1-When I Was A Little Girl 1.33
2-Michael Descends 2.45
3-It's Started 2.36
4-Old and Pissed Off 2.39
5-This is Not A Test 1.40
6-Clouds Don't Buzz 1.18
7-The Aftermath 0.57
8-Now What? 1.44
9-They're Here 1.54
10-The Ice Cream Man 1.59
11-Attack of The Possessed 0.42
12-We Got 'Em Running 1.02
13-God's Plan 3.48
14-Percy's Story 1.28
15-Dark World 1.51
16-Bob Blames Himself 1.08
17-I Didn't Even Want This Baby 2.12
18-Open the Door 2.42
19-Are We Safe Now? 2.57
20-A Rebellious Son 2.14
21-The Battle 2.21
22-Die Like One of Them 1.43
23-You Are The True Protector 2.12
24-You Are The True Protector
(Alternate Version) 2.12

Musique  composée par:

John Frizzell

Editeur:

La La Land Records
LLLCD 1121

Score produit par:
John Frizzell
Album produit pour
La-La Land Records par:
John Frizzell, MV Gerhard
Directeur de la musique pour
Sony Pictures Entertainment:
Lia Vollack
Producteur exécutif pour
La-La Land Records:
Matt Verboys
Score co-produit par:
Haim Mazar
Montage musique:
Brian Richards
Assistant montage:
Eric Gordon

Artwork and pictures (c) 2010 Screen Gems, Inc. All rights reserved.

Note: ***
LEGION
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Frizzell
Pour son premier long-métrage, le réalisateur Scott Stewart nous propose un thriller d’action explosif sur fond de religion : que se passerait-il le jour où Dieu perd la foi en l’humanité et décide de détruire sa propre création ? La dernière fois que Dieu avait voulu punir les hommes, il avait envoyé un déluge sur la Terre. Aujourd’hui, le Tout-Puissant va envoyer une armée d’anges pour détruire l’humanité, lassé de voir les hommes se déchirer entre eux et se faire la guerre. Un groupe de résistants s’unissent alors à l’intérieur d’un vieux café-restaurant poussiéreux perdu en plein milieu du désert de Mojave pour tenter de survivre aux attaques d’êtres possédés par les anges. Bob (Dennis Quaid), Percy (Charles S. Dutton), Jeep (Lucas Black) et leur serveuse enceinte Charlie (Adrianne Palicki) sont coincés à l’intérieur du café-restaurant avec quelques clients, faisant face à une menace étrange : une vieille dame, débarquant de nulle part, commence à tenir des propos agressifs et se transforme en un véritable démon avant d’être abattue par l’un des clients. C’est alors qu’un étranger nommé Michael (Paul Bettany), un ancien ange soldat de Dieu, arrive avec des armes volées et apprend au groupe de résistants que l’humanité est en péril et que le bébé qu’attend Charlie représente l’ultime espoir de la race humaine : Michael fera tout pour le protéger. Coupé du reste du monde, les résistants savent que la Terre vient d’être plongée dans l’Apocalypse et vont devoir tout faire pour tenter de survivre jusqu’à la naissance du bébé de Charlie, alors que les possédés attaquent le bâtiment à l’extérieur et que l’ange Gabriel (Kevin Durand) est sur le point de les rejoindre pour leur prêter main forte.

