1-Main Title 3.12
2-She Lies by the River 2.54
3-Soraya's Theme 0.46
4-The Meadow 1.41
5-They Looked Away As I Died 2.06
6-Death of Hashem's Wife 3.43
7-Digging Graves 1.49
8-Concubine 1.03
9-Your Mother's Ring 1.19
10-Waiting 1.41
11-The Beating 2.36
12-The Verdict 2.03
13-I'll Tell The World 1.47
14-Saying Goodbye 2.46
15-Dead Woman Walking 1.13
16-The Stoning of Soraya M. 12.50
17-The Gentleness of Passing 1.59
18-The Escape 2.35

Musique  composée par:

John Debney

Editeur:

Varèse Sarabande 302 064 201 2

Produit par:
John Debney
Producteur exécutif:
Robert Townson
Coordination score:
Lola Debney
Supervision production score:
Melanie Mullens Hoyson
Montage musique:
Jeff Carson, Jim Harrison,
Chuck Martin

Direction du studio Debney:
Stephanie Pereida

Edition limitée à 1000 exemplaires.

Artwork and pictures (c) 2008 Fallen Films, LLC. All rights reserved.

Note: ****
THE STONING OF SORAYA M.
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Debney
« The Stoning of Soraya M. » est un film choc du réalisateur Cyrus Nowrasteh, sorti durant l’année 2008 en toute confidentialité aux Etats-Unis mais qui a été distribué tardivement dans d’autres pays (en France, le film n’est même pas sorti au cinéma !) et a été présenté essentiellement dans divers festivals. Le long-métrage est l’adaptation du roman éponyme du journaliste franco-iranien Freidoune Sahebjam sorti en 1994, et qui racontait l’histoire vraie d’une jeune femme lapidée par tout un groupe de villageois iraniens durant l’année 1986 (le livre a été censuré en Iran, car il remettait ouvertement en question le système légal iranien). Le film de Cyrus Nowrasteh transpose ainsi cette histoire bouleversante au cinéma. Le journaliste Freidoune Sahebjam (James Caviezel) vient tout juste d’arriver dans un petit village iranien lorsqu’il fait la connaissance de la mystérieuse Zahra (Shohreh Aghdashloo) qui insiste pour lui raconter une terrible histoire, celle de sa nièce Soraya M. (MozhanMarnò), victime de la charia menée par son propre mari. Aujourd’hui, Zahra n’a plus qu’une idée en tête : raconter toute l’histoire au journaliste afin que la vérité éclate au grand jour et que le monde entier puisse enfin prendre conscience des mauvais traitements infligés à certaines femmes en Iran et de la cruauté avec laquelle Soraya M a été maltraitée et tuée dans son propre village. Tout commence lorsque Ali (Navid Negahban) décide de quitter sa femme Soraya afin d’épouser une jeune fille de 14 ans, et pour se débarrasser de sa compagne, Ali décide d’organiser un complot visant à l’accuser d’adultère. Zahra tente alors en vain d’empêcher la condamnation de Soraya pour adultère, mais les lois iraniennes sont plus fortes qu’elle : Soraya est alors jugée et condamnée à mort, lapidée à coup de cailloux sur la place principale du village. Impossible de rester insensible devant un film aussi dur et bouleversant. « The Stoning of Soraya M » est une sorte de film-documentaire tragique qui rappelle une vérité bien triste, la condition des femmes en Iran. La lapidation est aujourd’hui encore un sujet d’actualité en Iran et dans d’autres pays régis par les lois de la charia, et le film de Cyrus Nowrasteh est là pour nous le rappeler. « The Stoning of Soraya M. » vaut surtout pour la qualité du jeu des acteurs et pour la bouleversante scène de lapidation, d’une violence et d’une cruauté inouïe (mention spéciale à la comédienne Mozhan Marnò qui interprète avec brio Soraya M. dans le film !). Au final, malgré une première partie inégale et un rythme un peu lent, « The Stoning of Soraya M » est un drame bouleversant, qui aurait mérité bien plus qu’une simple distribution confidentielle à l’étranger et dans des festivals, un film méconnu en France, à redécouvrir grâce à la récente édition DVD américaine !

La musique de « The Stoning of Soraya M. » a été confiée au compositeur le plus inattendu sur ce projet, John Debney, qui en profite pour l’occasion pour renouer avec un style musical déjà mis en place dans « The Passion of the Christ ». Ainsi donc, la partition musicale de « The Stoning of Soraya M. » fait appel à une formation instrumentale minimaliste mettant essentiellement l’accent sur les instruments de musique du monde arabe : oud, darboukas, bouzouki, flûtes et diverses percussions ethniques interprétées par Lilo Fadidas, avec le violoncelle soliste de Dennis Karmazyn et le violon de Yervand Kalajian, sans oublier l’inévitable duduk arménien et les vocalises arabisantes et envoûtantes de la chanteuse iranienne Sussan Deyhim - le tout agrémenté de quelques nappes synthétiques et d’une partie orchestrale restreinte se limitant bien souvent à quelques cordes. Evidemment, dès les premières notes de la musique dans le film, on pense immédiatement à celle de « The Passion of the Christ », tant les similitudes paraissent flagrantes et indiscutables. Et pourtant, on aurait tort de considérer « The Stoning of Soraya M. » comme un simple décalque de « The Passion of the Christ », tant le nouveau score de John Debney va encore plus loin dans la description assez authentique de la culture musicale iranienne traditionnelle (et ce malgré un petit côté hollywoodien inévitable pour un film de ce genre). Dès le poignant « Main Title », Debney met en place un premier thème dont les notes de cordes résonnent de manière tragique avec la voix de Sussan Deyhim, le violoncelle, les percussions et les instruments ethniques environnants, permettant ainsi au compositeur d’illustrer à l’écran les décors du petit village iranien. Debney en profite pour nous offrir un magnifique thème élégiaque et tragique extrêmement poignant - sans aucun doute l’un des plus beaux thèmes que John Debney ait écrit pour un film, lui qui est resté jusqu’à présent essentiellement cantonné aux musiques de mickey-mousing sautillantes pour des comédies en tout genre.

