1-JCVD Theme 2.10
2-Get Him 1.54
3-Family Card 2.17
4-Eh, Monsieur Van Damme 3.25
5-JCVD Theme II 1.43
6-State of Siege 2.57
7-Palindrome 1.22
8-Negociator 1.19
9-Hoodheaded Fight/Gunshot 1.23
10-Naked Parliament 1.51
11-Hey Man! 1.03
12-Discovered 4.22
13-Let's Go For It! 2.24
14-Premiere Liberation 2.46
15-Menace and Execution 9.46
16-JCVD Theme III 2.04

Musique  composée par:

Gast Waltzing

Editeur:

Movie Score Media MMS-09002

Musique produite par:
Gast Waltzing
Producteur exécutif album:
Mikael Carlsson
Assistant de Gast Waltzing:
Neves Benvinda

Artwork and pictures (c) 2008 Wahib. Film/Gaumount - Artemis Productions -Samsa Film/RTBF (Télévision belge). All rights reserved.

Note: ***
JCVD
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Gast Waltzing
Star des films d’action 80’s aujourd’hui en très nette perte de vitesse, Jean-Claude Van Damme s’est forgé au cours de ces dernières années une image plutôt inattendue auprès du public et des médias, s’enfermant inopinément dans la peau d’un personnage auto-caricatural et visiblement décomplexé, multipliant les pseudo-réflexions philosophiques et les aphorismes incompréhensibles sans queue ni tête sur les plateaux de TV ou les émissions télévisées en tout genre. Certains aphorismes et autres monologues abscons de l’acteur sont même devenus cultes à la télévision, notamment le fameux « aware » sorti durant l’émission « Loft Story » sur TF1 en 2001, sans oublier quelques perles comme « Moi, Adam et Ève, j'y crois plus tu vois, parce que je suis pas un idiot : la pomme, ça peut pas être mauvais, c'est plein de pectine ! », ou même quelques citations plus arrogantes et prétentieuses comme « Ok, Jean-Claude Van Damme n’est pas Anthony Hopkins, mais Anthony Hopkins n’est pas Jean-Claude Van Damme ». On pourrait aussi parler de ses bourdes lors de certaines de ses apparitions à la TV, comme ce fameux rot en pleine émission de Nulle Part Ailleurs sur Canal + durant une chronique présentée par l’animatrice Annie Lemoine : bref, tout un programme ! Partant de ce postulat, l’ancien karatéka belge - dont la carrière semblait être sur le déclin ces derniers temps, stagnant dans des séries-B d’action toutes plus fauchées les unes que les autres (ses problèmes de drogue n’arrangeant rien à ses affaires) - a décidé de quitter temporairement son image de guignol qu’il s’est inventé auprès des médias pour se reconvertir en se payant un rôle sur mesure dans un film totalement iconoclaste et inattendu, qui semble surgir de nulle part : « JCVD ». Réalisé par Mabrouk el Mechri - fan de la première heure de Van Damme - le film met en scène le susnommé JCVD dans son propre rôle, un comédien has-been de 47 ans en pleine bataille juridique qui l’oppose à sa femme pour l’obtention de la garde de sa fille. Ses problèmes fiscaux et les rôles minables qu’il décroche dans des films d’action nullissimes n’arrangent alors rien à ses affaires. Sa carrière et sa vie privée partent en morceaux. C’est pourquoi Jean-Claude décide alors de retourner dans sa Belgique natale afin d’y trouver le repos. C’est alors qu’il décide de se rendre dans un bureau de poste belge afin de retirer toutes ses économies. Mais ce que Jean-Claude ignore encore, c’est que le bureau de poste a été pris d’assaut par un groupe de cambrioleurs en plein hold-up. Van Damme est alors pris en otage et se voit forcé par le chef des cambrioleurs de jouer double jeu avec la police belge.

