1-War Games 3.38
2-"Video Fever" 2.22*
3-Principal's Office 1.49
4-A New Grade 2.07
5-The Games Begin 2.44
6-"History Lesson" 1.44*
7-Home Movie 1.26
8-A Game of Chess? 3.03
9-Nuclear Alert 2.58
10-Walk Thru NORAD 2.15
11-David Captured 3.53
12-David Searches 1.33
13-The Sneak 2.20
14-NORAD 0.57
15-It Could Be War 0.41
16-Confidence Is High 1.08
17-Off To See Faulken 1.07
18-WOPR 2.13
19-Maneuvers 1.36
20-Faulken's House 1.54
21-Time's Up 0.17
22-"I Can't Swim" 1.29
23-David's Concern 2.21
24-Helicopter Pursuit &
Launch Detected 2.46
25-Closing The Mountain 1.51
26-Who's First 2.06
27-Joshua! 2.37
28-It Might Be Real 0.58
29-Tic Tac Toe 1.32
30-Winner None 1.45
31-End Credits 3.21
32-"Edge of the World"
(choral version) 2.03*

Bonus Tracks:

33-Winner None (original version) 1.46
34-"Edge of the World" 1.51**

*Interprété par The Beepers
**Interprété par Yvonne Elliman.

Musique  composée par:

Arthur B. Rubinstein

Editeur:

Intrada Special Collection Vol.65

Produit par:
Arthur B. Rubinstein, Douglass Fake
Producteur exécutif:
Roger Feigelson
Montage musique:
Joe Tuley
Chansons écrites par:
Arthur B. Rubinstein
Paroles de:
Cynthia Morrow
Interprétées par:
The Beepers
(Arthur B. Rubinstein, Cynthia Morrow,
Brian Banks, Anthony Marinelli)


Artwork and pictures (c) 1983 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. All rights reserved.

Note: ****1/2
WARGAMES
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Arthur B. Rubinstein
Grand classique du cinéma de science-fiction des années 80, « WarGames » évoque les dérives de la technologie militaire à une époque où l’informatique devenait de plus en plus présente dans la société américaine de l’époque. L’histoire débute au NORAD (North American Aerospace Defense Command), le centre de commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord équipé des réseaux informatiques les plus fiables de l’époque. Pourtant, un jeune adolescent féru d’ordinateur, David Lightman (Matthew Broderick), pirate sans le savoir le réseau informatique militaire américain du NORAD. Croyant jouer à un jeu vidéo sur son ordinateur, David ignore encore qu’il a en réalité pénétré le système informatique géré par une intelligence artificielle nommée WOPR (War Operation Plan Response), et qu’il risque de déclencher, en faisant passer le niveau de sécurité américain à DEFCON 1, une guerre thermonucléaire globale entre les Etats-Unis et la Russie. Dès lors, David et sa camarade Jennifer (Ally Sheedy) sont pourchassés par les dirigeants militaires américains, qui cherchent à résoudre le problème désespérément avant qu’il ne soit trop tard. Grand succès de l’année 1983, « WarGames » permit au réalisateur John Badham de nous offrir l’un de ses meilleurs films, un premier opus sur une trilogie autour de l’intelligence artificielle, qui sera suivi la même année de « Blue Thunder » (1983) et qui se conclura en 1986 avec « Short Circuit ». A noter qu’à l’origine, le film devait être tourné par Martin Brest, qui finit par quitter le projet pour différends artistiques avec les producteurs du film - il semblerait que Brest ait opté pour une approche beaucoup trop sombre pour le film. « WarGames » remporta plusieurs Academy Awards et donna même naissance à une série d’adaptations en jeu vidéo, et à une suite sortie directement en DVD en 2008. Aujourd’hui, on parle même d’un possible remake produit par Leonardo DiCaprio. Film culte des années 80, « WarGames » captiva rapidement le public grâce à son scénario visionnaire pour l’époque et à sa description terrifiante d’une possible menace d’un conflit thermonucléaire global entre les deux grandes puissances (le film est sorti en 1983, alors que la Guerre Froide était encore d’actualité entre les Etats-Unis et l’URSS). L’impressionnante technologie informatique montrée dans le film, bien que complètement dépassée aujourd’hui, était alors à la pointe du progrès en 83, apportant une modernité stupéfiante au long-métrage de John Badham à sa sortie en salle. Ajoutons à cela un casting solide - le jeune Matthew Broderick dans un de ses tous premiers rôles au cinéma, à peine âgé de 21 ans - et un suspense haletant, et l’on obtient un véritable film culte incontournable des années 80.

