Marathon Man (1976)

1-Main Title 3.00
2-Tragedy At The Truck 1.31
3-In Hot Pursuit/Out of the Place 1.19
4-Bellman and Pram 1.47
5-The Doll's Demise 0.51
6-Biesenthal Flashback 0.39
7-Soccer Ball 0.56
8-Elsa's Intrigue 0.36
9-Szell Arrives 0.27
10-Love Scene 3.00
11-The Letter 1.00
12-Airport 0.51
13-Resemble Diamonds/
Fountain Appointment 1.48
14-Scylla Stabbed 1.51
15-Doc Dies 0.34
16-Nightmare of the Past 1.22
17-Bathroom Terror 1.49
18-False Rescue 1.12
19-Betrayal/Drilling Horror 0.50
20-Escape 0.44
21-Chase Pt. I 2.08
22-Chase Pt. II 0.57
23-Urgent Phone Call 1.37
24-Calculated Risk/
Gang Moves In 1.58
25-House On The Hill/
Approaching Showdown 2.39
26-Jewelry Market Pt. I 1.23
27-Market Continuation 0.28
28-The Recognition 1.47
29-Szell Escapes 1.25
30-All That Glitters Pt. I/
All That Glitters Pt. II 0.41
31-Too Close/Essen 0.33
32-Diamonds of Death 1.17
33-Babe Tosses Gun 1.53
34-End Credits 2.00
35-Main Title (alternate) 2.59
36-Fountain (alternate) 1.40
37-False Rescue (alternate) 1.09

The Parallax View (1974)

38-Commission and Main Title 2.42
39-Morgue 0.51
40-Sheriff's House 0.58
41-Car Chase 1.12
42-Testing Center 1.05
43-Out To Sea 0.52
44-Slide of Art/Austin Sleeps 1.56
45-Parallax Test 4.55
46-Art in Cafeteria/
Suitcase Bomb 3.55
47-Gunmen Search 1.30
48-Joe's Final Run 1.29
49-End Title 2.02

Musique  composée par:

Michael Small

Editeur:

Film Score Monthly FSM Vol. 13 No. 5

CD produit par:
Lukas Kendall, Neil S. Bulk
Producteur exécutif du CD:
Craig Spaulding
Direction musicale pour la
Paramount Pictures:
Randy Spendlove
Assistant production CD:
Jeff Eldridge

Edition limitée à 3000 exemplaires

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 1974/1976 Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
MARATHON MAN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Michael Small
Thriller paranoïaque signé John Schlesinger et sorti en 1976, « Marathon Man » met en scène Dustin Hoffman dans le rôle de Thomas Babington Levy dit « Babe », un jeune new-yorkais fraîchement diplômé de l’université et marathonien invétéré. Babe s’entraîne tous les jours dans Central Park afin de participer au grand marathon qui sera organisé prochainement à New York. Un jour, Doc Levy (Roy Scheider), le frère de Babe, est retrouvé assassiné. Doc travaillait officiellement dans l’industrie pétrolière, mais en réalité, il était membre actif d’une organisation gouvernementale secrète et devait récupérer un trésor de guerre que lui avait confié autrefois le Dr. Christian Szell (Laurence Olivier), un criminel de guerre nazi. C’est alors que Babe se retrouve impliqué malgré lui dans une intrigue internationale machiavélique, poursuivi par Szell et ses sbires, qui désirent mettre la main sur le trésor dérobé par Doc Levy. Obligé de s’échapper, Babe se retrouvera traqué par le tortionnaire nazi et finira par se retourner contre son poursuivant en lui tendant un piège. « Marathon Man » est l’adaptation cinématographique du roman éponyme de William Goldman. Si la mise en scène de John Schlesinger reste plutôt impersonnelle et typiquement hollywoodienne (avec des hauts et des bas), « Marathon Man » a surtout acquis son statut de film culte des années 70 grâce à deux éléments mémorables, la célèbre scène de torture à la roulette - avec un Laurence Olivier glacial à souhait dans le rôle du tortionnaire nazi - et la fameuse phrase culte « is it safe ? », que Szell répète plusieurs fois à Babe durant la scène de la torture : il faut d’ailleurs savoir que cette fameuse réplique a été classée à la 70ème place de la liste « 100 ans...100 Répliques du Cinéma » par l’American Film Institute, une phrase énigmatique qui aura certainement glacé le sang de plus d’un spectateur, une scène-clé entièrement portée par l’excellente performance du terrifiant Laurence Olivier - le plan fixe sur le visage de Szell est tout bonnement inoubliable ! Hélas, on a beaucoup parlé de cette scène mais très peu du reste du film, qui n’est au final qu’un banal thriller hollywoodien sans grande originalité - avec une fin plutôt décevante et un peu facile. Dustin Hoffman reste égal à lui-même, parfait dans le rôle de ce marathonien obligé de courir à nouveau pour sauver sa vie, avec à ses côtés Roy Scheider, Marthe Keller et William Devane.

