1-An Ordinary Day 3.54
2-Diana - A Future To Be... 4.55
3-Becoming Close Friends 3.32
4-All The Memories From
An Old Photo Album 4.06
5-The Gift Of A Necklace 3.59
6-"Choose! Time To Decide" 3.31
7-Diana Gets Hit By A Car 3.45
8-Two Lives Slowly Converging 4.35
9-Diana's Young Conscience
Is Finally Formed 3.44
10-The Memorial - The Laying
Of Flowers 2.31
11-Two Worlds; The Past
And The Future 2.51
12-Young Diana's Future - A Future
That Could Have Been... 12.15

Musique  composée par:

James Horner

Editeur:

Lakeshore Records LKS 34006

Album produit par:
James Horner, Simon Rhodes

Artwork and pictures (c) 2007 2929 Productions. All rights reserved.

Note: **
THE LIFE BEFORE HER EYES
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Horner
Adaptation cinématographique du roman éponyme de Laura Kasischke, « The Life Before Her Eyes » (La vie devant ses yeux) raconte l’histoire de deux femmes qui font en réalité partie d’une même personne, ayant survécue à une même tragédie : l’une représente le passé, l’autre, le présent. Tout commence à Briar Hill, dans une banlieue du Connecticut qui fut autrefois secouée par un drame terrifiant : un lycéen devint fou et abattit une quinzaine de ses camarades. Quinze années se sont écoulées. Diana (Uma Thurman) a survécu au drame, et tente de se reconstruire en compagnie de son mari Paul, professeur de beaux-arts à l’université, et de sa jeune fille Emma, qui a manifestement hérité du caractère bien trempé de sa mère. Tout semble aller pour le mieux dans la vie de Diana. Et pourtant, le drame qui bouleversa sa vie est encore vivace dans son esprit : Diana (Evan Rachel Wood) était alors en compagnie de son amie Maureen lorsque leur camarade surgit brusquement dans les toilettes où elles se trouvaient, après avoir abattu plusieurs personnes dans le lycée. La tragédie avait fait la une des journaux, et pourtant, tout n’a pas été dit, et c’est un secret terrible et inavouable qui ronge la vie de Diana depuis toutes ces années. Construit selon une narration non linéaire et anti-conventionnelle, mélangeant passé et présent en brouillant toute forme de temporalité dans le déroulement du récit, le film de Vadim Perelman s’avère être assez déstabilisant et finalement bien décevant vis-à-vis de ses ambitions : à force de vouloir brouiller les pistes, le film se perd dans les méandres d’un script brouillon et confus que le réalisateur ne maîtrise apparemment pas. Vouloir construire une intrigue entre passé et présent en refusant toute forme de linéarité était un pari risqué mais courageux, que le scénariste et le réalisateur ont malheureusement gâché en construisant un récit bancal, irritant et parfois même incompréhensible. Ajoutons à cela une certaine tendance au pathos le plus simpliste et un côté mélo parfois un peu lourdingue, et l’on obtient un film bien décevant, qui ne tient malheureusement pas ses promesses. S’inspirant à la base de la tuerie qui secoua un lycée américain il y a quelques années, et qui inspira à Gus Van Sant le film « Elephant », « The Life Before Her Eyes » est au final un mélodrame labyrinthique et lacrymal qui vaut surtout par l’interprétation sans faille du duo Uma Thurman/Evan Rachel Wood, mais qui reste constamment plombé par un script brouillon et raté. Dommage, car il y avait matière à faire un vrai film artistique et onirique à partir d’une base hollywoodienne !

