1-Wildfire 2.46
2-Hex 4.00
3-Andromeda 2.24
4-Desert Trip 4.14
5-The Piedmont Elegy 2.23
6-OP 2.45
7-Xenogenesis 2.40
8-Strobe Crystal Green 4.55

Musique  composée par:

Gil Mellé

Editeur:

Intrada Special Collection Vol. 121

Produit par:
Douglass Fake
Edition limitée à 1500 exemplaires.

Artwork and pictures (c) 1971 Universal Pictures. All rights reserved.

Note: ***
THE ANDROMEDA STRAIN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Gil Mellé
« The Andromeda Strain » (Le Mystère Andromède) est l’un des grands classiques du cinéma de science-fiction des années 70, réalisé par le vétéran Robert Wise, grand spécialiste du genre (on lui doit entre autre « Star Trek The Motion Picture » et « The Day The Earth Stood Still »). Le film est l’adaptation d’un roman de Michael Crichton et raconte l’histoire d’un groupe de scientifiques aux prises avec un virus d’origine extra-terrestre qui menace le monde entier. Lorsque la population d’un petit village isolé de l’Arizona est entièrement décimée par le dit virus qui possède la faculté de transformer le sang en poudre, le gouvernement américain décide de faire appel aux meilleurs scientifiques du pays pour tenter d’éradiquer la menace « Andromède » avant qu’il ne soit trop tard. Le virus est alors récupéré dans une sonde spatiale de la NASA tombée à proximité du petit village de Piedmont et isolé à l’intérieur d’un immense complexe scientifique souterrain à 5 niveaux baptisé Wildfire. Les scientifiques ont ramené avec eux deux survivants qui ont miraculeusement échappé à l’épidémie : un vieillard alcoolique et un bébé. Les chercheurs savent que ces deux survivants sont la clé pour tenter de détruire Andromède, et ils n’ont pas le droit à l’erreur : en cas de contamination, le complexe Wildfire est prévu pour s’autodétruire par le biais d’une charge nucléaire. Mais lorsque les scientifiques découvrent tardivement que le virus utilise l’énergie pure pour se développer, la tension monte alors d’un cran dans le complexe.

« The Andromeda Strain » nous propose ainsi une immersion assez intense et réaliste dans un complexe scientifique gigantesque où chaque protocole doit être respecté à la lettre pour éviter toute forme de contamination. C’est le réalisme et la précision quasi chirurgicale de la mise en scène de Robert Wise qui ont valu au film son succès (« The Andromeda Strain » a d’ailleurs été adapté en 2008 sous la forme d’un téléfilm en deux parties, avec Benjamin Bratt et Daniel Dae Kim). Et pour accentuer ce réalisme, le réalisateur a choisi d’utiliser très peu de musique, et d’avoir recours à un langage scientifique assez hermétique pour ce type de production. Robert Wise décortique toutes les procédures scientifiques des chercheurs avec un tel soin et une précision quasi maniaque qu’on croirait presque regarder un documentaire. A vrai dire, le problème est que « The Andromeda Strain » se complait bien trop souvent dans ses scènes d’expériences et de recherches scientifiques interminables à l’intérieur d’un laboratoire ultra-sophistiqué, le rythme étant très lent et certaines scènes bien trop longues (la séquence du protocole de décontamination n’en finit pas : Robert Wise aurait bien pu raccourcir cette scène d’au moins 10 minutes !). Evidemment, le film demande un gros effort de la part du spectateur et s’avère être très exigeant pour le public, mais pour peu que l’on se laisse prendre au jeu, « The Andromeda Strain » devient très vite prenant et immersif (on appréciera aussi le suspense intense des 20 dernières minutes du film !). Voilà donc un film de science-fiction (voire de science tout court !) devenu un grand classique du genre, un film qui a plutôt bien vieilli malgré son âge (il date de 1971) et qui reste un incontournable dans la filmographie de Robert Wise !

