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1-Airbender Suite 11.17
2-Earthbenders 5.54 3-The Avatar Has Returned 4.43 4-The Four Elements Test 5.31 5-Journey to the Northern Water Tribe 4.02 6-Hall of Avatars 3.40 7-Prologue 2.43 8-The Blue Spirit 7.17 9-The Spirit World 5.19 10-We Could Be Friends 4.09 11-We Are Now the Gods 5.47 12-Flow Like Water 6.33 Musique composée par: James Newton Howard Editeur: Lakeshore Records LKS-34152 Score produit par: James Newton Howard, Jim Weidman, Stuart Michael Thomas Artwork and pictures (c) 2010 Paramount Pictures. All rights reserved. Note: ****1/2 |
THE LAST AIRBENDER
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by James Newton Howard
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Après l’échec de son très sous-estimé « The Happening », le très décrié M. Night Shyamalan se devait de trouver un nouveau projet qui soit capable de le réhabiliter et de le rendre plus crédible en tant que cinéaste auprès du public et de la profession en général. C’est ainsi que le réalisateur créa la surprise la plus totale en annonçant il y a environ un an qu’il souhaitait mettre en chantier une adaptation cinématographique de « The Last Airbender » (Avatar, le dernier maître de l’air), série animée populaire de Michael Dante DiMartino et Bryan Konietzko produit par le studio Nickelodeon et diffusé à la télévision française entre 2005 et 2006. A priori, « The Last Airbender » (rebaptisé simplement « Le dernier maître de l’air » en VF) n’était pas le genre de film typique de Shyamalan : le réalisateur ne s’était encore jamais vraiment intéressé aux films d’aventure épiques. Convaincu qu’il fallait donc un blockbuster estival conventionnel et grand public pour lui permettre de se réconcilier enfin avec le public - et avec les critiques - Shyamalan s’est ainsi lancé corps et âme dans cette superproduction épique au budget conséquent (près de 150 millions de dollars !), destiné essentiellement à un jeune public. Le film raconte l’histoire d’Aang (Noah Ringer), un jeune enfant de 12 ans coincé dans la glace depuis 100 ans, et qui se réveille un jour dans le monde du futur. Aang fait partie d’une longue lignée d’Avatars, des êtres aux pouvoirs surnaturels, capables de maîtriser les quatre éléments - l’eau, la terre, l’air et le feu. Sorti de son sommeil de glace par Katara (Nicola Peltz) et son frère Sokka (Jackson Rathbone), Aang découvre progressivement le rôle qu’il doit jouer et comprend qu’il a la responsabilité d’empêcher la terrible Nation du feu de détruire la tribu de l’eau, les nomades de l’air et le royaume de la terre. La prophétie dit que l’Avatar se dressera un jour devant la tyrannie et ramènera la paix et l’équilibre entre le quatre nations qui constituent notre monde. M. Night Shyamalan croyait donc qu’en tournant « The Last Airbender », film de commande épique et spectaculaire, il réussirait à reconquérir son public, mais hélas, c’est exactement l’effet inverse qui s’est produit : à nouveau démoli par les critiques du monde entier (et plus particulièrement aux Etats-Unis et même en France), « The Last Airbender » a été l’objet de nombreuses railleries et un sujet à un lynchage médiatique comme on en avait rarement vu, du pain béni pour les détracteurs du réalisateur qui s’en sont donc donné à coeur joie en épinglant le film pour ses nombreux défauts.
Effectivement, « The Last Airbender » contient des dialogues assez ridicules et parfois même gnangnan, des acteurs sans aucun charisme, une mise en scène totalement impersonnelle (où est le style habituel et visuel de Shyamalan ici ?), des scènes d’action pas toujours très efficaces - la scène où Aang délivre pour la première fois des prisonniers est d’une mollesse rare et frôle le nanar à plein nez - et des interprétations parfois assez approximatives : Noah Ringer, le jeune acteur de 12 ans qui campe Aang dans le film, manque encore clairement de conviction et donne parfois l’impression de réciter son texte, et notamment là aussi dans la scène où il libère les prisonniers, lorsqu’il s’adresse à eux et les motive afin de les encourager à reconquérir leur liberté et à combattre les soldats de la Nation du feu. Comment l’auteur de « Signs », « The Sixth Sense » et « Unbreakable » a-t-il pu tomber si bas ? Difficile à dire. Pourtant, il n’est nullement question ici de rejoindre la vindicte populaire qui s’est abattue sur le film de Shyamalan, car, si l’on met de côté notre mauvaise foi, on reconnaîtra à « The Last Airbender » de nombreuses qualités comme par exemple un visuel splendide, des décors grandioses et des effets spéciaux de toute beauté - notamment lors de la séquence finale de la vague géante. Certaines scènes sont bien évidemment inspirées du style de certaines grosses productions épiques d’aujourd’hui (la bataille finale rappelle celle du gouffre de Helm dans le « Lord of the Rings » de Peter Jackson), et d’autres rappellent des symboles et des idées chères au réalisateur, comme par exemple cette séquence finale où le merveilleux et l’irrationnel l’emporte sur le rationnel (comme à la fin de « Signs », de « The Sixth Sense », de « Unbreakable » ou de « Lady in the Water »). Hélas, malgré quelques