Disc 1

1-Theme from Superman 4.23
2-Prelude and Main Title 5.02
3-The Planet Krypton 6.36
4-Destruction of Krypton 7.53
5-The Kryptonquake 2.24
6-The Trip to Earth 2.30
7-Growing Up 2.32
8-Jonathan's Death 3.23
9-Leaving Home 4.48
10-The Fortress of Solitude 9.18
11-The Mugger 2.07
12-Lex Luthor's Lair 4.48
13-Helicopter Sequence 5.55
14-The Burglar Sequence/
Chasing Crooks 3.18
15-Super Rescues 2.16
16-The Penthouse 1.31
17-The Flying Sequence 8.10
18-Clark Loses His Nerve 0.46

Disc 2

1-The March of the Villains 3.35
2-The Truck Convoy/
Miss Teschmacher Helps 3.24
3-To The Lair 2.18
4-Trajectory Malfunction/
Luthor's Lethal Weapon 3.24
5-Chasing Rockets 4.57
6-Superfeats 4.54
7-Pushing Boulders/Flying to Lois 5.21
8-Turning Back the World 2.03
9-The Prison Yard/End Title 6.37
10-Love Theme from Superman 4.58

Alternates

11-Prelude and Main Title 3.46
12-The Planet Krypton 3.16
13-The Done Opens 2.30
14-The Mugger 1.24
15-I Can Fly
(Flying Sequence Segment) 2.01
16-Can You Read My Mind
(Film Version) 3.02
17-Trajectory Malfunction 1.01
18-Turning Back the World 2.16
19-The Prison Yard/End Title
(Film Version) 5.44

Musique  composée par:

John Williams

Editeur:

Film Score Monthly FSM BOX 02

Album produit par:
John Williams

Artwork and pictures (c) 1978 Warner Bros Pictures. All rights reserved.

Note: ****
SUPERMAN THE MOVIE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Williams
Grand classique incontournable du cinéma d'aventure américain, réalisé par Richard Donner en 1978, « Superman The Movie » est le premier opus d’une franchise inspirée du célèbre super-héros apparu pour la première fois dans un comic book de Jerry Siegel et Joe Shuster en 1932. Par la suite, les aventures de Superman ont été adaptées au cinéma dès 1948 dans un serial de 15 chapitres, suivi d’un autre sérial en 1950 et d’un long-métrage en 1951 intitulé « Superman and the Mole Men » avec George Reeves dans le rôle de l’homme d’acier, le premier grand interprète célèbre pour son rôle de Superman et qui connut malheureusement une fin tragique et mystérieuse (un suicide présumé, mais que l’on attribuera plus tard à un assassinat perpétré par sa femme). Les aventures de l’homme d’acier furent aussi adaptées en dessins animés dès les années 40, mais il faudra finalement attendre 1978 pour revoir les aventures du célèbre super-héros au cinéma. Ce projet de longue date nécessita un travail colossal de la part des producteurs de la Warner et du réalisateur Richard Donner - Steven Spielberg ayant été pressenti pendant un temps pour tourner le film - avec pas moins de 19 mois de tournage (énorme, même pour une grosse production de ce genre !) et un budget conséquent de 45 millions de dollars, très important pour l’époque. Le principal défi de Richard Donner et des concepteurs du film fut de concrétiser une vision moderne et puissante des aventures de l’homme d’acier, en utilisant alors la technologie de l’époque pour obtenir les meilleurs effets spéciaux possibles. Au final, « Superman The Movie » connut un très grand succès, considéré encore aujourd’hui comme l’un des plus grands films de super-héros du cinéma américain, un film culte qui relança la franchise de Superman au cinéma, le film de Richard Donner ayant connu trois suites (« Superman II : The Adventure Continues », « Superman III : Superman vs. Superman » et « Superman IV : The Quest for Peace »), un projet abandonné (« Superman V : The New Superman », que devait réaliser à l’origine Christopher Reeve), une nouvelle suite en 2006 (« Superman Returns » réalisé par Bryan Singer) et plusieurs adaptations en série TV (« Lois & Clark : The New Adventures of Superman » en 1993 et « Smallville » en 2001).

