1-The Untouchables (End Title) 3.10
2-Al Capone 2.55
3-Waiting at The Border 3.46
4-Death Theme 2.41
5-On The Rooftops 2.33
6-Victorious 2.09
7-The Man With The Matches 2.46
8-The Strenght Of
The Righteous (Main Title) 2.26
9-Ness and His Family 2.45
10-False Alarm 1.12
11-The Untouchables 3.04
12-Four Friends 2.51
13-Machine Gun Lullaby 7.02

Musique  composée par:

Ennio Morricone

Editeur:

A&M records
CD3909/DX 1678

Album produit par:
Ennio Morricone
Monteur de la musique:
Thomas Drescher
Superviseur de la musique:
David Anderle

Artwork and pictures (c) 1987 Paramount Pictures Corporation/A&M Records, Inc. All rights reserved.

Note: ****
THE UNTOUCHABLES
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Ennio Morricone
Réalisé en 1987 par Brian De Palma, « The Untouchables » (Les Incorruptibles) raconte l'histoire vraie d'Eliot Ness (Kevin Costner) et de ses agents du fisc, des hommes intègres désireux de faire respecter la loi et qui traquèrent sans repris le chef de la mafia de Chicago en 1930, Al Capone (Robert De Niro), en pleine ère de la Prohibition. Le film de De Palma est l’adaptation cinématographique de la célèbre série TV de 1959 avec Robert Stack dans le rôle d’Eliot Ness. Soutenu par le script de David Mamet, De Palma nous offre un polar brillant et virtuose dans lequel il multiplie les clins-d’oeil cinématographiques avec entre autre la scène d’anthologie du landau qui descend dans les escaliers de la gare, scène très célèbre qui se trouve être une allusion au « Cuirassé Potemkine » d’Eisenstein (1925), dans lequel on retrouvait déjà une scène similaire. De Palma cite aussi Howard Hawks et Francesco Rosi. Comme d’habitude, le réalisateur joue avec ses différentes techniques visuelles, alternant les plongées et contre-plongées pour mieux brouiller les pistes à l’écran concernant notre vision des différents personnages. Brian De Palma revisita ainsi le film de gangster à sa façon, offrant ainsi l’un des premiers rôles majeurs de Kevin Costner qui, grâce au succès de ce film, verra sa carrière décoller véritablement à la fin des années 80 et au début des années 90. A noter que le film a aussi permis de révéler Andy Garcia au cinéma. Enfin, Sean Connery, qui interprète le rôle de Jim Malone dans le film, remporta le tout premier oscar de sa carrière grâce à sa performance dans « The Untouchables ». Seule ombre au tableau : Robert De Niro dans le rôle d’Al Capone. Alors que l’on attendait de l’acteur - un spécialiste des rôles de gangster chez Scorsese notamment - une interprétation charismatique du célèbre mafieux de Chicago, De Niro nous offre une prestation bancale et molle, une prestation que l’acteur lui-même avoua détester. On a d’ailleurs pas mal reproché au réalisateur d’avoir accordé plus d’importance sur la technique visuelle de son film qu’à sa direction d’acteur. Malgré tout, « The Untouchables » reste un polar de très grande qualité, un film spectaculaire et très prenant, sans aucun doute l’un des plus grands classiques du film de gangster de la fin des années 80 ! « On ne les achetait pas et ils étaient prêts à tout risquer pour arrêter Al Capone ».

