1-Whirlpool 1.54
2-Piranha 1.08
3-Empty Boat 2.16
4-Cold Feet 1.01
5-The Cave 3.44
6-Pack Attack 2.41
7-Mutiny 1.08
8-Swimming For Blood 2.00
9-The Bucket 3.48
10-Marina Attack Part 1 2.09
11-Marina Attack Part 2 2.09
12-Bits and Pieces 0.59
13-Trapped 1.12
14-Seasick 1.37
15-Massacred 2.35
16-Rescued 1.11
17-Prey 1.08
18-Sunbathers 1.02
19-Army Of Teeth 2.45
20-Connect The Boats 4.05
21-Blood Red Sand 2.26
22-Tightrope 4.13
23-Bait 1.16
24-Pressure Wave 3.54
25-Breathe 2.29
26-End Titles 3.18

Musique  composée par:

Michael Wandmacher

Editeur:

Lakeshore Records LKS-341872

Album produit par:
Michael Wandmacher

Artwork and pictures (c) 2010 Dimension Films/The Weinstein Company. All rights reserved.

Note: **1/2
PIRANHA 3D
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Michael Wandmacher
Alexandre Aja, le réalisateur de « Haute Tension » et « The Hill Have Eyes », se lâche comme jamais sur « Piranha 3D », nous offrant pas moins l’un des films d’horreur les plus extrêmes qu’il nous ait été donné de voir depuis bien longtemps : autant dire que la folie qui règne dans ce véritable jeu de massacre nous renvoie clairement ici aux excès des années 80. L’histoire de « Piranha 3D » se déroule dans la petite ville de Lake Victoria, un week-end de Pâques durant lequel des milliers d’étudiants se réunissent pour faire la fête sur le lac. Au même moment, un tremblement de terre secoue la ville et ouvre sous le lac une faille d’où sortent des milliers de piranhas préhistoriques affamés. Julie Forester (Elisabeth Shue), la shérif de la ville, découvre alors un premier corps entièrement dévoré, et comprend que le danger guette les étudiants en train de faire la fête sur le lac. Elle tente alors de les avertir du danger qui les guette, mais les étudiants, totalement insouciants, ne l’écoutent pas. Pire encore, son fils Jake se trouve parmi eux, à la merci des piranhas. Et ce qu’elle craignait arrive alors : les poissons ont réussi à remonter le lac et s’attaquent désormais aux fêtards. « Piranha 3D », c’est donc un solide cocktail de gore grand-guignol outrancier à l’extrême mâtiné d’une bonne dose d’érotisme (le ballet aquatique des deux sirènes nues), de scènes trash et d’un humour noir irrésistible. Tout semble avoir été fait ici dans l’excès, avec des milliers de litre d’hémoglobines et des centaines de bimbos sexy (dont la très hot Kelly Brook), et, cerise sur le gâteau, des piranhas totalement déchaînés et une utilisation sympathique de la 3D (bien qu’encore assez peu maîtrisée et aboutie). Le casting reste quand à lui assez exceptionnel pour une production de ce genre, réunissant quelques guest-stars « eighties » de luxe (Richard Dreyfuss, Christopher Lloyd) sans oublier la trop rare Elisabeth Shue, Ving Rhames, Jerry O’Connell, Adam Scott, et une apparition d’un grand spécialiste du cinéma d’épouvante américain, Eli Roth. Lorsqu’un français (Alexandre Aja) se lâche et propose sa propre vision de ce que devrait toujours être le cinéma d’horreur - excessif, outrancier, provocateur, sexy, malin - Aja réussit à faire encore mieux que ses collègues d’outre-Atlantique et signe l’un des divertissements horrifiques les plus spectaculaires de ces 15 dernières années. Plus de 30 ans après le « Jaws » de Spielberg, « Piranha 3D » ramène donc au goût du jour la crainte des méchantes bestioles aquatiques et en profite à l’occasion pour égratigner la jeunesse américaine dans un véritable festival de massacres et de dérision la plus totale. Du fun du début jusqu’à la fin !