bons points et un visuel assez splendide - quoique la 3D n’apporte absolument rien au film et n’a visiblement été rajoutée que pour satisfaire les règles de la dictature cinématographique imposée par « Avatar » de James Cameron - « The Last Airbender » est une solide déception extrêmement frustrante : il est effectivement frustrant de constater à quel point Shyamalan est tombé ici dans le piège facile du blockbuster estival sans grande âme, mettant ici sa personnalité au placard pour un spectacle hollywoodien magnifique visuellement mais sans aucun fond particulier, filmé de façon extrêmement impersonnelle avec des défauts qui plombent le long-métrage du début jusqu’à la fin - et un côté enfantin un peu agaçant à la longue. Hélas, ce n’est pas avec « The Last Airbender » que Shyamalan réussira enfin à reconquérir son public ! Le film marque ainsi les retrouvailles entre Shyamalan et le compositeur James Newton Howard après « The Sixth Sense » (1999), « Unbreakable » (2000), « Signs » (2002), « The Village » (2004), « Lady in the Water » (2005) et « The Happening » (2008). Pour sa septième collaboration à un film de Shyamalan, le très actif James Newton Howard nous livre une nouvelle grande partition symphonique/chorale majestueuse et grandiose, une musique qui évoque le caractère épique de l’aventure d’Aang, dernier maître Avatar des quatre nations. Le score repose essentiellement sur un thème principal développé tout au long du film, thème héroïque associé au personnage principal et sa quête épique. JNH utilise alors toutes les ressources de l’orchestre symphonique habituel accompagné par des choeurs grandioses et quelques éléments synthétiques plus discrets. Dans « Eathbenders », le compositeur développe un motif de cordes mystérieux articulé autour d’une alternance de deux notes, motif associé aux secrets qui entoure l’identité d’Aang et ses pouvoirs. Le thème du jeune héros est alors dévoilé dès le traditionnel « Prologue » partagé entre l’orchestre et les choeurs, thème que l’on retrouve à nouveau dans « Earthbenders » avec les cordes et les cuivres, dans une version plus lente et posée mais néanmoins majestueuse et solennelle. Le compositeur reprend ensuite son thème en amorçant un rythme percussif typique des grandes partitions d’aventure martiales de James Newton Howard : la reprise du thème dans sa version percussive et rythmée apporte un sentiment de grandeur et de détermination à un thème que le compositeur modifie et développe à loisir suivant les différentes situations du film. On retrouve donc clairement ici le James Newton Howard des musiques d’aventure épiques dans la lignée de « Waterworld » et « The Postman », deux scores qui semblent d’ailleurs avoir quelque peu servis de modèle au compositeur sur « The Last Airbender ». Dans « The Avatar Has Returned », JNH évoque le retour de l’Avatar alias Aang avec de nouveaux passages d’action plus tonitruants mais non dénués d’une certaine forme de grandeur et de détermination - à l’image du jeune héros et de ses compagnons qui luttent contre l’oppression de la Nation du feu. La musique conserve malgré tout un côté sombre qui suggère clairement l’idée que les héros ne sont qu’au début de leur aventure et que tout reste encore à faire, le danger étant omniprésent et les enjeux de leur quête tellement difficiles. On appréciera ici aussi la grande reprise du thème d’Aang dans sa version héroïque similaire à « Earthbenders » avec son lot de percussions, de cuivres et de choeurs grandioses - malheureusement sous-mixés dans l’album, les choeurs d’origine ayant honteusement retirés et remplacés par des versions samplés pour des questions de budget - apparemment, les droits de réutilisation de la chorale étaient tellement élevés que les producteurs de l’album n’ont pas été en mesure de les inclure sur l’album : il faudra donc se contenter de quelques ersatz synthétiques et sous-mixés à la place : très décevant et impardonnable ! Dans « The Four Elements Test », la musique conserve un côté sombre et atmosphérique pour la scène où Aang passe le test des quatre éléments avec le prince Zuko (Dev Patel) et son oncle Iroh (Shaun Toub). JNH utilise alors des cordes sombres et un ensemble de percussions tribales/exotiques indissociables de l’univers musical de « The Last Airbender », évoquant les décors grandioses et dépaysants du film. JNH associe aussi des sonorités sombres et métalliques aux méchants de la Nation du feu dans le film (cf. la fin de « Prologue »), plutôt que d’utiliser un thème ou une mélodie à proprement parler. « Journey To The Northern Water Tribe » nous offre un superbe morceau d’action typique des grandes musiques d’aventure de James Newton Howard. Les percussions tribales sont à nouveau de la partie, avec des développements majestueux du thème principal et un sentiment de départ vers l’aventure, un très bon passage du score de « The Last Airbender » soutenu, comme toujours chez JNH, par des orchestrations très soignées. Dans « Hall of Avatars », on retrouve le thème mystérieux de cordes du début de « Earthbenders » pour rappeler la quête d’identité d’Aang, lorsque ce dernier découvre le hall des Avatars vers le milieu du film. La musique