1-L'Attaque des Anges 2.34
2-I'll Go On Lovin' Someone Else 3.13
3-Première Manoeuvre 2.54
4-Staggering Yet 2.01
5-Les Bêtes 2.11
6-Crépuscule-Tokyo III 1.39
7-Cruel Dilemme 2.47
8-The Longest Day 3.00
9-Contre les Agressions 2.02
10-Showdown 2.02
11-Mécanisme de Défense 2.44
12-Cruel Dilemme II 3.15
13-Rei-Opus IV 2.24
14-The Longest Day II 2.20
15-Lucifer's Cry 2.47
16-Cruel Dilemme III 2.28
17-Stratégie Yashima 2.25
18-The Longest Day III 2.14
19-Danse des Lucioles 1.48
20-Bataille Décisive 4.45
21-Angel of Doom 3.51
22-Rei-Opus V 3.00
23-Trailer Eva Special 1.51
24-EM17 Demo 17 2.07
25-EM21 Demo 21 3.37
26-Cruel Dilemme IV (Guit_C) 1.53

Musique  composée par:

Shiro Sagisu

Editeur:

Starchild (King Records) KICA-887

Musique produite par:
Shiro Sagisu, Tomohiro Ogawa
Producteurs exécutifs:
Hideaki Anno, Toshimichi Otsuki

Artwork and pictures (c) 2007 Gainax/Khara Corporation. All rights reserved.

Note: ***1/2
EVANGELION: 1.0
YOU ARE (NOT) ALONE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Shiro Sagisu
Après « Evangelion : Death and Rebirth » (1997) et « The End of Evangelion » (1997), les producteurs de chez Gainax décidèrent qu’il était temps de redonner une seconde vie à la somptueuse saga « Evangelion ». C’est pourquoi le réalisateur Hideaki Anno et son équipe se sont lancés dans un projet de remake de sa propre série animée, « Rebuild of Evangelion », ambitieuse tétralogie de quatre films animés qui se proposent, chacun à leur tour, de présenter une nouvelle version entièrement retravaillée et améliorée de la série TV « Neon Genesis Evangelion ». La tétralogie débuta en 2006 et le premier film du « Rebuild » sorti en 2007, soit 10 ans après « Death and Rebirth », « The End of Evangelion » et la parenthèse dispensable de « Revival of Evangelion » (qui n’était qu’une compilation des deux précédents films avec quelques scènes supplémentaires). Ce premier film de la tétralogie s’intitule « Evangelion : 1.0 You Are (Not) Alone » et se propose donc de reprendre les bases de la saga et de repartir à zéro avec une animation plus moderne et un graphisme plus travaillé. La nouveauté vient surtout du fait que les films sont cette fois-ci accessibles à ceux qui ne connaissent pas la série TV d’origine et qui ne sont pas particulièrement familiarisés avec l’univers d’Evangelion. Du coup, le scénario a été simplifié et rendu plus accessible tout en conservant une part de réflexion et d’éléments philosophiques indissociables de la saga d’Hideaki Anno. Pour le réalisateur nippon, ces quatre films seront enfin l’occasion d’éclaircir bien des mystères entourant la saga, et plus particulièrement avec la fin prévue d’ici quelques années dans « Evangelion : Final », que l’on annonce enfin compréhensible et claire (on oublierait ainsi le cafouillage impardonnable du final de « The End of Evangelion » !) tout en étant apparemment inédite. Et pour parvenir à ses fins, Hideaki Anno a dû se séparer du studio Gainax en fondant son propre studio d’animation, Khara, qui lui permettra d’opérer cette fois-ci avec davantage de liberté sur cette tétralogie ambitieuse. « Evangelion : 1.0 You Are (Not) Alone » reprend donc l’histoire que l’on connaît déjà : une catastrophe a détruit une bonne partie de notre monde et éliminé plus de la moitié de la population terrienne. Quinze ans après la catastrophe baptisée « Second Impact », le jeune garçon prénommé Shinji Ikari est appelé par son père, qui dirige la NERV, une organisation secrète placée sous la juridiction de l’ONU. La NERV a été créée afin de lutter plus efficacement contre les Anges, des créatures mystérieuses qui n’ont eu de cesse d’attaquer le monde et de saccager tout sur leur passage. Et pour mettre au point leur stratégie de défense, les dirigeants de la NERV ont mis au point les Eva, des puissants robots géants mi-organiques mi-cybernétiques pilotés par des adolescents. Shinji est alors chargé par son père de diriger l’Eva-01, et lorsqu’il comprend qu’il va devoir affronter les monstrueux Anges, le jeune garçon commence à angoisser, perdu entre sa peur de l’échec et son envie de satisfaire son père. Au Q.G. de la NERV, Shinji fera la connaissance de la jeune Rei Ayanami, qui pilote l’Eva-00, le premier prototype des Evangelions. Désormais, l’avenir de l’humanité est entre leurs mains.

