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1-Main Title 4.15
2-Reunion 3.21 3-We Shall Be Friends 4.04 4-The Pheasant 1.27 5-Suitor's Dance 1.53 6-Denis and Mashenka 2.04 7-Death and the Maiden 3.27 8-Jealousy 3.08 9-The Pond 3.12 10-Goodbye 2.59 11-Zanaida Again 2.40 12-Redemption, Retribution 2.58 13-End Credit 2.59 14-Nocturne 4.48* *Interprété par Clifford Benson. Musique composée par: Joel McNeely Editeur: Varèse Sarabande 302 066 173 Produit par: Joel McNeely Album produit par: Robert Townson Artwork and pictures (c) 2000 Overseas FilmGroup. All rights reserved. Note: **** |
LOVER'S PRAYER
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by Joel McNeely
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« Lover’s Prayer » (connu aussi sous le titre « All Forgotten » et, en VF, « Premier amour ») est l’adaptation cinématographique de deux classiques de la littérature russe du 19ème siècle, « First Love » d’Ivan Turgenev et « The Peasant Woman » d’Anton Chekhov, réalisé par le britannique Reverge Anselmo. L’histoire de « Lover’s Prayer » se déroule dans la Russie de la fin du 19ème siècle. On y suit l’histoire de Vladimir (Nick Stahl), fils de bonne famille, qui tombe amoureux d’une jeune princesse désargentée, Zinaida (Kirsten Dunst), venue passer ses vacances dans ses quartiers d’été loin de Moscou. Alors qu’il commence à flirter avec la princesse frivole et séductrice, Vladimir découvre que la mère de Zinaida a organisé leur rencontre. Le jeune homme comprend alors qu’il a été manipulé et découvre pour la première fois le monde - parfois cruel - des adultes, de l’amour, de la manipulation et des faux semblants. « Lover’s Prayer » est un drame romantique sans grande saveur, lent et ennuyeux, qui vaut surtout pour la performance remarquable de Kirsten Dunst dans le rôle de la jeune princesse manipulatrice Zinaida, face à un Nick Stahl naïf et innocent. Le problème, c’est qu’à aucun moment le réalisateur ne parvient à insuffler le moindre souffle à sa mise en scène - totalement impersonnelle - à peine digne d’un téléfilm à petit budget. Pire encore, certaines scènes sont parfois mal amenées, mal filmées, et le rythme trop lent du récit empêche le film de décoller réellement. « Lover’s Prayer » raconte donc l’histoire de la fin d’une innocence et de l’apprentissage des premiers émois amoureux, le tout emballé dans une mise en scène académique et impersonnelle qui déçoit par son manque d’imagination et de souffle dramatique. Au final, on préfèrera davantage se rabattre sur les deux ouvrages d’origine dont s’inspire le film de Reverge Anselmo.
La partition symphonique de Joel McNeely reste sans aucun doute le point fort de « Lover’s Prayer », une oeuvre musicale éminemment romantique et classique d’esprit, écrite dans un style rappelant les grandes heures du Golden Age hollywoodien - le répertoire musical de prédilection de McNeely (cf. ses réenregistrements de Bernard Herrmann, etc.). Ainsi donc, « Lover’s Prayer » est un hommage vibrant au lyrisme hollywoodien des grandes heures de la musique de film américaine des années 30/40, un style hérité du postromantisme allemand de la fin du 19ème siècle. Joel McNeely a confié l’essentiel de sa partition pour « Lover’s Prayer » aux musiciens du prestigieux London Chamber Orchestra, accompagné de magnifiques parties de piano soliste au classicisme élégant et raffiné - n’oublions pas de mentionner la magnifique « Nocturne » finale, interprétée par le brillant pianiste britannique Clifford Benson, collaborateur actif du London Chamber Orchestra et spécialiste des oeuvres de Schubert, Prokofiev, Shostakovich ou bien encore Schnittke. C’est d’ailleurs sans aucun doute l’approche très personnelle et souvent modeste de Benson pour le répertoire de la musique de chambre russe qui incita Joel McNeely a le choisir en tant que soliste sur sa musique pour « Lover’s Prayer ». Le thème principal du film, mélancolique et lyrique, est introduit en toute beauté dans le « Main Title », partagé entre le piano, les bois (hautbois, clarinette, etc.) et quelques cordes. A noter l’utilisation d’un motif de piano aux notes descendantes qui reviendra à quelques reprises dans le film pour évoquer l’innocence du jeune Vladimir et ses idéaux naïfs et sentimentaux. McNeely adopte ici une approche résolument classique dans son écriture orchestrale, utilisant des harmonies raffinées et romantiques rappelant clairement le répertoire du 19ème siècle - surtout, encore une