Difficile de catégoriser un film aussi étrange et décalé que « JCVD » : film de braquage ? Essai artistique ? Film de portrait-documentaire ? Le long-métrage de Mabrouk el Mechri est ainsi tout cela à la fois. Bien éloigné des productions hollywoodiennes et hongkongaises de ces 15 dernières années auxquelles Van Damme nous a habitué, « JCVD » est une sorte de film-testament en hommage au talent de comédien d’un acteur belge toujours cantonné aux rôles musclés - englué et pris au piège de l’image publique qu’il s’est forgé, volontairement ou non - mais qui dévoile enfin dans ce film un véritable talent de comédien dramatique, au ton incroyablement juste. Ainsi donc, Van Damme y apparaît fragile, les traits tirés, fatigué, le regard désabusé. Il est au bout du rouleau et ses problèmes dans ce bureau de poste l’amèneront à réfléchir davantage sur sa propre vie et sa carrière d’acteur - d’où un monologue central certes très mal amené et un peu abstrait mais touchant de justesse et de lucidité. Le film se montre donc suffisamment malin pour permettre à Van Damme de s’interroger sur lui-même en campant le rôle de ce père de famille malheureux et blessé, confronté à ses propres difficultés et à une situation qui dégénère et dans laquelle il ne contrôlera rien (exit donc le glamour de ses productions U.S. habituelles !). Saluons au passage l’excellente performance de Zinedine Soualem et sa coupe de cheveux improbable, sans oublier Karim Belkhadra et l’humoriste/comédien belge François Damiens (plus connu sous le pseudonyme « François l’embrouille »). Au final, el Mechri signe un film plutôt atypique sur Jean-Claude Van Damme, dans lequel il montre l’acteur sous un angle humain, réaliste et fragile, malmené du début jusqu’à la fin (humilié pendant le procès pour la garde de sa fille, fatigué des rôles musclés insipides que lui offre régulièrement son agent, vilipendé par une chauffeuse de taxi belge, et même malmené sur le tournage d’un film d’action à petit budget dans lequel Van Damme doit réaliser toutes ses cascades lui-même lors d’un improbable plan séquence unique). Le réalisateur adopte un ton doux-amer et nous offre quelques effets de style sympathiques (dont notamment une photographie utilisant des couleurs plutôt délavées aux teintes mordorées), tandis que l’acteur verse dans une certaine autodérision touchante de justesse, comme lors de ce fameux monologue déclamé pendant plus de 5 minutes face à la caméra, les yeux au bord des larmes. Dommage cependant que le film s’avère être un peu long par moment, mais dans l’ensemble, le pari risqué de « JCVD » se transforme en essai réussi pour Van Damme : le film est une surprise totalement inattendue et un come-back plus que salutaire pour l’acteur belge, qui dévoile ici une facette plus méconnue de sa personnalité de comédien.

La musique de « JCVD » a été confiée à Gast Waltzing, compositeur luxembourgeois spécialiste du jazz, qui a écrit quelques musiques de films et diverses musiques de séries TV depuis le début des années 90. « JCVD » reste probablement le film le plus atypique que le compositeur ait eu à mettre en musique depuis le début de sa carrière. Waltzing évacue toute approche orchestrale hollywoodienne conventionnelle pour « JCVD » et opte à contrario pour un instrumentarium jazzy plus proche de son registre habituel. La musique accompagne le film de façon globale en créant une ambiance à la fois rythmée et intimiste, dynamique, énergique et aussi parfois plus introvertie, épousant parfaitement les différentes facettes du personnage de Jean-Claude Van Damme dans le film. Avec une section instrumentale incluant cuivres (trompettes, trombones, saxophones), batterie et guitare basse, Gast Waltzing apporte un style jazzy agréable au film. La musique possède un côté jazz/groovy rétro rappelant les musiques de polar des années 70, un style que ne renierait pas un Lalo Schifrin, un Don Ellis ou un David Shire. Ainsi, « JCVD Theme » est un morceau énergique reposant sur un rythme groovy et des cuivres jazz du plus bel effet, thème associé au début du film au personnage de Van Damme, le compositeur illustrant à sa façon l’idée du héros de film d’action avec ce petit côté « seventies » rétro assez savoureux et très particulier dans le film. La musique bascule même dans le suspense et l’action avec les timbales et les trompettes en sourdine de « Get Him » ou les cordes sombres et dissonantes de « Family Card », le tout avec des moyens très restreints (pas de gros orchestre symphonique ici !).

