1-Designs 2.55
2-Predestined 2.49
3-Mechanical Mind 3.43
4-Origins 2.29
5-Methodology 2.53
6-Rationalization 2.04
7-Shadow of a Doubt 2.15
8-The Catalyst 2.59
9-Breaking and Entering 2.27
10-A Fresh Start 2.10
11-Solitary 2.54
12-The Execution 3.16
13-They Can't Feel Anything 2.29
14-Ultimatum 2.48
15-Stalked 2.16
16-Unconfession 6.20
17-Guardian Angel 3.59
18-Law Abiding Citizen 4.10

Musique  composée par:

Brian Tyler

Editeur:

Downtown Soundtracks

Album produit par:
Brian Tyler
Montage musique:
Joe Lisanti, Zig Gron
Superviseur musique:
Jim Black

American Federation of Musicians

Artwork and pictures (c) 2009 Evil Twins. All rights reserved.

Note: ***
LAW ABIDING CITIZEN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Brian Tyler
Prévu à l’origine pour Frank Darabont, « Law Abiding Citizen » (Que justice soit faite) a finalement été confié à F. Gary Gray (« The Italian Job », « The Negotiator »). Le long-métrage met en scène l’acteur Gerard Butler dans la peau de Clyde Shelton, un homme qui assiste au meurtre et au viol de sa femme et de sa fille. Les deux criminels responsables de ce carnage sont alors appréhendés par la justice. Le jeune procureur chargé de l’affaire, Nick Rice (Jamie Foxx), se voit obligé de négocier une sentence légère avec l’un des suspects en échange d’information contre le second criminel. Clarence Darby (Christian Stolte), le principal meurtrier et violeur, est alors remis en liberté tandis que le second coupable, Rupert Ames (Josh Stewart), échoue en prison, condamné à mort. Dix ans plus tard, Shelton revient et demande à ce que justice soit faite, s’opposant ainsi au procureur Nick Rice. Afin de venger la mort de sa famille, Clyde Shelton organise un plan machiavélique afin de faire souffrir au maximum les deux meurtriers : Rupert Ames décède dans d’atroces souffrances lors de son injection létale après que Shelton ait modifié le système d’injection, tandis que Darby est enlevé, paralysé et découpé en morceaux, tout en s’assurant qu’il souffre au maximum avant de mourir. Mais la vengeance de Clyde Shelton ne s’arrête pas là : soupçonné des deux meurtres, Shelton est arrêté et emprisonné. Dès lors, ce dernier décide de se venger du procureur et de tous les magistrats responsables de la libération de Darby, et organise alors une vengeance machiavélique et implacable depuis sa cellule en prison. « Law Abiding Citizen » reste au final un thriller hollywoodien ordinaire, avec un scénario malin et un Gerard Butler égal à lui-même : face à lui, un Jamie Foxx déterminé à stopper les agissements et les manipulations d’un père de famille assoiffé de vengeance, ayant basculé dans la folie meurtrière pour s’assurer que sa famille soit vengée pour de bon. Le film de F. Gary Gray dispense son lot de suspense et de tension tout en dénonçant les limites et les dysfonctionnements du système judiciaire américain. Enfin, « Law Abiding Citizen » nous propose une interrogation intéressante sur le concept même de la vengeance, en transformant progressivement la victime en bourreau sanguinaire, machiavélique et manipulateur, que rien ni personne ne semble pouvoir arrêter. Dommage que la fin du film contredise un peu le parti-pris jusqu’au-boutiste du scénario de Kurt Wimmer.

La musique de Brian Tyler n’est certes pas l’élément le plus intéressant du film de F. Gary Gray, mais l’ensemble fonctionne néanmoins parfaitement à l’écran. Tyler utilise l’orchestre symphonique habituel (ici, le traditionnel Hollywood Studio Symphony) agrémenté d’une pléiade de sonorités électroniques modernes chères au compositeur, et de quelques instruments additionnels (guitares, violoncelle électrique, percussions, etc.). « Designs » pose ainsi les bases de la partition en dévoilant le thème principal de la partition illustrant à l’écran le thème de la vengeance, le morceau oscillant entre une certaine tension et quelques touches plus dramatiques aux cordes, le tout accompagné des sonorités synthétiques que nous gratifie régulièrement Brian Tyler dans la plupart de ses scores d’action/suspense. Le thème est repris au piano avec batterie, guitares, cordes et touches électroniques dans « Predestined ». On pourra apprécier la façon dont Tyler utilise ici les différents instruments, dans un style atmosphérique typique du jeune musicien, et qui renforce le suspense et l’idée de la vengeance de Shelton à l’écran. Les quelques rythmiques électroniques plus speedées évoquent quant à elles l’action et la manipulation machiavélique de Clyde Shelton. « Mechanical Mind » nous propose ainsi une immersion plus sombre dans l’esprit torturé de Shelton et son besoin implacable de vengeance. Le thème est à nouveau présent, partagé ici entre les cordes et les cuivres, sur fond de rythmiques synthétiques plus pressantes. Les premières dissonances commencent à faire leur apparition alors que la vengeance de Shelton fait ses premières victimes. Les cordes staccatos de « Mechanical Mind » évoquent, comme l’indique le titre du morceau, le côté totalement froid et mécanique de la vengeance bien organisée de Clyde Shelton.