La musique de « Piranha 3D » a été confiée au compositeur Michael Wandmacher, à qui l’on doit des scores pour des films tels que « My Bloody Valentine » ou bien encore « Punisher : War Zone ». Devenu en quelques années un spécialiste des musiques horrifiques, Wandmacher renoue donc avec son genre de prédilection sur « Piranha 3D », mélangeant habilement orchestre symphonique et sonorités rock/électro pour accentuer à l’écran les ravages sanguinaires perpétrés par les piranhas affamés du film d’Alexandre Aja. Dès les premières notes de la partition, le ton est donné dans le cacophonique « Whirlpool » pour la mort du personnage de Richard Dreyfuss dans le prologue du film. Cuivres massifs, cordes dissonantes et rythmiques électroniques agressives imposent le ton horrifique de la partition de Wandmacher. La fusion orchestre/synthétiseur fonctionne parfaitement ici, même si l’on regrettera le côté souvent pâteux des orchestrations (qui se limitent bien trop souvent au schéma habituel cordes/cuivres/percussions en omettant les bois). Niveau référence, on pense autant ici à Christopher Young qu’à David Julyan (« The Descent »). Dans « Piranha », on découvre le motif principal associé aux piranhas dans le film, motif de quatre notes descendantes de synthétiseurs. A ce sujet, il s’agit sans aucun doute de la plus belle réussite de la partition de « Piranha 3D », à savoir la création d’une série de textures électroniques mystérieuses et sinistres indissociables des poissons carnivores dans le film. « Piranha » introduit ici ces différentes sonorités synthétiques pour traduire à l’écran la frénésie vorace et monstrueuse des piranhas. Un morceau comme « Empty Boat » crée quand à lui une atmosphère de suspense plus glacial dans le film, faisant la part belle aux cordes dissonantes, aux nappes synthétiques obscures et aux sursauts orchestraux cacophoniques (un peu trop par moment !). Même chose pour le sinistre « The Cave » ou le déchaîné « Pack Attack » et ses clusters de cordes et de cuivres sur fond de loops électro/techno.

Des passages comme « Cold Feet », « Sunbathers » ou « Swimming for Blood » créent une tension permanente à l’écran, bien que l’on regrettera ici aussi le côté souvent impersonnel de la composition de Michael Wandmacher. Le compositeur applique ici toutes les recettes du genre sans jamais apporter quoique ce soit de nouveau à sa musique. Pire encore, le score de Wandmacher est atrocement sous-mixé dans le film, noyé sous des tonnes d’effets sonores. Du coup, difficile d’apprécier la musique à sa juste valeur sur les images, l’écoute de l’album restant finalement la meilleure solution pour pouvoir pleinement appréhender les qualités - et les limites - du score de « Piranha 3D ». Plus classique d’esprit, « The Bucket » utilise des cordes quasi Herrmanniennes pour traduire la menace grandissante des piranhas, avec quelques rappels aux cordes du motif de 4 notes des carnivores déchaînés. Le carnage débute alors au son des vrombissants « Marina Attack Pt.1 » et « Marina Attack Pt.2 ». Michael Wandmacher applique ici toutes les recettes de la musique horrifique hollywoodienne à la lettre : cuivres hurleurs, effets avant-gardistes et dissonants des cordes (gargouillis, glissandi, clusters, etc.), percussions électroniques meurtrières, etc. La partie 2 de « Marina Attack » utilise quand à elle une section rock plus trash et assez fun, mélangeant ainsi basse/guitare électrique/batterie sur fond d’orchestre survolté et de synthétiseurs atmosphériques, un style que l’on retrouve dans les agressifs « Massacred », « Blood Red Sand » ou le cool remix rock/électro conclusif du « End Titles » (l’un des meilleurs morceaux de la partition de « Piranha 3D »). Rien de bien neuf à l’horizon donc, même si l’ensemble reste néanmoins assez réussi bien que sans réelle imagination - dans le fond comme dans la forme. Le motif électronique étrange et entêtant des piranhas revient dans « Trapped », « Tightrope », « Bait », « Massacred » ou le déchaîné « Army of Teeth ». Wandmacher ne fait pas dans la dentelle et l’ensemble reste assez prenant sur les images bien que la musique tombe trop souvent dans le vacarme sonore et la cacophonie pure. Mais le mixage catastrophique de la musique dans le film empêche quasiment de remarquer ce genre de détail - c’est dire à quel point la musique a été totalement mal mixée sur les images !

« Piranha 3D » est un score horrifique prévisible et sans surprise, qui remplit parfaitement le cahier des charges dans le film et apporte une énergie et une violence intense aux images du film d’Alexandre Aja. Il est cependant parfaitement regrettable de constater à quel point peu de compositeurs sont capables aujourd’hui de créer une vraie partition horrifique sans tomber immédiatement dans la cacophonie simplette et les cuivres hurleurs. Michael Wandmacher fait hélas partie de cette catégorie de musiciens hollywoodiens qui ne parviennent pas à sortir des conventions du genre et recyclent toutes les formules musicales horrifiques sans grande imagination, plaquant simplement la musique sur les images sans aucune réflexion sur le fond comme sur la forme. On rêverait presque du style de musique qu’un compositeur talentueux et inspiré comme Christopher Young aurait pu faire sur un film aussi trash et excessif que « Piranha 3D ». Fonctionnelle jusqu’à la moelle, la partition de Michael Wandmacher manque cruellement de second degré, de dérision, d’ironie - alors même que le film d’Aja n’en manque pas. Les amateurs de score horrifique moderne apprécieront donc la musique de « Piranha 3D », bien que l’on regrettera le côté ultra prévisible et banal de cette composition passe-partout et sans grande originalité.



---Quentin Billard