Le thème de Van Damme est repris dans « Eh, Monsieur Van Damme » avec ses cuivres qui rappellent beaucoup maintes partitions 70’s de Lalo Schifrin, notamment dans le jeu de la section de cuivres et du rif de guitare basse, sans oublier un final plus orienté « thriller » pour la scène où les choses tournent mal dans le bureau de poste à Bruxelles. Gast Waltzing se fait plaisir et offre à Jean-Claude Van Damme un deuxième thème jazz/groovy plus musclé et dynamique, « JCVD Theme II », qui rappelle là aussi Schifrin, Ellis ou même John Barry, avec un fun « 70’s » totalement cool et décomplexé (un peu à l’image du personnage médiatique que s’est forgé l’acteur belge ces dernières années). Pourtant, la musique sait aussi se faire plus sombre et retenu dans les passages plus tendus à l’intérieur du bureau de poste. Ainsi, « State of Siege » évoque la prise d’otage avec une certaine économie de moyens : cuivres, batterie, rif de basse, flûte, etc. On n’est guère loin par moment du style des musiques de polar urbain de David Shire comme « The Taking of Pelham 123 » par exemple, qui semble avoir servi de modèle à Gast Waltzing sur « JCVD ». Le compositeur luxembourgeois se fait donc plaisir et s’offre même un buff avec ses musiciens au détour d’un jazz easy-listening kitsch et savoureux dans « State of Siege ». Les percussions de « Palindrome » annoncent quand à elle le drame à venir et maintiennent une tension efficace à l’écran, sans jamais en faire de trop - économie de moyens oblige ! Le compositeur nous prouve à l’occasion qu’il n’y a pas besoin d’en faire des tonnes ou de sur-orchestrer une musique pour créer un suspense et une tension adéquate à l’écran.

Les rythmes groovy/jazzy reviennent dans la scène de la négociation (« Negociator »), la musique apportant à son tour une certaine forme de dérision au film, tout en jouant la carte du jazz/groovy kitsch décomplexé (cf. « Naked Parliament »). L’action revient dans le musclé « Hoodhead Fight/Gunshot » pour la scène de la bagarre et du coup de feu, partagé entre des cuivres agités et des timbales plus agressives. On appréciera aussi les rythmes de « Hey Man ! », « Première Liberation », « Let’s Go For It ! » ou le solo de trompette a cappella mélancolique et solitaire de « Discovered », sans oublier le climax de suspense de « Menace and Execution », où les thèmes de Van Damme est repris partiellement, sous une forme plus nuancée, avec quelques cordes dissonantes. Et pour finir, Gast Waltzing nous gratifie d’une ultime reprise fun et énergique du thème jazzy de Van Damme dans « JCVD Theme III ». A noter que l'album publié par Movie Score Media est incomplet (il manque la musique du monologue final) et qu'il existe un second album sorti au Luxembourg avec une dizaine de minutes de musique supplémentaires). Au final, « JCVD » reste une partition plutôt inattendue et assez savoureuse, en parfaite adéquation avec l’ambiance un peu particulière du film de Mabrouk el Mechri. A la fois minimaliste et cohérente dans sa démarche et son approche des images, la musique jazzy/groovy de Gast Waltzing apporte une touche de dérision supplémentaire au film et apporte un rythme très présent tout en surfant sur la vague des musiques de polar urbain des années 70. Le compositeur en profite aussi pour rendre hommage dans sa musique non seulement au personnage de Jean-Claude Van Damme mais aussi à ceux qui semblent être les compositeurs de prédilection de Waltzing, qu’il s’agisse de Barry, Schifrin, Ellis, Shire ou même Bernard Herrmann (pour les passages à suspense et le travail sur les percussions) et Jerry Fielding.




---Quentin Billard