1-Fed Net 1.45
2-Battle at Z.A. 3.54*
3-Retreat to Devil's Anvil 0.33
4-Storm 2.16
5-The Fortress 1.26
6-Red River Mercy 0.43
7-Fortress Search 2.57
8-Attack! 3.53
9-Dax Released/Perimeter Burn 2.41
10-DMZ 1.20
11-Bug Zapper 1.08
12-Reunion 2.36
13-Sniff Factor 1.31
14-Psychic Shakedown 2.46
15-Kitchen Scene 1.07
16-Soda Wakes 1.21
17-Door Jam 2.15
18-Reappearing Cream (Flirtation) 1.20
19-Soda's Tongue 1.13
20-Joe's Smile 0.45
21-Sahara and Dax/Taps 2.12
22-Finger Food 1.16
23-Vision Dream 1.23
24-Spying on the General 1.00
25-Tail O'the Bug 1.27
26-Transition 0.51
27-Meeting with Dill 1.52
28-Lieutenant Dill's Death 2.19
29-Dax Arrested 1.03
30-The Rape of Rake 2.18
31-Vengeance 4.43
32-Rake's Sacrifice 1.26
33-Soda Fizzles 1.16
34-The General Explains 1.09
35-Kill Them All! 1.33
36-Dax's Last Stand 2.41
37-Fed Net/Epilogue 1.46
38-End Credits 4.44*

*Contains portions of the original
Starship Troopers Theme by
Basil Poledouris.

Musique  composée par:

John Morgan/William Stromberg

Editeur:

Varèse Sarabande 302 066 581 2

Producteur exécutif:
Robert Townson
Préparation de la musique:
Eric Stonerook
Montage musique:
Christine Luethje

(c) 2004 StarTroop Pictures, Inc. All rights reserved.

Note: ****
STARSHIP TROOPERS 2 :
HERO OF THE FEDERATION
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Morgan/William Stromberg
Direct-to-video miteux sorti en DVD en 2004, « Starship Troopers 2 » tente de surfer sur le succès du film de Paul Verhoeven sorti en 1997 mais sans atteindre réellement ses objectifs. Ce film vidéo, tourné pour un budget ultra ridicule de 6 millions de dollars et réalisé par le spécialiste des effets spéciaux Phil Tippett, met en scène un groupe de soldats piégés dans un avant-poste abandonné, aux prises avec les arachnides du premier opus, et qui doivent désormais combattre une plus grande menace qui vient de l’intérieur. Le groupe est constitué de différents soldats, dont une femme possédant des pouvoirs psychiques accrus, un capitaine considéré comme un héros de guerre mais recherché pour avoir tué son supérieur (Richard Burgi, révélé dans la série TV « Desperate Housewives ») et un général rescapé d’une attaque d’arachnides. Tourné à la manière d’un huis-clos oppressant, « Starship Troopers 2 » débute, à l’instar du film de Verhoeven, à grand renfort de slogans publicitaires et de vidéos militaristes, patriotiques et belliqueuses. Puis l’on découvre ce groupe improbable de survivants obligés de s’entraider afin de survivre à l’intérieur de cet avant-poste abandonné. Si le film vidéo de Phil Tippett débute comme celui de Verhoeven, le long-métrage s’éloigne progressivement du premier opus pour céder la place à un huis-clos paranoïaque plus proche de « The Thing » que de « Starship Troopers » : des soldats sont en réalité infectés par des parasites, et vont tenter d’éliminer les derniers survivants humains. Le résultat est on ne peut plus calamiteux : le manque quasi-total de budget se fait ici cruellement ressentir : l’image semble tout droit sortie d’un film amateur, la photographie n’a quasiment pas été retravaillée, tout comme la lumière qui se limite bien souvent à deux ou trois couleurs tout le long du film. Les acteurs - sortis pour la plupart de sitcoms et autres séries TV - n’y croient pas vraiment, les dialogues sont mauvais et les effets spéciaux d’un kitsch effrayant. Cerise sur le gâteau, Phil Tippett se lance ici dans sa première réalisation, alors qu’il est plus connu comme un spécialiste des effets spéciaux et du stop-motion, ayant lui-même réalisé les effets spéciaux du « Starship Troopers » de Paul Verhoeven. Malheureusement, on sent clairement à quel point Tippett n’a aucune connaissance particulière par rapport à la réalisation : il se contente bien trop souvent de placer sa caméra devant les acteurs sans réfléchir aux notions de cadrage, plan, découpage, symbolique de l’image, etc. Pire encore, si le premier opus s’était fait connaître pour son ton extrêmement satirique et provocateur (critique de l’empire militariste américain comparé au régime nazi), « Starship Troopers 2 » tombe malheureusement dans le piège facile du premier degré : Tippett se prend très au sérieux et rompt totalement avec la vision satirique de Verhoeven pour nous livrer un huis-clos totalement dépourvu de second degré. Encore une déception, qui finit par s’ajouter à une liste interminable de défauts. Quand au manque de moyen, il se fait encore cruellement ressentir dans la pyrotechnie (les tirs des armes sont d’un cheap incroyable : on dirait carrément des jouets !), le manque quasi total de décors (les scènes d’extérieur sont toutes filmées dans un épais brouillard, afin que l’on ne remarque pas que tout le film a été tourné dans un studio) et l’absence de retouche sur la photographie - d’où une image à peine digne d’un travail d’amateur. Restent quelques bonnes scènes gores vers la fin du film, et des scènes de combat avec les arachnides plutôt bien réussies étant donné le caractère fauché du film. Mais au final, « Starship Troopers 2 » n’est en rien la grande suite que l’on était en droit d’attendre du premier film de 1997 et échoue finalement dans la catégorie du nanar fauché !