La musique d’Arthur B. Rubinstein, fidèle complice de John Badham depuis « Whose Life Is It Anyway ? » en 1981 (suivi de « Blue Thunder » en 1983) apporte à son tour un rythme et une tension intense au déroulement du récit dans « WarGames ». Le compositeur utilise ici l’orchestre symphonique habituel agrémenté d’une pléiade de synthétiseurs évoquant l’univers informatique du film, le tout accompagné de rythmes martiaux et agressifs évoquant l’idée de la course contre la montre pour tenter de stopper l’ordinateur du NORAD américain, sur le point de déclencher une catastrophe planétaire. L’approche musicale voulue par Rubinstein sur le film navigue entre un certain sens du suspense hérité de Bernard Herrmann et une complexité thématique typique du compositeur, le tout soutenu par un orchestre assez conséquent, notamment dans le pupitre des cuivres (5 cors, 8 trompettes, 8 trombones, 1 tuba) et des percussions (caisse claire, timbales, grosse caisse, glockenspiel, célesta, crotales, etc.), pour le côté militaire de la musique. A noter que le compositeur utilise parfois un pupitre supplémentaire de cuivres, qui viennent se rajouter à un ensemble déjà assez massif - ainsi, Rubinstein n’hésite pas à avoir recours à 6 trompettes supplémentaires, un second tuba et un cor baryton, instrument très rarement utilisé dans les orchestres symphoniques. Pour se faire, Rubinstein enregistra les deux pupitres de cuivres séparément, afin de les réassembler ensuite au mixage pour obtenir un son massif et des harmonies polytonales et assez unique dans leur genre, et qui n’auraient pas pu être obtenu avec un seul pupitre de cuivres - c’est par exemple le cas dans le morceau « Who’s First ? ». En plus du score instrumental, Rubinstein s’est aussi fait plaisir en écrivant quelques chansons originales pour les besoins du film, et plus particulièrement « Video Fever » (interprété par The Beepers), « History Lesson » et « Edge of the World » (interprété par Yvonne Elliman). Point fort du score : la réutilisation et le développement des thèmes issus de ces chansons et réutilisés tout au long de la partition symphonique du compositeur. « Video Fever » accompagne le personnage de Matthew Broderick dans le film avec un motif de 3 notes de synthétiseur. Rubinstein utilise essentiellement ici un ensemble électronique pour évoquer la passion du jeune David pour les jeux vidéo. La chanson pop - typiquement 80’s d’esprit - reste atrocement kitch aujourd’hui, bien que finalement très moderne pour l’époque. Rappelons d’ailleurs que la partition de « WarGames » a été composée seulement quelques mois après celle du film « Blue Thunder » de John Badham, pour lequel Rubinstein avait déjà travaillé autour d’un ensemble de synthétiseurs à la pointe du progrès à l’époque (le Synclavier II et un ensemble de claviers analogues typiques de l’époque tels que le Moog, le Jupiter et le Prophet). Le compositeur a donc décidé de réutiliser ici cet ensemble de synthétiseurs pour retranscrire l’univers technologique du film à travers sa musique. Le motif de 3 notes de « Video Fever » sera d’ailleurs rapidement réutilisé aux claviers dans « Principal’s Office » et dans différents endroits du score pour accompagner le personnage de David. Le thème de la chanson « History Lesson » - associé à la menace du conflit thermonucléaire - sera repris lui aussi dans le reste du score, pour évoquer le sentiment d’urgence et de danger. Enfin, la chanson « Edge of the World » s’avère être plus lyrique et mélodique, dévoilant par la même occasion l’un des plus beaux thèmes de la musique de « WarGames ».

Dès l’introduction du film (« WarGames »), Arthur B. Rubinstein impose le ton martial de sa partition en utilisant une série de notes graves et menaçantes au piano, quelques roulements militaires de caisse claire et un ensemble de cuivres imposant dévoilant un premier motif majeur dans le score, une série de notes décrites par Rubinstein dans le livret de l’album comme une sorte d’hymne évoquant la menace d’un conflit nucléaire dès le début du film. La seconde partie du morceau met en avant une savoureuse fanfare militaire pour les premières scènes du NORAD au début du film. Puis, après quelques rappels du motif « jeu vidéo » de David et de « Video Fever » dans « A New Grade » avec ses synthétiseurs 80’s kitch, « The Games Begin » fait à nouveau la part belle à l’orchestre (comme pour la fin de « A New Grade ») en imposant un ton plus léger et sautillant avec des orchestrations riches, vives et colorées (notamment dans le pupitre des percussions). On reconnaîtra brièvement ici quelques brèves allusions à ce qui deviendra par la suite le thème aventureux de « History Lesson ». A ce sujet, les connaisseurs des travaux d’Arthur B. Rubinstein feront très vite le rapprochement entre le thème d’aventure de « History Lesson » et un thème précédemment écrit par le compositeur pour la série TV « Scarecrow and Mrs. King ». « Home Movies » nous permet quand à lui de découvrir un nouveau thème de la partition, une sorte de motif ondulant de deux notes de piano, plus mystérieux et planant, associé dans le film à Joshua, l’ordinateur qui contrôle le système WOPR du NORAD américain. Rubinstein superpose au motif de piano de Joshua un motif en notes plus longues, associé au professeur Faulken (John Wood), le concepteur de Joshua. « A Game of Chess ? » dévoile à son tour brièvement un nouveau motif qui réapparaîtra lui aussi au cours de certains passages d’action du score, un thème plus espiègle et léger dévoilé ici par un hautbois, avant de céder la place à une musique plus sombre pour bois et cuivres, suggérant clairement le début des problèmes pour David et Jennifer. Rubinstein commence à développer ici de façon plus astucieuse certains motifs entendus au début du score (notamment le motif de 3 notes de David, ou le thème de « History Lesson », sans oublier la fanfare de « WarGames »), mélangeant les différentes occurrences thématiques avec une complexité rare et un sens aigu du contrepoint et du développement thématique quasi Beethovenien d’esprit. Rarement aura-t-on entendu un compositeur créer une telle complexité dans ses développements thématiques, hérités de la longue tradition des leitmotive du cinéma hollywoodien.

