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1-Main Theme 2.50
2-Opening Titles 1.48 3-The First Meeting 1.51 4-Raga Kirvani 1.29* 5-Nepalese Caravan 3.02 6-Victory 1.45 7-Faraway Song 3.18 8-Red Dust 4.39 9-River Ashes 2.26 10-Exodus 2.33 11-Evan's Funeral 4.29 12-The Middle Way 1.51 13-Raga Naiki Kanhra/ The Trial 5.25** 14-Enlightenment 4.29 15-The Reincarnation 1.52 16-Gompa-Heart Sutra 2.38 17-Acceptance-End Credits 9.00 *Interprété par L. Subramanlam **Interprété par Shruti Sadolikar Extrait de "The Music Today Series CD A92087 Courtesy of Living Media India Limited. Musique composée par: Ryuichi Sakamoto Editeur: Milan Records 74321 18031-2 Album produit par: Ryuichi Sakamoto (c) 1993 CiBy 2000/Recorded Picture Company (RPC)/Serprocor Anstalt. All rights reserved. Note: **** |
LITTLE BUDDHA
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by Ryuichi Sakamoto
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Avec « Little Buddha », le cinéaste italien Bernardo Bertolucci s’intéresse à la religion bouddhiste et plus particulièrement à la figure emblématique de Bouddha. L’histoire commence lorsqu’un jeune enfant de 9 ans, Jesse Conrad (Alex Wiesendanger), qui vit à Seattle avec ses deux parents, Dean (Chris Isaak) et Lisa (Bridget Fonda), reçoit la visite surprise d’une délégation de moines bouddhistes venue du royaume himalayen de Bhoutan, délégation dirigée par lama Norbu (Ruocheng Ying) et son adjoint Champa (Jigme Kunsang). Les moines leur révèlent alors une bien étrange vérité : ils sont persuadés que Jesse pourrait être la réincarnation d’un de leurs plus grands chefs spirituels. L’étonnement de Jesse et de ses parents va très vite laisser la place à la curiosité : c’est alors que le jeune enfant décide d’en savoir un peu plus sur la religion bouddhiste. Lama Norbu lui offre alors un livre racontant la vie de Siddhârta (Keanu Reeves), jeune prince des Indes qui vécu il y a très longtemps, et qui devint par la suite le célèbre Bouddha. Les moines espèrent ainsi que l’enfant les accompagnera avec eux pour une visite à l’Himalaya. « Little Buddha » est une sorte de grande fresque épique sur la religion bouddhiste, un film long et ambitieux produit par Jeremy Thomas, fidèle complice de Bernardo Bertolucci depuis de nombreuses années (Thomas a produit la plupart de ses films).
Avec « Little Buddha », le cinéaste italien souhaitait ainsi évoquer les rapports entre l’Occident et la culture tibétaine, à une époque où l’on commença enfin à parler d’un peuple isolé dans les chaînes de l’Himalaya, persécuté par les chinois au cours du 20ème siècle mais dont les rites religieux et la culture bouddhiste continue de fasciner même encore aujourd’hui la plupart des occidentaux. C’est donc en vue de plonger un peu plus en avant dans cette culture bouddhiste que Bertolucci a voulu réaliser son film, en se donnant les moyens d’une superproduction à grand budget. Ainsi, sans tomber dans le piège facile du prosélytisme, « Little Buddha » apporte un regard pédagogique fascinant (et fasciné) sur une culture un peu à part dans le monde, évoquant les valeurs et les rituels de la religion bouddhiste sans jamais tenter d’asséner un quelconque message religieux. Mieux encore, l’interprétation magnifique de Keanu Reeves dans le rôle de Siddhârta est sans aucun doute l’atout principal du film, l’acteur trouvant là l’un des plus beaux rôles de toute sa carrière, très éloigné des personnages de film d’action hollywoodiens qu’il campe régulièrement dans le cinéma américain. Keanu Reeves a ainsi su apporter à son personnage toute la sagesse et la profonde spiritualité de Bouddha, avec une intensité et une conviction rare. C’est d’ailleurs toute cette spiritualité qui est au coeur du film de Bertolucci, à travers le voyage initiatique d’un jeune enfant censé être la réincarnation d’un grand chef spirituel tibétain. Les scènes de flashbacks racontant la vie de Siddhârta sont d’une grande beauté, certaines faisant même intervenir quelques effets spéciaux particulièrement étonnants, ajoutant au long-métrage un côté plus spectaculaire particulièrement grandiose par moment. En bref, « Little Buddha » est un long-métrage fascinant et captivant sur l’histoire d’une quête spirituelle, une plongée passionnante dans le monde de la religion bouddhiste, sans aucun doute l’un des plus beaux films de Bernardo Bertolucci ! La partition musicale du compositeur japonais Ryuichi Sakamoto a sans aucun doute contribué au succès de « Little Buddha ». Le musicien a opté ici pour une approche résolument classique et symphonique d’esprit comme le confirme le splendide « Main Theme », magnifique mélodie de cordes dramatiques et élégiaques au lyrisme poignant, une très belle réussite, le thème principal évoquant la quête spirituelle du film. Dès l’ouverture du film dans « Opening Titles », Ryuichi Sakamoto utilise l’orchestre auquel s’ajoutent quelques instruments solistes suggérant l’univers musical du Tibet et de la religion bouddhiste (dont un cor tibétain). Le thème principal est alors repris par les cordes dans « First Meeting » pour l’arrivée de Norbu et Champa aux Etats-Unis. La musique traduit alors une certaine exubérance, un sentiment de départ pour une grande aventure initiatique. Sakamoto n’oublie pas son héritage japonais et utilise quelques touches asiatiques discrètes