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1-Fire 4.50
2-Something in the Water Supply 7.04 3-Bone Saw 2.58 4-There's Somebody Out There 5.26 5-Mad House 3.25 6-Principal 3.06 7-Had To Be Sure 9.24 8-Are We Clear? 4.06 9-The Long Walk 4.02 10-Let It Mean Something 3.45 11-Lights Out 5.43 12-A Loving Hand 2.06 13-Oil Pen 1.00 14-Getaway 1.35 15-Cedar Rapids 2.11 Musique composée par: Mark Isham Editeur: Varèse Sarabande 302 067 009 2 Produit par: Mark Isham Producteur exécutif album: Robert Townson Artwork and pictures (c) 2010 Overture Films. All rights reserved. Note: ** |
THE CRAZIES
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by Mark Isham
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Film d’épouvante signé Breck Eisner, remake d’un classique éponyme de George A. Romero réalisé en 1973 (« La nuit des fous vivants), « The Crazies » nous plonge dans le quotidien paisible d’une petite ville du Middle-West, dont la tranquillité sera très vite bouleversée à jamais par la contamination accidentelle de la ville par une substance chimique transformant les habitants en de redoutables assassins fous. Lorsqu’un cas se présente soudainement en ville, le shérif David Dutton (Timothy Olyphant) doit faire face à une recrudescence alarmante de folie meurtrière. La panique et le chaos s’installent alors rapidement dans la ville. Le shérif tente alors de protéger ses semblables, mais en vain, rien ne semble arrêter la contamination. L’armée intervient alors et place toute la ville en quarantaine, exécutant tous ceux qui tenteraient de s’échapper tout en faisant bruler les corps pour mettre fin à la contamination. Devant l’horreur de la situation, le shérif n’a plus qu’une seule solution : fuir en compagnie d’un petit groupe de survivants. « The Crazies » reste donc un remake honnête et sans prétention, réalisé de façon impersonnelle et sans grand brio, mais avec une intensité appréciable. Les décors de la campagne américaine sont constamment nuancés par les horreurs qui se déroulent à l’écran, et les quelques scènes gore habituelles et prévisibles. Quand au couple Timothy Olyphant/Radha Mitchell, il apporte un véritable plus à l’entreprise, les deux comédiens étant visiblement très à l’aise dans ce registre (Radha Mitchell est une habitué des films d’épouvante, puisqu’on l’a déjà vue dans des films tels que « Silent Hill », « Pitch Black », « Rogue », etc.). Dommage cependant que le film de Breck Eisner ait évacué toute la dimension politique et sociale du film d’origine de Romero pour ne garder que l’aspect purement horrifique et le suspense. Malgré quelques bonnes scènes de tension, le film tombe bien trop souvent dans le déjà-vu et reste ultra prévisible et sans surprise - la palme en revenant au personnage de l’adjoint du shérif, dont le sacrifice ultra téléphoné sent la facilité scénaristique à plein nez ! Trop plat, trop lisse, « The Crazies » est filmé sans réelle prise de risque, sans audace, s’inscrivant au final dans le registre des séries-B horrifiques sanguinolentes et ultra prévisibles.
