1-Interference of Others 2.17
2-The End of Midsummer 2.18
3-Emergency Evacuation
To Regression 4.12
4-False Regeneration 2.25
5-Substitute Invasion 3.25
6-II Air (Orchestral Suite No.3
in D Major, BWV. 1068) 3.21*
7-The Passage of Emptiness 6.13
8-Thanatos-If I Can't Be Yours 4.48**
9-Escape to the Beginning 4.54
10-Honeymoon with Anxiety 1.35
11-Komm süsser Tod (Director's
Edit. Version) 7.41***
12-Jesus bleibet meine
Freude (Herz und Mund und
Tat und Leben BWV.147) 4.46+
13-Expansion of Blockade 6.49
14-Opening of Dream 1.24

*Ecrit par JS Bach
Arrangé par Shiro Sagisu
**Ecrit par Shiro Sagisu
Paroles de Mash
Interprété par Loren & Mash
***Ecrit par Shiro Sagisu
Paroles de Hideaki Anno
Traduction de Mike Wyzgowski
Interprété par Arianne
+Ecrit par JS Bach
Arrangé par M. Hess
Piano interprété par Jan Panenka.

Musique  composée par:

Shiro Sagisu

Editeur:

Geneon/Pioneer 5231-2

Album produit par:
Shiro Sagisu

Artwork and pictures (c) 1997 Gainax/Production I.G. All rights reserved.

Note: ***1/2
NEON GENESIS EVANGELION:
THE END OF EVANGELION
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Shiro Sagisu
Deuxième long-métrage animé produit par le studio Gainax en 1997 et adapté de la célèbre série animée « Neon Genesis Evangelion », « The End of Evangelion » permet au réalisateur Hideaki Anno de conclure son précédent opus « Death and Rebirth » sorti durant le mois de mars 1997 avec une fin restée en suspens, pour la simple et bonne raison que le studio n’avait pas eu le temps de boucler le scénario du film prévu à l’origine - « Rebirth » devait à l’origine condenser les épisodes 25 et 26 de la série TV, mais il fut finalement décidé à la dernière minute de ne conserver que les 15 premières minutes du 25ème épisode ! Ainsi donc, « The End of Evangelion » débute avec une reprise des 15 premières minutes de la fin de « Rebirth » et développe ensuite le reste de l’histoire, apportant alors une fin complémentaire à la série télévisée. Le scénario de « The End of Evangelion » condense en réalité les épisodes 25 (« Air/Love is Destruction ») et 26 (« I Need You ») à partir d’un script prévu à l’origine pour l’épisode 25 mais qui avait été refusé à l’époque pour cause de budget et de problèmes liés à la censure. « The End of Evangelion » reprend donc la partie de « Rebirth » et amène le film à une conclusion apocalyptique/métaphysique particulièrement saisissante et étrange. L’histoire débute après la mort du 17ème et dernier Ange maléfique, Kaoru. Sentant que l’organisation indépendante de la NERV - qui a atteint son objectif et n’a donc plus de but - pourrait représenter une menace potentielle, les dirigeants de l’organisation secrète Seele décident d’envoyer l’armée pour supprimer les pilotes des EVA et éliminer tout le personnel de la base souterraine afin de récupérer les Evangelion. S’ensuit alors une série de combats sanglants et meurtriers à l’intérieur du Q.G. de la NERV. Pendant ce temps, Misato Katsuragi, directrice des opérations militaires de la NERV, sauve le jeune Shinji coincé lui aussi dans la base prise d’assaut par les militaires et l’amène alors jusqu’à l’EVA Unit 01. Elle réussit alors à convaincre le jeune garçon de piloter une dernière fois l’Unit 01 avant d’être tuée par un tir ennemi. Asuka, la jeune fille qui pilote l’Unit 02, affronte alors les militaires avant d’être défaite par une nouvelle race d’EVA meurtriers. Désormais, le troisième cataclysme est inévitable.

Le concept de « The End of Evangelion » est on ne peut plus simple : Hideaki Anno décida de tourner ce film afin de satisfaire les fans qui détestèrent la fin de la série TV, qui n’était pas claire et n’apportait aucune réponse satisfaisante aux énigmes et à l’histoire de la série. La polémique entourant cette fin fut telle que « The End of Evangelion » naquit rapidement et sorti au cinéma en juin 1997, trois mois après « Death and Rebirth ». Hélas, le film déçut encore plus avec son final totalement abstrait, excessivement métaphysique et incompréhensible pour le commun des mortels. Le film basculera même dans l’expérimental le plus excentrique possible avec une utilisation de plans live filmés dans une salle de cinéma japonaise avec un public visiblement très calme, des plans énigmatiques qui semblent avoir été placés ici par hasard sans justification quelconque (un véritable mystère !). Beaucoup se sont alors interrogé sur les réelles motivations d’Hideaki Anno : souhaitait-il réellement offrir les réponses tant attendues par ses fans avec la fin de « The End of Evangelion », ou voulait-il au contraire complexifier davantage son univers déjà mis en place dans les épisodes 25 et 26 de la série d’origine ? Difficile à dire, tant le résultat paraît totalement incompréhensible et incohérent. L’animation est pourtant très réussie, les scènes de bataille sont extrêmement violentes et sanguinaires (étonnant pour une série animée censée viser un public de jeunes adolescents !) et les principaux personnages sont détruits les uns à la suite des autres sans grande justification particulière. Même le personnage principal, Shinji, finit par être assez détestable, un ado pleurnicheur et loser qui comprendra trop tard que tout a échoué par sa faute, incapable de prendre la moindre décision aux moments cruciaux (il s’agit sans aucun doute de l’un des plus insupportables héros de toute l’histoire de l’animation japonaise !). Fait plus étonnant, le réalisateur a carrément changé la fin d’origine de la série TV dans « The End of Evangelion » : à l’origine, la série se finissait sur une sorte d’ouverture au monde, mais la conclusion du film est nettement plus pessimiste, voire excessivement déprimante ! Difficile d’ailleurs de savoir si Hideaki Anno lui-même a compris la propre fin de son film. Nihiliste et résolument pessimiste, « The End of Evangelion » est un film animé bien étrange qui devra s’accompagner obligatoirement d’une vision des deux derniers épisodes de la série TV en relation avec le film animé d’Hideaki Anno, afin de mieux comprendre cette histoire ridiculement alambiquée et excessivement complexe.