dans sa musique, mais c’est avec « Raga Kirvani » qu’il décide de s’essayer pleinement à la musique indienne traditionnelle, avec un raga improvisé pour le violon indien de L. Subramaniam sur fond de sitar. Et c’est le départ pour le Népal dans « Nepal Caravan », avec un nouveau thème de cordes plus majestueux et grandiose, évoquant les décors uniques de l’Himalaya et la magnificence du Népal. L’orchestre cède alors la place aux vocalises orientales de Shaheen Samad sur fond de tablas, de sitar et d’instruments indiens divers. Sakamoto illustre alors la partie ethnique de sa musique avec un souci constant d’authenticité et une utilisation souvent inventive de ses différents instruments solistes. La partie ethnique illustre aussi dans le film les scènes de flashback sur la jeunesse du prince Siddhârta. Le thème oriental et majestueux de « Nepal Caravan » revient dans « Victory », confié à des bois et des cordes sur fond de percussions plus exubérantes, tandis que Sakamoto développe à nouveau son approche ethnique/indienne dans « Faraway Song » entraîne les vocalises féminines et le sitar, accompagnant là aussi les scènes avec le prince Siddhârta - brillamment interprété dans le film par Keanu Reeves. Sakamoto reprend son somptueux thème du prince Siddhârta aux cordes au début de « Red Dust », indissociable de l’univers du film de Bernardo Bertolucci. Ryuichi Sakamoto développe alors son thème pour évoquer le début de la quête spirituelle du jeune prince indien qui deviendra le futur Bouddha. Les touches orientales/ethniques sont toujours présentes, mélangées avec justesse aux parties symphoniques plus classiques d’esprit, une symbiose entre l’orient et l’occident extrêmement réussie dans le film. « Red Dust » et « Faraway Song » évoquent clairement l’ambiance méditative de la musique bouddhiste/indienne sans jamais en faire de trop, un véritable travail d’ethnomusicologue de grande qualité. Le thème principal dramatique revient dans « River Ashes », où Sakamoto fait intervenir des choeurs grandioses (brillamment interprétés par les Ambrosian Singers). A noter l’incorporation d’éléments électroniques plus inventifs dans « Exodus » avec sa magnifique reprise du thème oriental aux cordes. La musique affiche même un lyrisme plus poignant dans « Evan’s Funeral » avec une très belle utilisation des cordes. Sakamoto nous offre encore quelques magnifiques passages d’instruments solistes dans « The Middle Way » et son solo de violon indien improvisé, sans oublier un nouveau raga méditatif dans « Raga Naiki Kanhra/The Trial », ce dernier développant alors les sonorités de la musique tibétaine traditionnelle avec les voix gutturales typiques de cette musique, les cors tibétains et les percussions métalliques, le tout accompagnant un passage d’atonalité pure assez impressionnant. On retrouve d’ailleurs cette musique traditionnelle dans « Gompa Heart Sutra » vers la fin du film, dominé ici par des choeurs aléatoires et cérémoniaux. Sakamoto s’essaie même brièvement à la musique d’action dans « Enlightenment » pour évoquer la scène où Siddhârta, alors en pleine méditation, doit résister aux assauts du mal venu pour le mettre à l’épreuve durant son accomplissement spirituel. Sakamoto mélange alors cordes stridentes, choeurs épiques, vocalises féminines et instruments solistes indiens avec une certaine aisance. Enfin, la partition de « Little Buddha » atteint son apogée avec le magnifique « Acceptance/End Credits », sans aucun doute le plus beau morceau de la partition de Ryuichi Sakamoto. Pendant plus de 8 minutes, le compositeur japonais développe une atmosphère à la fois poignante, lyrique, profonde et solennelle entre l’orchestre et les vocalises éthérées de la soprano Catherine Bott, un véritable final quasi opératique et incroyablement intense et émouvant (à noter que le début du morceau ressemble étrangement au début de la célèbre « Pavane pour une enfante défunte » de Maurice Ravel). La soprano apporte ici un souffle émotionnel incroyable à cette très belle conclusion dans laquelle Sakamoto reprend ses deux principaux thèmes à l’orchestre, avant de se conclure sur un tutti orchestral/choral de toute beauté, symbolisant dans le film l’accomplissement d’une quête spirituelle et intérieure. Ryuichi Sakamoto signe donc pour « Little Buddha » l’une de ses plus belles partitions pour le cinéma, une oeuvre emprunte de respect, de méditation mais aussi de lyrisme et de passion. Servie par deux thèmes principaux mémorables, la musique de « Little Buddha » apporte une émotion et un lyrisme puissant aux images du film de Bertolucci, sans jamais tomber dans les excès pour autant. Sakamoto nous rappelle qu’après « The Last Emperor » (1987), il maîtrise décidément plus que jamais la musique ethnique, qu’il s’agisse de la Chine (« The Last Emperor »), du Japon (« Merry Christmas Mr. Lawrence ») de l’Inde ou du Tibet. Après le succès de sa partition pour « The Last Emperor » (qui lui permit de remporter un Oscar en 1987 aux côtés de David Byrne et Cong Su), Ryuichi Sakamoto nous offrit une nouvelle partition somptueuse pour sa deuxième collaboration à un film de Bernardo Bertolucci, une musique en adéquation parfaite avec l’âme du film du réalisateur italien, de loin l’une des plus belles partitions du musicien japonais pour le cinéma en général ! ---Quentin Billard |