apporte alors un souffle épique et dramatique appréciable à cette séquence, un très beau passage emprunt d’une certaine beauté, largement véhiculée ici par les cordes, un côté dramatique que l’on retrouvera d’ailleurs assez souvent tout au long de la partition de JNH (cf. « The Spirit World »). L’action n’est pas en reste pour autant, avec quelques superbes déchaînements orchestraux comme l’intense « The Blue Spirit » traversé de cuivres massifs, de cordes agitées, de choeurs puissants et de percussions tribales/martiales typiques du compositeur (ici aussi, on pense aux passages martiaux de « Waterworld » et « The Postman » !). JNH apporte ici un classicisme évident à son écriture orchestrale, soutenu par un ensemble de percussions déchaînées, sans aucun doute l’un des meilleurs morceaux d’action de « The Last Airbender », qui devrait ravir les inconditionnels du compositeur tout en les confortant dans l’idée que sa collaboration avec Shyamalan reste définitivement exceptionnelle dans son genre. Et si vous avez apprécié les déchaînements orchestraux de « The Blue Spirit » et « The Spirit World », attendez d’entendre ceux du superbe « We Could Friends », qui accompagne l’affrontement entre Zuko et Aang et le début de la bataille finale entre les combattants de la nation de l’eau et ceux de la nation du feu. A noter que, curieusement, certains passages martiaux et cuivrés ne sont pas sans rappeler John Williams (un passage mélodique entendu vers le début du morceau ferait presque penser au thème de l’empire de « Star Wars : The Empire Strikes Back »). Arborant ainsi un certain classicisme symphonique dans son écriture orchestrale, James Newton Howard nous prouve qu’il a réellement atteint une certaine maturité dans sa façon d’écrire pour l’orchestre, maturité que l’on ressent déjà depuis quelques années à travers sa collaboration exemplaire aux films de Shyamalan. « We Could Be Friends » nous offre ainsi son lot de cuivres massifs, de percussions déchaînées et d’envolées héroïques, alors que « We Are Now Gods » ramène un ton plus dramatique, grandiose et majestueux à la musique du film (dans la lignée de « Hall of Avatars »), aboutissant à l’ultime tour de force orchestral de la partition dans « Flow Like Water » pour le dénouement final. On y retrouve le thème mystérieux de l’identité et le superbe thème principal dans une coda épique débutant sur l’émotion et le sentiment de révélation poignant de « Hall of Avatars » pour un morceau mélangeant avec justesse magie et émerveillement pour choeurs (atrocement sous-mixés sur CD) et orchestre, lorsqu’Aang révèle enfin toute l’immensité de ses pouvoirs sur les éléments, alors qu’il réussit à faire s’élever une gigantesque vague au dessus des terres. Le sentiment de révélation grandiose et puissant de « Flow Like Water » est d’ailleurs similaire à l’émotion que l’on ressentait déjà à la fin de « Signs » ou « Lady in the Water », un grand moment de musique et un nouveau morceau d’anthologie de la part de James Newton Howard. A noter que le passage final du morceau a d’ailleurs été partiellement utilisé pour accompagner la première bande-annonce du film dévoilée sur internet il y a un an! Et en guise de bonus, le compositeur nous offre une véritable symphonie de plus de 11 minutes pour le générique de fin dans « Airbender Suite », morceau dans lequel il développe avec un classicisme élégant un thème martial et guerrier qui ne sera pas utilisé dans la partition (peut-être pour une hypothétique suite ?). Le fait même que le compositeur choisisse de développer pour le générique de fin un thème épique qui n’apparaît à aucun autre moment dans la partition de son film est assez étrange, mais apporte une énergie épique et grandiose assez impressionnante au générique de fin, un morceau qui s’écoute comme une véritable symphonie en soi, à cheval entre le classicisme symphonique de John Williams ou la grandeur orchestrale d’un David Arnold (on n’est guère loin par moment ici du style de « Stargate » !) : une vraie réussite sur toute la ligne ! Tour à tour déchaînée, épique, grandiose, sombre, dramatique et aventureuse, la nouvelle partition symphonique de James Newton Howard pour « The Last Airbender » est à ranger parmi les grands opus musicaux du compositeur, une belle réussite qui, sans atteindre le génie d’un « Signs » ou d’un « Lady in the Water », parvient encore une fois à nous captiver de bout en bout et à nous enthousiasmer avec un intérêt constant, que ce soit dans le film ou sur l’album (malheureusement partiellement amputé des choeurs !). Le compositeur a définitivement atteint avec « The Last Airbender » une véritable maturité musicale, chose qu’il nous prouve avec panache dans le véritable mouvement symphonique grandiose de « Airbender Suite ». Variant les ambiances et les émotions avec un savoir-faire évident, James Newton Howard apporte donc un véritable souffle épique et dramatique saisissant au dernier film de M. Night Shyamalan, une très grande partition - l'une des meilleures musiques de film de l'année 2010! - qui marque encore une fois un sans faute dans la collaboration exceptionnelle entre JNH et Shyamalan : à découvrir sans hésiter ! ---Quentin Billard |