1-Pix Title Sequence 3.14
1-Drive to Club 1.39
3-Cam's Apt/Greer's Apt 4.06
4-Warrant Received/Foot Chase 6.20
5-Urine Abomination 0.57
6-Prophet Lies/Greer Rides 1.29
7-I Want You 2.03
8-Operation Prophet 1.49
9-Stone's Headache 3.01
10-T-Bone/Stone Zapped 5.41
11-Shift Enter 5.26
12-Aftermath 5.21

Musique  composée par:

Richard Marvin

Editeur:

Lakeshore Records LKS 34112

Produit par:
Richard Marvin

Artwork and pictures (c) 2009 Touchstone Pictures All rights reserved.

Note: **1/2
SURROGATES
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Richard Marvin
« Surrogates » (Clones) marque le retour de Bruce Willis à l’écran après un « Live Free or Die Hard » de bien triste mémoire. Réalisé par Jonathan Mostow (« Terminator 3 »), « Surrogates » nous plonge dans un futur bien peu optimiste, où les hommes ont décidé de vivre par procuration, en achetant des clones robotisés d’eux-mêmes tout en les commandant à distance depuis chez eux, sans jamais avoir à quitter le confort de leur domicile. Ces clones sont des doubles sans défaut des gens, qui effectuent toutes leurs tâches à leur place. Un jour, un jeune homme est retrouvé assassiné par le biais de son clone, puis un second individu, peu de temps après. Deux agents du FBI (qui sont aussi des clones) enquêtent alors sur ces deux meurtres qui semblent liés mystérieusement à l’inventeur de cette technologie révolutionnaire qui a bouleversé la société du futur. L’agent Greer (Bruce Willis) va alors découvrir que l’assassin possède un appareil secret ultra sophistiqué capable de détruire les clones par le biais d’un choc électrique, tuant le propriétaire du clone par la même occasion. Mais lorsque son propre clone est détruit, Greer n’a d’autre choix que de continuer l’enquête lui-même. La tâche ne serait guère aisée, car les apparences sont plus que jamais trompeuses dans cette société de clones et de faux semblants. « Surrogates » est un film d’action futuriste, adapté du comic book éponyme de Robert Venditti et Breet Weldele, reposant sur un script plutôt original : l’idée que les humains du futur pourraient vivre par procuration et réaliser leurs rêves les plus fous par le biais de clones robotisés qui ne sont que des versions idéalisées d’eux-mêmes soulève bien évidemment bon nombre d’interrogations tout au long du film : il évoque ainsi l’idée de la renonciation à notre humanité, de la perte des vrais contacts physiques et sociaux, de la disparition des sentiments comme l’amour, etc. C’est par le biais de ce concept que le réalisateur Jonathan Mostow tisse une intrigue plutôt intéressante bien que sa mise en scène reste banale, prévisible et sans surprise. Bruce Willis reste égal à lui-même, avec un clone robotisé qui n’est autre qu’une réplique de l’acteur avec 15 ans de moins - une véritable réussite visuelle ! Quelques scènes d’action réussies (la poursuite dans les rues de la ville), une intrigue policière correcte et des idées scénaristiques intéressantes, mais pas de quoi sauter au plafond. Dommage, les enjeux de l’histoire auraient largement mérités un traitement bien plus profond dans le fond et audacieux dans la forme, plutôt qu’un banal polar hollywoodien de série-B !

Le compositeur Richard Marvin retrouve le réalisateur Jonathan Mostow après trois collaborations réussies sur « Breakdown » (1997), « U-571 » (2000) et le téléfilm « Them » (2007). Rappelons que Richard Marvin reste plus connu pour ses musiques de séries-TV telles que « Six Feet Under » ou « Without A Trace » (FBI Portés disparus). Le score de « Surrogates » permet au compositeur de nous offrir une nouvelle variante du style synthético-orchestral plus que jamais à la mode dans les musiques de film d’action hollywoodiens d’aujourd’hui. Très fortement influencé de l’écurie Media-Ventures/Remote Control, la musique de « Surrogates » utilise donc toutes les ressources de l’orchestre symphonique habituel avec les sempiternelles rythmiques synthétiques modernes, et ce dès le début du film, dans « Pix Title Sequence ». « Drive To Club », où Richard Marvin introduit le thème principal, thème de cordes plutôt ample et un peu sombre sur fond de rythmiques électroniques et d’ostinato de cordes à la Steve Jablonsky. A vrai dire, les influences des musiciens de l’écurie à Hans Zimmer semblent assez constantes tout au long du score. Les musiques de Richard Marvin n’ont jamais brillé de par leur originalité ou leur personnalité comme en témoigne par exemple la bande originale de « U-571 », qui restait une copie efficace du « Air Force One » de Jerry Goldsmith. L’enquête policière commence dans « Cam’s Apt/Greer’s Apt », où le compositeur utilise les cordes, quelques notes de piano et des sonorités électroniques atmosphériques et mystérieuses. Marvin suggère clairement ici le début de l’intrigue, tandis que le piano reste associé tout au long du film aux états d’âme de Greer et son envie de se rapprocher de sa femme. Le compositeur utilise alors dans « Greer’s Apt » un passage pour piano et cordes plus intime et mélancolique pour le personnage de Bruce Willis et son besoin de retrouver sa vraie femme et son amour d’antan. Ces passages plus intimistes permettent d’apporter un soupçon d’humanité et d’émotion à la musique, bien qu’ici aussi, la musique reste sans grande originalité particulière.

