1-Twentieth Century Fox Fanfare*/
Motorcycle Chase 4.18
2-Alex and Annie/
Caribbean Cruise** 4.42
3-Engine Room 5.02
4-Overboard 8.40
5-Last Lifeboat 7.01
6-Goodbye, Alex 4.06
7-Reunion 2.43
8-Tanker Turn 5.02
9-Gieger Grabs Annie 1.48
10-Escape 7.31
11-The Harbor 7.16
12-Final Chase 7.23
13-Underwater Rescue 1.46
14-Cruising 2.58

*Composé par Alfred Newman
**Version alternée non utilisée
dans le film (non indiqué
sur l'album !)

Musique  composée par:

Mark Mancina

Editeur:

La La Land Records LLLCD 1138

Producteurs exécutifs de l'album
pour La La Land Records:
MV Gerhard, Matt Verboys
Album produit par:
Nick Redman, Mike Matessino
Musique produite et arrangée par:
Mark Mancina
Direction musicale pour la
20th Century Fox:
Tom Cavanaugh
Superviseurs musicaux:
Genevieve Thomas Colvin, Amy Dunn
Assistants arrangeurs:
John Van Tongeren, Christopher Ward
Montage musique:
Zigmund M. Gron

American Federation of Musicians.

Edition limitée à 3000 exemplaires.

Artwork and pictures (c) 1997/2010 Twentieth Century Fox Film Corporation. All rights reserved.

Note: ****
SPEED 2 : CRUISE CONTROL
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Mark Mancina
Après l’énorme succès de « Speed » en 1994, les producteurs de la Fox décidèrent de rempiler pour un second opus en 1997, toujours avec Jan De Bont derrière la caméra et Sandra Bullock dans le rôle d’Annie. Seul Keanu Reeves ne reviendra pas ici (ayant trouvé le script mauvais), remplacé au pied levé par Jason Patric. Annie (Sandra Bullock) décide de partir en vacances avec son nouveau petit ami, le policier Alex Shaw (Jason Patric). Ils embarquent alors à bord d’un luxueux paquebot, le Seabourn Legend, pour une croisière romantique vers les Caraïbes. Le voyage se passe sans problème, jusqu’à ce que le sinistre John Geiger (Willem Dafoe), qui se trouve lui aussi à bord du paquebot, décide de pirater le système de contrôle du bateau afin d’assouvir une très vieille vengeance. Désormais, Alex doit tenter de déjouer les plans du machiavélique génie informatique afin de mener les passagers en sûreté et d’empêcher le paquebot de s’écraser sur une île. « Speed 2 : Cruise Control » transpose donc l’intrigue d’un bus fou dans celle d’un bateau que rien ni personne ne semble pouvoir arrêter. Hélas, ce qui faisait l’intérêt du premier film (la vitesse excessive et inexorable du véhicule) perd complètement de son sens ici : impossible de ressentir la même sensation de vitesse avec un paquebot ! Le concept même de « Speed 2 » ne tient donc pas la route et s’affirme en porte à faux par rapport au premier opus. Pire encore, la charmante Sandra Bullock devient quasi inexistante dans la plupart des scènes d’action ici (elle pilotait pourtant le bus dans « Speed » !) et Jason Patric ne parvient pas à renouer avec la cool attitude de Keanu Reeves. Et que dire des dialogues affligeants (« c’est un ordinateur ! C’est un ordinateur ! Ne tire pas ! »), de l’humour ringard du film, du cabotinage extrême de Willem Dafoe dans le rôle du méchant de service et de l’inconsistance totale du scénario - d’autant que le film s’avère être très long pour rien (2h10) ! Restent quelques bonnes scènes d’action comme la poursuite finale en hydravion, le crash du paquebot dans le village ou la séquence du sauvetage des passagers. En bref, voilà une suite complètement ratée et inintéressante au possible, mélangeant maladroitement action et film catastrophe tendance « Titanic du pauvre », un pur nanar des années 90 qui fut d’ailleurs nominé aux Razzie Awards 1997 !