Phil Tippett explique dans une note du livret de l’album publié par Varèse Sarabande qu’il souhaitait faire de son film un long-métrage de guerre et d’épouvante à l’ancienne, inspiré pour l’occasion de John Ford et Howard Hawks. C’est pourquoi le réalisateur décida très vite de confier la musique de son film à deux compositeurs capables de retranscrire un style musical hérité de l’âge d’or hollywoodien : William Stromberg et John Morgan. Les deux musiciens sont aujourd’hui plus connus pour leurs travaux de réinterprétation et de restauration des grandes partitions classiques du Golden Age Hollywoodien, spécialistes des musiques de Bernard Herrmann, Erich Wolfgang Korngold, Max Steiner ou bien encore Alfred Newman. Stromberg et Morgan ont ainsi saisi l’occasion de signer pour « Starship Troopers 2 » une grande partition symphonique écrite dans un style classique inspiré de l’âge d’or hollywoodien, tout en suivant les traces de Basil Poledouris sur le premier opus de 1997. Stromberg et Morgan confirment leur attachement à la partition de Poledouris dès l’introduction du thème principal au début de « Fed Net », fanfare héroïque cuivrée associée tout au long du film aux exploits des soldats partis combattre les arachnides. En plus de ressembler à certaines marches belliqueuses et patriotiques du premier opus de Basil Poledouris, « Fed Net » capture clairement toute l’essence de la partition avec ses orchestrations militaristes et ses accents martiaux qui rappellent curieusement la marche du « Backdraft » de Hans Zimmer. L’action débute avec « Battle At Z.A. » pour la scène de bataille au début du film. Les deux compositeurs soignent tout particulièrement ici leurs orchestrations, en mettant l’accent sur le pupitre des cuivres, des percussions (incluant des enclumes) et des cordes. L’écriture de l’orchestre reste très soutenue, et clairement inspiré ici aussi des grands déchaînements orchestraux de l’âge d’or Hollywoodien - l’introduction de la trompette symbolisant le clairon rappelle par moment « Charge of the Light Brigade » de Max Steiner, une partition que William Stromberg connaît bien puisqu’il l’a déjà dirigée à l’occasion d’un réenregistrement intégral produit en 2009 par le label Tribute Film Classics. Le duo va même jusqu’à citer brièvement le célèbre thème solennel de Poledouris à la fin du morceau.

L’action s’intensifie avec l’excitant « Retreat To Devil’s Anvil » avec ses orchestrations toujours aussi luxueuses et soutenues, suivi d’un solide déchaînement orchestral accompagnant la séquence de la tempête dans « Storm ». Ici aussi, les références sont évidentes (Steiner, Newman, et même un peu de James Horner tendance « Aliens »), mais l’écriture orchestrale est tellement riche et soutenue (avec un contrepoint de qualité digne des grands maîtres de la musique symphonique) qu’elle ne peut que forcer le respect des auditeurs, qui seront certainement stupéfiés par la qualité d’une aussi grande musique écrite pour un nanar qui n’en méritait certainement pas autant. Les orchestrations deviennent plus nuancées dans l’atmosphérique « The Fortress », où Stromberg et Morgan dévoilent quelques accents instrumentaux plus avant-gardistes et proches de la musique contemporaine/atonale du 20ème siècle. Ces effets instruments dissonants traduisent dans le film le sentiment d’huis-clos et de menace oppressante, tout en accentuant les quelques scènes horrifiques/gores qui peinent tardivement à rehausser un tant soi peu l’intérêt quasi inexistant du film. Un morceau comme « Fortress Search » renvoie clairement par ses harmonies et ses orchestrations à base de clarinettes et de bois graves à Bernard Herrmann. Ici aussi, les deux compositeurs multiplient les détails instrumentaux avec un savoir-faire évident, digne de leur éducation classique irréprochable - on regrettera simplement le manque d’originalité et de personnalité de l’ensemble du score. Quelques effets instrumentaux aléatoires viennent rappellent l’atmosphère horrifique/suspense du film (gargouillis de pizzicati, vibratos dissonants de cordes, etc.). L’action est rappelée dans de solides déchaînements orchestraux tels que « Attack ! », le superbe mais bref « Bug Zapper » (avec ses figures rythmiques en accélération) ou l’héroïque et solennel « Dax Releases/Perimeter Burn » et ses enclumes tonitruants. On appréciera aussi la parenthèse d’espoir et de solennité apportée par la trompette vibrante dans l’émouvant « Reunion » - on relèvera au passage l’interprétation extrêmement classique mais pas toujours exempt de défauts du Moscow Symphony Orchestra, bien éloignée des interprétations plus américaines du Hollywood Studio Symphony utilisée la plupart du temps par les compositeurs hollywoodiens.