Mais c’est la version de Richard Donner qui reste aujourd’hui la plus connue et la plus appréciée du public. Le film raconte ainsi comment Superman est devenu le super-héros le plus célèbre de tous les temps. Tout commence sur la planète Krypton, sur le point d’exploser. Le grand scientifique Jor-El (Marlon Brando) tenta d’alerter la population, mais en vain. Il décidera alors de placer son fils unique Kal-El dans une sonde spatiale afin qu’il puisse quitter la planète en vie avant sa fin imminente. La sonde amène alors le bonbon sur la planète Terre, où il est recueilli aux Etats-Unis par un vieux couple, les Kent, qui l’élèvent et le baptisent Clark. Devenu adulte, Clark alias Kal-El (Christopher Reeve) découvre qu’il possède des pouvoirs surhumains en raison de sa nature extra-terrestre. Il décide alors de combattre le mal en mettant à contribution ses pouvoirs pour la lutte contre les criminels de tout poil. C’est ainsi que Clark Kent devient Superman, l’homme d’acier. Le film suivra ainsi sa rencontre avec la belle journaliste Loïs Lane (Margot Kidder) et l’affrontement sans merci opposant Superman à Lex Luther (Gene Hackman), redoutable génie du crime et ennemi juré de l’homme d’acier. Le film de Richard Donner fut donc un triomphe total, permettant de révéler l’acteur Christopher Reeve à jamais associé à la saga « Superman », un acteur qui, à l’instar de George Reeves, connu lui aussi un destin tragique (il devint tétraplégique à la suite d’une chute de cheval). « Superman The Movie » devint une sorte d’icône incontournable dans la culture populaire, un film qui redora en 1978 le blason des films de super-héros, qui défendait alors à cette époque les valeurs de l’Amérique triomphante et invincible.

« Superman The Movie » permit à John Williams de triompher encore une fois en écrivant une partition symphonique au classicisme d’écriture puissant et élégant, une partition majeure et incontournable dans la filmographie du compositeur (qui influença d’ailleurs plusieurs travaux du maestro par la suite), servie encore une fois par un thème principal extrêmement populaire, une des mélodies les plus célèbres du monde de la musique de film. C’est grâce au succès du « Star Wars » de 1977 que John Williams hérita de la partition de « Superman », les producteurs du film souhaitant ainsi retrouver un style symphonique aussi héroïque et brillant que celui du film de Georges Lucas. Rappelons d’ailleurs qu’à l’origine, les producteurs de « Superman » demandèrent à John Williams de s’inspirer du style du quatrième mouvement de la célèbre « Symphonie du Nouveau Monde » d’Anton Dvorak, une mélodie héroïque très populaire du répertoire classique. Si Williams n’a pas copié ce thème à proprement parler, il l’a simplement guidé dans le choix de l’esthétique musicale de sa partition. Influencé par la musique de Wagner, Strauss, Copland et Prokofiev, John Williams a écrit une partition symphonique monumentale pour « Superman The Movie », une partition qui résume parfaitement toute l’ampleur épique et la richesse des aventures de l’homme d’acier. Fonctionnant toujours sur le principe du leitmotiv Wagnérien, « Superman » doit beaucoup à la richesse de ses thèmes, fédérés autour du célèbre thème principal de Superman, une fanfare héroïque écrite dans le style du thème de « Star Wars ». Cette fanfare triomphante est associée dans le film aux exploits héroïques de l’homme d’acier, un thème qui se distingue par sa construction bipartite (comme souvent chez Williams) : une fanfare très célèbre avec son motif d’une dizaine de notes de trompettes, et une mélodie plus ample aux cuivres, reconnaissable à ses rythmes pointés, son intervalle caractéristique de quarte ascendante, et ses trompettes majestueuses au son typiquement américain (on pense ici au style de la célèbre « Fanfare for the Common Man » d’Aaron Copland ou à l’ouverture du film « King’s Row » d’Erich Wolfgang Korngold). Le thème de Superman a acquis très vite une certaine popularité, devenu totalement indissociable des aventures du super-héros de la planète Krypton, sans aucun doute l’une des marches les plus célèbres de l’histoire du cinéma américain, avec celle de « Indiana Jones ».

La thématique de « Superman The Movie » repose ainsi sur une construction extrêmement murie et réfléchie dans le film. Le thème de la planète Krypton, fanfare majestueuse et solennelle, n’apparaît qu’à deux reprises dans le film mais apporte une puissance émotionnelle forte à des morceaux comme « Planet Krypton » ou « The Fortress of Solitude ». On découvre ensuite un thème familial plus lyrique et nostalgique associé à la famille Kent (« Leaving Home »), thème qui sera très présent durant la première partie du film évoquant la jeunesse de Clark chez les Kent à Smallville, sans oublier un motif de 5 notes répétées par une flûte au début du même « Leaving Home », un motif plus mystérieux et inquiétant. Williams nous offre aussi un « Love Theme » fameux pour la romance dans le film entre Clark Kent et Loïs Lane. Enfin, le dernier grand thème de la partition est associé à Lex Luthor, grand méchant du film, et que l’on entend dans « Lex Luthor’s Lair » et « The March of the Villains ». Il s’agit d’une marche plutôt ironique et comique sur fond de cordes staccato à la Bernard Herrmann et un motif sautillant de tuba/basson du plus bel effet, accompagné de notes plus grinçantes des trombones en sourdine. A noter que cette marche a souvent été comparée à la célèbre marche extraite de « L’amour des trois oranges » de Prokofiev, qui a sans doute inspiré Williams pour l’esthétique du thème de Lex Luthor. Toujours est-il que, pour évoquer le méchant du film, Williams a préféré délaisser toute approche maléfique ou diabolisante pour illustrer davantage le personnage de Gene Hackman sous un angle plus comique et parodique, une réussite incontestable dans la partition de « Superman The Movie » qui permet d’apporter un humour fort bienvenue à une partition somme toute extrêmement dense et particulièrement riche.

