1-Fed Net March 0.49
2-Klendathu Drop 4.29
3-Punishment/
Asteroid Grazing 4.50
4-Tango Urilla 3.50
5-Hopper Canyon 2.44
6-Bugs!! 2.20
7-Dizzy's Funeral 1.18
8-Destruction of Roger Young 3.27
9-Brainbug 3.59
10-They Will Win 4.01
11-Into It 4.36*

*Paroles et musique de
Zoë Poledouris
Interprété par Zoë Poledouris
Produit par Terry Becker,
Le Baron, Zoë Poledouris
& Christopher Tyng.

Musique  composée par:

Basil Poledouris

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-5877

Album produit par:
Basil Poledouris, Tim Boyle,
Curtis Roush, Eric Colvin

Producteur exécutif de l'album:
Robert Townson
Monteur superviseur:
Curtis Roush
Assistant montage:
James Burt
Assistant de Basil Poledouris:
Julia Michels

Artwork and pictures (c) 1997 Tristar Pictures, Inc. & Touchstone Pictures. All rights reserved.

Note: ****
STARSHIP TROOPERS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Basil Poledouris
Après l'incomparable bide monumental de son lamentable 'Showgirls', Paul Verhoeven a décide de rectifier le tir en réalisant 'Starship Troopers', grosse production d'action/sci-fi qui n'a malheureusement pas réussi à trouver son public aux Etats-Unis mais qui semble avoir trouvé un bon écho en France et en Europe, et pour cause: il semblerait bien que les américains n'aient, en grande partie, pas vraiment saisi le second degrés et le cynisme du film. L'histoire est parfaitement basique: dans le monde du futur, les jeunes qui sortent des écoles sont recrutés pour devenir de futurs militaires dans une société où une puissante fédération fait régner l'ordre à travers une propagande militaire intense, dans des conditions proche du fascisme. Johnny Rico (Casper Van Dien) est un de ces jeunes, qui va très vite monter en grade au cours de son apprentissage à l'armée. Les soldats sont alors massivement envoyés sur la planète Klendathu où se terrent de monstrueux insectes géants extra-terrestres qui sèment le chaos dans la galaxie et qui sont devenus les principaux ennemis de l'humanité. Après la destruction d'une partie de Buenos-Aires où vivaient ses parents, Johnny Rico se lance dans une série de combats sanguinaires et acharnés et finit par prendre du galon en menant avec succès la guerre contre les insectes, suivant un objectif prioritaire: trouver et capturer le cerveau, le maître des insectes.

Si on regarde 'Starship Troopers' au premier degré, on y verra une grosse production d'action parfaitement basique, avec son lot d'effets spéciaux, de moments de bravoure (scène où Rico fait exploser l'immense cafard en lui glissant une grenade dans sa carapace) et de scènes gores comme Verhoeven les affectionne tant. Mais si on le regarde sous un autre angle, on découvrira une véritable parabole ironique sur le fascisme, parsemé d'allusions évidentes et revendiquées à la seconde guerre mondiale (le personnage interprété par Neil Patrick Harris porte un costume de type nazi vers la fin du film) et même à la guerre du Golfe (les scènes du désert font parfois penser au conflit irakien de 1990). Verhoeven a même été très clair à ce sujet, il prétend avoir voulu faire un rapprochement avec la politique militaire du gouvernement américain et son idée que la violence résout tous les problèmes - justifiant ainsi toutes les guerres menées par le pays, même celles qui furent un parfait échec comme la guerre du Viet Nâm. Dès lors, il ne serait pas trop hasardeux de faire le parallèle entre les insectes extra-terrestres du film et les Viêt-congs qu'affrontèrent les Américains à la fin des années 60, avec un point commun entre les deux: une fois encore, les américains combattent sur le terrain de l'ennemi en se prenant pour les plus forts. Evidemment, le film montre dans un premier temps la déconfiture de l'armée U.S., et même lorsque cette dernière prend le dessus sur les insectes, elle est montrée comme l'armée typique d'une société fasciste par excellence, avec sa propagande qui envahit tous les médias (avec de nombreuses touches d'humour qui rappellent les cyniques scènes de médias de 'Robocop') et son exhortation au sacrifice, au don de soi, tout cela pour le soi-disant bien-fait de la patrie (selon les termes même d'un personnage du film, une vie ne vaut rien par rapport à la grandeur de la patrie et à la défense de la cause patriotique). Evidemment, Verhoeven fustige ici la politique américaine et c'est précisément cet aspect là de 'Starship Troopers' qui semble avoir largement échappé au public américain - et même si ce n'était pas le cas, on peut se douter que les américains n'ont pas dû apprécier la manière dont le réalisateur critique leur pays (Verhoeven étant hollandais, il a lui-même plus de recul pour pouvoir mieux critiquer les Etats-Unis).

