1-Les brigades du Tigre 3.33
2-La Halle 1 2.50
3-La Halle 2 1.58
4-Interséquence 1 1.22
5-Virgule 1 0.30
6-Symbole et idéal 1.46
7-Constance 6.13
8-Interséquence 2 1.15
9-Appartement de Casimir Cagne 0.41
10-Rue Ordener 1 1.43
11-Rue Ordener 2 2.14
12-Valentin 2.12*
13-Virgule 2 0.30
14-Piotr 2.10
15-Le nid rouge 3.04
16-Interséquence 3 1.31
17-La Triple Entente 1.32
18-Virgule 4 0.58
19-Sombre question 2.02
20-A l'Opéra 4.49
21-Virgule 3 0.15
22-Constance Duo 2.31
23-Valentin 1.43*

*Ecrit par Claude Bolling
Arrangements d'Olivier Florio.

Musique  composée par:

Olivier Florio

Editeur:

Milan Music 399 016-2

Produit par:
Olivier Florio

Artwork and pictures (c) 2006 Les Films Manuel Munz. All rights reserved.

Note: ***
LES BRIGADES DU TIGRE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Olivier Florio
Adaptation cinématographique de la célèbre série TV culte de Claude Desailly diffusée sur les écrans français en 1974 sur Antenne 2, « Les Brigades du Tigre » nous permet de retrouver la célèbre équipe du commissaire Valentin (Clovis Cornillac) avec ses principaux bras droits, l’inspecteur Pujol (Edouard Baer) et l’inspecteur Terrasson (Olivier Gourmet). L’histoire nous permet de replonger dans la France de 1907, en pleine ère de « la Belle Epoque ». Alors que le pays est en proie à une série de crimes menés par des bandits d’un nouveau siècle, le ministre de l’intérieur Georges Clémenceau décide de créer une force de police capable de venir à bout de cette nouvelle menace : les Brigades Mobiles. Quelques années plus tard, cette force de police s’appelle désormais « Les Brigades du Tigre », dirigée par le commissaire en chef Faivre (Gérard Jugnot). L’une des plus prestigieuses unités de cette brigade est dirigée quand à elle par le commissaire Paul Valentin. Cette unité doit enquêter sur les agissements de la bande à Bonnot, responsable d’un braquage qui a coûté la vie à des policiers. Valentin et ses hommes mènent leur enquête et finissent par arrêter l’un des complices de la bande à Jules Bonnot (Jacques Gamblin). Valentin et ses acolytes ne vont pas tarder à découvrir par la même occasion l’existence d’un complot visant à saboter la Triple-Entente française/russe/britannique. Le commissaire croise alors la route de la très séduisante princesse Constance Bolkonski (Diane Kruger), qui veut aider Valentin à stopper les agissements de son propre mari, le Prince russe Bolkonski (Aleksandr Medvedev), soupçonné de faire partie d’un réseau d’anarchistes visant à saboter la Triple-Entente. Mais ce que Valentin ignore encore, c’est que Constance joue en réalité un double jeu. Et comme si cela ne suffisait pas, l’équipe de Valentin découvre l’existence d’un emprunt russe lié à la Triple-Entente qui pourrait mettre en danger tous ceux qui recherchent la vérité, sans oublier que le commissaire doit désormais se livrer à une véritable guerre des polices avec la Préfecture.

Baignant dans une atmosphère de conspiration sur fond d’Histoire et d’enquête policière, « Les Brigades du Tigre » permet au réalisateur Jérôme Cornuau de reconstituer avec habileté l’ambiance de la série TV d’origine de 1974. Avec un casting irréprochable spectaculaire (Clovis Cornillac, Diane Kruger, Olivier Gourmet, Edouard Baer, Thierry Frémont, Jacques Gamblin, Gérard Jugnot, Léa Drucker, etc.) et une intrigue complexe solidement ancrée dans l’Histoire de l’Europe au début du 20ème siècle (la Triple-Entente, la Belle Epoque, la naissance du socialisme russe, les mouvements anarchiques qui secouèrent la France dans les années 1910, etc.), « Les Brigades du Tigre » s’avère être une bien belle réussite, car même si l’on pourra toujours reprocher au scénario d’être un peu confus sur la fin - il faut vraiment suivre pour bien tout comprendre ! - le film de Jérôme Cornuau reste une bien belle réussite dans le genre, un polar sombre et musclé qui rappelle par moment le « Intouchables » de Brian De Palma : efficace et divertissant, en somme !

La série TV de 1974 doit beaucoup à son très célèbre thème pour piano signé Claude Bolling, sans aucun doute l’une des mélodies les plus célèbres du monde de la télévision française. Pour cette nouvelle version 2009, le réalisateur a décidé de confier la musique au jeune compositeur français Olivier Florio, qui n’oublie pas pour autant d’incorporer le célèbre thème de Claude Bolling dans sa musique. Florio signe pour « Les Brigades du Tigre » une partition orchestrale essentiellement dominée par les cordes, des cordes tour à tour sombres, dramatiques ou élégiaques, avec quelques éléments synthétiques habituels et une utilisation plutôt réussie bien qu’un peu omniprésente du cymbalum, qui apporte une couleur exotique assez inattendue à l’ensemble. Dès le début du film, la musique pose le ton avec un travail très soutenu autour des cordes et l’apparition du cymbalum (« Les Brigades du Tigre »). Le thème principal est alors exposé ici par des cordes élégantes et dramatiques, et sera très présent tout au long de l’histoire pour accompagner l’enquête du commissaire Valentin. Quand au cymbalum, il pourrait évoquer une vague sonorité d’Europe de l’est, et pourquoi pas les personnages russes de la princesse et du prince Bolkonski. Toujours est-il que le cymbalum reste omniprésent tout au long de la partition. Olivier Florio développe alors sur plus de trois minutes son thème principal de cordes dramatiques sous la forme d’une valse mélancolique et élégante assez réussie.

