1-Star Wars Main Title
and The Arrival at Naboo 2.55
2-Duel of the Fates 4.14
3-Anakin's Theme 3.09
4-Jar Jar's Introduction and
The Swim to Otah Gunga 5.07
5-The Sith Spacecraft and
The Droid Battle 2.37
6-The Trip to the Naboo Temple
and the Audience with Boss Nass 4.07
7-The Arrival at Tatooine and
The Flag Parade 4.04
8-He is the Chosen One 3.53
9-Anakin Defeats Sebulba 4.24
10-Passage Through
The Planet Core 4.40
11-Watto's Deal and Kids at Play 4.47
12-Panaka and the
Queen's Protectors 3.24
13-Queen Amidala and
The Naboo Palace 4.51
14-The Droid Invasion and
The Appearance of Darth Maul 5.14
15-Qui-Gon's Noble End 3.48
16-The High Council Meeting and
Qui-Gon's Funeral 3.09
17-Augie's Great Municipal Band
and End Credits 9.37

Musique  composée par:

John Williams

Editeur:

Sony Classical SK 61816 & SK 61776

Album produit par:
John Williams
Monteur de la musique:
Kenneth Wanneberg

Artwork and pictures (c) 1999 Lucasfilm Ltd. and TM. All rights reserved.

Note: ***1/2
STAR WARS EPISODE I :
THE PHANTOM MENACE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Williams
George Lucas décida en 1999 de créer une toute nouvelle trilogie à la saga « Star Wars », dans laquelle chaque histoire serait antérieure à celle des trois premiers « Star Wars » que nous connaissons tous déjà. Ainsi donc, ce « Star Wars Episode I : The Phantom Menace » lança la mode des « prequels », ces suites qui sont censées raconter l’histoire se déroulant avant celle du premier film. Avec ce premier épisode de la nouvelle trilogie, Lucas se replonge dans un univers clôt depuis 1983 (« Return of the Jedi ») et recrée le monde de Star Wars bien avant la naissance de Luke Skywalker, la princesse Leia ou même Dark Vador. Epaulé par un budget assez conséquent pour l’époque (115 millions de dollars), « The Phantom Menace » était un projet datant de 1994, époque à laquelle le réalisateur avait déjà commencé à écrire une première ébauche du scénario. Chose étonnante : cela faisait depuis plus de 20 ans que Lucas n’avait pas tourné un film, sa dernière réalisation remontant en fait à « Star Wars : A New Hope » en 1977. Terminé en réalité fin 1997, « The Phantom Menace » nécessita plus d’un an et demi pour la post-production et les nombreux effets spéciaux conçus par ILM (on a dénombré pas moins de 2000 plans d’effets visuels dans le film, un record pour l’époque !).

L’histoire nous ramène dans une galaxie lointaine, très lointaine. La République galactique a été créée il y a plus de 1000 ans afin de réunir les différents mondes sous la forme d’une République dont le siège principal se trouve sur la planète Coruscant. Aujourd’hui, la République connaît une crise sans précédent depuis sa création : entre la corruption de certains de ses dirigeants et la création de nombreux mouvements dissidents, les pouvoirs politiques ont de plus en plus de mal à faire régner la paix. C’est alors que la puissante Fédération du Commerce, qui refuse en bloc la taxation de toutes les grandes routes commerciales de la bordure extérieure, décide d’imposer un blocus militaire à la pacifique planète Naboo dirigée par la reine Padmé Amidala (Natalie Portman). L’affaire arrive alors jusqu’aux oreilles des membres du Sénat qui décident finalement d’envoyer deux chevaliers Jedi sur place pour tenter de régler le problème : Qui-Gon Jinn (Liam Neeson) et son jeune disciple Obi-Wan Kenobi (Ewan McGregor). Les Jedi sont alors attaqués par les forces militaires de la Fédération et réussiront finalement à libérer la reine Amidala. Ils prennent alors la fuite à bord de leur vaisseau qui se retrouve malheureusement endommagé en plein vol, obligeant nos héros à atterrir d’urgence sur la planète Tatooine pour trouver les pièces de rechange. Qui-Gon fera alors la connaissance du jeune Anakin Skywalker (Jake Lloyd), dont le destin sera inexorablement lié à celui des deux Jedi et de la reine Amidala.