La partition symphonique de Michael Small a sans aucun doute largement contribué au succès du film de John Schlesinger, le compositeur signant pour « Marathon Man » une partition à suspense typique des musiques de thriller paranoïaque des années 70. Dans « Marathon Man - Main Title », Michael Small annonce le thème principal associé à Babe Levy tout au long du film, un thème mélancolique et solitaire confié à un piano électrique sur fond de cordes sombres et de synthétiseurs 70’s un brin kitsch mais assez impressionnants dans la musique. Cette ouverture est bien évidemment porteuse d’un suspense fort, largement véhiculé par les notes répétées inlassablement par les cordes et la harpe, les quelques dissonances et les ponctuations instrumentales des cuivres en sourdine et de la trompette. Dans « Tragedy at the Truck », la musique prolonge ce climat de suspense avec le lot habituel de cordes dissonantes et d’ambiances atonales héritées de la musique avant-gardiste du 20ème siècle pour la scène de l’accident de camion au début du film. On retrouve ici aussi les synthétiseurs vrombissants du début et leurs sonorités « seventies » sombres et menaçantes. Même chose pour « In Hot Pursuit/Out of the Race » et son suspense glauque et pesant, symbole du danger qui pèse désormais sur Babe Levy. L’association orchestre/synthétiseur fonctionne parfaitement ici, même si le compositeur ne propose rien de bien neuf dans le genre et que sa partition rappelle bon nombre de musiques à suspense typiques des années 70. La tension est largement entretenue dans des pièces atonales dissonantes telles que « Bellman and Pram », « The Doll’s Premise » ou « Elsa’s Intrigue » et leurs atmosphères pesantes, symbolisant à l’écran le danger.

Michael Small introduit un motif de piano sinistre pour le personnage du Dr. Szell dans « Szell Arrives » sur fond de cordes dissonantes. Les morceaux sont assez brefs dans l’ensemble, ne laissant malheureusement que peu de place dans le film à des développements plus conséquents (la plupart des morceaux ne dépassent guère les 1 ou 2 minutes). Du coup, le compositeur est obligé d’aller à l’essentiel sur chacun de ses morceaux. Pour tempérer le suspense ambiant, Michael Small nous offre un très joli thème romantique dans « Love Scene » pour la relation entre Babe et Elsa (Marthe Keller), un Love Theme très classique d’esprit pour cordes et piano, dont le lyrisme un brin mélancolique est tempéré ici par quelques notes plus sombres et nuancées - et une écriture pianistique concertante de toute beauté. A noter que le Love Theme est en fait identique au thème principal introduit dans « Marathon Man/Main Title » : il s’agit tout simplement de la mélodie principale du personnage de Dustin Hoffman, que le compositeur transforme ici en Love Theme occasionnel pour l’inévitable scène d’amour du film. Avec son mini concerto pour piano et orchestre proche de l’esthétique classique 19èmiste d’un Lizst ou d’un Tchaïkovski, l’excellent « Love Scene » reste à n’en point douter un morceau-clé de la partition de « Marathon Man », révélant un classicisme d’écriture élégant et raffiné, typique du compositeur. Le thème est alors repris au piano électrique dans « The Letter », rappelant le style de l’ouverture.