« Legion » est au final un thriller théologique dans la lignée de « Constantine » et autres productions d’action aussi foireuses. Car, que l’on ne s’y trompe pas : si vous vous attendiez à voir des anges se livrer une bataille sans merci sur fond d’Apocalypse, passez votre chemin ! Il vous faudra attendre les 20 dernières minutes du film pour voir un simple combat entre deux anges, l’un bon et l’autre mauvais, tandis que le reste du bestiaire se constitue uniquement de zombies aux yeux noirs et aux crocs acérés : où sont les anges dans tout cela ? Mystère ! Quand au concept de Dieu qui perd la foi en l’être humain et décide d’envoyer ses principaux bras droits pour anéantir l’humanité, il aurait pu fonctionner entre les mains d’un bon réalisateur et d’un bon scénariste, mais certainement pas devant la caméra d’un tâcheron issu des effets visuels, Scott Stewart : dialogues interminables, rythme mal géré et ennuyeux, scènes d’action illisibles, effets ‘cheap’ ridicules (le marchand de glace avec son visage et ses bras qui s’allongent, la vieille mémé qui se transforme en démon marchant au plafond, etc.), « Legion » reste un film d’action bête et mal foutu, avec son atmosphère d’Apocalypse au rabais et de situations grotesques et risibles : reste quelques scènes plus intimes et émouvantes, où les personnages expriment leurs doutes, leurs regrets, leurs souffrances cachées ou refoulées. C’est d’ailleurs dans ces quelques rares moments plus cohérents que l’on se rend compte à quel point le sujet possédait un vrai potentiel que Scott Stewart n’a pas su mener à terme et exploiter pleinement : un beau gâchis en somme !

La musique a été confiée à John Frizzell, qui signe une partition symphonique sombre, agressive et mouvementée pour « Legion ». Le compositeur utilise comme toujours toutes les ressources d’un orchestre symphonique habituel auquel s’ajoutent quelques choeurs (utilisés avec parcimonie dans le film) et quelques effets électroniques. La musique n’innove en aucune façon mais apporte dès le début du film une ambiance particulièrement sombre et tonitruante aux images du long-métrage de Scott Stewart. Le compositeur a crée toute une pléiade de sonorités électroniques à partir de sons d’instruments enregistrés et déformés afin d’obtenir une véritable palette sonore évoquant à la fois le surnaturel, le divin et l’horrifique. Concernant l’orchestration (en partie assurée par le compositeur lui-même), John Frizzell a choisi d’écarter les trompettes et les bois de son orchestre, conservant principalement cordes, percussions et cuivres (principalement trombones, tuba et cors). Le score s’attache essentiellement à décrire l’atmosphère d’apocalypse qui s’abat sur un monde pris d’assaut par les anges de Dieu. Dès l’ouverture du film (« When I Was A Little Girl »), la musique s’impose par son utilisation de sonorités électroniques atmosphériques glauques - qui rappelle certains passages des scores de « Stay Alive » ou « Ghost Ship » - et de coups percussifs des choeurs qui annoncent le côté à la fois divin, violent et apocalyptique du film, lors de l’apparition du titre principal à l’écran. L’arrivée de Michael au début du film permet à Frizzell de renforcer cette approche musicale clairement atmosphérique et essentiellement constituée de sound design (« Michael Descends »), la musique demeurant dissonante, sombre et oppressante, avec ses rythmes électroniques pressants et ses différentes couches sonores brumeuses - sans oublier un orchestre principalement cantonné aux sonorités instrumentales graves.

« It’s Started » fait monter la tension d’un cran et renforce l’atmosphère menaçante du score, tandis que « Old and Pissed Off » tente de tempérer les choses en introduisant un très beau thème de piano et cordes associé dans le film à la relation entre Jeep et son père Bob, thème intime qui deviendra d’ailleurs très vite le thème des résistants dans les moments plus touchants du film. « Old and Pissed Off » s’impose ainsi par sa mélodie fragile de piano et ses cordes lentes et plus mélancoliques, exprimant les regrets de Bob qui explique à son fils qu’il est grand temps de prendre son avenir en main et qu’il ne veut pas qu’il reproduise les erreurs de son père. Quelques nappes de synthétiseur plus dissonantes permettent finalement à Frizzell de suggérer que quelque chose de grave est sur le point de se produire, impression largement confirmée par le sinistre « This Is Not a Test » où l’on retrouve tout le goût de John Frizzell pour les atmosphères à suspense noires, sinistres et oppressantes - largement véhiculée ici par un travail de sound design assez réussi et plutôt impressionnant bien que sans surprise. La tension cède la place à la panique et à l’urgence dans « Clouds Don’t Buzz » et ses cordes agitées et bourdonnantes sur fond de cuivres graves, alors que les nuages de sauterelles s’avancent de façon menaçante dans le ciel - on n’est guère loin par moment ici du style de certains passages de la partition de « The Reaping ». L’action pointe alors le bout de son nez dans « Now What ? » et ses cordes plus agitées, et le sombre « They’re Here » pour l’arrivée des êtres possédés. Un passage comme « The Ice Cream Man » prend clairement une tournure plus horrifique pour la séquence du marchand de glace qui se métamorphose en démon difforme, autre passage atonal sinistre et macabre largement entretenu par un sound design impressionnant et des effets de dissonances de cordes avant-gardistes à la Penderecki.