Le motif menaçant du conflit nucléaire (baptisé « WOPR Theme » dans le livret de l’album) est repris ici par des harmonies de cuivres dans « Nuclear Alert », pour un premier morceau de suspense plus sombre et tendu, dominé par des orchestrations riches, colorées et rapides - bois, cuivres en sourdine, percussions diverses, pizzicati - Le motif de Joshua est alors repris de façon plus menaçante, annonçant clairement la couleur : une alerte nucléaire est sur le point de se produire si personne ne fait rien pour arrêter l’ordinateur du NORAD. A noter l’utilisation de rototom (très utilisés habituellement par Jerry Goldsmith dans ses scores d’action, et qui devint à la mode dans les années 70 grâce au rock progressif) et de percussions métalliques au début de « David Searches », accompagné ici aussi de développements thématiques brefs mais très présents. Même chose pour « The Sneak », dans lequel on ne compte plus le nombre de développements thématiques qui ne cessent de s’entremêler de façon complexe et parfois plus difficile à remarquer sur les images du film. A l’écran, la musique apporte une tension assez prenante, preuve de l’immense savoir-faire d’un compositeur hélas bien trop discret de nos jours, mais toujours aussi inspiré lorsqu’il travaille pour un film de John Badham. L’action reprend avec les rythmes martiaux de « The Sneak » pour accompagner les déboires de David à l’écran, tandis que « Confidence Is High » dévoile la partie martiale associée dans le film aux soviétiques. Rubinstein utilise ici une fanfare guerrière accompagnée de choeurs russes pour renforcer l’atmosphère de menace nucléaire entre les deux grandes puissances mondiales. Rubinstein se fait aussi plaisir en variant les ambiances, comme le rappelle sa reprise instrumentale pour harmonica, orchestre et synthétiseurs dans « Off To See Faulken », sans aucun doute l’un des plus beaux morceaux du score de « WarGames », tout bonnement rafraîchissant (cf. une seconde reprise de ce thème lyrique et poétique dans « I Can’t Swim »). La tension continue de monter dans « WOPR » (reprenant la fanfare introductive du NORAD) et « Maneuvers », tandis que Rubinstein nous offre l’un de ses meilleurs morceaux d’action durant la séquence de la poursuite en hélicoptère dans « Helicopter Pursuit-Launch Detected », dans lequel il développe plus intensément le thème aventureux de « History Lesson », transformé ici en véritable thème d’action pour cuivres et percussions martiales. L’action se prolonge dans l’excitant « Closing The Mountain », sans oublier les sombres « Joshua ! » et « It Might Be Real » qui nous rapprochent plus que jamais de la catastrophe annoncée. L’action culmine enfin dans le frénétique et martial « Winner None », alors que Joshua comprend finalement que personne ne peut gagner dans une guerre, et qu’il s’agit de l’unique jeu dans lequel, pour gagner, il ne faut jamais jouer.

Au final, difficile de ne pas apprécier la partition orchestrale de « WarGames », tant le travail effectué par Arthur B. Rubinstein sur le film de John Badham atteint ici des sommets de complexité thématique et de trouvailles orchestrales (les deux pianos de « Joshua ! », les deux couches de trompettes superposées dans « Who’s First ? », le choeur russe de « Confidence Is High », etc.). Extrêmement pertinente à l’écran, la musique de « WarGames » possède une seconde vie sur l’album et s’écoute avec un certain plaisir, en particulier grâce à l’approche éclectique de la première partie du score (chansons pop 80’s originales, passages synthétiques, morceaux orchestraux, etc.) et à la puissance orchestrale intense de la seconde partie. Voici sans aucun doute l’un des chef-d’oeuvres d’Arthur B. Rubinstein pour sa collaboration passionnante aux films de John Badham, un score 80’s bien que, sans être follement original pour autant, n’en demeure pas moins incontournable : à ne manquer sous aucun prétexte !




---Quentin Billard