1-Mom 2.04
2-Tosca, Act III:
E lucevan le stelle 3.09*
3-Tosca, Act III:
Ah! Franchigia a floria tosca 0.57*
4-Assassination Flashback 2.39
5-La bohème, Act I:
Ehi! Rodolfo 0.37**
6-La bohème, Act I:
O soave fanciulla 3.55**
7-Madame Butterfly:
Un bel di vedremo 5.01***
8-Harbor Warehouse 3.17
9-Rigoletto: "Tutte le
feste al tempio" 7.16+
10-Karim Killed 3.07
11-Birthday Killing 3.07
12-Motorcycle Chase 4.12
13-Charly Interrogation 2.41
14-Rabau Killing 3.12
15-Charly's Plan 1.52
16-Saving Anatole-Part 1 2.50
17-Saving Anatole-Part 2 4.37
18-Kitchen Fight 1.23
19-Final Interrogation 3.44
20-Parking 3.07
21-Lucia di Lamermoor:
Scena v, 'oh giusto...2.58++
22-Immortal (Radio Edit) 3.39+++

*Interprété par Zubin Mehta
& Placido Domingo
**Interprété par Placido Domingo
et Montserrat Caballé
***Interprété par Renata Scotto
+Interprété par Roberto Alagna
et Riccardo Muti
++Interprété par Sir Charles Mackerras
et The Hanover Band
+++Interprété par Laurence Revy.

Musique  composée par:

Klaus Badelt

Editeur:

Columbia 88697648622

Album produit par:
Klaus Badelt

Artwork and pictures (c) 2010 Europa Corp. All rights reserved.

Note: **1/2
L'IMMORTEL
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Klaus Badelt
Nouveau long-métrage de Richard Berry, « L’Immortel » est l’adaptation cinématographique du roman de Franz-Olivier Giesbert, lui-même inspiré d’une histoire vraie. Le film suit l’histoire de Charly Matteï (Jean Reno), un ancien mafieux qui cherche aujourd’hui à tourner la page. Cela maintenant depuis trois ans qu’il mène une vie paisible en se consacrant à sa famille. Mais un jour, des hommes font irruption dans un parking du vieux port à Marseille et l’abattent de 22 balles dans le corps. Charly survit miraculeusement à l’attaque, et se remet lentement de ses blessures dans un hôpital marseillais. Il découvre alors que c’est son ancien complice, le truand Tony Zacchia (Kad Merad), qui a organisé l’attaque pour une raison qu’il ignore encore. Prêt à tout pour se venger, Charly va retrouver les tueurs - ses anciens amis - et les éliminer un par un. « L’Immortel » est un polar frenchy plutôt bien troussé, dont l’atmosphère marseillaise n’est pas sans rappeler le « French Connection » de William Friedkin ou d’autres polars 70’ revanchards tendance « vigilante movie ». Produit par Europacorp (la boîte de prod de Luc Besson), « L’Immortel » reste donc un polar musclé et violent qui rappellerait presque le cinéma d’Olivier Marshal, servi par une mise en scène musclée, une solide direction d’acteur et un casting luxueux : Jean Reno dans un rôle de colosse inébranlable tendance « Léon », Kad Merad à contre-emploi, étonnant dans le rôle du méchant, Marina Foïs touchante dans la peau d’une policière blasée alter-ego du héros, etc. Reste que le scénario tient à peine sur une ligne et s’avère être beaucoup trop linéaire pour susciter un quelconque enthousiasme. Entre film de truand et polar violent et revanchard, « L’Immortel » tient malgré tout ses promesses mais n’arrive jamais vraiment à décoller au dessus du niveau habituel (souvent bien lamentable) des productions Luc Besson : du bourrin beauf sans grande profondeur.

