1-Obliviate 3.02
2-Snape to Malfoy Manor 1.58
3-Polyjuice Potion 3.32*
4-Sky Battle 3.49*
5-At The Burrow 2.35
6-Harry And Ginny 1.44
7-The Will 3.39*
8-Death Eaters 3.15
9-Dobby 3.49
10-Ministry Of Magic 1.46
11-Detonators 2.23
12-The Locket 1.52
13-Fireplaces Escape 2.55
14-Ron Leaves 2.36
15-The Exodus 1.38
16-Godric's Hollow Graveyard 3.15
17-Bathilda Bagshot 3.54
18-Hermione's Parents 5.51
19-Destroying The Locket 1.11
20-Ron's Speech 2.17
21-Lovegood 3.28
22-The Deathly Hallows 3.18
23-Captured And Tortured 2.57
24-Rescuing Hermione 1.51
25-Farewell To Dobby 3.44
26-The Elder Wand 1.37

*Pistes 3, 4 et 7 contiennent
"Hedwig's Theme" composé par John Williams.

Musique  composée par:

Alexandre Desplat

Editeur:

WaterTower Music 39212

Produit par:
Alexandre Desplat, Conrad Pope
Supervision montage musique:
Gerard McCann
Montage musique:
Peter Clarke, Allan Jenkins,
Stuart Morton

Monteurs score:
Kirsty Whalley, Robert Houston
Coordination du score:
Ninon Desplat, Xavier Forcioli
Supervision post production:
Katie Reynolds
Direction musicale pour
Warner Bros. Pictures:
Paul Broucek
Direction musicale pour
WaterTower:
Jason Linn
Album business affairs:
Lisa Margolis
Producteurs exécutifs de l'album:
David Heyman, David Barron,
David Yates

Artwork and pictures (c) 2010 Warner Bros. Entertainment Inc. All rights reserved.

Note: **1/2
HARRY POTTER AND
THE DEATHLY HALLOWS - PART 1
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alexandre Desplat
Septième opus très attendu de la saga du plus célèbre sorcier de Poudlard, « Harry Potter & The Deathly Hallows » (Harry Potter et les Reliques de la Mort) est la première partie d’un diptyque qui devrait se conclure d’ici l’été 2011. Aussi étonnant que cela puisse paraître, les producteurs de la Warner ont décidé, exceptionnellement, de scinder cette nouvelle adaptation du dernier tome de la saga « Harry Potter » de J.K. Rowling en deux films, le tout toujours confié à la caméra du britannique David Yates. Cette première partie étonne d’emblée par sa grande fidélité au roman d’origine - ce qui n’est pas toujours le cas des derniers épisodes - et par le ton extrêmement mature et adulte de cette ultime aventure d’Harry Potter. On est bien loin du ton fantaisiste et enfantin du premier film de Chris Colombus. Ici, David Yates fait rentrer l’univers du célèbre sorcier dans un drame obscur et troublant où le règne de terreur imposé par Lord Voldemort est comparé systématiquement dans le film au régime nazi d’Hitler (cf. les habits des agents du ministère, qui ressemblent étrangement à ceux de la gestapo durant la 2de Guerre Mondiale !). Quand à l’histoire, elle reste similaire au livre : alors que Voldemort (Ralph Fiennes) a étendu ses pouvoirs et réuni ses partisans pour la bataille finale, Harry (Daniel Radcliffe), Ron (Rupert Grint) et Hermione (Emma Watson) décident de terminer ensemble le travail commencé par Dumbledore : retrouver les derniers Horcruxes dans lesquels Voldemort a caché une partie de son âme et détruire ces objets maléfiques pour vaincre le seigneur des ténèbres. Hélas, Harry et ses amis ne savent pas où débuter leur recherche, et les indices laissés par Dumbledore avant sa mort sont maigres. Les choses se compliquent alors que Voldemort et les Mangemorts se sont emparés du ministère de la magie et de Poudlard, contrôlé désormais par Severus Rogue (Alan Rickman). Désormais, plus rien n’est sûr, le danger peut provenir de partout.