« Evangelion : 1.0 You Are (Not) Alone » se propose donc de revisiter l’histoire de la saga avec une animation modernisée à laquelle de nouveaux éléments 3D ont été rajoutés aux dessins préexistants, une véritable reconstruction de la série d’origine dans une suite de long-métrages plus ambitieux, et surtout, une magnifique redécouverte de l’oeuvre colossale d’Hideaki Anno. Visuellement, ce premier opus de la nouvelle tétralogie « Evangelion » est particulièrement magnifique, sans pour autant révolutionner le genre de l’animation japonaise. Le scénario a été simplifié afin d’éviter l’effet de condensation des histoires des 26 épisodes d’origine. Ici, le réalisateur prend son temps pour poser les bases même si le récit se déroule encore trop vite et contient quelques ellipses maladroites qui risquent encore de gâcher quelque peu la compréhension de l’histoire. Pourtant, « Evangelion : 1.0 You Are (Not) Alone » parvient d’entrée de jeu à éviter le piège de « Death and Rebirth » en ayant recours à une narration plus claire et bien plus fluide, débarrassée des artifices du premier film de 1997 qui s’avérait beaucoup trop incompréhensible pour les néophytes. Du coup, on apprécie davantage l’histoire qui évoque dans ce premier opus le combat des Eva de Shinji et Ayanami contre les redoutables Anges, le film nous offrant pour l’occasion quelques superbes scènes de bataille opposant les méchas mi-organiques aux monstrueux Anges de la mort. Les fans de la saga « Evangelion » apprécieront donc à n’en point douter cette relecture fascinante de la série d’origine, premier fondement d’une tétralogie ambitieuse que l’on annonce très prometteuse.

Le compositeur japonais Shiro Sagisu retrouve à nouveau l’univers d’Evangelion avec lequel il est familiarisé depuis les débuts de la série TV en 1995. Sa partition orchestrale pour « Evangelion : 1.0 You Are (Not) Alone » met les bouchées doubles en réadaptant une bonne partie de sa musique pour « Neon Genesis Evangelion » dans une nouvelle partition servie par l’interprétation solide du London Studio Orchestra - certains morceaux sont aussi totalement inédits et ne sont pas repris de la série. Dès le début du film, le ton est donné avec le guerrier et massif « L’attaque des Anges ». Cuivres imposants, cordes virevoltantes, ostinato de piano et guitare électrique psychédélique s’en donnent ici à cœur joie pour accompagner la scène introductive de l’attaque de l’Ange au début du film. On retrouve, 10 ans après « Death and Rebirth » et « The End of Evangelion » un son orchestral tout simplement indissociable de la saga. Shiro Sagisu n’a donc rien perdu de sa personnalité musicale et nous le rappelle grandement dès le début de ce nouveau long-métrage. La musique devient plus intimiste avec une très belle pièce pour piano et cordes dans « I’ll Go On Lovin’ Someone Else » et ses harmonies nostalgiques et raffinées évoquant les sentiments tourmentés de Shinji lorsque son père lui apprend qu’il va devoir piloter l’Eva-01 afin de combattre les Anges. On retrouve ensuite un style plus héroïque et déterminé dans « Première Manoeuvre » avec des cuivres solennels et des percussions martiales annonçant les premières manoeuvres de l’Eva de Shinji et l’espoir de l’humanité qui réside désormais dans les Evangelion. Les orchestrations sont très soignées, l’écriture reste assez classique d’esprit, avec une interprétation bien plus satisfaisante que celle - un brin datée - de l’orchestre utilisé dans les précédents films de 1997. L’héroïsme est donc de mise dans « Première Manœuvre » et surtout « Staggering Yet » avec ses trompettes héroïques/martiales qui feraient quasiment penser à Rozsa ou Korngold. On retrouve d’ailleurs ici un style hollywoodien assez académique et très appréciable dans le film, apportant un souffle épique et aventureux impressionnant à l’écran. A noter que Shiro Sagisu évoque la présence des Anges en ayant bien souvent recours à une guitare électrique et des percussions synthétiques comme c’est le cas dans le sombre et menaçant « Les Bêtes » pour une autre scène d’affrontement contre les Anges dans la première partie du film.