Le regretté Gil Mellé était à l’origine un saxophoniste de jazz devenu par la suite compositeur de musique de film - sa deuxième passion étant la sculpture. Mellé débuta au cinéma à la fin des années 60 et au début des années 70 en écrivant quelques musiques de séries-TV (« Ironside », « Then Came Bronson, « The Psychiatrist », et par la suite « Columbo » et « Kolchak : The Night Stalker »). Gil Mellé fut d’ailleurs l’un des premiers compositeurs américains à mélanger les synthétiseurs avec l’orchestre, à la même époque que Jerry Goldsmith qui commença lui aussi à faire de même dans ses propres musiques. Pour « The Andromeda Strain », Mellé a opté pour une approche totalement électronique et 100% expérimentale : ici, point de thème, de mélodie ou d’harmonies particulières, toute la musique du long-métrage de Robert Wise repose sur une série de textures sonores et de bruitages synthétiques évoquant l’univers scientifique/biologique du film. Dès l’ouverture du film (« Wildfire »), le compositeur nous propose une série d’atmosphères sonores totalement électroniques, organisées autour d’un ostinato rythmique entêtant, qui rappelle clairement les sonorités informatiques des premiers ordinateurs des années 70. L’ensemble peut paraître un peu « cheap » aujourd’hui, mais le tout sonne malgré tout très moderne et très crédible pour l’époque, et le côté totalement expérimental et « bruitiste » de cette musique renforce l’impression d’écouter une oeuvre abstraite totalement avant-gardiste, où la frontière entre le bruit et la musique devient quasi floue. A l’écran, résultat garanti : cette série de bourdonnements sonores électroniques évoluent avec efficacité sur un montage dévoilant des images de documents top secret de l’armée américaine. « Wildfire » évoque en réalité les sonorités associées à la fois aux scènes d’expérience scientifique et au complexe ultra-moderne Wildfire.

« Hex » prolonge ce travail d’atmosphères sonores pures avec une série de drones évoluant de façon lente et progressive, suggérant un sentiment d’attente et de menace sous-jacente. La musique demeure purement abstraite et expérimentale, sans le moindre repère thématique. Gil Mellé choisit avec habileté ses différentes sonorités électroniques, évitant d’ailleurs le côté « cheap » par une utilisation souvent judicieuse de certaines combinaisons sonores. A l’écran, la musique crée une atmosphère assez particulière et particulièrement étrange et non-conventionnelle, totalement froide, déshumanisée et mathématique. Cette impression se confirme avec « Andromeda », où Mellé évoque le virus lui-même avec une série de sons parasites qui évoluent tout au long d’un travail de stéréo particulièrement impressionnant : une écoute attentive au casque révèlera ainsi une utilisation très réussie de panoramiques gauche/droite sur les différentes textures sonores qui se chevauchent progressivement et s’entrecroisent tout au long du morceau - avec une structure toujours très carré et parfaitement contrôlée. A noter que le compositeur utilise malgré tout quelques sonorités acoustiques qu’il mélange à ses atmosphères synthétiques, et plus particulièrement avec des sons de batterie (cymbales, jeu avec la baguette, etc.) et des pizzicati de contrebasse. La scène où les scientifiques arrivent dans le désert pour enquêter sur les morts mystérieux du village de Piedmont (« Desert Trip ») permet au compositeur de développer une nouvelle série d’ambiances électroniques étranges, avec des rythmes plus agressifs et menaçants hérités de l’ouverture. On devine d’ailleurs dans « Desert Trip » quelques traces de mélodie discrète mais néanmoins présente, l’une des rares incursions d’un élément mélodique dans le score de « The Andromeda Strain » : à noter d’ailleurs que le morceau se conclut en reprenant des éléments de « Wildfire ». La musique demeure quasi funèbre et inquiétante dans « The Piedmont Elegy » pour la scène de la découverte des cadavres dans le village.

« OP » prolonge le travail de sonorités électroniques/informatiques du début au sein d’une atmosphère étrange qui rappelle beaucoup certaines musiques de jeu vidéo des années 80 - c’est dire à quel point la musique sonne très moderne pour l’époque. « Xenogenesis » développe quand à lui un mélange percussions aléatoires/sonorités électroniques étranges, tandis que « Strobe Crystal Green » évoque les scènes du virus au microscope vers la fin du film avec un mélange de nappes sonores mélangeant bourdonnements étranges, raclements stridents et synthétiseurs typiquement 70’s. « The Andromeda Strain » reste donc une partition 100% expérimentale et totalement abstraite, une oeuvre audacieuse pour un film de science-fiction tout aussi impressionnant - bien qu’un peu trop long. Gil Mellé relève donc le défi et nous livre une partition musicale entièrement composée de bruitages électroniques et d’effets sonores aléatoires évoluant au sein d’atmosphères musicales étranges. Si vous appréciez les oeuvres qui sortent de l’ordinaire, il est clair que le score de « The Andromeda Strain » est fait pour vous : utilisée avec parcimonie dans le film, l’étrange composition de Gil Mellé apporte une atmosphère très particulière et quasi unique au long-métrage de Robert Wise, rappelant par la même occasion que les années 70 ont été propices à ce genre d’expériences musicales au cinéma, devenues plus fréquentes sur la fin des seventies, et tout au long des années 80. Une petite curiosité à découvrir, pour tous les amateurs de musiques électroniques expérimentales - dans la lignée du précurseur du genre, la musique du film « Forbidden Planet » en 1956 !



---Quentin Billard