Dans cette première partie de l’ultime volet de la saga - sans aucun doute l’un des films les plus réussis de toute la franchise - le ton s’est considérablement durci. David Yates se donne enfin le temps de raconter son histoire durant les 2h25 de métrage, et s’intéresse davantage à la psychologie qu’aux effets spéciaux, même si certaines séquences restent extrêmement spectaculaires et impressionnantes (la poursuite aérienne, l’affrontement avec le serpent dans la maison, la poursuite dans le ministère, etc.). Plus étonnant encore, le film est très sombre et assez violent. Yates n’hésite pas à montrer du sang, des morts, et même un peu de nudité. Bien éloigné du ton des films précédents, « Harry Potter & The Deathly Hallows - Part 1 » impose donc un regard adulte sur cet ultime volet de la saga, et étonne par son traitement psychologique des personnages, par son caractère contemplatif lorsque le réalisateur filme des grands espaces et des paysages sauvages grandioses, et par certaines idées de mise en scène inédite dans la saga « Harry Potter » (la séquence animée sur l’histoire des Reliques de la mort). La réussite est telle que ce septième film permettra sans aucun doute de réconcilier Harry Potter avec ses détracteurs, car, contrairement aux films précédents, « Harry Potter & The Deathly Hallows - Part 1 » a été largement bien accueilli par la presse (pourtant généralement très mitigée vis-à-vis de la saga). Peut-être est-ce le ton plus adulte et noir de cet épisode et ses nombreuses subtilités qui ont fini par convaincre les plus sceptiques (le parallèle au régime nazi, les idées de mise en scène inédite, le ton contemplatif de certains passages, la scène de torture d’Hermione, l’interprétation mature des trois jeunes acteurs principaux, etc.). Quoiqu’il en soit, le sorcier a bien grandi et son ultime aventure ouvre des horizons nouveaux à une saga qui commençait à s’essouffler depuis les deux derniers épisodes, plus quelconques. Rendez-vous cet été pour une conclusion que l’on annonce grandiose et apocalyptique !

Après deux partitions très décevantes de Nicholas Hooper pour les opus 5 et 6, c’est finalement notre Alexandre Desplat national qui a été engagé par la production pour écrire la nouvelle bande originale de « Harry Potter & The Deathly Hallows - Part 1 ». Décidément très prisé par le cinéma américain depuis quelques années déjà (« Firewall », « Twilight 2 », « The Ghost Writer », « The Curious Case of Benjamin Button », etc.), Desplat s’est fait remarquer plus récemment avec sa partition lyrique et romantique pour « Twilight 2 », autre franchise saga célèbre du cinéma américain. C’est d’ailleurs sans aucun doute grâce à cette musique que le compositeur français a été approché par la production du dernier « Harry Potter » pour écrire le score du dernier volet de la saga du célèbre sorcier de Poudlard. La partition symphonique de « Harry Potter & The Deathly Hallows - Part 1 » se devait ainsi de placer la barre haut, car, après trois partitions fabuleuses de John Williams, une très belle partition épique de Patrick Doyle et deux scores plus quelconques de Nicholas Hooper, il y avait fort à faire pour Alexandre Desplat, qui souhaitait ainsi renouer à travers sa partition avec l’esprit des compositions initiales de John Williams - alors qu’une rumeur persistante prévoyait d’ailleurs le retour de Williams sur ce dernier film. Le résultat est malheureusement bien éloigné de nos attentes. Le score de « Harry Potter & The Deathly Hallows - Part 1 » utilise toutes les ressources du prestigieux London Symphony Orchestra et de diverses formations chorales (dont le London Voices), avec des orchestrations assurées en partie par Conrad Pope, qui avait déjà travaillé sur les orchestrations des trois premiers scores de John Williams. Alexandre Desplat utilise, en plus du LSO, un ensemble de différents instruments solistes incluant des percussions ethniques, une mandoline, une shakuhachi, une guitare, un violoncelle, un luth, un théorbe, un piano, une flûte et des flûtes à bec. Mais la première déception vient ici de la partie thématique du score : alors que Desplat avait pourtant signalé dans une récente interview qu’il développerait de façon plus intense le célèbre « Hedwig’s Theme » de John Williams, on ne trouve quasiment aucune trace du dit thème dans le score du film. Autre élément décevant : les nouveaux thèmes écrits par Desplat sont insignifiants, et rappellent l’un des gros points noirs du compositeur : les thèmes. Desplat n’a jamais brillé dans l’écriture de ses mélodies, et son score pour « Harry Potter & The Deathly Hallows - Part 1 » vient nous le rappeler assez douloureusement.

