1-Opening Book 2.32
2-1st WMD Raid 2.39
3-Traffic Jam 2.59
4-Meeting Raid 4.31
5-Helicopter/Freddy Runs 2.43
6-Questions 3.26
7-Miller Googles 1.53
8-Truth/Magellan/Attack 3.50
9-Mobilize/Find Al Rawi 5.15
10-Evac Preps Part 1 8.34
11-Evac Preps Part 2 3.22
12-Attack and Chase 5.25
13-WTF 1.15
14-Chaos/Email 4.17

Musique  composée par:

John Powell

Editeur:

Varèse Sarabande 302 067 011 2

Musique produite par:
John Powell
Producteur exécutif pour
Varèse Sarabande:
Robert Townson
Direction musicale pour
Universal Pictures:
Harry Garfield
Conducteur de la musique:
Gavin Greenaway
Programmation musique additionnelle:
Michael John Mollo
Arrangement musique additionnelle:
Paul Mounsey

Artwork and pictures (c) 2010 Universal Studios. All rights reserved.

Note: ***
GREEN ZONE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Powell
Nouveau film d’action de Paul Greengrass (auteur des opus 2 et 3 de la saga « Jason Bourne » et du bouleversant « United 93 »), « Green Zone » met en scène Matt Damon dans un film d’action moderne sur fond de Guerre en Irak et de conspiration politique. Le scénario du très inspiré Brian Helgeland (à qui l’on doit les scripts de « L.A. Confidential », « Blood Work » ou bien encore « Mystic River ») nous plonge en plein coeur de Bagdad, durant l’occupation américaine en 2003 sous l’administration Bush. L’adjudant-chef Roy Miller (Matt Damon) et ses hommes ont pour principal objectif de trouver et localiser des armes de destruction massive (ADM) censées être stockées quelque part dans Bagdad. Mais les missions de Miller échouent les unes à la suite des autres, alors que les sites localisés s’avèrent être désespérément vides, et qu’aucune ADM n’a pu être retrouvé jusqu’à présent. Dès lors, Miller comprend que les informations confidentielles qu’il reçoit régulièrement de l’état-major sont fausses, et que quelqu’un les manipule afin d’atteindre un tout autre objectif. Traqué par les hommes de main du politicien corrompu Clark Poundstone (Greg Kinnear), Miller trouve un allié inespéré en la personne de Martin Brown (Brendan Gleeson), agent de la CIA qui enquête lui aussi sur les fausses informations et la machination politique qui est au coeur même du conflit irakien, et qui impliquerait plusieurs officiels du gouvernement américain. Le titre du film fait référence à la fameuse zone verte, un quartier fortifié du gouvernement provisoire irakien qui, en 2003, était alors peuplé de ministres et de dirigeants de l’ambassade américaine.

En choisissant un sujet politique assez sensible, les agissements du gouvernement américain en Irak et la manipulation médiatique et militaire au sujet des armes de destruction massive, qui ont principalement motivé l’entrée en guerre des Etats-Unis en Irak, Paul Greengrass écorche radicalement l’image déjà bien pâlotte de l’administration Bush - et ce même si un film de ce genre arrive bien tard - et rappelle toute l’absurdité scandaleuse et l’énorme gâchis humain et financier d’un conflit inutile qui fut, à l’origine, entièrement motivé par l’appât du gain : l’accès aux puits de pétrole, la création d’un gouvernement provisoire fantoche par les Etats-Unis pour tenter de justifier une fausse « paix » par l’instauration forcée d’une démocratie, histoire de se donner bonne conscience, alors que paradoxalement, au même moment, les habitants de Bagdad meurent de soif dans l’indifférence la plus totale (sans aucun doute l’une des scènes les plus marquantes du film). Néanmoins, « Green Zone » n’est pas un documentaire et son côté brulot politique ne doit pas faire oublier que le long-métrage de Paul Greengrass est avant tout un film d’action speed et moderne, filmé caméra à l’épaule avec la virtuosité habituelle du cinéaste britannique. Certes, on pense ici à la saga « Bourne » (Matt Damon y était vraisemblablement pour quelque chose), avec une intrigue politique assez complexe, et des scènes d’action explosives et frénétiques à souhait (la poursuite finale dans les rues de Bagdad est très réussie, sans atteindre le brio d’un « Bourne Supremacy »). En définitive, voilà un très bon film d’action politique et engagé, mettant en scène une Amérique en guerre avec elle-même à travers le personnage emblématique de Matt Damon, une sorte de trouffion U.S. qui suit les ordres jusqu’au jour où il comprend qu’on le manipule pour servir d’autres intérêts - l’analogie avec Jason Bourne n’est donc guère loin.