Ceci étant dit, 'Starship Troopers' n'est pas forcément un film à message, car derrière l'aspect politique et les subtilités de l'histoire (les personnages sont tous des jeunes beaux et idéalisés qui semblent issus d'un bête sitcom lambda pour ados basiques) il y a aussi une histoire d'action et de science-fiction toute aussi spectaculaire que banale, à laquelle le 'hollandais violent' (sobriquet ironique bien connu de Paul Verhoeven) a ajouté une bonne dose de gore et d'effusions de sang - insecte qui mange le cerveau d'un homme, cadavres coupés en deux, mutilations diverses tout au long du film, etc.), toujours fidèle à son habitude de provocateur du gros cinéma hollywoodien - il s'agissait de faire encore suer les membres du MPAA. Au final, Verhoeven se paie ainsi le luxe de nous offrir un double spectacle avec 'Starship Troopers': une grosse production spectaculaire aux effets spéciaux remarquables, avec son lot de combats sanguinaires titanesques, d'explosions, de vaisseaux spatiaux et de moments de bravoure, et une grinçante satire sur le fascisme et tout ce qui l'entoure (propagande, patriotisme excessif, radicalisme militaire, violence dogmatisée, etc.). Verhoeven nous réserve aussi quelques touches d'humour réussies, comme lorsque le panneau 'censure' intervient au moment où les scientifiques introduisent une sonde dans le corps du 'cerveau' à la fin du film - un petit sarcasme envers la mentalité américaine puritaine et bien-pensante? A noter pour finir que Verhoeven, toujours aussi énergique sur le tournage de ses films, a réussi à obtenir que toute l'équipe du film se dénude entièrement pour inciter les comédiens à tourner la scène où les jeunes prennent leur douche entièrement nus (femmes et hommes mélangés). Au moins, on ne pourra pas dire que le réalisateur ne se décarcasse pas pour les films qu'il réalise. Au final, 'Starship Troopers' est donc une bonne surprise de la part de Paul Verhoeven, qui parvient ainsi à nous faire oublier son médiocre 'Showgirls'!

'Starship Troopers' marquait aussi en 1997 le retour de Basil Poledouris sur une grosse production d'envergure, car cela faisait maintenant depuis plusieurs années que le compositeur s'était fait discret, accumulant les projets douteux et insignifiants les uns à la suite des autres ('Celtic Pride', 'Free Willy 2', 'Under Siege 2', 'On Deadly Ground', etc.). Enfin, avec 'Starship Troopers', Poledouris retrouve son complice de 'Flesh & Blood' et 'Robocop' pour une nouvelle partition symphonique monumentale. Si vous aimez le Poledouris épique et grandiloquent, 'Starship Troopers' devrait vous ravir, car cela faisait déjà de nombreuses années que l'on avait pas entendu un Poledouris en pleine forme, débordant d'énergie. La musique de 'Starship Troopers' se contente ainsi d'offrir au film une illustration musicale assez premier degré avec une énorme partition aux accents martiaux et épiques. Pour les besoins du film, Basil Poledouris a donc du faire appel à une très grosse formation orchestrale incluant plus d'une centaine de musiciens syndiqués AFM, ce qui explique le fait que le score failli ne jamais voir le jour en édition CD jusqu'à ce que Robert Townson de chez Varèse Sarabande, passionné par cette grande partition orchestrale, décide de tout faire pour l'éditer en CD.

Le score est introduit par la 'Fed Net March', marche militaire qui accompagne la plupart des spots à propagande diffusés par la fédération sur tous les médias. Triomphante et entraînante comme elle se doit, cette marche très cuivrée évoque non sans ironie le côté fasciste et patriotique de cette société du futur. Dès lors, il ne faut que très peu de temps au compositeur pour nous dévoiler un thème principal devenu classique dans la carrière du compositeur, le thème du mémorable 'Klendathu Drop', superbe pièce anthologique de 4.30 décrivant l'arrivée des troupes militaires sur la planète Klendathu où se trouvent l'armée des insectes extra-terrestres. Le thème est confié à une très large partie de cuivres (cors et trompettes principalement) avec les percussions martiales qui accompagnent le morceau en lui conférant ce côté épique qu'affectionne tant le compositeur. On sent véritablement ici toute la puissance des images, le frisson du débarquement, la détermination avant les combats, etc. A noter la manière dont le compositeur ajoute un brillant contrepoint de cordes lors d'une seconde reprise du thème vers le milieu du morceau. Aucun doute possible, 'Klendathu Drop' nous permet de retrouver un grand score de Poledouris déjà considéré comme un classique au même titre que 'Conan The Barbarian' ou 'Robocop', et ce qui suit va très nettement confirmer cette idée.