Le film débute sur un premier rappel très bref et discret du thème de Williams (absent du disque) et enchaîne avec « Obliviate » qui évoque la détermination quasi désespérée d’Harry, Ron et Hermione, alors qu’ils décident de quitter leurs proches pour accomplir leur quête aux Horcruxes. Desplat base son morceau sur un ostinato de cordes un peu décevant, passe-partout et impersonnel, et utilise un premier thème au violoncelle, aux cordes, aux cuivres et aux bois. Comme toujours avec le compositeur, les orchestrations sont extrêmement soignées, même si l’on regrettera le côté parfois impersonnel de l’écriture du score - ces traits de cordes en ostinato au début du morceau pourraient avoir été écrits par n’importe quel compositeur d’aujourd’hui ! Dans « Snape to Malfoy Mansion », on découvre le thème plus sombre des Mangemorts, lorsque Rogue arrive au manoir des Malfoy au début du film : on retrouve ici aussi un ostinato de cordes très impersonnel avec un thème plus ample aux notes descendantes confié aux cordes, avec des chœurs, des percussions ethniques discrètes et même une shakuhachi mixée de façon lointaine. Dommage que ces instruments soient souvent utilisés de façon très discrète, alors que l’on se serait attendu à ce qu’ils apportent davantage de relief dans la partition d’Alexandre Desplat. Plus intéressant, « Polyjuice Potion » évoque par ses harmonies plus élégantes le style musical de John Williams, une parenté plus qu’évidente dans certains morceaux de la partition. Curieusement, ce sont ces passages « à la Williams » qui sont les plus réussis et les plus intéressants dans le score de « Deathly Hallows - Part 1 ». Desplat utilise quelques touches impressionnistes et mickey-mousing dans la seconde partie de « Polyjuice Potion » avec brio. Dans « Sky Battle », il évoque la bataille aérienne au début du film dans un registre orchestral là aussi clairement inspiré de Williams, avec des orchestrations massives et élaborées, à des années lumière de la fadeur des précédents scores de Nicholas Hooper. On appréciera d’ailleurs la virtuosité des cordes et des cuivres dans « Sky Battle » pour la séquence de l’impressionnante poursuite sur la route. Dans le même ordre d’idée, Desplat nous offre un solide déchaînement d’action pour « Fireplaces Escape » et le sombre et agressif « Bathilda Bagshot ». Ces morceaux viennent d’ailleurs rappeler avec brio à quel point cette ultime aventure d’Harry Potter est plus que jamais placée sous le signe de la violence et de la noirceur.

Le thème de la quête d’Harry, introduit au début de « Polyjuice Potion », revient au début de « At The Burrow » et rappelle les tourments du jeune sorcier et sa détermination à accomplir sa mission. On appréciera ici la qualité des harmonies, élégantes et raffinées, comme souvent avec Desplat. « Harry and Ginny » apporte un soupçon de romantisme et de délicatesse dans un très beau morceau pour piano et cordes évoquant la romance entre Ginny et Harry, alors que le thème ascendant de « Obliviate » revient aux cordes au début de « Death Eaters », évoquant la menace des Mangemorts de façon plus sournoise et quasi funèbre. On aurait simplement aimé entendre un thème possédant plus de caractère pour les grands méchants de l’histoire. Desplat nous offre aussi un peu de mickey-mousing tout à fait dispensable dans le coloré et sautillant « Dobby » (utilisant une guitare pour l’elfe ami d’Harry) ou dans « Detonators » et son motif de flûtes à bec un brin espiègle - qui jure un peu avec le reste du score, plus sombre et dramatique d’esprit. « The Locket » reprend le motif sombre de « Snape to Malfoy Manor » pour l’Horcruxe que tentent de détruire Harry et ses deux amis tout au long du film. On retrouve ici des sonorités mystérieuses rappelant certains passages du score de John Williams pour « Harry Potter & The Chamber of Secrets » (notamment dans l’utilisation du célesta). Des morceaux comme « Ron Leaves » apportent une certaine émotion dramatique au film, le tout enveloppé d’une écriture pour cordes plus classique d’esprit et raffinée. La musique apporte, comme le film lui-même, une maturité évidente aux images du long-métrage de David Yates. Un morceau intrigant et mystérieux come « The Exodus » et son utilisation étrange d’un violon glacial paraît même quelque peu inédit dans l’univers musical d’Harry Potter. Même chose pour « Godric’s Hollow Graveyard » où règne un sentiment de regret et d’amertume, sans oublier le contemplatif « Hermione’s Parents » et son utilisation appréciable d’une chorale envoûtante, tandis que les divers instruments solistes reprennent le motif dramatique ascendant de « Obliviate ». Le lyrisme de Desplat transparaît de façon plus admirable dans le poignant « Ron’s Speech », avec son écriture de cordes éminemment romantique, dans la lignée de Gustav Mahler. On n’oubliera pas de mentionner le mélancolique et poignant « Farewell to Dobby », ainsi que le sombre et conclusif « The Elder Wand ».

