1-Alice's Theme 5.07
2-Little Alice 1.34
3-Proposal/Down the Hole 2.58
4-Doors 1.51
5-Drink Me 2.48
6-Into The Garden 0.50
7-Alice Reprise #1 0.26
8-Bandersnatched 2.42
9-Finding Absolem 2.41
10-Alice Reprise #2 0.38
11-The Cheshire Cat 2.07
12-Alice and Bayard's Journey 4.04
13-Alice Reprise #3 0.24
14-Alice Escapes 1.07
15-The White Queen 0.36
16-Only A Dream 1.25
17-The Dungeon 2.18
18-Alice Decides 3.14
19-Alice Reprise #4 1.01
20-Going to Battle 2.41
21-The Final Confrontation 1.41
22-Blood of the Jabberwocky 2.37
23-Alice Returns 3.14
24-Alice Reprise #5 2.55

Musique  composée par:

Danny Elfman

Editeur:

Walt Disney Records
D000490002

Produit par:
Danny Elfman
Monteurs musique:
Bill Abbott, Michael Higham,
Curtis Roush

Artwork and pictures (c) 2010 Walt Disney Pictures. All rights reserved.

Note: ***
ALICE IN WONDERLAND
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Danny Elfman
Adapté du célèbre roman de Lewis Caroll, le très attendu « Alice in Wonderland » de Tim Burton nous permet de retrouver la célèbre héroïne Alice (Mia Wasikowska), âgée cette fois-ci de 19 ans, qui retourne un jour dans le monde fantastique qu’elle découvrit lorsqu’elle était enfant, le pays des merveilles (Wonderland). La jeune fille retrouve tous ses vieux amis, le chat du Cheshire, le Loir, la Chenille, le Lapin Blanc et aussi le Chapelier fou (Johnny Depp). Alice doit alors vivre une nouvelle série d’aventures extraordinaires afin d’accomplir sa destinée : elle est l’élue annoncée par une mystérieuse prophétie ancestrale, celle qui dit qu’un jour, un individu en armure viendra affronter le monstrueux Jabberwocky et mettre fin au règne de la sinistre Reine Rouge. Le film de Tim Burton, tourné en 3D (« Avatar » est passé par là) et produit par les studios Walt Disney est une sorte de relecture du chef-d’œuvre de Lewis Caroll transposé dans l’adolescence : Alice a désormais 19 ans, et n’est plus une enfant. Cette nouvelle épreuve sera comme une sorte de rite de passage vers l’âge adulte. Mais là où le récit d’origine possédait une double lecture plutôt riche et attrayante, le film de Burton déçoit par sa grande froideur et son obsession des formes et du visuel : l’environnement entièrement numérique et les personnages animés en images numériques finissent par plomber l’ensemble, même si les décors sont bien évidemment grandioses et plutôt fascinants. Mais on est loin du résultat attendu par les fans du cinéaste : scénario minime, personnages sans grande saveur, effets spéciaux froids et envahissants, etc. Le film pêche surtout par son manque d’émotion, son caractère artificiel et son côté très polissé et gentillet - production Walt Disney oblige ! Du coup, à part quelques images plutôt jolies et des personnages un peu loufoques (les deux jumeaux, la Reine Rouge à la tête disproportionnée, le chapelier fou, le chat du Cheshire et son visage ‘cartoon’ un peu étrange, etc.), l’ensemble déçoit vraiment et la magie n’opère pas. Dommage, car si l’on retrouve effectivement ici la patte de Tim Burton (on n’est guère loin par moment de la fantaisie poétique de « Big Fish » !), « Alice in Wonderland » est une petite déception et semble avoir été fait dans le seul but de conquérir un jeune public, d’où un film très polissé, gentillet et inoffensif (on aurait aimé un peu plus de folie !). Le nouveau long-métrage de Tim Burton trahit donc nos espérances et rappelle que le cinéaste semble s’être rangé et a perdu ses ambitions : il n’est plus aujourd’hui qu’un simple businessman à la solde des studios Disney !

Qui dit Tim Burton dit bien évidemment Danny Elfman à la musique, le compositeur rouquin retrouvant le cinéaste pour la douzième fois depuis « Pee-Wee Big’s Adventure » en 1984. la nouvelle partition musicale d’Elfman pour « Alice in Wonderland » reste, à l’instar du film lui-même, une œuvre plutôt décevante, car là où on se serait attendu à de la folie et du génie, Elfman signe un score fonctionnel et sans grande saveur. Le score mérite malgré tout de l’attention grâce à son superbe thème principal, déjà considéré par certain comme un nouveau grand classique dans la carrière de Danny Elfman, le « Alice’s Theme ». Ce thème est très présent dans le film, présenté dans l’album dans une somptueuse version vocale/chorale de toute beauté, alors que Tim Burton a choisit de n’utiliser que des versions purement orchestrales pour le film, un choix étrange, surtout lorsqu’on sait à quel point les voix occupent bien souvent une place prépondérante dans les musiques de Danny Elfman pour les films de Tim Burton. Fidèle à son habitude, le compositeur utilise donc les voix dans un registre plutôt fantaisiste, même si l’ensemble n’a rien de particulièrement original. Le « Alice’s Theme » qui ouvre ainsi l’album est un pur régal, 5 minutes qui devraient ravir tous les fans du compositeur de « Batman » et « Edward Scissorhands », avec ses voix féminines répétant le nom d’Alice tout en déclamant un texte en rapport avec les aventures de la célèbre héroïne. Voilà en tout cas un thème grandiose et majestueux qui respire la magie, l’aventure et la poésie.