« Origins » reprend le thème principal, partagé cette fois entre le piano, les cordes et la harpe pour un arrangement plus dramatique rappelant la mort de la famille du personnage de Gerard Butler. La seconde partie lorgne quant à elle vers un style plus action/suspense propulsé par des rythmiques synthétiques modernes. Cette idée d’organisation froide et machinale revient dans « Methodology » qui rappelle dans le film le caractère inexorable, méthodologique et mécanique de la vengeance de Shelton. Les quelques passages d’action permettent à Brian Tyler de mélanger orchestre - principalement limité aux cordes, aux cuivres et aux percussions, les bois étant, comme souvent chez le compositeur, les grands absents de la formation orchestrale voulue par un Brian Tyler bien souvent fâché avec ce pupitre instrumental ! Rien de bien neuf au tableau, Tyler recyclant les formules synthético-orchestrales habituelles sans grande originalité. Son travail rappelle aussi bien les passages d’action de « Bangkok Dangerous » que ceux de « The Hunted » ou d’autres thrillers du même genre.

On appréciera néanmoins les quelques notes plus dramatiques de « Shadow of a Doubt » ou « A Fresh Start », tandis que « The Catalyst » nous propose une immersion plus intense dans le suspense, la musique demeurant à la fois atmosphérique et très rythmée. Même chose pour le très sombre et agressif « Breaking and Entering » ou le suspense atmosphérique de « Solitary », toujours dominé par le mélange orchestre/guitares/basse/synthé/piano cher au compositeur. La tension continue de monter d’un cran lors de la scène de l’exécution dans « The Execution », ou bien encore « They Can’t Feel Anything », où Brian Tyler mélange efficacement suspense et rythmes action pour rappeler la soif de justice d’un père de famille accablé par la douleur, devenu lui-même bourreau. Dommage que les passages de suspense atmosphériques s’avèrent être bien souvent un brin uniformes et répétitifs, des morceaux comme « Ultimatum », « Stalked » ou le très long climax « Unconfession » alignant les rythmes et les plages à suspense sans grande originalité particulière. Même chose pour la confrontation finale dans « Guardian Angel » et « Law Abiding Citizen », où le thème principal est repris une dernière fois de façon plus dramatique et résigné, mélange d’amertume et de sentiment d’accomplissement.

Brian Tyler signe donc un score synthético-orchestral extrêmement conventionnel et sans grande originalité pour « Law Abiding Citizen », un score fonctionnel qui remplit parfaitement le cahier des charges dans le film mais reste bien en dessous du potentiel créatif d’un compositeur que l’on a pourtant connu autrefois plus inspiré. Cela fait maintenant depuis quelques années que Brian Tyler enchaîne les scores d’action/suspense fonctionnels et sans grande idée (« War », « Godsend », « Paparazzi », « Eagle Eye », « Final Destination », etc.). Autre problème qui devient systématique chez Tyler : le côté complètement fade et pâteux des orchestrations du compositeur : l’absence quasi régulière des bois dans les formations orchestrales employées par le musicien finit par peser de façon significative sur la qualité des compositions de Tyler pour les films qu’il met en musique : choix esthétique volontaire, sans aucun doute, quand on sait que même sur « Aliens vs. Predator Requiem » ou « Timeline » (deux scores majeurs dans la filmo du compositeur), les bois sont utilisés de façon extrêmement timide, comme si le compositeur s’avérait véritablement mal à l’aise avec ces instruments. Du coup, Tyler n’est jamais autant inspiré que lorsqu’il s’éloigne de l’orchestre et se rapproche de musiques plus expérimentales et atypiques (« Bug » et quelques passages de « The Killing Room »), mais son écriture orchestrale finit par montrer progressivement ses limites et trahit les faiblesses d’écriture du style musical d’un Brian Tyler de plus en plus attiré par l’électronique, le rock, mais de moins en moins inspiré dans les compositions symphoniques. Néanmoins, les inconditionnels de Brian Tyler devraient apprécier ce nouveau score d’action/suspense pour « Law Abiding Citizen », qui, à défaut de renouveler le genre d’une quelconque façon, confortera les fans et les détracteurs du compositeur dans leurs opinions respectives.



---Quentin Billard