Moins facile d’accès que les précédents scores de la saga, « Harry Potter & The Deathly Hallows - Part 1 » est un score qui risque fort d’en décevoir plus d’un à la première écoute. Et pourtant, comme souvent avec Alexandre Desplat, la musique regorge de nombreuses subtilités qui méritent plusieurs écoutes, afin d’appréhender les différents détails qui fourmillent tout au long de la partition du compositeur français. Hélas, si ces détails s’apprécient en écoute isolée, difficile de les remarquer dans le film, tant la musique paraît bien terne sur les images et quasi insignifiant par moment. Le problème vient surtout du caractère pauvre et quelconque des thèmes, qui paraissent bien peu inspirés, et du manque d’idée nouvelle d’un compositeur qui recycle les formules orchestrales habituelles du genre sans apporter quoique ce soit de neuf à la saga. On appréciera néanmoins le lyrisme poignant de la dernière partie du score, un morceau comme « Ron’s Speech » témoignant, encore une fois, de la sensibilité d’un compositeur toujours aussi à l’aise dans le registre de l’émotion et du lyrisme romantique. Hélas, la partition musicale de « Harry Potter & The Deathly Hallows - Part 1 » ne laisse aucun souvenir particulier après écoute, et nous laisse carrément sur notre faim ! Même des morceaux plus agressifs et virtuoses comme « Sky Battle », « Rescuing Hermione » ou « Bathilda Bagshot » ne permettent pas à la partition de décoller pleinement. Décidément, après la semi-déception des opus 5 et 6 de Nicholas Hooper, force est de constater que les musiques de la saga « Harry Potter » sont devenues bien décevantes depuis le départ de John Williams (opus 1 à 3) et Patrick Doyle (opus 4). La magie n’opère plus, la musique de cet opus 7 n’a aucune personnalité particulière (alors même que le film ravit par ses très bonnes idées et son ton mature et adulte), et même si la musique fonctionne parfaitement à l’écran, Alexandre Desplat se contente bien trop souvent d’appliquer les recettes musicales habituelles sans aucune réflexion sur la forme comme sur le fond. Pire encore, cette composition symphonique très classique d’esprit reste trop souvent impersonnelle et trop sage pour coller à l’univers « Harry Potter ». Le lien espéré avec les musiques de John Williams apparaît furtivement dans des morceaux comme « Polyjuice Potion » ou « Sky Battle » mais n’est pas aussi fort que ce que l’on en attendait réellement. Et que dire de la quasi absence du « Hedwige’s Theme » dans ce score, alors même que l’on se serait attendu à entendre une vraie reprise poignante de ce thème à la fin de la bataille aérienne dans « Sky Battle » (ceux qui ont vu le film comprendront). Décidément, si le film en lui-même est une réussite incontestable, on ne pourra pas en dire autant de la musique d’Alexandre Desplat, bien écrite, parfaitement orchestrée, parfois très sombre et par moment plus lyrique et poignante, mais malheureusement sans âme et sans réelle passion !



---Quentin Billard