Le réalisateur Jan De Bont fait à nouveau équipe avec le compositeur Mark Mancina qui nous livre pour « Speed 2 » une nouvelle partition d’action plus ambitieuse et plus poussée que celle du premier « Speed » de 1994. Le score de « Speed 2 : Cruise Control » permet à Mancina de reprendre ses deux fameux thèmes de « Speed » pour les réadapter au sein d’un nouveau score bien plus orchestral et beaucoup moins porté sur l’électronique et les rythmes techno. Ici, priorité à un style symphonique plus ample (avec un solide orchestre de 98 musiciens) sur fond de percussions africaines endiablées, de quelques sonorités synthétiques d’usage et de touches exotiques évoquant les Caraïbes. L’objectif de Mark Mancina était donc de réutiliser ses thèmes de « Speed » d’une manière totalement différente - plus orchestrale et ample donc - en créant toute une pléiade de nouveaux thèmes pour suivre le périple d’Annie et Alex à bord du Seabourn Legend devenu incontrôlable. Ce qui frappe d’emblée ici, c’est la qualité et le nombre assez conséquent de thèmes et de motifs qui construisent l’intégralité de la partition de « Speed 2 ». Là où « Speed » ne contenait que deux thèmes, le score du deuxième opus en contient ainsi pas moins de huit, rien que cela ! Le film débute au son de la célébrissime fanfare de la 20th Century Fox dont le final a été modifié pour l’occasion afin d’enchaîner directement avec le premier grand thème de la partition, le thème d’Alex, motif d’action partagé entre des cordes et des cuivres rapides sur fond de percussions africaines aux rythmes endiablées - un élément récurrent dans le score de « Speed 2 ». Ce thème sera très présent dans la plupart des scènes d’action du film évoquant les exploits du héros campé à l’écran par Jason Patric. Ainsi donc, « Motorcycle Chase » développe ce thème sur plus de 4 minutes excitantes et entraînantes, avec, au passage, une reprise du thème d’action de « Speed » (baptisé « Jack’s Theme » selon Mancina, en référence au nom du personnage de Keanu Reeves dans le premier film) et le thème principal de « Speed ». Avec un premier morceau d’action énergique et très rythmé, le score de « Speed 2 » débute sous les meilleurs auspices avec un soupçon d’héroïsme et de fun (guitare électrique) pour les exploits d’Alex lors de la course poursuite en moto au début du film.

Dans « Annie and Alex », on découvre le thème romantique du film, très belle mélodie pour guitare acoustique sur fond de percussions légères, de basse, de cordes et de claviers. Ce thème sentimental et nostalgique évoque clairement la romance entre Annie et Alex avec une certaine fraîcheur agréable, tout en apportant un peu d’émotion et de délicatesse à un ensemble somme toute essentiellement dominé par l’action et la tension. A noter ici l’utilisation de quelques sonorités annonçant déjà le départ du couple pour leur croisière sur les Caraïbes, avec entre autre des bongos et un marimba pour les sonorités exotiques. On enchaîne ensuite sur le thème de la croisière, un thème qui imite le style musical des Caraïbes avec un ensemble de steel bands tropicaux sur fond de saxophone, guitare, batterie et de percussions sud-américaines/cubaines. L’excellent thème rafraîchissant et dépaysant de « Carribean Cruise » contient aussi quelques belles reprises du Love Theme dans un arrangement plus exotique du plus bel effet. Le morceau accompagne dans le film le départ de la croisière. La fraîcheur est de mise, avec ce sentiment de voyage, de vacances heureuses, de traversée des îles tropicales, de dépaysement assuré - hélas, la version présentée sur l’album de La La Land Records n’est pas la version du film mais une version alternée plus lente et assez décevante, le problème étant que la version film n’a curieusement pas été retenue pour l’album et ne se trouve que sur un ancien promo CD de Mancina.

Autre thème récurrent dans la partition de Mancina, le thème sinistre et menaçant de Geiger entendu dans « Engine Room », et qui accompagne le méchant campé par Willem Dafoe dans le film. Ce thème sera très présent et développé sous une multitude de formes suivant les différentes occasions. A l’origine, Mark Mancina n’avait d’ailleurs rien de prévu pour le bad guy du film, jusqu’à ce qu’il décide enfin d’envisager ce personnage comme une sorte de méchant traditionnel de comic book, d’où le côté clairement machiavélique du thème, souvent partagé entre des cordes graves et des cors sournois. Autre élément notable dans « Engine Room » : le thème de Geiger est accompagné d’une série de percussions synthétiques/métalliques entêtantes, évoquant la détermination glaciale du méchant et son génie du piratage informatique. Geiger aura d’ailleurs droit à une série de sonorités synthétiques atmosphériques et obscures pour évoquer la menace du pirate. Ces sonorités deviennent alors plus présentes dans « Overboard », alors que Geiger pirate les systèmes informatiques du bateau. A noter qu’un motif de 4 notes est entendu à quelques reprises dans ce morceau et dans le reste du score, une sorte de motif du danger qui interviendra souvent lorsqu’il s’agit d’évoquer la menace de Geiger et de ses sombres méfaits.

