1-Beirut 0.37
2-Commandos Arrive 1.15
3-Commando Raid 5.30
4-It Was Good/Dahlia Arrives/
The Unloading 3.11
5-Speed Boat Chase 1.50
6-The Telephone Man/The Captain Returns 2.14
7-Nurse Dahlia/Kabakov's Card/
The Hypodermic 3.28
8-Moshevsky's Dead 1.57
9-The Test 1.55
10-Building The Bomb 1.53
11-Miami/Dahlia's Call 2.26
12-The Last Night 1.28
13-Preparations 2.42
14-Passed 0.31
15-The Flight Check 1.49
16-Airborne/Bomb
Passes Stadium 1.46
17-Farley's Dead 1.33
18-The Blimp and the Bomb 3.12
19-The Take Off 1.43
20-Underway 0.39
21-Air Chase (Part 1) 1.12
22-Air Chase (Part 2 and 3)/
The Blimp Hits 7.19
23-The Explosion 2.36
24-End Title 2.15
25-Hotel Lobby (source) 1.49
26-Fight Song #1 (source) 0.51
27-Fight Song #2 (source) 1.45
28-End Title (alternate,
without percussion) 2.20
29-The Explosion (revised ending)/
End Title (film edit) 2.12

Musique  composée par:

John Williams

Editeur:

Film Score Monthly
FSM Vol. 12 No. 19

CD produit par:
Lukas Kendall, Mike Matessino
Producteur exécutif du CD:
Craig Spaulding
Direction musicale pour
Paramount Pictures:
Randy Spendlove
Assistant montage CD:
Neils.Bulk
Orchestrations:
Herbert Spencer
Assistance production CD:
Jeff Eldridge

Edition limitée à 10.000 exemplaires.

Artwork and pictures (c) 1977 Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
BLACK SUNDAY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Williams
Cette adaptation du roman de Thomas Harris (célèbre auteur de la trilogie Hannibal Lecter) s’inspire des attentats contre les athlètes israéliens en 1972 par un commando palestinien du groupe septembre noir aux J.O. de Munich. Le roman, publié en 1975, fut un tel succès que les artisans hollywoodiens décidèrent très vite d’en racheter les droits en vue d'une adaptation cinématographique, confiée à John Frankenheimer et produit par la Paramount, avec, au scénario, le vétéran Ernest Lehman. Le film s’ouvre lors d’un raid meurtrier mené par le major israélien Kabakov (Robert Shaw) sur le Q.G. de l’organisation palestinienne septembre noir à Beyrouth. La plupart des occupants sont abattus mais Kabakov décide d’épargner la jeune Dahlia Lyad (Marthe Keller). Cette dernière décide alors d’enregistrer un message à destination des Etats-Unis, dans lequel elle révèle qu’un attentat terroriste est sur le point de se produire quelque part aux USA. De retour en Amérique, Kabakov décide de contacter Corley (Fritz Weaver), agent du FBI, afin de le prévenir du danger imminent. Au même moment, Dahlia se rend à Los Angeles où elle retrouve son amant, Michael Lander (Bruce Dern), un ancien pilote de guerre qui va préparer l’attentat aux côtés de sa compagne. « Black Sunday » est un thriller paranoïaque assez typique des films à suspense de la fin des années 70 (« The Manchurian Candidate », « Three Days of the Condor », « Marathon Man », etc.), avec comme toile de fond la peur du terrorisme, sujet très en vogue à cette époque dans le cinéma américain. Le film de John Frankenheimer doit beaucoup à son final, séquence d’anthologie durant laquelle les deux terroristes survolent un stade de football américain à bord d’un zeppelin armé d’une bombe. Le casting - de circonstance - réunit Robert Shaw (tout juste sorti du succès du « Jaws » de Steven Spielberg en 1975), Bruce Dern (qui venait de finir de tourner dans « Folies bourgeoises » de Claude Chabrol en France en 1976) et Marthe Keller, récemment remarquée à la même époque dans le thriller paranoïaque « Marathon Man » aux côtés de Dustin Hoffman. A noter qu’un autre acteur du film « Marathon Man » est présent dans « Black Sunday », l’acteur Fritz Weaver, qui interprète ici le rôle d’un agent du FBI chargé d’enquêter sur le complot terroriste.

Le film de Frankenheimer doit beaucoup à la musique de John Williams, qui fut engagé par la Paramount suite à son succès sur « Jaws » en 1975 (à noter que bien que sorti en 1977, « Black Sunday » a été tourné en réalité en 1976). Le compositeur a écrit pour « Black Sunday » une solide partition à suspense utilisant un thème principal obsessionnel et entêtant, sur fond de longes plages à suspense et de rythmes martelés et agressifs. A noter que la musique a subit pas mal de modifications au montage, certains morceaux ayant été modifiés ou rejetés lors du montage final. Autre fait notable : il aura finalement fallut attendre 2010 pour voir enfin la musique de John Williams éditée officiellement en CD, grâce à la participation du label FSM de Lukas Kendall. Le score de « Black Sunday » possède une particularité : mettre toute partie mélodie en retrait, et ce même si le score contient deux thèmes, dont un qui reviendra tout au long du film. Ici, tout est fait pour accentuer au maximum la sensation de danger et de suspense. « Beirut » est le générique de début que Williams a écrit mais qui n’a pas été retenu au montage final. Le morceau permet d’entendre le motif des terroristes joué discrètement par un célesta cristallin, motif qui se distingue par sa répétition de 4 notes suivant de quatre autres notes décrites dans le livret de l’album comme une sorte de « mouvement rétrograde du Dies Irae grégorien ». Ce motif sera véritablement au coeur de la partition du film de John Frankenheimer, constamment répété comme une sorte de refrain obsessionnel et entêtant traduisant parfaitement à l’écran l’obstination des deux terroristes.