La partition se compose essentiellement de trois grandes sections : la première évoque la destruction de la planète Krypton (de « The Planet Krypton » jusqu’à « The Trip to Earth »). La seconde évoque l’arrivée de Clark sur Terre et son enfance à Smallville (de « Growing Up » jusqu’à « Leaving Home »). Enfin, la troisième partie illustrera le début des aventures de Superman (« The Mugger » jusqu’à la fin du film). La première section nous permet ainsi de découvrir le thème de la planète Krypton (« The Planet Krypton »), morceau pour lequel Williams a décrit la séquence sur la planète d’origine du héros en utilisant des orchestrations très complexes et élaborées. « The Planet Krypton » commence d’ailleurs à la manière des grandes envolées symphoniques triomphantes de Richard Strauss : une montée orchestrale cuivrée et solennelle de toute beauté, qui rappelle incontestablement « Ainsi parlait Zarathoustra » de Strauss. Le climax de cette ouverture est assez saisissant dans le film et annonce déjà une aventure exceptionnelle. La musique devient ensuite bien plus sombre et noire sur la planète soumise à une destruction imminente. Williams suggère les décors surréalistes de la planète Krypton et la catastrophe imminente en utilisant des orchestrations plus sombres - cuivres en sourdine, trémolos de cordes, percussions diverses utilisées ici de façon inventive (mélange de tambours et de notes de piano martelées dans le grave) et même utilisation discrète de quelques éléments électroniques très 70’s pour reproduire l’identité sonore de la planète Krypton. Williams nous plonge ici dans une atmosphère plutôt inquiétante et assez surréaliste, utilisant des couleurs sonores et des dissonances plus proches de ses partitions atonales habituelles (on pense parfois ici à certains passages de suspense de « Close Encounters of the Third Kind »). Cette atmosphère sombre se prolonge dans « The Destruction of Krypton » dans lequel interviennent des choeurs féminins, des cuivres sombres et des cloches funèbres qui annoncent clairement la fin de Krypton, le morceau se concluant de façon chaotique et massive pour la destruction de la planète. On retrouve ici aussi un John Williams atonal du plus bel effet, qui a réussi à créer une ambiance décidément très prenante et particulière pour toute cette longue séquence de la première partie du film. « The Kryptonquake » conclut d’ailleurs cette scène de destruction en annonçant déjà les premières notes de la fanfare de Superman, au sein d’orchestrations plus mouvantes et agitées, alors que la sonde de Kal-El est envoyée à temps dans l’espace.

