1-Headspace 3.22
2-The Staircase 2.38
3-Therapy 2.22
4-The Hospital 1.53
5-Dr.Gold 1.39
6-Brain Tests 2.15
7-The Wind Down 1.52
8-The Dot 2.02
9-Adoption Agency 1.49
10-Phrenology 2.15
11-Bulletin Board 2.15
12-Dr.Murphy 2.23
13-Lady in Waiting 3.08
14-Boris Pavlovsky 3.48
15-The Birthday Party 2.00
16-The Bathroom 1.56
17-Christe Spiritu 4.21
18-Harry's Apartment 3.57
19-Chess 1.37
20-The Beast 5.28
21-Alex's Realization 1.12
22-Ave Maria 3.02

Musique  composée par:

Ryan Shore

Editeur:

Movie Score Media MMS-06011

Album produit par:
Ryan Shore
Producteur exécutif album:
Mikael Carlsson
Electronic and Drum Programming:
Ryan Shore
Préparation musique:
Dan Pratt
Assistant du compositeur:
Bradley Bright Heikes

Artwork and pictures (c) 2006 Strand Releasing. All rights reserved.

Note: ***
HEADSPACE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Ryan Shore
Modeste série-B horrifique réalisée par Andrew Van den Houten - qui signe là son premier long-métrage - « Headspace » (Psychokinésie) met en scène Alex Borden (Christopher Denham), un jeune homme de 25 ans qui décide un jour d’affronter un maître des échecs, Harry Jellenik (Erick Kastel), peintre à ses heures. Au contact d’Harry, Alex semble avoir développer d’incroyable facultés : son intelligence augmente radicalement, il comprend tout rapidement, est capable de lire un livre entier en quelques secondes et commence même à voir des choses et des événements qu’il ne comprend pas. Très vite, son incroyable don va se transformer en véritable descente aux enfers lorsque les migraines et les cauchemars vont se répéter constamment, alors que les morts se multiplient autour d’Alex et que les rêves vont prendre le pas sur la réalité. Le scénario de Troy McCombs permet au jeune réalisateur Andrew Van den Houten de nous livrer un thriller psychologico-horrifique assez prévisible et sans grande surprise. Certes, c’est un premier long-métrage, mais pour un jeune réalisateur remarqué lors de festivals et qualifié de « digne successeur de John Carpenter », le résultat final laisse quelque peu songeur. « Headspace » suit effectivement les traces de Carpenter, et plus particulièrement du film « In The Mouth of Madness » (L’antre de la folie). On y retrouve le même mélange entre isolement psychologique, folie et créatures monstrueuses, sans oublier quelques influences de David Cronenberg. Pourtant, l’ensemble est bien loin d’égaler les prétentions d’origine du réalisateur : longueurs fatigantes, scénario confus, acteurs médiocres, dialogues nullissimes et image assez moche à la limite de l’amateurisme. Reste quelques effets gores réussis - étant donné le peu de moyens de la production, des créatures correctes et quelques guest-stars prestigieux (Udo Kier, William Atherton, Sean Young, Dee Wallace, Olivia Hussey, etc.). Mais tout cela ne suffit pas à sauver le film d’un certain ennui, « Headspace » n’étant finalement qu’une série-B horrifique un brin prétentieuse et sans aucune saveur.