George Lucas nous propose donc une nouvelle histoire mélangeant politique, action, effets spéciaux et batailles épiques dans un style plus proche du ton familial de « Return of the Jedi ». Seule ombre au tableau : le scénario est très inégal et certains personnages secondaires sont tout bonnement insupportables - Jar Jar Binks, sans aucun doute le pire sidekick de toute l’histoire du cinéma ! Lucas innove ainsi sur la forme (« The Phantom Menace » est le premier film à introduire des personnages entièrement réalisés en plans numériques) mais pas dans le fond : inégal de bout en bout et souvent plombé par un style plus puéril et enfantin, « The Phantom Menace » tient ses promesses quand à son côté spectaculaire et grandiose mais déçoit par son manque de profondeur et la superficialité de son scénario (on est bien loin ici des enjeux dramatiques et de la complexité de « The Empire Strikes Back » !). Pourtant, le film nous offre quelques grands moments comme la course de module sur Tatooine (inspiré de la célèbre course de chars de « Ben-Hur »), la scène dans la ville subaquatique d’Otoh Gunga, la bataille sur Coruscant et la très spectaculaire confrontation finale entre les deux Jedi et le redoutable Dark Maul (Ray Park), nouveau grand méchant de « The Phantom Menace » et personnage emblématique de la nouvelle trilogie « Star Wars ». Très attendu par tous les fans de la saga, le film fut un véritable carton au box-office américain de 1999, même si, paradoxalement, « The Phantom Menace » fut massacré par les critiques pour diverses raisons - histoire inintéressante, personnages secondaires agaçants, réalisation bancale, scénario puéril parfois proche d’un Disney, etc.

C’est avec un certain enthousiasme que George Lucas retrouva bien évidemment le grand John Williams pour écrire la musique de « The Phantom Menace », un John Williams qui n'avait plus écrit une seule note de musique pour l’univers de « Star Wars » depuis plus de 15 ans ! Du coup, la partition du maestro a suscité une attente sans précédent pour tous les béophiles et autres fans de l’univers « Star Wars » dans le monde entier, aboutissant d’ailleurs à de nombreuses critiques aussi diversifiées que contradictoires, de « génial » jusqu’à « nul ». Rares sont les musiques de film à avoir autant divisées les foules quand à la qualité intrinsèque du travail du compositeur sur le film. Pourtant, nul ne peut nier que John Williams a écrit une nouvelle grande partition symphonique de qualité pour ce premier épisode de la nouvelle trilogie, une partition qui, sans être aussi mémorable que les oeuvres précédentes, rappelle que le compositeur a muri et que son style s’est affiné à merveille au fil des années. Analysons maintenant d’un peu plus près la musique de John Williams pour ce nouveau « Star Wars ». Toujours interprétée par le prestigieux London Symphony Orchestra, la musique de « The Phantom Menace » est écrite pour une formation orchestrale plutôt conséquente, incluant entre autre un pupitre de cuivres massif incluant 5 trompettes, 8 cors, 4 trombones et un tuba, les cordes, les bois, les percussions et les choeurs du London Voices. Rappelons d’ailleurs que c’est la première fois que John Williams écrit de très larges parties chorales dans une partition d’un « Star Wars », le précédent score utilisant des choeurs de façon plus discrète étant « Return of the Jedi » (pour les morceaux illustrant l’empereur Palpatine). Les fans seront ainsi ravis de retrouver le très célèbre thème principal repris comme le veut la tradition en ouverture du « Star Wars Main Title », qui nous ramène enfin aux grandes ouvertures des films de l’ancienne trilogie. Cette célèbre fanfare héroïque (dont les premières notes ont été inspirées du thème de la musique du film « Kings Row » d’Erich Wolfgang Korngold) résonne dans l’esprit du grand public comme une sorte d’hymne à l’aventure, aux exploits héroïques et aux batailles spatiales, une mélodie ultra populaire et bien connue de tous, totalement indissociable de l’univers de « Star Wars ».

Evidemment, comme on aurait pu s’y attendre, la nouvelle partition de « The Phantom Menace » n'atteint pas les sommets des trois musiques précédentes de l’ancienne trilogie « Star Wars », considérés aujourd'hui comme des classiques incontournables de la musique de film. Les thèmes sont ici bien moins évidents à retenir et moins inspirés, même si le rapport image/musique reste tout bonnement impeccable de bout en bout. John Williams reprend ainsi la technique des leitmotive présente dans les partitions des « Star Wars » depuis 1977. Anakin Skywalker - futur Dark Vador - possède ainsi son propre thème, un « Anakin’s Theme » plus léger aux notes ascendantes, qui ne reviendra pas par la suite dans les épisodes II et III - à noter d’ailleurs que le « Anakin’s Theme » ressemble étrangement au thème que John Williams écrivit pour le film « Frenzy » d’Alfred Hitchcock en 1972. Anakin est encore un jeune enfant plein de fougue dans le film. John Williams lui a ainsi attribué un thème plutôt doux, innocent et optimiste confié aux cordes et aux vents, écrit avec un certain classicisme d’esprit typique du maestro américain, mais dont l’innocence sera très vite tempérée par d’habiles allusions très discrètes au futur thème de l'empire, comme pour annoncer un futur bien sombre pour le jeune Anakin (il deviendra le futur Dark Vador, grand chef Sith de l’Empire). Même le personnage ultra agaçant de Jar Jar Binks a droit à son propre motif, un motif assez grotesque et léger, entendu dès le début de « Jar Jar introduction », thème rappelant d'ailleurs le motif des méchants dans « Superman » (1978). A noter aussi que le motif sautillant de Jar Jar Binks rappelle parfois la musique des Ewoks de « Return of the Jedi », dans un style proche des partitions plus légères de Prokofiev.

