1-I Can See Clearly Now 2.51*
2-Opening Titles - Z's Theme 2.00
3-The Colony 1.56
4-General Mandible 2.21
5-Princess Bala 0.56
6-The Bar 1.27
7-There Is A Better Place 1.19
8-Guantanamera/
6:15 Time To Dance 3.17
9-The Antz Go Marching
To War 3.49
10-Weaver & Azteca Flirt 1.53
11-The Death Of Barbados 2.06
12-The Antz Marching Band 1.15
13-The Magnifying Glass 1.58
14-Ant Revolution 1.47
15-Mandible & Cutter Plot 2.05
16-The Picnic Table 2.43
17-The Big Shoe 2.08
18-Romance In Insectopia 2.29
19-Back To The Colony 2.26
20-Z To The Rescue 7.43
21-Z's Alive 3.28

*Ecrit par Johnny Nash
Interprété par Neil Finn.

Musique  composée par:

Harry Gregson-Williams/
John Powell

Editeur:

Angel Records
7243 5 56792 2 2

Musique additionelle de:
Gavin Greenaway,
Steve Jablonzky,
Geoff Zanelli

Producteur exécutif:
Hans Zimmer
Directeurs en charge de
la musique:
Marylata Jacob,
Todd Homme

Monteur de la musique:
Brian Richards
Superviseur montage:
Adam Smalley

Artwork and pictures (c) 1998 DreamWorks, LLC. All rights reserved.

Note: ****
ANTZ
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Harry Gregson-Williams/
John Powell
Nouvelle prouesse technique des studios Dreamworks, 'Antz' (FourmiZ) est le second long-métrage d'animation entièrement réalisé en images de synthèse en 3D. A l'origine de ce projet se trouve Steven Spielberg (directeur de Dreamworks), qui associa Dreamworks et Pacific Data Image pour accomplir ce véritable exploit technique qui mit deux ans avant d'aboutir au superbe film d'animation que l'on connaît. Si le 'Toy Story' de Pixar s'était avéré être une véritable révolution à son époque, 'Antz' va encore plus loin en affirmant un humour et un second degré beaucoup plus présent dans le récit. L'histoire se déroule dans une immense colonie de fourmis, dans laquelle chaque fourmi s'active pour la construction et le bien-être de la colonie. Parmi les fourmis se trouve Z-4195, une petite fourmi désabusée et cynique qui ne supporte plus la routine de cette vie de conformisme et de hiérarchisation absolue dans une société totalitaire. La princesse Bala, promise au cruel général Mandibule, s'ennuie de son côté et décide de flirter avec les fourmis ouvrières au cours d'une soirée où la princesse rencontre Z qui tombera immédiatement amoureux de la fille de la reine, au détour d'une danse endiablée. Z convainc alors son ami soldat Weaver de partir à sa place au combat, afin de revenir en héros pour séduire Bala. C'est le début d'une série d'aventures qui vont mener Z à traverser un champ de bataille, à rechercher le paradis des insectes baptisé 'Insectopia', à traverser une prairie occupée par des immenses êtres humains et à finalement affronter le tyrannique général Mandibule, qui souhaite détruire la colonie et la recréer en la peuplant de soldats.

Plus qu'un simple film d'animation divertissant, 'Antz' est une astucieuse métaphore sociale qui évoque la bêtise du conformisme et le manque d'individualité dans une société cloisonné dans une organisation hiérarchique étouffante. On pense bien évidemment ici au communisme, que le film semble critiquer allègrement sans trop vraiment se prendre au sérieux. Lorsqu'on voit les fourmis mener leur petit train-train quotidien au début du film dans la colonie, on ne peut s'empêcher de voir là une astucieuse mise en parallèle avec le fameux 'métro-boulot-dodo'. Z est quand à lui un individualiste convaincu, dangereux pour l'équilibre de la société (le film évite le piège de l'anarchie, fort heureusement), une fourmi névrosé qui passe la majeure partie de son temps avec son psy, interprété en V.O. par Woody Allen. Quand on connaît les penchants du célèbre réalisateur pour les personnages névrosés qui jalonnent l'ensemble de sa filmographie, on ne peut que voir ici une astucieuse touche d'humour, où les concepteurs du film se sont amusés à caricaturer Woody Allen à travers le personnage de Z. Voilà donc un film divertissant et astucieux, rempli d'action, d'aventure et de personnages attachants, un film d'animation qui s'apprécie autant au premier qu'au second degré, dominé en V.O. par un casting de voix exceptionnel réunissant des stars telles que Woody Allen, Dan Aykroyd, Anne Bancroft, Danny Glover, Gene Hackman, Jennifer Lopez, John Mahoney, Sylvester Stallone, Sharon Stone, Christopher Walken, etc. Un modèle du genre, en somme!