Après le tour-de-force orchestral du débarquent sur Klendathu, 'Punishment/Asteroid Grazing' s'avère être à la fois plus sombre et plus léger. 'Punishment' concerne ainsi la scène où Rico doit subir la punition après la mort accidentelle de l'un de ses camarades au cours d'une mission d'entraînement à balle réelle. Si les orchestrations se font ici plus sombres (avec la percussion martiale toujours omniprésente), c'est pour mieux nous dévoiler un 'Asteroid Grazing' plus enthousiasmant, où l'on retrouve des orchestrations de qualité plus claires, favorisant des cordes légères et des vents très colorés pour la scène où Carmen (Denise Richards) traverse l'espace à bord d'un vaisseau qu'elle a toujours rêvée de voler. La dernière partie du morceau s'assombrit considérablement avant de retomber dans l'action pour la scène de la météorite, où l'on retrouve une fois encore les orchestrations de qualité du compositeur et une puissance orchestrale toujours aussi impressionnante à l'écran.

'Tango Urilla' est un des meilleurs morceaux d'action du score, avec ses orchestrations massives, ses percussions martiales et ses cuivres belliqueux. On notera ici un motif de 4 notes de trombones/cordes associé au lieutenant Rasczak (Michael Ironside) et qui évoque non sans une certaine ironie le côté 'gros dur' du personnage. Le morceau vire très vite dans l'action pour un nouveau déchaînement orchestral d'une puissance redoutable à l'écran (scène sur la planète Tango Urilla avec une nouvelle attaque d'arachnides). On notera ici l'importance accordée aux timbales dans la scène où Rico affronte l'énorme cafard géant (moment d'action particulièrement captivant, qui évoque le Poledouris de l'époque glorieuse de 'Robocop' et 'Conan'). La menace des insectes se veut plus imposante dans 'Hopper Canyon' pour la scène où les troupes débarquent dans le canyon infesté d'arachnides, débouchant sur l'incontournable 'Bugs!!!', LE morceau d'action de 'Starship Troopers'. En l'espace d'un peu plus de 2 minutes, Poledouris installe un ostinato de timbales guerrier sur fond de cordes déchaînées et de cuivres massifs pour l'attaque de la base du désert par les insectes. Massif, 'Bugs!!!' vaut aussi par la qualité du contrepoint qui se dégage des différentes parties, que ce soit les incessants traits de cordes, ou l'utilisation syncopé du piano ou des xylophones. A noter ici le dialogue qui s'instaure entre le pupitre des cors et des trompettes. A l'écran, le morceau captive toute l'intensité et la barbarie de l'affrontement dans un style orchestral tout simplement explosif. C'est à ce moment là que l'on réalise à quel point on a à faire à une énorme formation orchestrale. On retrouve une idée similaire dans l'excellent et excitant 'Destruction of Roger Young' pour une autre grande scène d'action du film (destruction du vaisseau Roger Young).

Plus mélancolique, 'Dizzy's Funeral' accompagne dans un style plus solennel la cérémonie funèbre de Dizzy (Dina Meyer), Poledouris n'oubliant évidemment pas le côté humain de l'histoire dans sa musique, et ce même si ce côté plus dramatique est quelque peu moins représenté dans son score que l'action ou les élans guerriers. 'Brainbug' évoque la menace représentée par le cerveau qui commande l'armée arachnide avec des orchestrations particulièrement assombries (cordes dissonantes, cuivres graves qui semblent ramper de manière menaçante, etc.). La dernière partie de 'Brainbug' suggère l'espoir d'une victoire avec un bref rappel du thème principal cuivré lorsque Rico vient sauver Carmen des griffes du monstrueux cerveau. Finalement, cette aventure touche à sa fin avec l'excellent 'They Will Win' qui emprunte son titre à un message de propagande du film. Grandiloquent, déterminé et héroïque, 'They Will Win' annonce un triomphe quasi total avec des trompettes sous forme d'appel militaire, accentué par les rythmes martiaux et un excellent contrepoint de cordes/cuivres. Le morceau, écrit sous la forme d'un hymne guerrier, évoque à la fois le triomphe et l'espoir d'un avenir meilleur, avec ce côté martial qui renvoie finalement à l'esthétique des propagandes fascisantes du film pour un autre excellent morceau du score (donc, la musique reflète à son tour le côté sarcastique et ironique du film). Autant dire qu'il s'agit ici du meilleur final que l'on aurait pu avoir pour ce film.

A l'écoute du score de 'Starship Troopers' dans le film, on est immédiatement emballé et sidéré par la puissance qui se dégage de la musique et par son efficacité redoutable sur les images (à noter qu'il manque quelques passages importants sur l'album publié par Varèse Sarabande!). Une fois encore, Basil Poledouris a renoué avec son côté épique qu'il affectionne tant et nous a offert une grande partition symphonique mémorable, mêlant action, élans guerriers/héroïques, rythmes martiaux sauvages et passages plus légers et atmosphériques. Le score de 'Starship Troopers' est décidément une grande réussite du compositeur, les béophiles pouvant déjà considérer ce score comme l'un des nouveaux grands classiques incontournables du compositeur, un exploit si l'on considère donc le fait que Poledouris n'avait pas écrit de partition aussi mémorable depuis le début des années 90. Il aura donc fallu attendre les retrouvailles entre Basil Poledouris et Paul Verhoeven pour voir apparaître une nouvelle grande BO signée du compositeur de 'Robocop'!


---Quentin Billard