Dans « Commandos Arrive », le suspense débute avec l’apparition du second thème, le thème associé au major israélien Kabakov (il s’agit en fait du tout premier morceau entendu dans le film). Le thème est d’abord introduit par des bois puis développé par le reste de l’orchestre avec des timbales martelées et un cymbalum (aux consonances slaves). Dans « Commando Raid », la tension monte alors d’un cran pour le raid du commando sur le Q.G. de septembre noir au début du film. John Williams utilise ici des cordes dissonantes et développe le thème de Kabakov sur un fond plus sombre et tendu. Comme toujours chez Williams, les orchestrations sont extrêmement soignées, tout comme l’écriture orchestrale du compositeur (qui n’avait pas encore écrit « Star Wars » à l’époque où il composa la musique de « Black Sunday »). « Commando Raid » s’avère être assez dissonant, avec ses quelques touches martiales discrètes, son piano « thriller » typiquement 70’s, ses bois et ses cuivres graves et ses nombreuses cordes dissonantes. A noter que les cuivres utilisent des sourdines afin d’obtenir des sonorités plus particulières et adéquates. Le morceau crée un sentiment d’urgence, d’action et de tension d’une efficacité assez redoutable à l’écran. Et ce n’est que le début ! « It Was Good/Dahlia Arrives/The Unloading » renforce la tension après l’attaque du Q.G. avec des orchestrations privilégiant bien souvent les couleurs graves et des cordes froides. L’action reprend de plus belle dans « The Unloading », aboutissant à « Speed Boat Chase » pour la poursuite en bateau avec les gardes côté - le morceau est construit sur un ostinato rythmique en 5/4 plutôt frénétique aux cordes, un morceau typique de John Williams, et qui annonce par moment de futures partitions telles que « War of the Worlds » ou « Minority Report ».

« Nurse Dahlia/Kabakov’s Card/The Hypodermic » illustre quand à lui la scène où Dahlia se rend à l’hôpital, déguisée en infirmière pour tenter d’assassiner Kabakov. Le morceau est dominé par un ostinato entêtant de marimba basse et de deux notes graves de piano, avec un rappel entêtant du motif des terroristes joué par une flûte alto. Ici aussi, on retrouve ce caractère entêtant, mécanique et obsessionnel du motif des terroristes. « Building the Bomb » permet à John Williams de développer le motif des terroristes de façon plus musclée et déterminée lorsque Dahlia et Lander préparent ensemble la bombe. On retrouve le même motif dans le tendu « Miami » où la musique crée un sentiment d’urgence à l’écran, et c’est avec « Preparations » que la partition atteint un climax. Williams s’est offert ainsi le luxe d’écrire une fugue pour la scène des préparatifs pour la protection du stade menacé par les terroristes, sans aucun doute l’un des morceaux-clé du score de « Black Sunday » - alternant au passage le thème de Kabakov et le motif des terroristes. Les choses se précipitent avec « Airborne/Bomb Passes Stadium » qui crée un sentiment de danger et d’urgence avec une nouvelle reprise du motif des terroristes et du thème de Kabakov. L’action prend alors le dessus dans « Farley’s Dead » et le frénétique « The Blimp and the Bomb », sans oublier « The Take Off » et le très long et intense « Air Chase » (divisé en 3 parties) pour l’affrontement final dans le zeppelin. « The Explosion » reprend le motif des terroristes sur fond d’ostinato rythmique à 5/4 entêtant et d’une reprise héroïque du thème de Kabakov.

John Williams signe donc pour « Black Sunday » une partition à suspense sombre, entêtante et tendue, dans laquelle le danger et la tension sont omniprésents, afin de recréer à l’écran le sentiment d’une menace inexorable et d’un compte à rebours mortel lancé par les terroristes. La musique reste essentiellement basée sur le rythme, les répétitions d’ostinatos entêtants, les reprises thématiques et tous les éléments qui rappellent l’idée d’une course contre la montre pour tenter d’empêcher le pire des scénarios. Sans être une œuvre majeure dans la filmographie 70’s de John Williams, « Black Sunday » reste malgré tout une oeuvre de choix pour tous ceux qui souhaiteraient entendre le maestro dans le registre du suspense et de l’action peu de temps avant la déferlante musicale de « Star Wars » en 1977. La musique apporte une atmosphère de suspense et de danger indispensable aux images du film de John Frankenheimer, à tel point qu’il s’agit sans aucun doute de l’élément-clé du film - la musique étant très bien mise en valeur. Voilà en tout cas un score 70’s de John Williams à (re)découvrir rapidement grâce à la superbe édition CD publiée récemment par FSM !




----Quentin Billard