'Antz' marque la première collaboration entre John Powell et Harry Gregson-Williams sur la musique d'un film d'animation (avant 'Chicken Run' et 'Shrek'), deux compositeurs tout deux issus de l'écurie Media-Ventures fondée par Hans Zimmer, qui s'en donnent ici à coeur joie, livrant une partition orchestrale diversifiée entre rythmes latins, morceaux d'action à la MV, pièces sentimentales, dramatiques et pièces jazzy. Le score s'articule autour d'une série de thèmes forts dominés par l'excellent thème de Z, mélodie de cordes majestueuse introduite dès le 'Opening Titles - Z's Theme' précédé du sympathique thème principal exposé ici par un piano jazzy accompagné par une petite formation instrumentale incluant guitare, harmonica, cordes, vibraphone, marimba, etc. Autant dire que l'on ressent d'emblée l'énergie et la fraîcheur d'une partition dynamique et inspirée, dans laquelle les deux compositeurs semblent s'être particulièrement fait plaisir, variant les ambiances avec un entrain et un enthousiasme communicatif. Le troisième apparaît dans le superbe 'The Colony', thème associé à la colonie des fourmis sur fond de rythmes d'Amérique du sud particulièrement dansants, de cuivres et d'un choeur féminin puissant qui évoquent le côté organisé et mobile des fourmis. A noter que le thème est chanté ici par des sifflets, qui évoquent non sans humour le monde des travailleurs qui sifflent dans la joie en accomplissant leur besogne. Morceau à l'humour et au charme irrésistible, 'The Colony' s'impose d'entrée par son côté fantaisiste et une imagination débridée qui rappelle maints partitions fantaisistes du Danny Elfman des films de Tim Burton. Finalement, le quatrième thème apparaît dans le superbe 'General Mandibule' dans lequel Powell et Gregson-Williams annonce l'excellent thème associé au grand méchant du film, un thème surprenant puisqu'il donne un côté épique et héroïque au 'bad guy' de service, un second degré pleinement assumé ici par les deux compositeurs. On retrouve dans 'General Mandibule' le charme des grands thèmes épiques que nous fournit régulièrement Media Ventures, un thème qui aurait presque pu avoir sa place dans certains passages de BO d'action comme 'The Rock' ou 'Armageddon'. D'abord exposé par une flûte de pan sur fond de rythmiques électroniques/martiales, le thème prend une proportion plus majestueuse et épique lorsque les choeurs et l'orchestre (agrémenté ici d'un marimba) viennent s'associer pour rendre ce thème plus ample et héroïque, qui donne un côté ironiquement pompeux au méchant du film.

'Princess Bala' nous permet de découvrir un nouveau petit thème associé quand à lui à la princesse Bala, une petite mélodie de clarinette accompagnée par quelques cordes, mais que Powell et Gregson-Williams réutiliseront assez peu souvent tout au long du film. La surprise vient ici de 'The Bar', superbe et irrésistible reprise jazzy du thème principal joué par une formation instrumentale incluant quelques cuivres, un saxophone, une batterie, un piano, un marimba, une guitare, etc. Le morceau fait en fait office de 'source-music' dans la scène où Z se rend au bar bien avant d'entamer sa folle danse avec Bala dans le superbe 'Guantanamera/6:15 Time to Dance'. Powell et Gregson-Williams se lâche ici complétement et nous propose l'un des morceaux les plus humoristiques du score de 'Antz', débutant dans le film au son du célèbre air de la chanson 'Guantanamera', accompagné de façon métronomique au début du film et extrêmement lente et carrée (à noter l'utilisation d'instruments samplés un peu bizarre ici), et qui évoquent non sans humour le côté rigide, totalitaire, extrêmement carré et conformiste des fourmis, avant que le morceau ne décolle enfin dans une danse débridée où les cuivres et les rythmiques brésiliennes/cubaines se déchaînent au son d'une entraînante reprise très exotique de 'Guantanamera' lorsque Z et Bala assument leur différence et leur individualisme, proposant une version plus vivante et 'libérée' de la danse, lors d'une superbe envolée orchestrale et dansante, qui se conclut finalement avec une excellente juxtaposition du thème dansant de la colonie. Si l'on ne devait retenir qu'un seul morceau nous prouvant à quel point les deux compositeurs se sont amusés comme des petits fous sur la partition de 'Antz', ce serait bien 'Guantanamera/6:15 Time to Dance' qui résume finalement bien avec humour et fantaisie la métaphore sociale de ce brillant film d'animation.