Seul point positif du film d’Andrew Van den Houten : l’excellente partition symphonique du jeune compositeur canadien Ryan Shore (neveu d’Howard Shore). Le musicien signe pour « Headspace » une partition orchestrale de qualité, interprétée par le Slovak National Symphony Orchestra. Dès le générique de début (« Headspace »), Ryan Shore introduit son thème principal, mélodie envoûtante et mystérieuse confiée à des cordes avec un piano sur fond de loops électro modernes. Rien de bien neuf au tableau, mais on appréciera néanmoins ce premier thème de qualité, indissociable dans le film de la descente aux enfers du jeune Alex. Dans « The Staircase », la musique bascule dans le registre de l’horrifique pur avec des orchestrations de qualité dominée par des cuivres massifs, des percussions agressives, des bois aigus et des cordes dissonantes et agitées pour la scène où le père abat la mère au début du film - on appréciera ici la force et l’énergie qui se dégagent de l’orchestre, le tout soutenu par des qualités d’écriture indéniables (le compositeur est à peine âgé de 31 ans lorsqu’il écrit cette musique). Ryan Shore traduit l’horreur et la tension de la scène avec des orchestrations de qualité (utilisant de façon très efficace les bois) et quelques touches électroniques discrètes. Le compositeur a même recours à quelques effets instrumentaux avant-gardistes, notamment dans le jeu des cordes dissonantes. Plus nuancés, « Therapy » et « The Hospital » dégagent une atmosphère plus mystérieuse et trouble à l’écran, avec quelques nappes synthétiques et quelques sonorités électroniques brumeuses déjà introduites dans le générique de début du film (« Headspace »), symbolisant les visions qui hantent le jeune Alex.

Ryan Shore se montre particulièrement à l’aise dans les passages horrifiques, comme le confirme « Dr. Gold » et son utilisation de cordes dissonantes et de sursauts orchestraux qui rappellent parfois Christopher Young (dommage cependant que les synthétiseurs apportent parfois un côté un peu « cheap » à la musique !). Shore développe à nouveau cette atmosphère de mystère et de trouble dans « Brain Tests », lorsqu’Alex doit subir des tests cérébraux afin de déterminer la nature du dysfonctionnement de son cerveau. Ici aussi, Shore utilise quelques nappes synthétiques associées aux troubles du héros avec un piano intimiste discret. L’isolement du personnage est traduit dans un « The Wind Down » plutôt atmosphérique, tandis que « The Dot » renforce ce sentiment de malaise avec une reprise du thème de piano sur fond de nappes synthétiques sinistres. L’approche psychologique voulue par Ryan Shore sur sa partition semble donc parfaitement maîtrisé, même si l’on appréciera davantage le punch des passages horrifiques plus agressifs comme le final de « Bulletin Board », « Harry’s Apartment » ou bien encore « The Bathroom ». Le suspense devient plus présent dans le sinistre « Boris Pavlosky » où les sonorités électroniques - brillamment choisies - deviennent alors porteuses d’un sentiment de menace sous-jacente et d’oppression dans la seconde partie du film. La terreur atteint son apogée dans le passage avec la créature sur la fin du film, « The Beast », excellent déchaînement orchestral agressif et macabre dans lequel Shore mélange adroitement orchestre et sound design électronique menaçant. Le film se conclut même sur une touche plus dramatique avec « Alex’s Realization ». A noter un morceau un peu à part pour la séquence du jeu d’échec, « Chess », qui se distingue par son utilisation d’un loop électro plus moderne et déterminé, traduisant parfaitement à l’écran le duel opposant Alex à Harry, champion imbattable des échecs.

A noter que l’album de MovieScore Media nous gratifie de quelques source music intéressantes, avec notamment une très belle valse pour quatuor à cordes dans « Phrenology » (morceau qui souffre hélas d’un enregistrement de moins bonne qualité, plutôt distant et étouffé), « Christi Spiritu », chant religieux pour choeur d’hommes a cappella ou bien encore le jazz de « Lady in Waiting » ou le magnifique et célébrissime « Ave Maria » de Charles Gounod brillamment interprété avec finesse par la soprano Katarina Silhavikova, qui conclut l’album sur une touche plus douce (on aurait simplement aimé entendre un autre morceau du score de Shore à la place !). « Headspace » reste donc une partition de qualité pour Ryan Shore qui s’offre là une bien belle carte de visite. Sans être une grande partition, « Headspace » reste une première oeuvre de choix de la part d’un jeune compositeur prometteur, dans laquelle on ressent un potentiel qui ne demande qu’à murir, à condition que le musicien se voit confier des films plus ambitieux et bien plus attrayants !



---Quentin Billard