1-Opening Title 3.46
2-Torture 0.47
3-Fetch Him 1.17
4-God and Nature 1.07
5-Politics and Religion 1.31
6-Good Morning John 1.41
7-Ghosts 1.47
8-The 2nd Nightmare 1.41
9-The Slave Ship 2.19
10-The Gardens 1.46
11-We Have Hope 1.46
12-Courting 1.03
13-Parliament 1.58
14-Dark Meeting 0.48
15-Will Of The People 2.43
16-Rejecting The Bill 1.34
17-Walking The Demons 1.35
18-Off The Ship 0.52
19-Cheat The Law 0.47
20-Devious Plan 1.13
21-Something's Up 2.28
22-No More 1.44
23-Dying 3.40
24-Triumph 3.12

Musique  composée par:

David Arnold

Editeur:

Spring House Music SPD-88509

Album produit par:
David Arnold
Montage musique:
Dina Eaton
Coordination musique du monde:
George Acogny

(c) 2006 Walden Media/Bristol Bay Productions. All rights reserved.

Note: ***1/2
AMAZING GRACE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by David Arnold
Nouveau long-métrage du réalisateur Michael Apted, « Amazing Grace » évoque l’histoire vraie de William Wilberforce (Ioan Gruffudd), un jeune politicien philanthrope et idéaliste qui vécu à la fin du 19ème siècle en Angleterre, et se battit pour faire respecter les droits des esclaves noirs africains en luttant de toutes ses forces contre l’esclavage. L’histoire débute en 1782, alors que William est encore un jeune membre du parlement britannique, qui côtoie des personnalités influentes dans le monde politique anglais. Avec force et ténacité, William finit par convaincre ses amis William Pitt, Thomas Clarkson et Hannah More que l’esclavage mené par l’Angleterre est extrêmement néfaste et qu’il est important de lutter dès aujourd’hui contre cela. Hélas, sa détermination se heurte bientôt aux intérêts de certains membres du gouvernement pro-esclavage, et William finit par devenir assez impopulaire. Après avoir songé à abandonner définitivement la politique, son épouse Barbara Spooner (Romola Garai) réussira à le convaincre de poursuivre ses efforts dans sa lutte contre l’esclavage. Des années s’écoulent alors, et tandis que William commence à contracter une maladie chronique, son entourage lui redonne confiance en lui et l’incite à repartir à nouveau au sein du parlement britannique, afin de lutter pour que soit abrogé définitivement l’esclavage sur le sol anglais. « Amazing Grace » tire son nom du célèbre hymne religieux de John Newton, et s’intéresse donc d’un peu plus près à la personnalité de William Wilberforce, l’homme responsable de la loi abolitionniste contre l’esclavage en Grande-Bretagne durant le 19me siècle. Le film de Michael Apted opère ainsi un parti pris quelque peu discutable, celui de délaisser progressivement le thème de l’esclavage pour se concentrer davantage sur une longue série de scènes politiques et de séquences dans le parlement anglais. C’est d’ailleurs tout l’aspect politique du film qui dérange ici, « Amazing Grace » sonnant très faux à de nombreuses reprises. De plus, l’accumulation de ces scènes politiques finit par lasser plus qu’autre chose, alors qu’on aurait préféré voir davantage de séquences reflétant les conséquences dramatiques et humaines de l’esclavage des noirs africains à cette époque - le film est uniquement vu du point de vue des blancs, dommage ! Finalement, « Amazing Grace » est un biopic sans grande envergure, un film historique un peu ennuyeux, qui manque de panache et d’un souffle épique : on est bien loin ici du « Amistad » de Steven Spielberg !

La partition symphonique de David Arnold apporte au film de Michael Apted une dimension lyrique, classique et dramatique assez intéressante, sans briller pour autant d’une originalité particulière. L’approche résolument symphonique et le classicisme d’écriture du compositeur sur le film renforce clairement la dimension historique de « Amazing Grace », une approche certes un brin académique mais parfaitement adaptée à l’histoire de William Wilberforce. Dans « Opening Title », David Arnold pose d’emblée le ton dramatique et classique de sa partition avec une très belle partie chorale, des cordes élégantes et quelques notes de flûte exotique. Les choeurs apportent ici une dimension dramatique assez saisissante à l’ouverture du film, sans jamais en faire de trop : ils pourraient être associés ici aux voix des esclaves noirs, pour lesquels William se battra tout au long de sa vie. C’est aussi l’occasion pour le compositeur de dévoiler son thème principal, qu’interprète une clarinette et quelques cordes vers la fin du morceau, et qui sera lui aussi associé au personnage interprété par Ioan Gruffudd tout au long du film. On retrouve les flûtes exotiques dans le sombre « Torture », qui prolonge l’ambiance dramatique de l’ouverture, comme dans le non moins sombre « Fetch Him ». David Arnold est donc bien loin ici des éclats orchestraux de « Independence Day » ou de la saga « James Bond » : le compositeur opte résolument ici pour une approche lyrique, dramatique et retenue, très appréciable dans le film bien qu’assez prévisible et sans surprise.