Avec 'The Antz Go Marching To War', les deux compositeurs s'amusent même à faire allusion au célèbre 'When Johnny Comes Marching Home', fameuse marche militaire traditionnelle chantée autrefois durant la guerre de sécession américaine et que les deux compositeurs s'amusent à pasticher ici en chanson sur fond de rythmiques martiales martelées et bien bourrines, chanté par les fourmis lorsque ces dernières partent à la guerre (à noter une fanfare militaire plutôt bizarre dans 'The Antz Marching Band'). Avec 'Weaver and Azteca Flirt', les deux compères s'amusent même à passer du côté du jazz et de la bossa, avec son saxophone intimiste accompagner le flirt de Weaver et de sa copine Azteca (interprété en V.O. par Jennifer Lopez). Mettant un point d'honneur à varier les ambiances tout au long du film afin d'offrir au spectateur/auditeur une écoute riche et jalonné de surprise, Powell et Gregson-Williams font le tour des différentes émotions et explorent même la tristesse et la désolation dans le sublime 'The Death of Barbados', lorsque les fourmis découvrent après la guerre les restes des cadavres. Les deux compères utilisent ici une très belle mélodie de piccolo solitaire sur fond de cloches funèbres et d'un choeur élégiaque, qui apportent un éclairage émotionnel particulièrement poignant dans cette scène, preuve de l'imagination et du talent des deux acolytes de Hans Zimmer.

On entre alors dans la seconde partie du film, plus orienté sur l'action et l'aventure avec l'excitant 'The Magnifying Glass' pour la scène avec l'immense loupe qui brûle l'herbe, superbe morceau d'action accompagné par un orchestre particulièrement énergique et les traditionnelles percussions électroniques chères aux artisans de Media Ventures. 'Mandible and Cutter Plot' nous permet de retrouver le thème héroïque et martial associé au général Mandibule lorsque ce dernier prépare son plan visant à détruire la colonie et à la débarrasser des ouvriers, qu'il considère comme appartenant à une race inférieure (Mandibule = Hitler?). Si les compositeurs font une petite pause du côté de 'The Picnic Table' avec un amusant thème exotique chanté par des voix féminines et associé à la quête d'Insectopia et aux deux nouveaux personnages qui apparaissent ici, les guêpes, 'The Big Shoe' nous replonge très vite dans l'action avec les rythmiques électroniques chères à la MV et un développement plus cuivré, héroïque et épique du thème de Z dans la scène où Bala et Z tentent d'échapper à la chaussure géante d'un humain, le morceau apportant un éclairage plus hollywoodien et grandiose à la scène. Le retour de Z à la colonie est accompagné par les violons et les étranges voix féminines de 'The Picnic Table' dans 'Back to the Colony', qui impose un certain suspense alors que Z découvre la machination du tyrannique général Mandibule, débouchant sur l'apothéose finale de 'Z To The Rescue' lors du sauvetage finale des fourmis, sans aucun doute le morceau le plus sombre et le plus agité du score de 'Antz', où s'affrontent successivement le thème de Mandibule et le thème de la colonie, avant une reprise particulièrement épique et héroïque du thème de Z à 5.25 qui évoque les exploits et la détermination du héros, l'aventure touchant à sa fin dans une dernière reprise plus apaisé du thème de Z dans 'Z's Alive!' suivi d'une reprise jazzy du thème principal au piano.

Si vous en avez assez des partitions routinières hollywoodiennes, vous devriez écouter avec attention le superbe score de John Powell et Harry Gregson-Williams pour 'Antz', pour lequel les deux compositeurs montrent un talent qu'on ne leur connaissait pas vraiment auparavant, prouvant qu'ils possèdent déjà un style personnel éloigné de ce que fait Hans Zimmer. Avec 'Antz', les deux compères nous prouvent que la musique de film hollywoodienne n'est pas morte et qu'elle peut toujours nous surprendre à partir du moment où on laisse les compositeurs s'exprimer et se lâcher sur un sujet qui les inspirer vraiment (ici, un astucieux film d'animation s'apparentant à une ironique satire sociale). Quelques années avant le chef-d'oeuvre des deux compositeurs, 'Chicken Run', Powell et Gregson-Williams prouvaient qu'ils avaient l'étoffe de grands musiciens, jonglant avec aisance entre différents genres musicaux et différentes ambiances pour les besoins de ce superbe dessin animé. Voilà en tout un petit bijou que vous ne devez manquer sous aucun prétexte!


---Quentin Billard