fois, dans le jeu des instruments solistes rappelant certains concertos classiques de l’époque. L’utilisation plus pastorale et enjouée du piano à la fin du « Main Title » permet de poser le décor et d’évoquer la douceur des vacances d’été du jeune Vladimir. Après ce très beau « Main Title » particulièrement réussi, « Reunion » développe cette ambiance plus enjouée et énergique de la fin de l’ouverture avec une très belle envolée orchestrale au lyrisme soutenu, à la fois noble et élégant. Ici aussi, l’approche imperturbablement académique et classique de l’écriture orchestrale de McNeely complimente parfaitement les images du long-métrage de Reverge Anselmo. Ici aussi, le compositeur fait preuve d’un savoir-faire évident dans son écriture parfois inspiré de grands maîtres classiques européens (certaines harmonies rappellent par moment Beethoven, d’autres Schumann). On se souvient par ailleurs que Joel McNeely est aussi connu en tant que compositeur classique (on lui doit entre autre une série de pièces de musique de chambre). Ce savoir-faire transparaît avec une noblesse et une élégance rare dans le précieux « We Shall Be Friends » où l’approche romantique de McNeely atteint un sommet de beauté et de délicatesse. Ici aussi, on pense par moment au romantisme classique du Golden Age hollywoodien, bien loin de certaines facilités mélodiques que l’on entend trop souvent aujourd’hui dans les musiques de film. « We Shall Be Friends » évoque ainsi l’idylle naissante entre Vladimir et Zinaida, avec un mélange d’innocence, de rêve et de poésie, là où tout semblait encore permis. McNeely développe pour l’occasion un superbe « Love Theme » poignant pour piano et orchestre, toujours aussi classique et élégant d’esprit (qu’il reprendra avec brio dans le superbe « End Credit »). Dès lors, le compositeur développe ses différentes idées mélodiques avec le tendre « The Pheasant » ou l’enjoué « Suitor’s Dance » et ses rythmes de danse russe traditionnelle. « Denis and Mashenka » nous permet de retrouver le thème principal et son lyrique élégant et mélancolique, tandis que « Death and the Maiden » renforce l’écriture pianistique concertante et un accompagnement orchestral plus agité et dramatique, évoquant les tourments du jeune Vladimir, idée qui trouve écho dans le sombre « Jealousy » et son utilisation remarquable de solistes (flûte, violoncelle, piano, etc.). Après un « The Pond » plus pastoral d’esprit, « Goodbye » vient à nouveau apporter une émotion poignante au film pour la scène des adieux, lorsque Vladimir et Zinaida partent chacun de leur côté, suivre leur propre voie. Un morceau comme « Zinaida Again » rappellerait presque par moment le lyrisme délicat et classique d’un James Horner. La musique devient alors plus dramatique et agitée, personnifiant le destin tragique de la jeune Zinaida, victime de ses propres excès, et les révélations bouleversantes à la fin du film. Il règne dans « Redemption, Retribution » une forme de mélancolie quasi funèbre particulièrement poignante, à mi-chemin entre le romantisme agité d’un Wagner ou celui, élégant et riche, d’un Strauss. « End Credit » ramène la paix dans la musique avec un très beau morceau au romantisme flamboyant pour le générique de fin, personnifié par une envolée orchestrale grandiose des cordes et des différents instruments solistes, un très beau morceau idéal pour conclure le film sur un ultime soupçon de romantisme rétro hérité d’une longue tradition musicale hollywoodienne. Enfin, l’album nous gratifie d’un très beau « Nocturne » brillamment interprété par Clifford Benson au piano, dans la lignée des nocturnes de Chopin ou de certains oeuvres pianistiques de Rachmaninov. Démontrant un savoir-faire indéniable, Joel McNeely nous offre donc une partition magnifique pour « Lover’s Prayer », une musique impeccablement placée sur les images du film - fort décevant - de Reverge Anselmo, apportant un souffle romantique et dramatique à une histoire un brin académique, au dénouement tragique. McNeely en profite alors pour nous rappeler à quel point il maîtrise à la perfection le langage musical des grands compositeurs classiques du passé, un style qui lui sied à merveille et lui permet d’offrir un souffle romantique impressionnant au film, sans briller pour autant d’une quelconque originalité. Mais le résultat est là : « Lover’s Prayer » est à n’en point douter l’une des plus belles contributions du très sous-estimé Joel McNeely pour le cinéma ! ---Quentin Billard |