On appréciera l’émotion qui se dégage de « God and Nature », évoquant les sentiments et les réflexions de William au sujet du monde qui nous entoure et de Dieu. Le piano devient ici l’instrument des réflexions intimes du personnage, tout comme dans « Politics and Religion ». « Good Morning John » rappelle quand à lui le classicisme d’écriture raffiné du compositeur, qui mélange adroitement cordes, bois et piano dans un style qui rappellerait presque Patrick Doyle et ses musiques sur les drames de Régnis Wargnier. On appréciera dans « Good Morning John » l’émotion qui se distille lentement mais sûrement dans le morceau, une émotion toute en retenue mais néanmoins de plus en plus présente. Les choeurs et la flûte exotique reviennent dans « Ghosts », évocation touchante du drame de l’esclavage, alors que le thème principal de William Wilberforce reste toujours très présent, développé dans la plupart des morceaux du score. Et pour rester dans le même ordre d’idée, « The 2nd Nightmare » et « The Slave Ship » développent à leur tour cette approche sombre et tragique associée dans le film à l’esclavage. Loin de se limiter à ces passages pesants et dramatiques, la musique de « Amazing Grace » nous offre aussi des moments plus optimistes et apaisés comme « The Gardens » ou « We Have Hope », dans lequel l’espoir et la détermination de William transparaissent plus clairement.

Dès lors, William entame sa quête abolitionniste avec force et panache dans « Parliament », où le piano intime du romantique « Courtship » revient en force pour la scène des premières discussions au parlement britannique. La musique oscille alors entre l’hésitation, l’appréhension (« Will Of The People »), la tragédie (« Rejecting the Bill ») et l’introspection (« Walking the Demons »). Les parties chorales restent discrètes mais néanmoins présentes, comme pour rappeler la voix de ces esclaves que représente aujourd’hui William Wilberforce à travers la cause qu’il défend au parlement anglais. L’optimisme est pourtant de nouveau de mise dans le quasi héroïque et déterminé « Cheat the Law », avec des orchestrations brillantes et très soignées, et même si « Something’s Up » crée un sentiment d’urgence et de tension pour la séquence où William s’apprête à faire passer une loi cruciale au parlement, « Dying » vient ramener une grande émotion au final du film, qui se conclut sur le magnifique « Triumph ». Cette coda brillante et prenante reprend le thème principal dans toute sa splendeur à l’orchestre, alors que la loi vient de passer au parlement et que l’esclavage est désormais aboli en Grande-Bretagne. La musique atteint ici un climax d’émotion et de triomphe quasi solennel et réellement poignant. Les choeurs reviennent ici avec une certaine forme d’austérité et de solennité, pour se souvenir de la cause humaine pour laquelle se sera battu William Wilberforce tout au long de sa vie. Enfin, le morceau se conclut sur une ultime reprise grandiose du thème pour orchestre et choeurs, un grand moment d’émotion dans la partition de « Amazing Grace » et une très belle réussite de la part de David Arnold !

Le compositeur de « Independence Day », « Stargate » et « Casino Royale » signe donc pour « Amazing Grace » l’une de ses plus belles partitions pour le cinéma, une oeuvre ‘d’époque’ éminemment symphonique et très classique d’esprit, qui apporte un souffle lyrique et dramatique assez appréciable au film de Michael Apted. David Arnold renoue donc ici avec un style lyrique qu’il avait déjà mis en place dans « Last of The Dogmen » (1995) et nous offre un nouvel opus musical teinté d’émotion et de respect, une musique symphonique qui fonctionne autant sur la retenue que sur les moments plus dramatiques pour représenter le parcours mouvementé de l’un des plus célèbres abolitionnistes anglais du 19ème siècle. On pourra toujours reprocher à la partition de « Amazing Grace » d’être assez impersonnelle, David Arnold utilisant ainsi les recettes habituelles du genre de façon très prévisible et sans grande originalité, mais le résultat reste suffisamment prenant et touchant pour permettre à l’auditeur d’adhérer pleinement à cette très belle partition symphonique teintée de touches chorales discrètes. En bref, si vous souhaitez entendre David Arnold sortir de son registre habituel des grandes musiques d’action explosives et modernes, foncez découvrir son nouvel opus musical pour « Amazing Grace », une très belle partition à ne pas manquer, assurément !



---Quentin Billard