1-Immolation 3.07
2-Nightfall 4.43
3-Humans 2.39
4-Subsider 2.00
5-On the Run 3.11
6-Blood Lust 7.22
7-The Winery and the Cafe 3.53
8-Fermentation Tank 2.10
9-Ambush 2.18
10-Resurrection 4.02
11-Drought 2.27
12-In the Sun 6.42
13-Blood Brothers 2.43
14-Spreading the Cure 11.17
15-Daybreak 6.27
16-Running Up That Hill 4.55*

*Interprété par Placebo
Ecrit par Kate Bush

Musique  composée par:

Christopher Gordon

Editeur:

Lions Gate Records LGR 20033

Album produit par:
Christopher Gordon

Artwork and pictures (c) 2009 Lionsgate. All rights reserved.

Note: ***1/2
DAYBREAKERS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Christopher Gordon
« Daybreakers » profite du succès de « Twilight » pour remettre au goût du jour le thème des vampires, sujet archi usé au cinéma depuis des lustres. Le film des frères Spierig s’avère être néanmoins assez original dans le sens où il évoque une société dans laquelle les humains sont devenus une minorité et les vampires les maîtres de la planète. L’histoire se déroule dans cette société des vampires en l’an 2019. Une crise sans précédent touche la population aux crocs acérés : les humains ne sont plus en quantité suffisante et les réserves de sang humain commencent à se raréfier dangereusement. Edward Dalton (Ethan Hawke) est un chercheur qui travaille sur la mise au point d’un substitut qui pourrait remplacer le sang humain et permettrait ainsi de nourrir ses semblables et de sauver les derniers humains restants. Edward croisera alors la route d’une humaine, Audrey (Claudia Karvan), et découvrira un secret qui pourrait tout enfin tout changer : la possibilité pour un vampire de redevenir humain et de ne plus avoir à se nourrir continuellement de sang. Edward se retrouve alors au centre d’un conflit entre humains et vampires avec comme enjeu l’avenir des deux espèces. Filmé avec une certaine intensité et une noirceur appropriée, « Daybreakers » s’avère être une bien belle réussite, abordant certains thèmes comme l’écologie (le besoin de préserver les ressources énergiques du monde), la lutte pour le pouvoir et la dénonciation d’un système économique capitaliste qui multiplie les dégâts à long terme. Les frères Spierig s’en tirent haut la main, même s’il s’agit là de leur premier grand budget hollywoodien (ils avaient déjà réalisé « Undead » en 2003, une modeste série-B horrifique passée inaperçue). Le film mélange adroitement action, suspense, drame, science-fiction et scènes gore (notamment pour la confrontation finale, particulièrement sanglante, à la limite d’un George Romero !), le tout servi par un casting de qualité réunissant Ethan Hawke, Sam Neill et Willem Dafoe.

La musique de Christopher Gordon reste à coup sûr l’atout majeur du film des frères Spierig. Le compositeur britannique, connu pour son écriture classique et ses grands thèmes lyriques, signe pour « Daybreakers » une partition symphonique puissante, sombre et intense, épousant parfaitement les contours de cette histoire de société de vampires sur le déclin, à l’aube d’une découverte qui pourrait changer le monde. Le score de Christopher Gordon utilise toutes les ressources de l’orchestre symphonique habituel, agrémenté de passages entièrement percussifs d’une intensité rare sur les images - principalement lors des scènes d’action du film - et de quelques touches chorales de grande qualité. Dans « Immolation », Gordon nous propose d’ouvrir le film au son d’un sombre et puissant adagio pour cordes tragique et torturé, révélant la nature tourmentée des vampires. Le caractère élégiaque de « Immolation » place l’ouverture du score de « Daybreakers » sous le signe du drame et de la noirceur. Les orchestrations s’avèrent être amples et très soignées, comme toujours chez Gordon. Dans « Nightfall », des choeurs féminins font leur apparition, sur fond de synthétiseurs discrets (pour le côté futuriste du film). L’écriture dissonante et planante des choeurs rappellerait presque par moment ici le « Requiem » de Ligeti, les voix apportant à l’écran un côté lugubre, gothique et mystérieux particulièrement réussi à l’écran (on pense aussi à certains passages du « From Hell » de Trevor Jones). Les choeurs apportent en tout cas dans « Nightfall » un côté macabre et angoissant réellement impressionnant, sans en faire trop pour autant. Les choeurs masculins lugubres et gothiques reviennent dans le non moins impressionnant « Subsider », où la dimension horrifique du film ressort plus particulièrement, le tout renforcé par des timbales agressives annonciatrices du chaos à venir.