« Green Zone » permet à Paul Greengrass de collaborer à nouveau avec son compositeur fétiche, John Powell, qui signe là un score d’action prévisible et sans surprise. Le compositeur est passé maître depuis longtemps dans le registre des musiques d’action percussives et modernes, et son travail sur « Green Zone » ne déroge donc pas à la règle. Surfant sur un style musical déjà mis en place dans la saga « Jason Bourne » et sur des films tels que « Jumper » ou « Mr. And Mrs. Smith », John Powell apporte aux images du film de Greengrass un sentiment d’urgence, de tension, de danger et de course contre la montre. Ainsi, le parcours agité de Roy Miller dans le film est évoque par le biais d’un mélange entre percussions électroniques et acoustiques, avec quelques rythmes synthétiques modernes, une partie orchestrale conventionnelle et une série de sonorités percussives orientales pour évoquer les décors de Bagdad. Dès les premières minutes de la partition (« Opening Book »), la partition de John Powell nous immerge d’emblée dans la chaleur et la violence des rues de Bagdad. Les guitares ethniques sont ici de la partie pour planter le décor, tandis qu’un ensemble de percussions prend ensuite le relai et impose un rythme agressif et tonitruant synonyme d’action et de danger, sur fond de cordes effrénées. Les rythmes mécaniques imposés ici par Powell prennent trop souvent le pas sur l’orchestre, qui se limite ainsi donc bien souvent à quelques parties de cordes sans grand éclat - on est loin ici des ostinatos tonitruants de la saga « Bourne » : rien de bien neuf donc ! Powell utilise ses samples de percussions associées aux décors de Bagdad dans le film avec « 1st Wmd Raid » où l’action est une fois de plus au rendez-vous, mais sans laisser un souvenir particulier. Ici aussi, on regrettera le côté souvent trop systématique de l’emploi des percussions, qui ont parfois tendance à être un peu surmixées par dessus l’orchestre (même dans le film). Les intentions de Powell dans « 1st Wmd Raid » sont louables, mais le morceau aurait certainement gagné en intérêt si le compositeur avait su doser davantage le rapport entre l’orchestre et les percussions électroniques/acoustiques aux consonances orientalisantes.

« Traffic Jam » poursuit ainsi cette approche extrêmement percussive de la musique en créant à l’écran un sentiment de tension et d’urgence avec l’utilisation d’éléments électroniques, des percussions et de quelques cordes, qui semblent ici bien moins présentes et plus timides que dans la trilogie « Jason Bourne ». La séquence du raid lors du meeting d’anciens partisans de Saddam permet au compositeur de développer ici aussi ses rythmes urgents et ses cordes sombres dans « Meeting Raid », sans aucune surprise particulière. Même chose pour l’intense « Helicopter/Freddy Runs » où Powell met davantage l’accent sur les rythmes électroniques, les percussions et les sonorités orientales. La tension reste le mot d’ordre dans un morceau comme « Questions » ou la guitare électrique et les rythmes électro plus appuyés de « Miller Googles », évoquant la détermination de Miller à découvrir la vérité au sujet du secret Magellan. Certains passages plus fonctionnels comme « Truth/Magellan/Attack » remplissent leur rôle sans grand brio, tandis que « Mobilize/Find Al Rawi » renforce encore la tension d’un cran avec son habituel mélange cordes/percussions orientales/électroniques. La partition de « Green Zone » atteint alors dans le film, comme sur l’album, son climax avec les démesurés « Evac Preps Part 1 », « Evac Preps Part 2 », et surtout l’intense « Attack and Chase » pour la longue séquence de poursuite finale, morceau frénétique qui ravira les amateurs de scores d’action électro musclés typiques des productions plus récentes de l’écurie Media-Ventures/Remote Control. L’orchestre s’autorise un bref crescendo plus dramatique et massif dans « WTF » tandis que « Chaos-Email » conclut le récit sur un sentiment d’accomplissement, un soldat qui s’est battu jusqu’au bout pour qu’éclate enfin la vérité au grand jour, et que les ennemis de l’intérieur soient enfin démasqués.

Score d’action dense et extrêmement percussif, « Green Zone » apporte une force typique aux images du film de Paul Greengrass, sans pour autant réussir à susciter un véritable intérêt à long terme, sur l’album. L’écoute est trop souvent gâchée par des percussions envahissantes, et un manque total de structure thématique et autre développement mélodique. Ici, priorité aux rythmes et à l’action, sans grande subtilité. C’est donc du bourrin, certes, mais sans le petit plus qui faisait le charme et l’intensité de la saga « Bourne ». Quand à John Powell, après la démesure symphonique et épique du génial « How To Train Your Dragon », le compositeur parvient à nous rappeler qu’il possède plus d’une corde à son arc et qu’il peut aussi parfois revenir vers un style plus électronique et moderne si besoin est. Sa partition pour « Green Zone » n’apportera donc rien de nouveau au genre et satisfera les fans du compositeur tout en laissant sur leur faim ceux qui souhaitaient entendre un John Powell plus original et inspiré. Un score d’action fonctionnel et très prévisible donc !




---Quentin Billard