C’est James Horner qui a été choisi, sans grande surprise, pour écrire la musique de ce mélo compliqué, Horner ayant déjà collaboré à la musique d’un film précédent du réalisateur Vadim Perelman, « House of Sand and Fog » (2003). La partition de « The Life Before Her Eyes » s’inscrit dans la continuité des précédentes partitions dramatiques et intimistes de James Horner. Le compositeur convoque pour les besoins de sa musique un groupe d’instruments solistes - piano, voix féminine soliste, guitare - et articule une bonne partie de sa musique autour de l’électronique, dans un style atmosphérique, contemplatif et onirique assez planant et très particulier de la part du compositeur. Avec « An Ordinary Day », Horner crée une atmosphère contemplative à base de vocalises féminines éthérées, de nappes synthétiques cristallines et de notes de piano planantes. Dès le début du film, la musique impose cette ambiance particulière aux images, suggérant clairement une forme de mélancolie douceâtre et étrange, la voix féminine étant associée ici à l’âme de Diana, héroïne centrale de cette histoire à double facette. Dans « Diana - A Future To Be... », Horner utilise des cordes synthétiques froides avec quelques sonorités plus sombres rappelant le drame à l’origine des tourments de la jeune femme. La musique conserve ici un côté lent et atmosphérique véhiculé par les cordes synthétiques et les notes planantes de piano. A noter que cela faisait d’ailleurs un moment qu’Horner n’avait pas eu recours de cette façon aux synthétiseurs, depuis des scores tels que « The Name of the Rose », « Thunderheart » ou « Unlawful Entry », sans oublier les récents « The Forgotten » et « The Boy in the Striped Pyjamas ». Hélas, son travail sur « The Life Before Her Eyes » risque fort d’en déconcerter plus d’un et de décevoir une bonne partie de ses fans.

L’ensemble de la partition véhicule un sentiment de résignation et d’onirisme mélancolique dans le film, avec une approche musicale minimaliste et une utilisation bien pensée des sonorités électroniques. Le piano occupe une place majeure dans le thème intimiste et émouvant dans « Becoming Close Friends ». Un morceau comme « All the Memories from an Old Photo Album » rappelle l’idée du souvenir et du secret qui hante le passé de Diana avec ce même sentiment de mélancolie résignée avec le piano, la voix féminine et les cordes synthétiques froides et distantes. On appréciera d’ailleurs l’extrême retenue voulue par James Horner sur la musique du film de Vadim Perelman, qui, à l’inverse du long-métrage lui-même, évite tout excès de pathos par une approche minimaliste plus distante mais toujours aussi émouvante. Malheureusement, la musique peine à décoller et se contente bien trop souvent d’enchaîner les atmosphères lentes et moroses sans grande imagination. On retrouve le thème principal de piano dans « The Gift of Necklace », qui rappelle clairement le travail d’Horner sur « House of Sand and Fog », tandis que la voix féminine devient plus présente dans « Choose ! Time to Decide » alors que le piano occupe une place majeure dans « Diana Gets Hit by a Car ». Même chose pour l’atmosphérique et mélancolique « Two Lives Slowly Converging ». On regrettera néanmoins le côté extrêmement répétitif et lent de la musique d’Horner qui ne laisse aucun souvenir particulier dans le film. Un morceau comme « Diana’s Young Conscience is Finally Formed » permet au compositeur de réutiliser des harmonies majeures plus typiques de son style intimiste habituelle, le tout toujours dominé par les cordes synthétiques et le piano, sans oublier le dramatique « The Memorial - The Laying of Flowers » (avec ses sonorités synthétiques typiques du compositeur) et le sombre « Two Worlds, The Past and the Future ». La partition atteint son climax dans le sombre « Young Diana’s Future - A Future That Could Have Been...», long morceau conclusif de plus de 12 minutes qui mélange atmosphères sombres et menaçantes (avec des percussions électroniques métalliques agressives pour évoquer la tragédie du passé de Diana) et passages plus intimistes et contemplatives, résumant clairement l’essentiel de la partition de Horner.

Au final, « The Life Before Her Eyes » est un score atmosphérique et intimiste assez particulier de la part de James Horner, qui signe ici une musique minimaliste, émouvante et onirique sans jamais en faire de trop. Hélas, malgré toutes ses bonnes intentions, le score d’Horner déçoit par son manque total de passion et sa trop grande froideur dans le film. A trop vouloir jouer la distance par rapport aux images - déjà bien chargées en pathos - la musique de « The Life Before Her Eyes » paraît totalement désincarnée, sans vie, et d’une pâleur effrayante. Le concept même d’une musique froide, profonde et distante sur des images véhiculant une émotion à travers un récit non linéaire était osé à la base, mais le résultat est on ne peut plus décevant à l’écran - même si le score parvient à complimenter parfois agréablement les images du film de Vadim Perelman. La musique finit par véhiculer peu d’émotion au final, et s’avère être extrêmement ennuyeuse, plate, monotone et répétitive. Décidément, force est de constater que James Horner n’a cessé de s’essouffler au cours de ces dix dernières années, accumulant les scores fonctionnels et peu inspirés avec une constance inquiétante. Malheureusement, ce n’est pas son travail bien ennuyeux sur « The Life Before Her Eyes » qui viendra contredire cette triste constatation !



---Quentin Billard