« Humans » évoque les survivants humains à l’aide d’un solide mélange entre cordes, violoncelle soliste, cuivres et quelques éléments électroniques discrets. Mais c’est dans « On The Run » que la musique marque un point lors d’une scène de poursuite du film. Gordon a ainsi choisi d’illustrer toute cette scène en utilisant exclusivement que des percussions : timbales, tambours, cymbales, percussions boisées diverses, tout y passe, l’orchestre étant ici totalement absent de l’instrumentation 100% percussive du morceau. Le résultat est assez impressionnant à l’écran : la musique apporte une puissance sèche et une excitation frénétique à cette scène de poursuite. A noter que le morceau finit néanmoins avec une reprise de l’orchestre, mais à la fin de la poursuite. La démarche du compositeur reste donc cohérente : délaisser l’approche orchestrale habituelle pour les scènes d’action et utiliser exclusivement le pupitre des percussions, une idée intéressante qui fonctionne parfaitement ici ! On retrouve le style gothique de « Nightfall » dans « Blood Lust » où la dimension horrifique et lugubre du récit transparaît plus que jamais avec des choeurs grandioses évoquant la société des vampires et leur besoin vital de sang humain. La musique demeure toujours constamment sombre à l’écran, comme le confirme « Blood Lust », jusqu’à ce que « The Winery and the Cafe » apporte un peu d’espoir, lorsqu’Edward découvre le Q.G. des survivants humains dans le film. La musique apporte alors un certain lyrisme salvateur aux cordes et aux vents, tandis que la seconde partie du film reprend les choeurs gothiques des vampires, rappelant la menace qui pèse sur les humains et l’obstination du bad guy de service campé par Sam Neill dans le film.

On appréciera l’écriture des cordes dans « Fermentation Tank », tandis que les percussions 100% action reviennent dans l’agressif « Ambush » pour la scène de l’embuscade armée dans le Q.G. humain. « Drought » s’avère être un grand moment de musique horrifique pur, avec des choeurs dissonants et cacophoniques qui semblent quasiment hurler de terreur, sans aucun doute l’un des passages les plus sombres de la partition de « Daybreakers », un morceau que n’aurait pas renié un Christopher Young par exemple ! L’espoir revient enfin dans « In The Sun », lorsqu’Edward est enfin redevenu un humain et peut s’exposer au soleil sans crainte d’être brulé vif. La confrontation finale est illustrée dans le très long et intense « Spreading the Cure », lorsqu’Edward et ses complices répandent le vaccin humain sur les vampires. La musique mélange choeurs gothiques, passages d’action agressifs (avec des percussions surpuissantes) et morceaux de terreur pure pour les besoins de la scène. « Daybreak » développe les principaux thèmes de la partition de Christopher Gordon pour le générique de fin du film, thèmes qui risquent malheureusement fort d’échapper à l’oreille du public ou des auditeurs à cause de leur caractère anecdotiques et difficilement mémorisables. Ainsi, malgré toutes ses qualités, la partition de « Daybreakers » échoue ainsi à nous proposer des thèmes de qualité, qui auraient pourtant permis de rendre l’écoute plus fluide et cohérente. Les quelques thèmes présents dans la partition de Christopher Gordon ne suffisent malheureusement pas à retenir notre attention ou à laisser un quelconque souvenir, faute de mélodie suffisamment explicite ou de développement réellement important. Malgré ce gros défaut - plutôt handicapant pour le confort d’écoute de la musique, qui ne laisse que peu de souvenir dans le film comme dans l’album - la musique de « Daybreakers » s’avère être très réussie et pleine de qualités : morceaux d’action percussifs, choeurs gothiques et lugubres, passages dramatiques, moments d’espoir, sans oublier des orchestrations soignées et un soin d’écriture typique du compositeur, tout est là pour faire du nouvel opus symphonique de Christopher Gordon une franche réussite, parfaite sur les images du film des frères Spierig, à défaut de laisser un souvenir impérissable !



---Quentin Billard