La partition orchestrale de Shiro Sagisu pour « The End of Evangelion » reprend en grande partie des morceaux issus de la série TV, amplifiés ici pour les besoins du film, comme c’était déjà le cas dans « Death and Rebirth ». Le film commence avec un premier morceau d’action pour piano et percussions (« Interference of Others »). Le morceau accompagne l’attaque des militaires au début du film, atmosphère guerrière qui trouve un écho favorable dans le massif « The End of Midsummer », où l’orchestre vient ici rejoindre les notes graves et menaçantes de piano et des cordes aigues et répétitives sur fond de percussions et de cuivres guerriers. A noter l’utilisation d’une guitare électrique rock vers la fin du morceau, un élément-clé tout à fait représentatif de l’esthétique musical des partitions de Shiro Sagisu sur la saga « Evangelion ». Dans « Emergency Evacuation to Regression », le compositeur utilise alors des choeurs plus religieux pour les souvenirs d’Asuka et sa mère, les choeurs apportant ici une dimension mystique appréciable à la scène. Même chose pour « False Regeneration », déjà entendu dans « Rebirth » du film précédent, et qui nous propose un superbe morceau d’action épique pour choeur et orchestre lors de la scène où Asuka affronte les militaires à bord de l’Unit 02. Sagisu apporte une dimension réellement mystique et épique à cette scène, avec un sentiment d’héroïsme progressif servi par des orchestrations assez classiques d’esprit (notamment dans l’écriture du pupitre des cordes). La musique sait aussi se faire plus nuancée avec « Substitute Invasion » où un piano mélancolique suggère clairement les tourments de Shinji et son sentiment d’incapacité à agir sur la situation actuelle.

« The Passage of Emptiness » utilise quand à lui l’orchestre avec le piano, la basse et la batterie pour un long morceau de plus de 6 minutes accompagnant la défaite d’Asuka et son Unit 02. On retrouve les choeurs mystiques et l’orchestre dans « Escape to the Beginning » développant ici un thème répétitif de 5 notes, mystérieux et envoûtant, annonçant clairement l’issue apocalyptique, religieuse et tragique du film, un autre grand morceau de qualité dans la partition de « The End of Evangelion », dans laquelle les voix occupent une place plus importante que dans « Death and Rebirth », des voix qui évoquent clairement l’univers des gigantesques EVA et l’ascension de Lilith dans le film, la créature à l’origine de tout qui finira par absorber toutes les âmes humaines du monde. Face au caractère grandiose et mystique de « Escape to the Beginning », difficile d’apprécier un morceau plus quelconque comme « Honeymoon with Anxiety » dominé par une écriture plus dissonante et pressante des cordes et du piano. La musique évoque alors sur la fin du film les sentiments de Shinji, qui se trouve à présent dans un nouveau monde contrôlé par Lilith, et qui va vivre une série d’expériences intérieures lui faisant comprendre la nécessité de vivre avec les autres et d’accepter la vie comme une expérience continue de la joie et de la souffrance. Enfin, le score atteint son apogée émotionnelle dans le magnifique « Expansion of Blockade », qui développe l’un des thèmes du score dans un très bel arrangement pour violon, cordes et clavier et rythmiques discrètes, avant de se conclure sur le piano rêveur et solitaire de « Opening of Dream ». A noter que, comme dans « Death and Rebirth », la bande son de « The End of Evangelion » inclut quelques pièces de musique classique (ici, le célèbre « Aria » de Bach et la mélodie immortelle de « Jésus que ma joie demeure » du même Bach).

Avec « The End of Evangelion », Shiro Sagisu va plus loin dans son exploration de la musique d’Evangelion, et nous propose une partition plus ambitieuse pour ce deuxième long-métrage animé, une musique placé sous l’angle du mysticisme, des élans orchestraux/choraux dramatiques et épiques, et des passages plus introspectifs et intimistes. La musique reste toute aussi appréciable dans le film que sur l’album où, contrairement au CD de « Death and Rebirthg », elle s’écoute avec beaucoup d’intérêt. Le score de « The End of Evangelion » apporte donc une certaine force et une émotion aux images du long-métrage d’Hideaki Anno, bien que les connaisseurs de la série d’origine ne retrouveront rien de bien neuf ici, Sagisu se contenant bien souvent de reprendre texto des morceaux qu’il avait écrit pour la série et qu’il a simplement réadapté ici pour les besoins du film. Quoiqu’il en soit, la partition orchestrale/chorale de « The End of Evangelion » reste une très bonne entrée en la matière pour ceux qui désireraient découvrir l’univers musical de la saga « Evangelion », une bande originale bien plus intéressante et convaincante que celle, trop timorée, de « Death and Rebirth ».



---Quentin Billard