Brian De Palma décida de s’adjoindre les services du grand Ennio Morricone pour les besoins de « The Untouchables ». Morricone a composé pour ce film l’une de ses plus grandes partitions pour un film américain des années 80, un travail formidable pour lequel le maestro italien reçu une nomination aux oscars en 1987. On reconnaît dès l’ouverture du film « The Strengh of the Righteous » le style des musiques de thriller/action habituelles du maestro, avec percussions, piano et cordes furtives en staccato (dans une ambiance qui rappelle beaucoup la musique de « Peur sur la ville » avec Jean-Paul Belmondo !). Ce premier morceau annonce aussi le style de la future partition du film « In The Line of Fire » (1993). On a donc à faire à une BO typiquement "Morriconienne". Morricone axe essentiellement sa partition autour d'un thème puissant, celui des incorruptibles, thème à la fois héroïque et solennel, sans pour autant tomber dans de l'héroïsme typiquement hollywoodien. Ce thème représente en fait le triomphe de la justice incarné dans le film par Eliot Ness et son groupe des incorruptibles. Il est d’ailleurs assez intéressant de constater que le dit thème est entendu dans une scène de bagarre comme celle de l'attaque du convoi à chevaux, rappelant ici une ambiance plus western typique de Morricone. La scène aurait put être accompagnée d’une musique d'action ordinaire, mais Ennio Morricone a préféré utiliser à la place le thème triomphant, suggérant à l'avance le fait que les héros vont sortir victorieux de cette bagarre.

Morricone offre ensuite une émotion très forte à certaines scènes du film, comme c’est le cas avec le poignant « Death Theme », superbe thème de saxophone élégiaque et mélancolique, que l'on entend dans le film lorsque Ness perd un de ses amis assassinés par les hommes d'Al Capone (cf. scène de la mort de Malone). La musique évoque donc ici la mélancolie d'un homme qui voit ses amis mourir pour défendre une cause dans laquelle tous se sont jurer d’aller jusqu'au bout, quoiqu’il se passe, quoiqu’il puisse arriver, afin que la justice triomphe pour de bon. C'est aussi ce que représente le thème des incorruptibles dans « The Untouchables » (plage 1 et 11 sur l’album), thème dominé par des cuivres amples avec ses arpèges rapides de bois (clarinettes, hautbois, flûtes, etc.) et ses timbales apportant un rythme de marche quasi solennel et triomphant à ce thème héroïque d’une grande beauté. Ennio Morricone illustre aussi le personnage d'Al Capone qui possède ici son propre thème, un thème typique des ambiances musicales traditionnelles des films de mafieux italiens/gangsters des années 50/60 (on pense immédiatement ici aux passages plus italiens d’esprit du « Godfathers » de Nino Rota). Le thème reste assez stéréotypé et prévisible dans son genre et représente parfaitement dans le film l'univers des gangsters de la mafia. Morricone n'oublie pas non plus d’illustrer l’action avec « On the Rooftops », pour la scène où Ness poursuit sur les toits l’un des bras-droit d'Al Capone, un sale type que Ness apprendra d’ailleurs à faire voler en le jetant du haut d'un immeuble. « On the Rooftops » reprend très clairement ici l'ambiance musicale du « Main Title », c'est-à dire son mélange percussions/batterie, cordes et piano staccato dans un style similaire à « Peur sur la ville ».

Notons pour finir le superbe « Machine Gun Lullaby », morceau de suspense pur accompagné par une berceuse d’enfant pour la scène la plus célèbre du film, lorsqu’Eliot Ness, planqué dans une gare avec l’arme à la main, attend la venue des bandits d’Al Capone, tandis qu'une femme passe au même moment dans les escaliers en tentant difficilement de faire monter la poussette de son bébé. Cette superbe séquence d’anthologie pure est renforcée ici par la double musique d’Ennio Morricone : la berceuse enfantine accompagné d’une ambiance dissonante et angoissante, le tout suggéré par le ralenti hypnotisant de la mise en scène de De Palma: un moment de musique et de cinéma ! En bref, justice, héroïsme, mélancolie, suspense, action, tous les ingrédients sont réunis pour faire de « The Untouchables » une oeuvre de premier choix dans la filmographie du Ennio Morricone des années 80. Rajoutez à cela la personnalité musicale forte du maestro italien, et vous obtenez un autre chef-d'oeure du grand Morricone ! Bravissimo !



---Quentin Billard