Mais le nouveau thème majeur de « The Phantom Menace » reste sans aucun doute l’incontournable et magistral « Duel of The Fates », thème de Dark Maul, l’apprenti de l'empereur qui défie les rebelles dans une superbe séquence de combat au sabre laser à la fin du film (« Duel of The Fates » est devenu très populaire dans l’oeuvre de John Williams !). Ce thème est écrit pour l'orchestre et un choeur épique, sur des textes en sanskrit - langue choisie par le compositeur pour ses sonorités éminemment mystiques, idéales pour le climax du combat final. Les cordes installent dès le début de la scène un motif mélodique de 9 notes qui créent un rythme frénétique en continu tout au long du combat. Le motif des cordes sert en fait de base au morceau, par dessus lesquelles vont venir se greffer progressivement les cuivres dans un crescendo de tension progressif, puis les chœurs en sanskrit. « Duel of The Fates » évoque, comme son nom du morceau l'indique, la confrontation des destins, l'un des duellistes devant inévitablement mourir à l’issue du combat. La chorale offre pour la première fois dans l'univers musical de « Star Wars » une dimension épique, mystique et quasi religieuse à cette scène de bataille anthologique. Le thème de Dark Maul prend alors une tournure réellement épique, et devient associé pour l’occasion au thème des combattants, Qui-Gon et Obi Wan face au seigneur Sith, un morceau puissant et monumental qui apporte une puissance incroyable aux images, à la manière d’une chorégraphie proche d’un ballet classique ou d’un opéra, tout simplement inoubliable - et un grand moment de musique de film ! Les parties orchestrales et chorales semblent s’affronter à travers la musique de Williams, comme pour suggérer l’idée d’un puissant duel musical en parallèle du duel opposant Dark Maul à Obi Wan Kenobi et Qui-Gon Jinn : une nouvelle pièce maîtresse dans l'univers de « Star Wars » !

Le reste de la partition développe ainsi les nouveaux thèmes composés par John Williams pour ce premier épisode, ainsi que les thèmes plus connus issus de la trilogie précédente. Le thème d'Anakin revient ainsi à plusieurs reprises, ainsi que celui de Jar Jar et le thème martial et cuivré de l'invasion des droïdes dans le début du superbe « The Droid Invasion », thème de bataille rappelant d'ailleurs le début du « Belly of the Steel Beast » de « Indiana Jones and The Last Crusade ». A noter d’ailleurs que la plupart des grands morceaux d'action de « The Phantom Menace » rappelle tout à fait le style action massif des « Indiana Jones ». John Williams reste donc fidèle à lui-même, et même s’il n’apporte rien de bien neuf à ces déchaînements orchestraux virtuoses, fait preuve d’une énergie incroyable lorsqu’il s’agit d’illustrer l’action ou les batailles démesurées du film. On ne pourra évidemment pas passer à côté de la qualité toujours assez exceptionnelle des orchestrations fourmillant d’une multitude de détails instrumentaux toujours aussi passionnants à analyser d’un morceau à une autre, preuve de l’immense savoir-faire classique de l’un des grands maîtres de la musique de film américaine actuelle (toujours inspiré des grands maîtres de la musique classique, qu’il s’agisse de Prokofiev ou Bartok en passant par Strauss, Holst et Wagner).