« The Trip to Earth » permet au compositeur de faire la jonction entre la première et la seconde partie de sa partition. « The Trip to Earth » accompagne ainsi la séquence où la sonde du jeune Kal-El atterrit sur Terre. On retrouve ici l’écriture orchestrale plus complexe et virtuose du compositeur, avec ses orchestrations luxuriantes, une écriture contrapuntique toujours aussi élaborée et ses harmonies mouvantes très 19èmiste. « The Trip to Earth » développe ici un thème qui ne sera utilisé que pour cette séquence, un thème qui s’avère être les prémisses du futur thème de Yoda que Williams écrira deux ans plus tard pour « Star Wars : The Empire Strikes Back » (1980). Avec « Growing Up », la seconde partie de la partition de « Superman The Movie » commence enfin, avec des allusions au thème de Superman qui permettent au compositeur d’introduire un scherzo survolté pour illustrer la jeunesse de Clark sur Terre, à Smallville, lorsque ce dernier teste ses nouveaux pouvoirs. On retrouve ici une exubérance bouillonnante et une écriture orchestrale résolument virtuose qui sied parfaitement à cette scène du film. « Jonathan’s Death » tempère alors cette ardeur juvénile en apportant un caractère plus tragique et funèbre à la scène de la mort de Jonathan Kent, le père adoptif de Clark (interprété dans le film par le légendaire Glenn Ford). Le morceau permet au compositeur de développer le très beau thème familial qui aboutira à une grande reprise dans toute sa splendeur dans « Leaving Home ». Cette seconde partie se conclut avec « The Fortress of Solitude », un morceau généralement très apprécié par les fans, et qui illustre pendant plus de 9 minutes la séquence où Clark, après avoir quitté la maison familiale des Kent, découvre l’immense cité de la forteresse de solitude dans la banquise du pôle nord. Clark découvre alors le spectre de Jor-El qui lui révèle qui il est réellement et lui enseigne tout ce qu’il a à savoir pendant près de 12 longues années qui feront de lui Superman. Williams a accompagné cette séquence en développant le thème de la planète Krypton et le motif de 5 notes avec brio. Les orchestrations s’imposent ici par leur couleur plus particulière et quasi surréaliste : choeurs féminins mystérieux, trémolos de cordes et une seconde partie dans laquelle interviennent quelques sonorités électroniques cristallines qui évoquent l’intérieur de la forteresse de la solitude et rappelle les origines extra-terrestres du héros. « The Fortress of Solitude » développe une atmosphère quasi onirique absolument magnifique, une sérénité qui évoque l’isolement de Clark dans son apprentissage intense pour devenir Superman. Avec son instrumentation plus cristalline (célesta, harpe, violons, synthétiseur new age), Williams développe ici une atmosphère planante assez exceptionnelle et d’une grande beauté - comparable à ce que fera le compositeur sur les scènes du paradis dans « Always » de Spielberg ou dans la scène du manoir dans « Far and Away ».

Enfin, la troisième partie débute avec « The Mugger » qui permet de découvrir pour la première fois le fameux « Love Theme » pour Clark et Lois Lane, brièvement suggéré ici par les vents. On appréciera aussi la marche comique du personnage de Gene Hackman dans « Lex Luthor’s Lair » et le premier grand morceau de bravoure du film, l’excitant « Helicopter Sequence » avec ses cuivres massifs et ses envolées orchestrales frénétiques. C’est l’occasion pour le compositeur de laisser enfin éclater la fanfare héroïque de Superman dans toute sa splendeur, pour l’un des morceaux d’action incontournable du score de John Williams, développant par la même occasion le Love Theme. L’action se prolonge dans le non moins excitant « The Burglar Sequence/Chasing Crooks » avec ses rythmes orchestraux complexes et massifs évoquant Stravinsky, sans oublier l’un des morceaux incontournables de la partition, « The Flying Sequence », célèbre passage du film lorsque Superman vole dans les airs avec sa bien-aimée, symbole d'un romantisme idéalisé rappelant les vieux films hollywoodiens des années 50. Cette superbe séquence est illustrée par une musique plus majestueuse et flamboyante, un véritable ballet musical aérien qui développe ici le Love Theme dans toute sa splendeur. Williams apporte un souffle romantique inoubliable à cette séquence accentuée par la poésie prononcée à l’écran par l’actrice Margot Kidder (sans aucun doute la scène romantique la plus célèbre du cinéma américain des années 70, scène qui a malheureusement beaucoup vieillie aujourd’hui). « The Flying Sequence » apporte une véritable magie à l’écran, une magie quasi féérique, grandiose et enchanteresse pour l’un des grands moments d’anthologie du film. Le thème romantique est développé dans toute sa splendeur par l’orchestre, un thème dont les envolées orchestrales lyriques rappellent beaucoup ici certaines mesures du poème symphonique « Mort et Transfiguration » de Richard Strauss (1889). L’action continue ensuite de plus belle avec un autre grand morceau de bravoure du film, la poursuite avec les roquettes dans « Chasing Rockets », autre morceau d’action incontournable de la partition de « Superman The Movie », qui débouche sur un autre tour de force orchestral similaire, « Superfeats ». Williams conclut finalement sa partition sur le triomphant « End Title » qui reprend la fanfare de Superman pour le générique de fin.

Partition monumentale d’une complexité et d’une richesse impressionnante, « Superman The Movie » est un véritable poème symphonique classique écrit pour ce grand classique du film de super-héros des années 70. Les aventures de l’homme d’acier n’ont jamais autant brillées qu’à travers les grandes envolées orchestrales triomphantes de John Williams. Avec le film de Richard Donner, le maestro n’a pas fait dans la dentelle et ce pour notre plus grand plaisir ! Il laisse aujourd’hui une oeuvre puissante, un grand classique de la musique de film hollywoodienne qui apporte un souffle épique et romantique incroyable au film, une oeuvre que l’on pourra enfin redécouvrir grâce à l’excellente réédition du coffret « Superman » de chez Film Scores Monthly (FSM). Un triomphe !



---Quentin Billard