raimi ! En tout cas, les similitudes entre ces deux films sont assez flagrantes (le look grotesque et difforme des monstres, les effets spéciaux alliant maquettes en caoutchouc mou et maquillages rétro, le héros enragé incarné par Trevor Matthews qui rappelle celui campé par Bruce Campbell dans le film de Raimi, etc.). Et il y a bien évidemment Robert Englund, grand spécialiste devant l’éternel des rôles de monstre, puisque l’acteur britannique est connu à vie pour son personnage emblématique de Freddy Kruger, icône incontournable du cinéma d’épouvante américain.

Le jeune compositeur Ryan Shore (neveu d’Howard Shore) nous livre pour « Jack Brooks Monster Slayer » une solide partition symphonique à la façon des grandes musiques horrifiques des années 80. Dès le début du film, le ton est donné avec l’excellent « Battle With The Cyclops » qui nous introduit sans détour au travail du compositeur : orchestrations riches et très soignées, écriture fouillée, et rythmes trépidants, on ressent clairement ici la patte d’un jeune musicien manifestement doué et doté déjà d’un certain savoir-faire (à noter que le compositeur a orchestré toute la musique lui-même!). Cuivres massifs, cordes et bois agités, ce premier morceau nous introduit clairement à l’univers musical sombre crée par Ryan Shore pour le film de Jon Knautz, avec un final plus majestueux associé aux exploits de Jack Brooks, le héros du film. Avec « 12 Watson Road », la musique devient mystérieuse et menaçante, avec ses cordes sombres et ses sursauts de cuivres un peu rétro, qui rappelleraient presque Bernard Herrmann. La scène où le démon s’empare du docteur permet au compositeur de nous offrir une sorte de marche non dénuée d’humour noir avec « Professor Crowley ». La musique alterne entre passages dissonants agressifs et humour grinçant, avec une écriture toujours très soignée et des orchestrations riches et élaborées. A une époque où la plupart des jeunes compositeurs se jettent trop souvent sur des rythmiques électroniques modernes et des orchestrations pâteuses et monolithiques, cela fait du bien d’entendre une musique aussi bien écrite et un classicisme symphonique/hollywoodien réellement maîtrisé.

Bien sûr, on ne peut s’empêcher de relever quelques influences, comme Christopher Young dans « Steam from the Yard » ou « Mysterious Hole ». Ryan Shore crée une atmosphère sombre et tendue lors de l’arrivée du démon qui prend possession du professeur Crowley. La musique vire à l’action pure et dure dans le massif et déchaîné « Tentacles », superbe déchaînement orchestral totalement maîtrisé, évitant la cacophonie habituelle du genre par le biais d’une écriture très soignée. Le morceau accompagne avec une certaine intensité la scène où Jack Brooks affronte le monstre aux tentacules. On appréciera ici les rythmes quasi martiaux et la virtuosité des instruments (et plus particulièrement des cordes), avec une utilisation assez modérée d’effets instrumentaux avant-gardistes. Un morceau comme « The Black Heart » (scène du coeur du démon) permet au compositeur de mettre en avant quelques sursauts orchestraux et autres effets de masse dissonants et clairement horrifiques. Même chose pour le bref mais intense « Reawakening », qui alterne entre sursauts agressifs et petites touches d’humour.

L’action reprend le dessus dans « Kicking Ass » et son utilisation assez impressionnante des percussions de l’orchestre. Le rythme du morceau s’emballe alors et prend une tournure quasi martiale et cuivrée, avec un ostinato rythmique qui rappelle par moment « Aliens » de James Horner - « Kicking Ass » restant sans aucun doute l’un des meilleurs passages d’action du score de « Jack Brooks Monster Slayer ». Les passages à suspense comme « Counseling Session » ou « Many Years Ago » permettent de renforcer l’atmosphère atonale et sombre de la musique du film, tandis qu’un morceau comme « The Classroom » évoque clairement le mélange horreur/humour noir du film pour la scène délirante où Crowler fait son « show » horrifique en plein milieu d’un cours de science. Le compositeur n’hésite pas à mettre en avant quelques clusters stridents de cordes au début de « Jack Is Ready » qui s’autorise carrément une citation directe à un thème du « Aliens » de James Horner, lorsque Jack se prépare au combat à la fin du film. L’excitant et frénétique « Eve’s Situation » utilise quand à lui tout le lot habituel d’effets instrumentaux avant-gardistes avec glissandi de cordes dissonants, clusters stridents, orchestrations très riches, et comme pour « Jack Is Ready », des allusions évidentes au « Aliens » de Horner, qui semble avoir servi de modèle musical au compositeur sur « Jack Brooks ». Les rythmes martiaux/guerriers de « Battle with the Mutant » sont eux aussi inspirés de « Aliens », pour un autre passage d’action trépidant lorsque Jack affronte le mutant dans l’école vers la fin du film, aboutissant aux excitants « Battle with the Professor » et « The Final Showdown » pour l’affrontement final contre le démon. Ryan Shore se fait plaisir et nous offre un peu d’héroïsme guerrier/martial dans « Jack’s New Calling » pour la résolution finale, avant d’enchaîner sur le générique de fin, l’excitant « Jack Brooks: Monster Slayer ».

Ryan Shore signe donc pour « Jack Brooks Monster Slayer » une solide partition orchestrale plutôt riche et inspirée, bien que sans grande originalité particulière. Le compositeur applique à la perfection toutes les recettes orchestrales du genre avec un savoir-faire évident et imite à plusieurs reprises le style du « Aliens » de James Horner ou de certaines partitions de Christopher Young. Il manque néanmoins à ce solide score horrifique un thème principal digne de ce nom. Il est assez regrettable que le compositeur n’ait pas écrit un vrai thème mémorable pour le héros par exemple ou le démon. Du coup, on oscille tout au long de l’oeuvre entre action débridée et passages à suspense dissonants mais sans repère thématique particulier : dommage, car passé les qualités d’écriture de cette musique, la BO de « Jack Brooks » ne laisse pas un souvenir particulier après écoute, même si, par rapport au film, le cahier des charges est rempli : suspense et frissons sont donc au rendez-vous, avec une intensité et un savoir-faire constant. Voilà en tout cas un opus musical de qualité de la part d’un jeune compositeur prometteur qui devrait très vite s’imposer dans la cours des grands s’il se voit enfin confier des productions plus ambitieuses et matures, à la mesure de son talent.



---Quentin Billard