On pourrait ainsi évoquer les trompettes puissantes de « The Droid Battle » ou celles de « The Droid Invasion », sans oublier le virtuose et triomphant « Anakin Defeats Sebulba » pour la scène de la victoire d’Anakin à la course des modules. La musique de Williams reste toujours très efficace à l’écran, apportant un impact considérable à chaque scène du film, dans la plus pure tradition des Space Opera d’antan. John Williams relève ainsi avec brio un défi très risqué, celui de renouveler son propre univers musical qu’il créa 22 ans auparavant en assurant une continuité en sens inverse, dans le sens où cette nouvelle partition est censée accompagner des films dont l’histoire est antérieure à celles de l’ancienne trilogie. Le maestro américain a donc dû réfléchir en amont à la façon dont il allait assurer la transition entre les musiques de la nouvelle trilogie (chronologiquement, l’histoire du passé) et celles de l’ancienne trilogie (l’histoire du futur). Pour cela, le compositeur a donc choisi de poser de nouvelles bases thématiques (« Anakin’s Theme », « Jar Jar’s Introduction », « The Droid Invasion », « Duel of The Fates ») en rappelant plus discrètement certains thèmes des précédentes œuvres de la saga : le thème principal bien sûr, mais aussi le thème de la force, que l’on entend surtout dans le film pour les scènes où le jeune Anakin débute son éducation de chevalier Jedi. Les auditeurs plus attentifs pourront même reconnaître à certains endroits quelques vagues allusions au thème de l’empire et aussi au thème de Yoda et à celui de Jabba le Hutt lors du préambule de la course des modules. A noter pour finir l’utilisation plus étonnante de certaines sonorités comme les choeurs grandioses lors de l’arrivée dans la cité sous-marine de « The Swim to Otoh Gunga », rappelant que si John Williams a non seulement réussi à créer de nouvelles ambiances d'action épiques et virtuoses, il a aussi su créer des atmosphères musicales plus mystérieuses et grandioses évoquant ces nouveaux univers que George Lucas nous introduit dès « The Phantom Menace ».

On notera pour finir deux derniers morceaux marquants dans la nouvelle partition de John Williams, le superbe « Qui-Gon's Funeral » pour les funérailles de Qui-Gon à la fin du film, le maître d’Obi Wan Kenobi tué lors du duel avec Dark Maul. Les choeurs interprètent ici une sorte de requiem élégiaque et funèbre en hommage au personnage de Liam Neeson (un morceau puissant et tragique que certains comparent parfois trop vite au « O Fortuna » du « Carmina Burana » de Carl Orff). Puis, la grande conclusion du film se fait entendre au son du jouissif « Augie's Great Municipal Band », un morceau festif qui se trouve être calqué sur le final de la fête des Ewoks dans « Return of the Jedi ». Effectivement, Williams reprend ici les formules musicales du morceau de « Return of the Jedi » (qu’il avait d’ailleurs dû retravailler spécialement pour la nouvelle réédition du film sortie en 1997), à savoir une chorale d'enfant chantant des « Yaaah-Ooooh » triomphants sur un accompagnement de fanfare/samba purement festif, morceau inattendu et aussi très critiqué par certains fans, enchaînant directement sur le « End Credits » qui reprend le thème de « Star Wars » (finalement peu utilisé dans le film) avec celui de « Duel of The Fates » et d’Anakin Skywalker. On pourra d'ailleurs regretter que le thème de Star Wars soit aussi peu utilisé durant tout le film, pour ne pas dire pratiquement pas utilisé, un choix qui s’explique peut être par le simple fait que « The Phantom Menace » évoque la naissance du mythe et d’une aventure balbutiante qui prendra véritablement son essor dans les épisodes suivants.

En définitive, « The Phantom Menace » est une nouvelle oeuvre de choix et une partition symphonique monumentale signée John Williams, qui ajoute ainsi une pierre à un édifice cinématographique spectaculaire et populaire. Néanmoins, la partition de ce « Star Wars Episode I » a été très critiquée pour la qualité plus quelconque de ses nouveaux leitmotive (hormis le thème inoubliable de « Duel of The Fates »). Ceux qui s’attendent alors à retrouver de nouveaux thèmes facilement mémorisables à la première écoute risquent fort d’être déçus, car le maestro américain joue davantage ici sur une certaine forme d’introspection (« Anakin’s Theme ») et une approche plus nuancée de sa thématique, reflétant aussi un regard plus mature sur une oeuvre musicale appartenant déjà au passé du compositeur. Comme chacun pourrait s’en douter, John Williams a vieilli depuis « Return of the Jedi », et sa musique avec. Mais que l’on se rassure immédiatement : malgré tout ce que l’on a pu lire à droite à gauche à la sortie du film en 1999, la partition de « The Phantom Menace » s’avère bel et bien être la nouvelle grande oeuvre maîtresse que l’on était en droit d’attendre de John Williams sur ce nouveau film. Moins inspirée et nettement moins aboutie qu’un « The Empire Strikes Back », « The Phantom Menace » apporte néanmoins un souffle épique monumental au film de George Lucas, annonçant un nouvel univers musical particulièrement riche et mouvementé. A chacun maintenant de faire l’effort d’analyser et d’apprécier toutes les subtilités d’un score bien plus riche qu’il n’y paraît, même si l’on sent clairement ici qu’il manque encore deux partitions pour pouvoir permettre à la musique de John Williams d’atteindre une certaine cohérence globale dans la nouvelle trilogie « Star Wars » !


---Quentin Billard