Avec « Little Alice », Elfman revient à un style orchestral plus conventionnel et sans grande imagination. Ses orchestrations restent très soignées, comme toujours chez le compositeur, utilisant les cordes, les bois et les sonorités plus cristallines. La chute dans le trou nous permet d’entendre une vague reprise du thème d’Alice dans un style plus mystérieux, avec quelques élans orchestraux plus massifs et typiques du style fantaisiste du compositeur - à noter l’utilisation d’un orgue et des choeurs féminins accompagnant avec brio l’orchestre (du Elfman fantaisiste typique !). La musique demeure mystérieuse et planante à l’entrée du pays des merveilles (« Doors »), avec une utilisation souvent intéressante des instruments et des orchestrations de qualité. Même chose pour « Drink Me » où la musique se veut plus dissonante et toujours aussi mystérieuse et fantaisiste (notamment à travers l’emploi des choeurs féminins et de quelques touches électroniques discrètes). Danny Elfman crée une ambiance à la fois surréaliste, mystérieuse et ambiguë pour le passage vers le pays des merveilles : la musique représente à la fois la magie du moment mais aussi l’appréhension et la peur de l’inconnu (Alice est amnésique, elle ne se souvient pas de son premier voyage à Wonderland). Premier morceau d’action digne de ce nom, « Bandersnatched » permet à Elfman de nous offrir un solide déchaînement orchestral cuivré qui rappelle aussi bien la fureur orchestrale d’un « Planet of the Apes » que des moments plus virtuoses de « Spiderman ». Les choeurs apportent une tonalité grandiose à la musique, lors de la découverte des décors immenses de Wonderland et de ses premiers dangers.

Dans « The Cheshire Cat », Elfman illustre la rencontre avec le célèbre personnage du chat de Cheshire avec une utilisation assez originale de ses différentes sonorités instrumentales : mélodie à base de glissandi de violons, célesta, glass harmonica, vocalises des choeurs féminins, etc. Le thème d’Alice reste très présent, décliné en plusieurs versions tout au long de l’album (« Alice Reprise 2 », « Alice Reprise 3 », etc.), les versions présentes dans le film étant d’ailleurs quasi exclusivement orchestrales. Un morceau comme « Alice and Bayard’s Journey » est assez représentatif de la tonalité musicale du score de « Alice in Wonderland » : choeurs grandioses et mystérieux, orchestrations débridées, reprises thématiques de qualité, et même quelques traits instrumentaux qui rappellent par moment Bernard Herrmann (notamment dans l’utilisation des bois graves vers la fin du morceau). Certains passages nous permettent de respirer un peu (« The White Queen », « Only a Dream ») avant de repartir rapidement pour l’aventure. De l’action, Elfman nous en offre à nouveau dans l’excitant « Alice Escapes » et le grandiose « Alice Decides » et son envolée thématique tonitruante et redoutablement massive. « Going to Battle » et « The Final Confrontation » permettent à la partition d’atteindre son point culminant, deux superbes morceaux d’action illustrant avec intensité la bataille finale dans le film, « Alice Returns » concluant l’histoire sur une touche plus paisible avant une ultime reprise orchestrale/chorale du somptueux « Alice’s Theme ».

Partition orchestrale/chorale à la fois grandiose, massive et parsemée de quelques touches fantaisistes, « Alice in Wonderland » reste un opus de qualité mais bien en dessous de la qualité à laquelle Danny Elfman nous a habitué sur les productions Tim Burton, car en dehors de l’inoubliable thème d’Alice (et de ses nombreuses variations, toutes plus réussies les unes que les autres), le reste du score s’avère être extrêmement ordinaire et sans grande surprise - bien qu’extrêmement bien écrit, grandiose et parfois même très prenant (surtout dans l’album, la musique s’avérant curieusement moins intéressante dans le film). La musique apporte malgré tout son lot d’action, d’aventure et de magie au film de Tim Burton, mais sans grande surprise. Même les quelques touches de fantaisie musicale (« The Cheshire Cat ») déçoivent au regard des réelles capacités du compositeur : où est passée l’imagination débridée de « Batman Returns » ou les excentricités musicales de « Beetlejuice » ? Décidément, après un « Big Fish » fade et un « Charlie and the Chocolate Factory » décevant, force est de constater que Danny Elfman a bien perdu de sa superbe depuis quelques temps et que ses derniers scores pour les films de Tim Burton n’ont plus cette saveur d’antan. On pourra toujours rétorquer qu’il n’est pas juste objectivement de comparer cette nouvelle oeuvre aux musiques passées d’Elfman, mais une collaboration aussi importante que celle liant Danny Elfman à Tim Burton depuis maintenant plus de deux décennies doit aussi s’apprécier sur la longueur, et à l’écoute de « Alice in Wonderland », on ne peut que remarquer la baisse de régime des deux artistes. Reste que, malgré un manque cruel d’originalité et de folie, la musique de « Alice in Wonderland » séduira à coup sûr les inconditionnels de Danny Elfman et rappellera malgré tout que le compositeur est capable d’écrire de grandes mélodies pour le cinéma, un fait confirmé encore une fois par un « Alice’s Theme » tout bonnement splendide, grandiose et mémorable, à placer au rang des plus grands thèmes musicaux du compositeur !



---Quentin Billard