Dans « La Halle 1 » et « La Halle 2 », Florio développe ses deux principaux axes musicaux : des cordes atmosphériques et un cymbalum omniprésent (voire trop ?). On appréciera en revanche la reprise du thème dans « Interséquence 1 » où le cymbalum est accompagné d’une percussion ressemblant au son d’une machine à écrire. Le thème revient aux cordes dans « Virgule 1 », où il évoque la partie plus dramatique de l’histoire et la relation ambiguë entre Valentin et Constance dans l’histoire. Les cordes s’avèrent être plus tourmentées et lyriques dans « Symboles et idéal », où le compositeur révèle un certain goût pour un lyrisme discret mais néanmoins présent. Même chose pour « Constance » où Olivier Florio évoque le personnage de Diane Kruger dans le film en utilisant des cordes lentes aux harmonies creuses (quintes parallèles). A noter qu’un piano s’ajoute vers la fin du morceau, caractérisé par ses notes descendantes. Dans « Interséquence 2 », Florio développe un mélange efficace entre cymbalum, piano et guitare électrique, le jeu du cymbalum frôlant par moment l’improvisation pure et dure. L’enquête poursuit son cours dans « Appartement de Casimir Cagne », sans oublier « Rue Ordener 1 » et « Rue Ordener 2 », où le cymbalum reste associé à la détermination du personnage de Clovis Cornillac et à son enquête périlleuse concernant la Triple-Entente. On retrouve le fameux thème de piano bastringue de Claude Bolling dans « Valentin » et son ragtime caractéristique, idéal pour évoque la Belle Epoque du début du siècle en France.

La musique reste essentiellement dominée par un ton sombre et résigné comme le confirme un morceau comme « Virgule 2 » et ses cordes latentes, sans oublier le sombre et atmosphérique « Piotr » associé dans le film à l’un des anarchistes russes travaillant dans l’ombre, « Piotr » utilisant quand à lui quelques éléments électroniques brumeux afin d’accentuer l’ambiance de suspense du film. A noter que l’on retrouve le thème entêtant de cordes en quintes de Constance dans « Le Nid Rouge », alors que le cymbalum revient dans « Interséquence 3 » pour rappeler que l’enquête poursuit son cours (avec toujours l’utilisation de sons de machine à écrire !). La musique devient plus sombre dans « L’Opéra », pour la séquence finale de l’affrontement à l’opéra : Olivier Florio met ici l’accent sur les cordes et les sonorités électroniques atmosphériques et inquiétantes, afin d’accentuer la tension du climax du film. Le thème est alors repris aux cordes, résonnant ici sous la forme d’un adagio quasi funèbre traversé de quelques touches de cymbalum et de synthétiseurs dissonants : un vrai morceau de suspense pur ! Le thème de Constance est repris dans une très belle version pour piano et violoncelle dans « Constance Duo », Florio se faisant manifestement plaisir en nous offrant une succession de variations autour de son thème. Quand aux amateurs de la musique de Claude Bolling, c’est avec un certain plaisir qu’ils pourront retrouver le célèbre thème de la série TV d’origine dans le conclusif « Valentin », avec un arrangement instrumental incluant les sons de machine à écrire, un vrai moment de nostalgie pour tous les fans de la musique de Claude Bolling !

Olivier Florio signe donc pour « Les Brigades du Tigre » une partition essentiellement dominée par des cordes mélancoliques sombres et latentes, porteuses d’un lyrisme discret et retenu, et d’un suspense parfois plus intense mais jamais véritablement agressif : ici, pas de grandes envolées orchestrales à l’hollywoodienne, bien au contraire ! La musique conserve cette patte française/européenne qui était indispensable au film de Jérôme Cornuau, et qui apporte une émotion particulière à l’histoire, et plus particulièrement à travers l’utilisation de l’omniprésent cymbalum, rappelant inévitablement les consonances musicales d’Europe de l’est. Avec ses deux thèmes principaux, le compositeur crée ainsi une ambiance musicale forte sur les images bien que sans grande originalité particulière. Quelques éléments musicaux rappellent bien évidemment le travail de Claude Bolling sur la série d’origine, et ce même si Olivier Florio a tenu à suivre une voie légèrement différente, optant pour une approche plus minimaliste et retenue - et ce alors que le film s’avère être très mouvementé voire parfois assez violent. Les inconditionnels des « Brigades du Tigre » apprécieront donc à coup sûr le travail du jeune Olivier Florio sur le film de Jérôme Cornuau : à découvrir, donc !



---Quentin Billard