Pour Richard Berry, la plus grande révélation sur ce film fut de travailler avec le compositeur Klaus Badelt - alors que James Newton Howard était pressenti à l’origine. Encore une fois, « L’Immortel » est la preuve de cette réelle envie des cinéastes français de se tourner de plus en plus vers les compositeurs hollywoodiens, comme si, toute forme de chauvinisme mise à part, les compositeurs français n’étaient plus à même de travailler sur ce type de film. Pour Badelt, « L’Immortel » a représenté un projet de choix, après avoir déjà signé quelques musiques de films français (dont les récents « Pour Elle » et « L’Arnacoeur »). Le score de « L’Immortel » utilise l’orchestre symphonique habituel agrémenté d’une pléiade de synthétiseurs et autres rythmiques modernes, dont le style n’est pas sans rappeler le récent travail de Badelt sur le film « Pour Elle ». Le thème principal de « L’Immortel » s’inscrit d’ailleurs dans la continuité de celui « Pour Elle » : une mélodie mélancolique et intime de piano sur fond de cordes, entendu dès le début du film dans « Mom » et rattaché tout au long du film au personnage dramatique de Charly Matteï alias Jean Reno. Ce thème apporte une certaine émotion aux images du film de Richard Berry et rappelle que derrière cette histoire de violence et de mafia marseillaise se cache avant tout un drame humain, celui de la trahison, de la souffrance et de la vengeance. « Assassination Flashback » développe ce thème aux cordes sur fond de loops électro et de cordes sombres, avant d’être rejoints par des cuivres et des rythmes plus martelés pour la séquence de l’assassinat de Charly au début du film. La musique reste placée au début du film sous l’angle du drame et de la tragédie, sans grande surprise particulière.

Avec « Harbor Warehouse », Badelt développe davantage la partie plus action/suspense du film avec ses rythmiques électroniques modernes traditionnelles, sans oublier pour autant le thème principal de piano/cordes, qui reste très présent. « Karime Killed » permet à Klaus Badelt de développer des sonorités orientales plus stéréotypées pour la mort de Karime vers le milieu du film - l’un des amis de Charly. Le compositeur utilise ici des sonorités électroniques plus menaçantes, sur fond de percussions synthétiques agressives et de samples d’instruments arabes. L’approche musicale de Badelt reste assez basique et très terre-à-terre par rapport aux images, même si l’on appréciera le professionnalisme du compositeur et son utilisation toujours très efficace des rythmes synthétiques mélangés aux parties orchestrales - qui se limitent hélas bien trop souvent à une simple combinaison cordes/cuivres très primaire. Premier morceau de suspense sinistre et atmosphérique, « Karime Killed » ouvre la voie à une série de morceaux d’action/tension plus agressif et soutenu pour la seconde partie du film. Ainsi, « Birthday Killing » évoque le début de la vendetta personnelle que mène Charly contre tous ceux qui ont tenté de le tuer, et qui ont aussi tué son ami Karime. « Motorcycle Chase » accompagne la scène de la poursuite en moto vers le milieu du film avec son lot de percussions électroniques déchaînées et de cordes survoltées. On retrouve ici le style action habituel de l’écurie Remote Control/Media-Ventures héritée de Hans Zimmer et compagnie. Dommage cependant que l’approche musicale voulue par Klaus Badelt reste bien trop souvent ultra codifiée, impersonnelle et purement hollywoodienne, pour un film qui, de toute évidence, n’est qu’un simple émule des films de gangsters américains tendance « French Connection ». La tension reste omniprésente dans « Charly Interrogation » ou le dissonant et brutal « Rabau Killing », sans oublier le mélancolique « Charly’s Plan », le percussif et survolté « Kitchen Fight » ou le sombre et dramatique « Final Interrogation ».

Klaus Badelt signe donc un score d’action/suspense ordinaire, prévisible et sans surprise pour « L’Immortel ». Le compositeur recycle ses formules musicales habituelles et nous offre un score qui sent malheureusement le réchauffé. Si Badelt avait su se montrer assez inspiré sur la musique du film « Pour Elle », son travail pour « L’Immortel » ressemble à s’y méprendre à sa précédente partition, en nettement moins bon. Le problème vient surtout ici de l’utilisation facile de rythmiques électroniques qui pourraient avoir été faites par n’importe quel compositeur de chez Remote Control, et d’un thème de piano quasi calqué sur le style du thème de « Pour Elle ». Quand à l’approche musicale des images, elle paraît bien souvent envahissante et un brin emphatique, là où on se serait attendu à davantage de retenue - alors que le film manque déjà cruellement de subtilité. Très hollywoodienne dans sa conception, l’approche musicale de Klaus Badelt sur « L’Immortel » déçoit donc pleinement et rappelle l’un des principaux maux de la musique de film française actuelle : une fâcheuse tendance à vouloir américaniser le fond comme la forme dès qu’il s’agit d’action ou de suspense. Au final, « L’Immortel » est une partition passe-partout bien en dessous des capacités d’un Klaus Badelt en mode autopilote depuis quelques années déjà.



---Quentin Billard