L’action débute dans l’excellent « Warrant Received/Foot Chase », sans aucun doute le meilleur morceau d’action du score de « Surrogates » : Richard Marvin renforce ici les percussions électroniques modernes tout en mettant l’accent sur des cordes plus rythmées et agitées - dans un style qui rappelle ici aussi Steve Jablonsky - et des cuivres plus massifs, sans oublier l’utilisation de sonorités électro et de guitares électriques atmosphériques pour la partie plus moderne de la musique. « Warrant Received/Foot Chase » accompagne avec une intensité constante la séquence de la poursuite dans les rues de la ville en hélicoptère, Marvin maintenant l’excitation de la course poursuite pendant plus de 6 minutes d’action pure et dure. Les amateurs de musiques d’action synthético-orchestrale apprécieront sans aucun doute ce très bon « Warrant Received/Foot Chase », même si l’on regrette encore une fois le manque d’idée et le côté hyper standard et formaté de cette composition. « Prophet Lies/Greer Rides » maintient quand à lui une certaine tension avec des cordes plus atmosphériques et agitées. On retrouve un passage de piano mélancolique dans « I Want You », qui rappelle ici aussi les sentiments et la frustration de Greer qui voudrait revoir sa vraie femme, et non son ersatz robotisé. La tension devient encore plus palpable dans l’agité « Stone’s Headache », avec des passages souvent plus dissonants et menaçants, morceau qui se conclut de façon plus agressive et massive sur un nouveau passage d’action pour la scène où Greer neutralise le clone de son patron au FBI. La tension reprend d'ailleurs de plus belle dans l'agité « T-Bone/Stone Zapped ».

L’action revient alors dans « Operation Prophet », dont l’unique défaut - outre le manque d’originalité flagrant - est d’être trop bref. On retrouve ici aussi les percussions synthétiques et les guitares électriques atmosphériques de « Warrant Received/Foot Chase ». La tension monte d’un cran dans « T-Bone/Stone Zapped », lorsque le clone de l’agent Peters (Radha Mitchell) menace d’éteindre le circuit contrôlant tous les clones du pays : à noter que l’on retrouve ici le thème principal entendu au début du film (« Drive To Club »). Richard Marvin suggère alors l’urgence de la situation et le début du compte à rebours dans « Shift Enter », passage d’action de plus de 5 minutes dans lequel la tension monte crescendo, avec une utilisation plutôt efficace d’une sorte d’ostinato rythmique orchestral inspiré du « Mars » des « Planètes » de Holst. L’histoire aboutit à un « Aftermath » plus apaisé qui reprend une dernière fois le thème principal avec les cordes avant de se conclure sur une touche plus sombre lors du générique de fin. Richard Marvin signe donc pour « Surrogates » un score d’action/suspense efficace mais sans grande originalité particulière. Le compositeur se contente simplement d’aligner les clichés et les recettes orchestrales/synthétiques habituelles sans audace particulière. Quand on sait que la plupart des scores du compositeur sont impersonnels au possible, on ne sera guère surpris d’apprendre que la musique de « Surrogates » ne parvient jamais vraiment à suggérer une seule idée réellement personnelle de la part du compositeur. Fonctionnelle de A à Z, la musique de Richard Marvin apporte néanmoins son lot d’action, de tension et de rythmes au film de Jonathan Mostow sans pour autant laisser un souvenir particulier après écoute.



---Quentin Billard