1-Opening 2.14
2-Pappas' Theory 2.26
3-Both Parents Deceased 2.23
4-The Tackle 1.13
5-Fight With Razorheads 2.16
6-Bohdi and Utah 1.05
7-Night Surfing 2.58
8-Love On The Beach 2.21
9-Razorhead Raid 1.30
10-Utah, Tyler/Four Horsemen 2.25
11-Outside Pappas 1.27
12-Car/Foot Chase 3.26
13-Tyler Misunderstands 1.27
14-Campfire 1.30
15-The Shadow Gun/Found Out 1.46
16-Skydive 4.59
17-Post Parachute/TV 1.25
18-Bank Robbery 5.26
19-Shootout At Airport 4.19
20-No Parachute 6.35
21-Love In The Desert 2.37
22-Freedom 8.35

Musique  composée par:

Mark Isham

Editeur:

La La Land Records
LLLCD 1065

Producteurs exécutifs album pour
La La Land Records:
MV Gerhard, Matt Verboys
Album produit par:
Mark Isham, Ford A. Thaxton
Musique produite par:
Mark Isham
Montage musique:
Jim Weidman
Préparation musicale:
Hayden Music

Edition limitée à 2000 exemplaires.

Artwork and pictures (c) 1991/2008 Intermedia Film Distribution, Ltd. All rights reserved.

Note: ***
POINT BREAK
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Mark Isham
Classique incontournable du cinéma d’action du début des années 90, « Point Break » reste l’un des plus grands succès de la réalisatrice Kathryn Bigelow, un film qui permit de faire connaître l’acteur Keanu Reeves. « Point Break » évoque l’histoire de Johnny Utah (Keanu Reeves), un ancien joueur universitaire de football américain devenu agent du FBI après avoir mis fin à sa carrière suite à une blessure. Utah est chargé d’enquêter sur le gang des « anciens présidents », un groupe de criminels responsables de 26 braquages de banques. Angelo Pappas (Gary Busey), l’équipier de Johnny, possède une théorie plutôt étonnante : il est persuadé que les braqueurs sont en fait une bande de surfeurs qui traînent régulièrement sur les plages de la Californie. Avec l’aide de la jeune Tyler (Lori Petty), Utah va apprendre le surf pour infiltrer le milieu et va se lier d’amitié avec un groupe de surfeurs mené par le charismatique et mystique Bodhi (Patrick Swayze). Film culte de toute une génération, « Point Break » est entré dans la culture populaire à l’instar de « Die Hard » ou « Top Gun ». Le film doit beaucoup à James Cameron, crédité en tant que producteur exécutif (et aussi époux de la réalisatrice Kathryn Bigelow à l’époque) mais qui a participé de façon bien plus active à la création du film : on retrouve ainsi dans « Point Break » des éléments qui rappellent l’univers cinématographique de Cameron (la mer, le personnage féminin fort incarné par Lori Petty, le « je suis le roi du monde » que prononce Keanu Reeves lors d’une scène de surf et qui sera repris par Cameron dans « Titanic », etc.). Le film joue sur la dualité des personnages (celui de Keanu Reeves qui doit concilier amitié, surf et devoir de loi, mais aussi celui de Patrick Swayze, qui reste bloqué dans son univers mais apprendra lui aussi à jouer double jeu lorsqu’il comprendra que Johnny Utah est un flic infiltré) et le dépassement des limites, qu’il s’agisse des limites physiques (le surf, les sports extrêmes, le goût du risque) ou des limites morales (jusqu’où peut aller l’amitié, la loi, etc.). Et puis bien sûr, il y a les scènes de surf, filmées avec une virtuosité rare, à la manière d’un clip musical, le tout accompagné d’une bande son enchaînant les tubes rock (Sheryl Crow, Jimi Hendrix, Ratt, Westworld). Au final, le film n’a pas pris une ride et reste toujours aussi efficace et savoureux, avec un duo inoubliable campé par Keanu Reeves et Patrick Swayze - dans l’un de ses meilleurs rôles au cinéma. A noter que « Point Break » a été parodié et référencé à plusieurs reprises dans des films : on pourra ainsi citer quelques références dans les films « Brice de Nice », « Hot Fuzz » ou bien encore « La Cité de la peur ».

La musique originale de Mark Isham a bien du mal à se faire une petite place dans le film, avec les chansons rock qui occupent une place majeure tout au long de l’histoire (notamment lors des scènes de surf). Il aura d’ailleurs fallut attendre 2008 pour voir enfin le score d’Isham édité de juste droit par le label La-La Land Records, présentant enfin pour la première fois l’intégralité de la partition musicale du compositeur pour le film de Kathryn Bigelow. Isham accompagne l’histoire de Johnny Utah et de son amitié avec une bande gangsters/surfeurs en mélangeant synthétiseurs et orchestre, comme souvent dans les musiques des films d’action de cette époque. Avec « Opening », Isham ouvre le film de façon assez majestueuse et massive en utilisant un orchestre principalement dominé par les cordes, les percussions et les cuivres et quelques rythmiques électroniques très connotées années 80. Les synthétiseurs apportent ici un côté majestueux - agrémenté des cuivres - pour renforcer le côté fun et grandiose des scènes de surf. Dans « Pappa’s Theory », les synthétiseurs reviennent pour créer une ambiance plus mystérieuse, lorsque Pappas croit que les braqueurs sont des surfeurs. Isham utilise, en plus de l’orchestre et des synthés, quelques touches rock avec batterie/basse/guitare électrique, renforçant le caractère fun et cool du film. Comme souvent avec le compositeur, le sound design des parties électroniques reste très élaboré et assez soigné, sans être d’une grande originalité.