Fidèle à son éclectisme habituel, Shiro Sagisu touche un peu à différents genres musicaux tout au long de sa partition de « Evangelion : 1.0 You Are (Not) Alone ». Ainsi, « Crépuscule-Tokyo III » dévoile une ambiance plus solennelle à base de cuivres et de choeurs pour évoquer la ville des survivants, Tokyo-3, tandis que « Cruel Dilemme » nous propose un très beau morceau jazzy intimiste et délicat pour piano, guitare, cordes et petites percussions, associé dans le film aux sentiments tourmentés du jeune Shinji, ses doutes, ses angoisses et sa volonté de satisfaire son père. L’action est à nouveau au rendez-vous dans « The Longest Day » et la fanfare de trompettes héroïque de « Contre les Agressions », très inspiré du Golden Age hollywoodien (on n’est guère loin par moment du « Prince Valiant » de Franz Waxman). Sagisu illustre une autre scène de bataille contre les Anges dans le massif « Showdown » dans lequel il utilise des choeurs épiques qui chantent sur fond de cuivres, cordes agitées et ostinato entêtant de piano/caisse claire martiale. Les choeurs évoquent non seulement ici la démesure de l’affrontement mais aussi les pouvoirs des monstrueux Anges, sans aucun doute l’un des morceaux les plus impressionnants de la partition de « Evangelion : 1.0 You Are (Not) Alone ». La bataille se prolonge ensuite dans le frénétique et guerrier « Mécanisme de Défense ». Shiro Sagisu n’en oublie pas pour autant la partie plus humaine du récit en nous offrant quelques magnifiques morceaux plus intimistes et touchants comme « Cruel Dilemme II » qui reprend le thème mélancolique et nostalgique de piano de « Cruel Dilemme » dans un très bel arrangement pour cordes et violoncelle assez classique d’esprit. Même chose pour « Rei-Opus IV » et « Rei-Opus V », qui nous proposent tous les deux un très beau solo de piano pour le personnage de la timide Rei Ayanami dans le film.

C’est surtout l’action qui domine ici, avec des déchaînements cuivrés guerriers tels que « Lucifer’s Cry », le thème guerrier de « The Longest Day » ou le thème héroïque de « Bataille Décisive », thème repris lui aussi du score de la série TV d’origine. Ici, et à l’inverse de « Death and Rebirth », les thèmes sont bien plus présents et davantage développés, des mélodies plus claires et mieux structurées qui permettent de rendre l’écoute plus fluide et aussi plus cohérente. Entre le thème mélancolique de Shinji (« Cruel Dilemme »), celui d’Ayanami (« Rei-Opus IV »), du combat (« The Longest Day ») ou des exploits guerriers des Evangelion (« Bataille Décisive »), la musique nous propose enfin un contenu satisfaisant pour ce nouveau film. Le compositeur se fait même plaisir dans un morceau épique et grandiose comme « Angel of Doom » où il développe des choeurs quasi religieux qui sembleraient presque surgir d’une cantate baroque ou classique - pour évoquer le mysticisme des Anges dans le film. A noter pour finir qu'il existe un deuxième album consacré à la musique de ce film, sorti un an après le premier CD, et contenant de nouveaux morceaux, des arrangements inédits des musiques de la série et quelques chansons supplémentaires. Vous l’aurez donc compris, avec « Evangelion : 1.0 You Are (Not) Alone », Shiro Sagisu a mit les bouchées doubles et propose un relifting assez impressionnant de sa partition orchestrale pour la série « Neon Genesis Evangelion ». L’interprétation sans faille du London Studio Orchestra apporte ici une couleur supplémentaire et une force certaine à la musique de Sagisu dans le film, qui apporte un souffle épique, guerrier et héroïque aux images du long-métrage d’Anno sans pour autant oublier l’émotion et l’intimité des personnages. Voilà donc une partition solide et intéressante dans l’univers d’Evangelion, sans aucun doute l’un des meilleurs scores de la saga, à défaut de proposer quelque chose de neuf ou de laisser un souvenir impérissable !




---Quentin Billard