Le deuxième thème de la partition apparaît dans « Soraya’s Theme » et illustre dans le film l’histoire tragique de Soraya M, présenté ici par une flûte solitaire sur fond de nappes synthétiques. Dans « She Lies By The River », la musique devient plus intime et résonne avec une gravité rappelant ici aussi « The Passion of the Christ ». Les instruments ethniques sont mis en avant afin de créer une ambiance à la fois sombre, dramatique, et minimaliste dans le film. Les touches musicales arabisantes permettent au compositeur de créer une atmosphère adéquate à cette histoire bouleversante de lapidation. Les instruments solistes évoquent à la fois ici les décors iraniens mais aussi le drame humain qui se joue à l’écran. Un morceau comme « The Meadow » apporte une certaine beauté « orientale » à la fois contemplative, poétique et intime à la musique du film de Cyrus Nowrasteh, même si là aussi on pense à maints passages de « The Passion of the Christ ». La voix de Sussan Deyhim devient plus plaintive dans le sombre et atmosphérique « Digging Graves », alors que les rythmes orientaux s’imposent davantage dans « Concubine » et « Waiting ». Un morceau comme « The Beating » est quand à lui plus révélateur de l’approche atmosphérique, sombre et pleine de gravité voulue par John Debney sur ce film, avec une nappe synthétique obscure et quelques instruments ethniques aux sonorités lointaines, pour illustrer les mauvais traitements infligés à Soraya M. par son mari dans le film - d’où l’utilisation de quelques dissonances plus menaçantes ici.

Dans « The Verdict », les percussions créent un sentiment d’urgence et de danger avec les traits rapides du violon perse pour la scène du procès de Soraya, alors que « Saying Goodbye » apporte une certaine émotion et une très grande gravité à la séquence où Soraya M. fait ses adieux avant de partir sur la place du village pour y être lapidée à mort. Un morceau comme « Dead Woman Walking » résonne même de façon funèbre, et c’est le puissant « The Stoning of Soraya M. » qui permet à la partition de Debney d’atteindre son apogée, avec plus de 12 minutes d’atmosphère à la fois orientale, sombre, grave, agressive et tragique, un morceau de toute beauté, assurément, et aussi une certaine preuve de la maturité musicale d’un compositeur en manque de projet aussi artistiquement fort et humainement profond que le film de Cyrus Nowrasteh. Ce long morceau de plus de 12 minutes permet ainsi au compositeur de condenser toutes les idées de sa partition en un long morceau accompagnant ainsi la séquence bouleversante et cruelle de la lapidation. Debney en profite aussi pour reprendre son magnifique thème de Soraya, qui résonne ici comme l’écho plaintif et élégiaque d’une femme sacrifiée sur l’autel des lois de la charia. A noter qu’il s’agit du seul morceau où Debney utilise brièvement un piano pour accentuer l’émotion de la scène. Le milieu du morceau permet même au compositeur de nous offrir quelques magnifiques harmonies de cordes poignantes et tragiques rappelant la scène de l’agonie du Christ sur la croix dans le film de Mel Gibson (Christ/Soraya M, même combat ?). Allons droit au but, le morceau « The Stoning of Soraya M. » reste à ce jour l’un des plus beaux morceaux que John Debney ait écrit pour un film, la preuve flagrante que le compositeur est capable de faire autre chose que ses partitions comédie fonctionnelles qu’il nous balance régulièrement à longueur de temps. Le thème principal du « Main Title » revient dans « The Escape », qui s’impose par ses rythmes plus urgents et pressants, alors que le journaliste doit maintenant s’échapper du village afin de révéler la vérité au monde entier (à noter qu’il s’agit du seul passage d’action du score, un brin plus orchestral).

Avec « The Stoning of Soraya M. », John Debney nous livre un nouvel opus musical d’une maturité étonnante, dans la lignée de « The Passion of the Christ », une partition sombre, élégiaque, dramatique et poignante, teintée de sonorités orientales magnifiques et d’une utilisation remarquable des différents instruments solistes mis à la disposition du compositeur. La musique apporte une gravité et une émotion à fleur de peau au film de Cyrus Nowrasteh, sans jamais en faire de trop pour autant. Certes, le côté parfois un brin atmosphérique de la musique et l’utilisation très restreinte des thèmes risque fort de lasser quelque peu certains auditeurs, mais ceux qui ont sont réceptifs au travail de John Debney sur « The Passion of the Christ » apprécieront à n’en point douter le nouveau score du compositeur pour « The Stoning of Soraya M. », sans aucun doute la plus belle musique que le musicien ait écrit pour le cinéma depuis bien longtemps : à découvrir sans plus attendre grâce à l’édition limitée de Varèse Sarabande !



---Quentin Billard