1-No Tresspassing 2.03
2-Main Title 1.14
3-Aquarius/Homonculus 2.01
4-Piranhas Upon Us 2.17
5-Lost River Theme 1.17
6-Fatal Rescue 2.09
7-Summer Dreams 2.11
8-Dr. Hoak 0.56
9-Nightmare in The Sun/
Betsy's Death 2.19
10-Empty Tubes 2.17
11-Operation Razorteeth 1.32
12-Escape In The Night 0.49
13-Premonition/Beyond
The Darkness 5.18
14-Restricted Area 1.16
15-End Title 2.14
16-Yes, We Have No Piranhas 0.38

Musique  composée par:

Pino Donaggio

Editeur:

Varèse Sarabande CD Club
VCL-0804 1031

Producteur exécutif:
Robert Townson
Musique conduite par:
Natale Massara

Edition limitée à 1000 exemplaires.

Artwork and pictures (c) 1978/2004 Metro-Goldwyn-Mayer Inc. All rights reserved.

Note: ***
PIRANHA
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Pino Donaggio
Suite au succès du colossal « Jaws » de Steven Spielberg au milieu des années 70, le cinéma hollywoodien a très vite tenté de surfer sur la vague du film de terreur aquatique, genre alors très à la mode à cette époque. C’est ainsi que le producteur Roger Corman décida de confier un nouveau projet d’épouvante dans la lignée de « Jaws » à un jeune Joe Dante encore méconnu à l’époque, qui réalisa ainsi cet obscur « Piranha » en 1978, pour un budget extrêmement modeste. Malgré son statut de vieille série-B horrifique kitsch et datée, « Piranha » connut un tel succès auprès des amateurs du genre que le film de Joe Dante - considéré comme un vrai classique - généra une suite (« Piranha Part Two : The Spawning » de James Cameron en 1981), plusieurs ersatz de qualité variable (« Killer Fish » d’Antonio Margheriti en 1979), un remake télévisé toujours produit par Roger Corman (« Piranha » en 1995) et un deuxième remake, en 3D cette fois-ci, réalisé par le français Alexandre Aja et prévu pour l’année 2010, remake que l’on annonce d’ailleurs comme le film d’horreur le plus sanglant de la décennie. « Piranha » débute lorsque deux jeunes campeurs en manque de sensation forte décident de se baigner dans un bassin situé près d’une zone protégée par l’armée. Les deux baigneurs sont alors attaqués et dévorés par des piranhas qui se trouvent dans l’eau. La détective Maggie McKeown (Heather Menzies) est alors chargée de retrouver les deux jeunes adolescents avec la complicité d’un montagnard alcoolique, Paul Grogan (Bradford Dillman). L’enquête aboutit alors à une étonnante découverte : une ancienne base militaire fermée par l’armée, et contenant le mystérieux bassin dans lequel ont disparus les deux ados. Maggie et Paul décident alors de vider le bassin pour en savoir plus, mais un vieil homme paniqué surgit alors de nulle part pour tenter de les empêcher, mais il est trop tard. L’homme en question, le Dr. Robert Hoak (Kevin McCarthy) leur explique qu’en vidant le bassin, ils ont libéré une race de piranhas voraces fruits d’expériences scientifiques menées en secret par l’armée. Les militaires ont ainsi crée des piranhas génétiquement modifiés, capables de vivre à la fois en eau douce comme en eau de mer. Désormais libres, les piranhas vont semer le chaos autour d’eux, dévorant de malheureux baigneurs, des pêcheurs et même une colonie d’enfants en vacances au bord de la rivière. « Piranha » est donc le premier film de Joe Dante en 1978, un film d’horreur réalisé avec peu de moyens mais qui devient rapidement un classique du genre et permit même au réalisateur de croiser la route de Steven Spielberg avec lequel il devint ami, et avec lequel il accéda à des films bien plus ambitieux comme « Gremlins » (1984) par exemple. Ainsi donc, « Piranha » lança indiscutablement la carrière de Joe Dante et permit au réalisateur de nous offrir quelques belles séquences d’épouvante, avec des piranhas déchaînés, des effets spéciaux pas si mal étant donné le budget ridiculement modeste du film (effets assurés par un jeune Rob Bottin lui aussi encore peu connu à l’époque, et qui deviendra par la suite le fidèle complice de Joe Dante !), quelques scènes sanglantes et parfois un peu trash (la colonie d’enfants attaquée par les poissons voraces) et un casting qui réunit quelques acteurs devenus par la suite indissociables des films de Joe Dante : Kevin McCarthy, Dick Miller et Belinda Balaski.

