1-The Rescue 9.07
2-Liberate Food 4.43
3-Execute 2.28
4-Raid Begins 3.16
5-Writing Letters 4.22
6-Rangers Start 2.09
7-Campsite 3.02
8-The Great Raid 3.49
9-Burning Bodies 3.30
10-Stealing Medicine 1.51
11-The Future 2.20
12-Stalking 2.45
13-Closing Titles 4.28

Musique  composée par:

Trevor Rabin

Editeur:

Varèse Sarabande 302 066 673 2

Produit par:
Trevor Rabin, Steve Kempster,
Paul Linford

Producteur exécutif:
Robert Townson
Conduit par:
Don Harper
Montage musique:
Johnny Caruso

Artwork and pictures (c) 2005 Miramax Film Corp. All rights reserved.

Note: ***
THE GREAT RAID
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Trevor Rabin
Réalisé par John Dahl, « The Great Raid » évoque un épisode peu connu de la 2de Guerre Mondiale : une opération de sauvetage organisée par les américains pour délivrer une centaine de soldats retenus prisonniers dans un camp japonais aux Philippines en 1944. C’est le lieutenant colonel Mucci (Benjamin Bratt) qui supervise toute l’opération, le commando étant dirigé par le jeune capitaine Prince (James Franco). La mission dura 5 jours et aboutit à un succès intégral pour les américains, tous les prisonniers ayant été libérés. « The Great Raid » s’apparente à un film de guerre typiquement hollywoodien : ici, ne vous attendez pas à retrouver la profondeur humaniste d’un « Thin Red Line » ou même le choc visuel d’un « Saving Private Ryan ». Hélas, nous sommes plutôt face à un film d’action aux scènes bien mollassonnes, l’histoire s’avérant plutôt ennuyeuse pendant une bonne heure, avec un rythme assez lent et des personnages peu charismatiques - pourtant, le casting est plutôt réussi, réunissant ainsi Benjamin Bratt, James Franco, Joseph Fiennes, Marton Csokas, Connie Nielsen et même dans les seconds rôles un Sam Worthington encore méconnu à l’époque. Le film n’évite pas les écueils patriotiques habituels - durant la longue séquence du sauvetage final, quasiment aucun américain n’est touché : le message final en ressort d’autant plus : les américains sont décidément les plus forts ! John Dahl livre donc un film purement héroïque, à la gloire de l’armée américaine. Même lorsqu’il tente d’apporter un peu d’humanité et de compassion à ses personnages (scènes avec Connie Nielsen à l’hôpital, scènes avec Joseph Fiennes dans le camp japonais, etc.), le réalisateur ne parvient pas à insuffler le moindre souffle dramatique ou épique à son récit, la faute à un script paresseux, des personnages transparents et un manichéisme 100% U.S. : on déplorera ainsi le manque de psychologie de l’ensemble et le côté très scolaire de l’ouverture avec sa voix-off récitant une petite leçon d’histoire sur un ton plutôt pédagogique. Certes, « The Great Raid » s’inspire ainsi de faits réels survenus vers la fin de la 2de Guerre Mondiale, mais le tout est traité avec tellement peu d’énergie et d’ambition que le résultat s’avère être plus que décevant !

A la musique, on retrouve un Trevor Rabin en pleine forme, qui semble avoir décidément beaucoup progressé dans sa façon d’écrire la musique et d’orchestrer. Le compositeur ex-membre du groupe Yes a été longtemps critiqué pour son manque de finesse et ses maladresses d’écriture, des défauts qu’il a tenu à compenser et à corriger au cours de ces dernières années en améliorant systématiquement sa façon de composer et en travaillant plus intensément sa technique : du coup, impossible de s’imaginer qu’il s’agit du même Rabin qui ait pu écrire ce « The Great Raid » éminemment symphonique et classique d’esprit et un score totalement brouillon et extrêmement mal conçu comme « The Glimmer Man » par exemple. Entre le Trevor Rabin du début et celui de 2005, il y a tout un fossé que le compositeur a su franchir avec brio, au détriment de ses thèmes qui sont devenus moins inspirés et moins prenants - exit la période bénie des grands thèmes vibrants et mémorables tendance « Armageddon » ou « Enemy of the State » ! Avec « The Great Raid », Rabin parvient néanmoins à nous offrir un bon thème principal à la fois solennel et émouvant, pour cette histoire de libération de prisonniers américains durant la 2de Guerre Mondiale. Le thème est entendu dans « The Liberate Food », confié à des cuivres sur fond de cordes et de percussions martiales (à noter que Trevor Rabin signe lui-même ses propres orchestrations, aux côté de Gordon Goodwin). Le morceau évolue très vite vers un style plus dramatique et nuancé, avec des orchestrations assez soignées et un final assez solennel.