« Overboard » dévoile aussi un autre thème majeur du score, le thème du Seabourn Legend en péril, un thème à la fois ample, majestueux et imposant, à l’image du paquebot, qui prendra parfois une tournure plus dramatique et héroïque suivant l’occasion. On appréciera d’ailleurs la façon avec laquelle Mancina dévoile lentement mais sûrement ce nouveau thème dans « Overboard », jusqu’à nous en offrir une version complète vers la fin de son morceau, plus héroïque et quasi solennelle d’esprit (sans aucun doute l’un des meilleurs thèmes de la partition de « Speed 2 »). Sombre et atmosphérique, « Overboard » illustre clairement dans le film le sentiment de menace, d’inquiétude et d’insécurité des passagers à bord d’un bateau en péril. Mais les choses commencent à changer avec l’excellent « Last Lifeboat », premier grand morceau de bravoure du film avec un développement du thème du bateau, du thème d’Alex et, une apparition furtive du thème de Geiger et du thème de « Speed », et, cerise sur le gâteau, l’apparition d’un nouveau thème, un motif héroïque et vibrant aux notes ascendantes, associé aux exploits d’Alex dans le film, lorsqu’il s’élance alors pour sauver les passagers dans les canots de sauvetage suspendu au dessus de l’eau. Le morceau est accompagné par un rythme soutenu de percussions africaines et des orchestrations solides oscillant entre cuivres, cordes et quelques bois. Le morceau se conclut d’ailleurs avec quelques magnifiques envolées vibrantes et quasi solennelles du thème héroïque aux trompettes, un grand moment dans la partition de « Speed 2 ». L’action s’intensifie alors avec « Goodbye Alex » lorsqu’Alex découvre l’identité du pirate informatique et s’élance à la poursuite de Geiger dans le bateau sur fond de reprise héroïque du thème de « Speed » et de percussions africaines. Si la pause émotionnelle du thème romantique de « Reunion » nous permet de respirer quelque peu, on repart très vite dans l’action avec « Tanker Turn » qui est en réalité une reprise du morceau « The Gap » du score de « Speed » (à noter l’erreur de Mancina qui a confondu ce morceau avec celui de « Entering The Airport » !) avec les percussions africaines et des reprises du motif du danger, du thème de « Speed », du thème héroïque et du thème d’Alex pour la séquence où il tente de faire tourner le bateau afin d’éviter une collision avec le pétrolier. Mancina nous propose ainsi un rappel assez conséquent d’un morceau-clé de sa première partition de 1994, assurant la continuité entre ses deux scores.

L’action est au rendez-vous avec les trois grands déchaînements orchestraux et musclés du score dans « Escape », « The Harbor » et le superbe « Final Chase ». Ces trois morceaux sont entièrement accompagnés par des ostinatos rythmiques trépidants des percussions africaines endiablées, et des développements assez conséquents des différents thèmes pour la dernière partie du film : le crash du bateau dans l’île (« The Harbor ») et la poursuite finale et le sauvetage d’Annie (« Final Chase »). Ce dernier morceau d’action permet d’ailleurs à la partition de « Speed 2 » d’atteindre son véritable climax avec ce qui reste incontestablement le meilleur morceau d’action de toute la partition de Mark Mancina, traversé par des percussions africaines frénétiques et des superbes reprises enivrantes et magnifiquement héroïques du thème du Seabourn Legend, du thème d’Alex et du thème héroïque, qui explose littéralement à la fin du morceau pour le triomphe final d’Alex et Annie. Quand à Geiger, son thème revient à plusieurs reprises, malmené par les percussions, avant de se conclure à la fin de « Underwater Rescue » de façon plus sombre pour la mort du bad guy. Si vous adorez les envolées thématiques héroïques et solennelles, vous devriez vous éclater radicalement avec « Final Chase », autre grand moment de la partition de « Speed 2 ». Enfin, le thème de la croisière revient une dernière fois dans « Cruising » ainsi que le Love Theme dans « Underwater Rescue » en guise de conclusion. Vous l’aurez donc compris, Mark Mancina signe une superbe partition orchestrale survitaminée pour « Speed 2 : Cruise Control », une partition moins portée sur les rythmes électroniques/techno du premier opus et bien plus orchestrale, massive et héroïque. Mancina s’est donné les moyens sur ce film et le résultat fait littéralement plaisir à entendre : les thèmes sont nombreux, mémorables, riches et variés, et les morceaux d’action sont tout simplement jouissifs et entraînants, sans jamais lasser l’auditeur. L’émotion et les envolées héroïques sont également au rendez-vous. Bref, « Speed 2 : Cruise Control » a donc tout pour être l’un des meilleurs scores de Mark Mancina, un incontournable à ranger aux côtés de « Speed », « Bad Boys » et « Twister » !



---Quentin Billard