La partition symphonique de Pino Donaggio reste l’un des éléments-clé du film de Joe Dante, le cinéaste américain retrouvant d’ailleurs le compositeur italien trois ans après sur un autre grand classique du cinéma d’épouvante, « The Howling » (1981). Pour « Piranha », Pino Donaggio nous livre une partition orchestrale absolument typique de son style horrifique/suspense qu’il développera tout au long de sa carrière, et plus particulièrement sur les thrillers de Brian De Palma (« Dressed To Kill », « Carrie », « Blow Out », « Body Double », « Raising Cain », etc.) ou ceux, moins connus, de David Schmoeller (« Tourist Trap », « Crawlspace », « Catacombs », etc.). Tout comme Joe Dante lui-même avec son propre film, « Piranha » permit aussi de lancer la carrière de Pino Donaggio au cinéma. La musique de « Piranha » utilise ainsi un orchestre symphonique assez modeste avec quelques synthétiseurs cheap typiquement 70’s, dans un style que n’aurait certainement pas renié Bernard Herrmann en personne. Dans « No Trespassing », Donaggio instaure dès le début du film une véritable atmosphère de danger et de menace avec des cordes sombres, quelques notes de harpe et de synthétiseur. Donaggio en profite alors pour dévoiler très vite son thème principal, une très belle mélodie de cordes mélancolique et dramatique qui évoque davantage le drame humain (les baigneurs dévorés par les piranhas) que le côté horrifique à proprement parler. Cette mélancolie se retrouve donc dans le générique de début (« Main Title ») alors qu’un morceau comme « Aquarius-Homonculus » tente de brouiller les cordes avec une pièce de cordes festive au classicisme d’écriture évident pour une scène de baignade vers le début du film dans le parc Aquarius. La seconde partie du morceau, « Homonculus », s’avère être plus inventive dans son utilisation intéressante d’effets électroniques étranges (typiques des « bip-bip » informatiques des années 70) associés dans le film aux piranhas, le tout sur fond d’accords de cordes/piano dissonants.

La terreur pointe alors le bout de son nez dans « Piranhas Upon Us » avec des cuivres massifs et des cordes agitées, dans un style qui rappelle clairement les grandes partitions horrifiques du Golden Age hollywoodien des années 50 (on pense parfois ici aux musiques kitsch des films d’épouvante de la Hammer). Ce son orchestral horrifique rétro reste donc indissociable dans le film de Joe Dante aux scènes d’attaque des piranhas, le compositeur Pino Donaggio prenant ainsi son rôle très au sérieux malgré un orchestre assez restreint dû à un budget très modeste. Donaggio nous offre un autre thème assez agréable, le « Lost River Theme », qui prend parfois des allures de thème romantique solitaire pour piano, cordes et guitare non dénué d’une certaine poésie, un très beau thème d’une grande sobriété que l’on retrouve dans un « Fatal Rescue » typiquement « seventies », dans un arrangement pour flûte, guitare et synthétiseur. La terreur redevient alors l’élément-clé de la seconde partie de « Fatal Rescue », entretenant une atmosphère de suspense et de danger dans le film alors que les piranhas commettent leurs premiers méfaits. A noter que les synthétiseurs restent toujours présents, le seul problème étant le séquençage parfois brutal et maladroit des morceaux sur l’album publié par Varèse Sarabande, qui s’enchaînent parfois de façon abrupte sans aucune transition. Néanmoins, on appréciera le retour du thème romantique dans le pastoral « Summer Dreams » qui évoque, non sans nostalgie, les baignades d’été et le charme des vacances dans un nouveau morceau très 70’s pour flûte, guitares, basse et rythmes pop de batterie (les amateurs de rythmes pop des années 70 seront aux anges ici !). Les parties électroniques deviennent alors plus présentes dans le sombre et oppressant « Nightmare In The Sun/Betsy’s Death », dans lequel Donaggio développe des sonorités évoquant clairement le monde aquatique, tandis que le thème de Lost River reste assez présent dans « Empty Tubes ». Quelques touches militaires un brin caricaturales viennent maladroitement ponctuer « Operation Razorteeth » tandis que « Premonition/Beyond the Darkness » développent une atmosphère de terreur et de panique typique du compositeur, avant une dernière reprise du thème principal mélancolique de « Lost River » pour le générique de fin (« End Credits »). Cerise sur le gâteau, l’album publié par Varèse Sarabande nous propose en dernière piste le FX crée par le compositeur pour accompagner chacune des attaques des piranhas dans le film (« Yes, We Have No Piranhas »), un son électronique étrange et difforme qui évoque parfaitement le grouillement des poissons voraces dans l’eau.

Si vous appréciez les musiques kitsch de séries-B horrifiques des années 70, vous devriez apprécier le travail de Pino Donaggio sur « Piranha », qui, malgré son côté assez daté, n’en demeure pas moins l’un des premiers scores majeurs du compositeur italien pour le cinéma horrifique hollywoodien, à la fin des années 70. A l’instar de Joe Dante, le score de « Piranha » a réellement propulsé la carrière de Pino Donaggio, qui restera malheureusement trop souvent enfermé dans le registre des musiques de film d’horreur ou de suspense, alors que le musicien a aussi écrit des partitions plus lyriques et légères pour différents types de film. La musique de « Piranha » posa donc dès 1978 les bases du style musical de Pino Donaggio en créant une atmosphère à la fois terrifiante, sombre et mélancolique pour le long-métrage de Joe Dante. Malgré le peu de moyens mis à la disposition du compositeur, Donaggio profita du succès du film - et de sa musique - pour retrouver quelques années plus tard Joe Dante sur « The Howling », avant d’accéder à des projets aux moyens plus ambitieux. Si vous appréciez les musiques horrifiques à petit budget du compositeur italien, vous devriez apprécier « Piranha », un score 70’s assez daté, à redécouvrir grâce à l’excellente édition CD Club de Varèse Sarabande !



---Quentin Billard