Stromberg et Morgan essaient de varier les ambiances afin d’éviter toute monotonie, et ce avec un plaisir assez constant. Ainsi, « Sniff Factor » tente de ramener un peu d’espoir au sein d’une partition somme toute martiale et sombre, avec des orchestrations boisées et toujours aussi riches et soignées. Plus étonnant, « Psychic Shakedown » évoque le personnage de la femme aux pouvoirs psychiques avec une utilisation discrète et efficace d’un vibraphone et d’un piano et de quelques bois qui rappellent là aussi l’atmosphère de certaines musiques de Bernard Herrmann (cf. « Joe’s Smile », où les références à Herrmann deviennent plus qu’évidentes). « Kitchen Scene » tente de créer une atmosphère plus réconfortante à l’écran avec des harmonies plus majeures et tonales quasi impressionnistes, le tout parsemé néanmoins de quelques notes plus hésitantes et ambigües, un sentiment que l’on retrouve dans le très beau et planant « Soda Wakes » et « Reappearing Cream (Flirtation) », dans lequel plane l’ombre du romantisme hollywoodien des années 30/40, pour évoquer un début de romance entre certains membres du groupe de survivants. Les dissonances finales de « Soda’s Tongue » rappellent que le danger est toujours présent, impression confirmée par « Finger Food », déchaînement atonal et chaotique dont la brutalité renvoie clairement à la musique avant-gardiste savante du 20ème siècle. On entame alors la dernière partie du score avec une série d’atmosphères plus sombres et menaçantes comme le rappellent l’inquiétant « Vision Dream », l’horrifique et dissonant « Tail O’ The Bug » (avec ses cordes dissonantes et ses effets aléatoires rappelant clairement Krzysztof Penderecki), le chaotique « Lieutenant Dill’s Death » (pour une autre scène gore du film) ou l’intense et brutal « Vengeance », sans oublier l’excitant et frénétique « Kill Them All ! » pour l’affrontement final contre les arachnides, sans oublier l’ultime exploit héroïque de Dax dans « Dax’s Last Stand ». Vous l’aurez donc compris, nous sommes bel et bien ici en présence d’une grande partition symphonique écrite à la manière des maîtres classiques du passé, un score qui doit autant à Bernard Herrmann qu’à Max Steiner ou Alfred Newman. William Stromberg et John Morgan démontrent ici un savoir-faire symphonique évident, muri par des années de travail au service des grands classiques de la musique de film hollywoodienne. Qui aurait pu croire qu’un film aussi médiocre et bâclé puisse être entièrement accompagné par une musique d’une telle qualité et d’une telle richesse ? Le paradoxe de la musique de film est tel que le plus mauvais des films peut parfois receler l’une des plus brillantes musiques de son temps, car, sans être un chef-d’oeuvre pour autant, la musique de « Starship Troopers 2 » impose le respect grâce à son étonnante maîtrise d’un langage musical à la fois classique et avant-gardiste (chose très rare de nos jours à Hollywood !), à la manière des grands maîtres d’antan. Basil Poledouris aurait certainement été fier - s’il était encore de ce monde - d’entendre une musique d’une telle qualité pour succéder à son chef-d’oeuvre de 1997, car, si la partition symphonique de Stromberg et Morgan n’atteint pas les sommets du score de « Starship Troopers », elle n’en demeure pas moins extrêmement réussie sur plus d’un point, à défaut d’apporter quoique ce soit de neuf au genre. A découvrir sans plus tarder, donc !




---Quentin Billard