La musique de Mark Isham apporte à son tour une tension et une atmosphère macabre oppressante au film de Breck Eisner, sans apporter quoique ce soit de neuf au genre là aussi. Le compositeur renoue ici avec son style électronique atmosphérique hérité de « The Mist » pour une nouvelle partition noire, glauque et ténébreuse, impression confirmée à l’écoute de l’introduction du score, « Fire », qui annonce clairement la couleur : nappes synthétiques, percussions métalliques froides, sonorités dissonantes, le tout avec les banques de son électroniques habituelles du compositeur. « Fire » instaure ainsi dès le début du film un sentiment de malaise et d’oppression avec son mélange de textures sonores macabres et de percussions métalliques et agressives évoquant la folie - durant la scène où le fermier met le feu à sa maison et sa famille. L’utilisation exclusive de sonorités synthétiques permet aussi à Mark Isham de renouer avec un style musical plus proche des musiques de film d’horreur des années 80, où les synthétiseurs étaient très souvent d’usage dans ce type de production. « Something in the Water Supply » permet au compositeur de développer son atmosphère sombre et oppressante inaugurée par « Fire » en développant à nouveau une série d’ambiances sonores macabres, synonymes de danger et de malaise à l’écran - on pense parfois à certaines sonorités du score de Mark Isham pour son incontournable « Fire in the Sky ». A noter ici l’utilisation de quelques rythmiques électros plus modernes pour rappeler l’idée que l’histoire se déroule bien de nos jours, dans une période contemporaine. Isham développe ici un motif de guitare avant de céder la place à une série de drones et autres sonorités électros atmosphériques sombres et planantes. Quelques instruments solistes viennent donc parsemer l’ensemble, avec guitare et clavier, le tout sur fond de tenues dissonantes et obscures, interprétées par les musiciens du « Sodden Dog Electronic Arts Ensemble » monté par Mark Isham pour l’occasion. La froideur qui se dégage de la musique à l’écran renforce clairement ce sentiment de malaise, le tout entrecoupé de quelques sursauts bien placés, comme c’est le cas dans le macabre « Bone Saw » et ses percussions synthétiques agressives pour la scène de l’attaque à la scie. On nage clairement ici en pleine musique atmosphérique cauchemardesque et horrifique, qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler les travaux similaires de Charlie Clouser sur la saga « Saw ». Les morceaux se suivent et se ressemblent malheureusement sans apporter quoique ce soit de nouveau à l’ensemble et au film. Ainsi, « There’s Somebody Out There » est dominé par ses sonorités dissonantes graves et ses percussions synthétiques entêtantes, personnifiant encore une fois le danger et les attaques des habitants devenus fous furieux, tout comme le sombre « Mad House » avec ses quelques notes de guitares et claviers et ses semblants d’harmonie tonale qui permettent de contrebalancer timidement la froideur atonale et atmosphérique du reste de la partition. Difficile alors de s’extasier devant une série de morceaux plats et répétitifs sans grand relief, que ce soit à l’écran ou sur l’album (indigeste) de Varèse Sarabande. Le suspense est à l’ordre du jour dans des passages comme « Principal » ou le long et torturé « Had To Be Sure » (9 minutes d’ambiance macabre pure, c’est un peu long, même pour un album de ce genre !), des morceaux qui, s’ils déçoivent en écoute isolée, apportent néanmoins une tension et un malaise constant à l’écran. Et c’est la traque des survivants qui commence dans « Are We Clear » avec ses quelques notes plus mélancoliques et tonales évoquant le destin de David, Judy et les survivants, idée reprise dans l’exode pour « The Long Walk ». Certains éléments mélodiques apparaissent alors tardivement et timidement dans ces quelques morceaux, mais sans jamais déboucher réellement sur un thème ou un motif particulier. C’est le cas dans le mélancolique et intime « Let It Mean Something », dans lequel Isham n’oublie pas pour autant l’aspect humain de l’histoire, et ce malgré l’extrême froideur de ses samples synthétiques. Le suspense et la tension reviennent alors en force dans « Lights Out » pour une scène d’attaque des habitants, idée reprise dans « A Loving Hand » et le grinçant « Oil Pen » pour l’affrontement dans le garage. Enfin, le score se conclut sur un « Cedar Rapids » plus apaisé, avec ses tenues quasi new-age et ses notes de piano/guitare plus paisibles. Le score de « The Crazies » permet donc à Mark Isham de nous offrir une nouvelle partition à suspense/horrifique dans la lignée de « The Mist » ou de certains de ses travaux pour les thrillers (« Twisted », « Don’t Say A Word »), une musique atmosphérique et purement fonctionnelle mais qui reste très décevante en écoute isolée. Isham se contente bien trop souvent d’enchaîner les longues tenues dissonantes et sombres pour susciter le suspense et la tension à l’écran, mais sans jamais développer le moindre motif ou élément thématique fédérateur. Du coup, sa musique passe d’une scène à une autre de façon répétitive sans jamais laisser le moindre souvenir. Certes, par rapport au film, le cahier des charges est parfaitement rempli, mais d’un point de vue purement musical, c’est la douche froide, surtout lorsqu’on sait de quoi est réellement capable le compositeur dans le domaine des musiques horrifiques/suspense (« The Mist », et surtout les passages de tension de l’impressionnant « Fire In The Sky »). En bref, « The Crazies » est à réserver en priorité aux accrocs de Mark Isham, et à ceux qui s’extasient devant chacun de ses travaux, qu’ils soient bons ou peu inspirés. Dans le genre, il ne fait nul doute que « The Mist » constituait une écoute bien plus satisfaisante et recherchée dans son genre ! ---Quentin Billard |