Cette solennelité apparaît surtout dans le grand final du film, « The Rescue », durant lequel Trevor Rabin développe son thème principal sur plus de 9 minutes, avec un thème héroïque aux notes descendantes, associé à l’opération de sauvetage à la fin du film. La musique demeure ici aussi très solennelle et vibrante, en hommage aux combattants qui ont organisé cette opération militaire U.S. couronné d’un succès intégral pour les américains. On appréciera ici le classicisme d’écriture de Rabin, chose plutôt rare chez le compositeur et qui se devait d’être signalée à juste titre (rappelons que Trevor Rabin provient du monde du rock, et qu’il n’a jamais eu de formation musicale classique). « The Rescue » reste l’un des plus beaux morceaux du score de « The Great Raid », avec des reprises émouvantes et exaltantes du thème principal et du thème héroïque, et même quelques passages plus intimistes et nuancés d’une certaine beauté (comme ce passage pour hautbois et cordes, rare chez le compositeur !). Rabin joue ici sur l’idée du souvenir et de l’hommage avec une énergie constante, même si l’ensemble reste très prévisible et sans grande surprise. Le thème sera repris dans la conclusion du film, « The Closing Titles », secondé du thème héroïque, partagé entre les cordes élégiaques et les cuivres solennels, rejoints par des choeurs grandioses et émouvants (dans un style similaire au célèbre « Hymn to the Fallen » du « Saving Private Ryan » de John Williams), « The Closing Titles » restant l’autre grand morceau incontournable de la partition de « The Great Raid ».

Dans « The Execute », le compositeur nous montre la facette plus sombre et dramatique de l’histoire, avec une utilisation très réussie des choeurs élégiaques et dramatiques pour la scène où les soldats japonais exécutent des prisonniers américains dans le camp. La musique traduit clairement l’horreur de la situation, tout en jouant sur une retenue émouvante (on pense parfois ici à certains passages élégiaques du « Pearl Harbor » de Hans Zimmer) : à noter que toute la première partie du morceau est entièrement écrite pour choeurs féminins a cappella, avant de laisser la place à un orchestre dominé par des cordes amères et un cor solitaire. L’action est au rendez-vous dans « The Raid Begins », lorsque les américains lancent leur raid sur le camp japonais vers la fin du film. Le morceau se partage entre cuivres massifs, cordes survoltées et percussions militaires d’usage. Rien de bien neuf au tableau donc ! « The Raid Begins » dispense une énergie assez intense à l’écran, rappelant à quel point le compositeur est à l’aise dans le registre de l’action. Fait plus important : ici aussi, l’écriture orchestrale de Rabin a gagné en qualité par rapport à ses précédents travaux. Le morceau est bien mieux écrit, bien mieux orchestré qu’avant et traduit l’envie du compositeur de faire mieux et de se dépasser (chose que l’on pouvait déjà ressentir dans la partition d’un autre film de guerre avec James Franco, « Flying Boys »). La musique sait aussi se faire plus dramatique et intimiste dans des morceaux tels que « The Writing Letters » ou le sombre « The Campsite », évoquant le destin des prisonniers dans le camp japonais. A noter l’emploi de quelques percussions synthétiques, que l’on retrouve notamment dans « The Rangers Start », venant rompre avec le style symphonique du reste de la partition. L’opération militaire de sauvetage débute avec le martial et entraînant « The Great Raid » où le thème principal est repris en grande pompe pour évoque le courage et la détermination des soldats américains.

Trevor Rabin nous prouve avec « The Great Raid » qu’il a décidément plus d’un tour dans son sac et qu’il est capable de sortir du registre synthético-orchestral à la Media-Ventures/Remote Control dans lequel on l’a trop longtemps enfermé au début de sa carrière (« Enemy of the State », « Armageddon », etc.). Les critiques adressées régulièrement contre les musiques du compositeur mettaient en avant ses faiblesses d’écriture et ses nombreuses facilités. Force est de constater qu’avec « The Great Raid », Rabin nous déroute et nous prouve qu’il est capable d’écrire de grandes partitions symphoniques au classicisme d’écriture certes assez scolaire mais plutôt étonnant de sa part. Si la musique de « The Great Raid » n’a rien de follement original et ne laissera pas vraiment de souvenir particulier (en dehors d’un thème principal de qualité), on ne pourra qu’apprécier les efforts d’un compositeur persévérant, soucieux de bien faire, et qui, s’il continue sur cette voie, pourrait nous surprendre davantage à l’avenir !



---Quentin Billard