Le suspense revient alors en grande pompe dans « Airport » et « Resemble Diamonds/Fountain Appointment » qui renforcent le climat d’insécurité et de tension. A noter que le motif de piano du Dr. Szell est repris au début du morceau, Small évoquant la présence menaçante du tortionnaire nazi par le biais de quelques brèves percussions (timbales, caisse claire martiale) rappelant les origines du personnage de Laurence Olivier dans le film. Le morceau apporte même un éclairage quasi mélancolique inattendu à la scène du rendez-vous entre Szell et Doc Levy près de la fontaine - à noter la couleur sonore particulière apportée ici par les synthétiseurs aigus, les notes graves du piano et la flûte alto. L’atmosphère dissonante et atonale de « Scylla Stabbed » (pour la scène où Doc est assassiné par le criminel nazi) fait alors basculer la partition dans un registre plus glacial et terrifiant - rappelant le style des musiques de thriller paranoïaque de l’époque, et plus particulièrement celles de David Shire (« Klute ») ou John Williams (« Black Sunday »). Cette atmosphère oppressante prend forme dans des pièces telles que « Bathroom Terror » et sa reprise inquiétante du motif de piano de Szell pour la séquence où Babe est attaquée dans sa douche par le tortionnaire nazi. Les amateurs de musiques atonales agressives et dissonantes apprécieront sans aucun doute l’ambiance terrifiante et glaciale de « Bathroom Terror » et « False Rescue » avec sa reprise du motif de Szell par les synthétiseurs kitsch, que Small superpose ici au thème de Babe.

La musique bascule même dans le registre horrifique pour la célèbre séquence de la roulette dans « Betrayal/Drilling Horror », où la musique - qui semble surgir tout droit d’un film d’horreur - utilise des synthétiseurs stridents et irritants imitant clairement le son de la roulette de Szell. Le motif du nazi devient alors omniprésent, tandis que l’action prend alors le dessus dans l’agressif « Escape » et « Chase », dominé par des ponctuations de percussions martiales menaçantes et incertaines (et des rappels constants au motif de Szell, que Michael Small développe ici à loisir). L’angoisse et l’urgence deviennent ici des éléments-clé, qu’il s’agisse du sombre « Urgent Phone Call » ou du sombre « House on the Hill/Approaching Showdown » avec ses percussions martiales et ses reprises entêtantes du motif nazi. Le dit thème culmine d’ailleurs dans « The Recognition » où il est développé cette fois-ci par l’orchestre et les synthétiseurs sur fond de percussions martiales, alors que Szell est reconnu par une vieille dame dans un quartier juif de la ville. Même chose pour la confrontation finale intense dans « Diamonds of Death » et « Babe Tosses Gun », véritable climax de tension de la partition de « Marathon Man », aboutissant à un « End Credits » plus apaisé et mélancolique.

Vous l’aurez donc compris, Michael Small nous livre sur « Marathon Man » une terrifiante partition à suspense typique des musiques de thrillers paranoïaques des années 70. Malgré le nombre conséquent de morceaux et la brièveté de la plupart des pièces, le score de « Marathon Man » reste très réussi de bout en bout bien qu’un peu trop répétitif sur la longueur, le manque d’originalité et le caractère très prévisible de la composition de Michael Small n’arrangeant guère les choses. On appréciera néanmoins l’intensité qui se dégage de la musique à l’écran, créant une noirceur et un suspense quasi constant tout au long du film, avec un savoir-faire évident de la part du compositeur. Michael Small répond donc à l’intrigue de tension du film de John Schlesinger (et par la même, du roman d’origine de William Goldman) par une atmosphère musicale sombre et noire, symbolisant l’idée de l’oppression, de la traque et du suspense glacial - mention spéciale à « Drilling Horror » et ses synthétiseurs stridents et grinçants imitant le son de la roulette pour la scène d’anthologie du film. Michael Small apporte aussi un peu de modernité à sa partition par le biais de synthétiseurs plus modernes (pour l’époque), apportant une couleur assez particulière à la musique du film. En bref, sans être une partition culte pour autant, le score de « Marathon Man » reste une référence dans le domaine des musiques à suspense des années 70, à redécouvrir grâce à l’excellente édition CD de Film Score Monthly, sur laquelle le score est couplé avec une autre musique de référence du compositeur pour le film « The Parallax View ».



---Quentin Billard