L’action prend une tournure plus terrifiante et oppressante dans l’atonal et agressif « Attack of the Possessed », John Frizzell illustrant clairement ces scènes d’attaque des possédés à la façon d’une musique de film d’horreur : orchestrations sombres, dissonances multiples, rythmes agressifs, etc. La musique reste très intense à l’écran et amplifie la sensation d’Apocalypse et de terreur qui est en train de s’abattre sur une humanité en péril - bien que l’on aurait souhaité ressentir davantage le côté grandiose et énorme de l’Apocalypse, qui reste ici simplement cantonné à un aspect purement « horrifique » de la chose. Dans « Percy’s Story », Frizzell reprend le style intime de « Old and Pissed Off » pour la très belle scène où Percy raconte sa triste histoire à l’un des clients du bar-restaurant. A noter que l’on retrouve le thème des survivants au piano dans le touchant « I Didn’t Even Want This Baby », sans oublier des passages plus calmes comme « Bob Blames Himself » et « Are We Safe Now ? ». Les cordes sont réutilisées ici avec quelques nappes synthétiques plus planantes et mélancoliques, la musique exprimant clairement les regrets et l’amertume du personnage de Charles S. Dutton dans le film. L’action reprend alors de plus belle dans l’agité et agressif « Dark World » pour une autre scène d’attaque, Frizzell en profitant pour développer ses choeurs aux consonances plus ‘apocalyptiques’. Même chose pour le sombre « Open the Door », qui vire cependant à la cacophonie pure par moment (c’est bien dommage !), sans oublier les déchaînements orchestraux/synthétiques de « The Battle » pour l’affrontement final entre Michael et Gabriel à grand renfort d’orchestre, de percussions acoustiques/électroniques frénétiques et de choeurs apocalyptiques. L’ambiance solennelle de « Die Like One of Them » permet à Frizzell de réutiliser des choeurs aux consonances plus élégiaques et angéliques, tandis que l’affrontement final permet au compositeur de nous offrir un ultime morceau d’action agité dans « That is Why You Failed Him ». L’histoire touche à sa fin dans l’émouvant « You Are the True Protector », synonyme d’espoir et de renouveau.

Partition mélangeant déchaînements orchestraux agressifs, passages à suspense horrifiques et moments plus intimes et mélancoliques, « Legion » est un score assez ordinaire de la part de John Frizzell, que l’on a connu plus inspiré. Le compositeur se contente bien trop souvent d’appliquer les formules du genre à la règle, sans jamais apporter de petit ‘plus’ particulier aux images. Sa musique apporte donc une noirceur et une tension indispensable au long-métrage de Scott Stewart mais n’innove pas vraiment et reste assez impersonnelle de la part d’un Frizzell autrefois bien plus inventif. Le travail autour du sound design reste très réussi bien que trop envahissant tout au long du score : Frizzell s’appuie bien trop souvent sur ses différentes sonorités synthétiques qui ont parfois tendance à noyer l’orchestre. Dommage : on est bien loin ici du brio de partitions telles que le virtuose « Alien Resurrection » ou l’inventif « Stay Alive ». Reste que « Legion » est un score d’action/suspense plutôt réussi mais sans surprise et assez fonctionnel, un score qui ne laissera pas de souvenir particulier mais devrait néanmoins satisfaire les inconditionnels de John Frizzell : sans plus, donc !



---Quentin Billard