On retrouve le style atmosphérique cher à Mark Isham dans « Both Parents Deceased » où les synthétiseurs occupent une place prépondérante, la musique devenant d’ailleurs plus intime, comme pour la fin de « Pappa’s Theory ». On retrouve ces synthés atmosphériques dans « The Tackle » et « Fight With Razorheads », accompagnant la scène où Utah affronte les surfeurs sur la plage. Le morceau est accompagné de rythmiques et percussions synthétiques avec quelques touches électroniques un peu étranges, très ancrées dans la musique électro des années 80. Dans « Bohdi and Utah », Isham évoque l’amitié entre l’agent infiltré et le surfeur avec des nappes synthétiques plus majestueuses et quelques cordes plus intimes et sereines. La musique représente aussi bien l’engouement naissant d’Utah pour le surf que le mysticisme zen de Bohdi. « Night Surfing » illustre la scène de surf nocturne avec son lot de rythmiques électro 80’s et d’orchestre, dominé ici par les cordes, les cuivres et un saxophone soliste. La musique prend son envol et devient quasi aérienne et majestueuse pour illustrer à l’écran les prouesses des surfeurs et l’union entre les hommes et la mer. Dans « Love on the Beach », la musique devient plus intime, romantique et nostalgique, avec un très beau Love Theme qui sera repris à l’orchestre dans l’émouvant « Tyler Misunderstands ». Ici aussi, les synthétiseurs occupent une place importante, la musique se faisant plus sereine, plus passionnée - agrémenté de quelques cordes - pour la scène d’amour sur la plage entre Tyler et Utah. Même chose pour « Love in the Desert », « Utah, Tyler/Four Horsemen », et ses rythmiques synthétiques 80’s - sans oublier cette utilisation d’un sample synthétique ressemblant à un didjeridoo australien, son qui reviendra tout au long du score dans le film.

Avec « Razorhead Raid », la musique prend une autre tournure et devient plus sombre et agressive. Le premier grand morceau d’action est entendu dans « Car/Foot Chase », pour l’impressionnante séquence de course poursuite en voiture et à pieds, vers le milieu du film. Isham développe ses rythmiques électroniques eighties avec percussions diverses (acoustiques et électroniques) et batterie. A noter que le morceau est quasiment exclusivement réservé aux percussions. Néanmoins, quelques touches orchestrales font timidement leur apparition vers la fin du morceau. Le morceau évoque l’obstination d’Utah à mettre la main sur le suspect, tandis que les percussions deviendront l’élément primordial des morceaux d’action dans la deuxième partie du score. On remarquera pour l’occasion une progression dans les sonorités du score : plus l’histoire avance, et plus l’orchestre devient présent, comme en témoigne « The Shadow Gun/Found Out », qui, après un début plutôt électronique/atmosphérique sombre, évoluera vers une musique plus intime confiée à quelques cordes et un cor solo. La musique atteint un premier climax avec le grandiose « Skydive » pour la scène du saut en parachutes vers le milieu du film, morceau majestueux, aérien, solennel et exaltant, très réussi (l’utilisation des synthétiseurs fait parfois penser à du Vangelis des années 80). L’action reprend de plus belle pour la scène - intense - de braquage qui tourne au vinaigre (« Bank Robbery »), dominé par des cuivres massifs, des percussions, quelques cordes et des percussions électroniques, sans aucun doute l’un des meilleurs morceaux d’action du score de « Point Break ». La fusillade de l’aéroport (« Shootout At Airport ») nous permet là aussi d’entendre un autre grand morceau d’action du score de Mark Isham, comme l’intense « No Parachute », sans oublier le grand final, « Freedom », lorsqu’Utah retrouve enfin Bodhi sur le bord d’une plage, et que ce dernier s’apprête à franchir l’ultime limite et à retrouver la « liberté ».

Mark Isham signe donc un score d’action très années 80 pour « Point Break », un score qui reste assez fonctionnel et sans grande surprise pour l’époque, avec des synthétiseurs et des rythmiques électroniques omniprésentes, agrémenté de quelques touches orchestrales plutôt timides (on sent d’ailleurs à quel point Isham n’était pas encore très familiarisé à cette époque avec l’orchestre symphonique !). La musique apporte un mélange de fun très années 80 et d’action au film de Kathryn Bigelow, même si, au final, ce sont surtout les chansons que l’on retiendra. Le score a dû mal à laisser un quelconque souvenir dans le film, la faute à un manque de thème clair et fédérateur, et à un certain manque d’originalité ou de surprise. Isham reste dans son domaine de prédilection, les synthétiseurs atmosphériques, mais apporte malgré tout du rythme et de l’énergie au film, avec quelques très beaux passages plus intimistes (pour la romance entre Utah et Tyler) et quelques solides morceaux d’action (« Bank Robbery », « No Parachute ») et d’aventure exaltante (« Night Surfing », « Skydive »). Voilà donc un score que les fans de Mark Isham devraient apprécier pleinement, mais qui risque fort de refroidir ceux qui s’attendaient à une musique culte pour un film non moins culte.



---Quentin Billard