1-Don't Look Up 1.40
2-Abduction 3.29
3-The Escape 3.33
4-Ship Down 2.12
5-Skyline 2.40
6-They're Not Dead 5.02
7-Make a Run for It 6.15
8-The Cavalry 2.41
9-Arrival 3.42
10-The Resurrection 2.17
11-Final Battle 3.14
12-Jared is Changing 3.51
13-Vaya Con Dios 1.28
14-Loss of a Friend 3.59
15-Inside the Ship 4.34
16-Damage Control 1.55

Musique  composée par:

Matthew Margeson

Editeur:

Varèse Sarabande 302 067 057 2

Producteur exécutif:
Robert Townson
Arrangements additionnels score:
Todd Haberman

Artwork and pictures (c) 2010 Universal Studios. All rights reserved.

Note: ***
SKYLINE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Matthew Margeson
Nouveau long-métrage des frères Strause révélés en 2007 par le calamiteux « Aliens vs. Predator Requiem », « Skyline » permet aux deux frangins geeks de se replonger encore une fois dans une atmosphère d’extra-terrestres et de science-fiction moderne, le tout bourré d’influences cinématographiques en tout genre. L’histoire débute après une soirée bien arrosée dans un appartement luxueux de Los Angeles : un groupe d’amis est réveillé en pleine nuit par d’étranges lumières bleues qui tentent de les attirer à l’extérieur. Très vite, ils découvrent que ces lumières proviennent de vaisseaux extra-terrestres qui surplombent toutes les grandes villes du monde entier. Ces lumières aspirent des milliers d’êtres humains à l’intérieur des vaisseaux. Dès lors, une seule solution : fuir le plus vite possible avant de mourir. « Skyline » vaut surtout pour la qualité de ses effets spéciaux, le design original des créatures aliens et les nombreuses scènes de suspense. Hélas, le résultat ne vole pas bien haut : comme dans « Aliens vs. Predator Requiem », on a du mal à s’attacher aux personnages et les frères Strause ne savent décidément pas comment développer correctement un personnage dans un scénario : le fait même qu’ils tentent d’insérer une intrigue secondaire foireuse entre Terry (Donald Faison) et sa petite amie à propos d’une histoire d’adultère ne tient pas la route - puisqu’on n’en reparle même plus par la suite - pas plus que le final absolument abracadabrantesque et catastrophique du film, probablement l’une des plus mauvaises fin de toute l’histoire du cinéma américain contemporain. Hélas, si depuis « Aliens vs. Predator » les frangins se sont nettement améliorés dans leur façon de réaliser - enfin de vraies scènes d’action lisibles et un montage clair - les défauts qui plombaient déjà leur tout premier long-métrage se vérifient aussi dans « Skyline » : scénario inexistant, personnages bâclés et inintéressants, acteurs sans charisme (tous issus pour la plupart de série-TV), scènes ultra cliché (le sacrifie du type qui sauve les autres), etc. « Skyline » reste au final un mélange peu glorieux entre « War of the Worlds », « Independence Day » et les films de George A. Romero pour le côté claustrophobe et angoissant du récit, car, en dehors d’effets spéciaux extrêmement spectaculaires et de quelques bonnes idées - les personnages, enfermés dans l’appartement, qui observent depuis une jumelle ce qu’il se passe à l’extérieur - « Skyline » s’oublie rapidement, du cinéma fast-food comme on en voit régulièrement à Hollywood : aussitôt consommé, aussitôt oublié !

Désireux de se renouveler dans leur choix de compositeur pour la musique de leur film, Colin et Greg Strause auraient pu à nouveau faire appel à Brian Tyler pour signer la musique de « Skyline » mais ont finalement opté pour un jeune compositeur d’une trentaine d’années encore peu connu, Matthew Margeson. Ce dernier est en fait issu de l’écurie Remote Control/Media-Ventures de Hans Zimmer et a collaboré à plusieurs reprises sur des partitions de Brian Tyler en tant qu’arrangeur après avoir été un temps l’assistant de Klaus Badelt. Le score de Margeson pour « Skyline » reste en tout point ordinaire, prévisible et sans surprise, une oeuvre qui manque encore cruellement de personnalité, de maturité. Pourtant, le compositeur remplit parfaitement le cahier des charges et évoque à la fois l’idée de l’invasion, de la terreur et des pertes humaines dans le film. Dès le début de l’histoire, « Don’t Look Up » met en avant des sonorités synthétiques ordinaires pour évoquer une menace qui se rapproche de plus en plus du groupe de survivants. « Abduction » - qui est en fait entendu vers la fin du film - évoque le kidnapping des deux héros dans l’OVNI des aliens en valorisant davantage la trame dramatique et thématique du score : cordes, cuivres et choeurs sont mis ici en avant, avec un thème tragique et puissant assez appréciable dans le film, tandis que les sonorités électroniques - associées aux aliens dans le film - sont toujours présentes, pour rappeler la menace bien réelle qui pèse sur l’humanité. Margeson nous offre par la même occasion quelques solides morceaux d’action comme le frénétique « Escape », dominé là aussi par toute une série de textures sonores électroniques, de cuivres massifs et de percussions agressives. La musique évoque la fuite désespérée des survivants sous l’angle de la tension et de la terreur. On retrouve pour l’occasion des sonorités qui rappellent les scores de chez Remote Control (surtout dans les percussions) tandis que les cuivres se taillent la part du lion, notamment dans le jeu agressif et impressionnant des trompettes et des cors. Le mélange orchestre/synthétiseur opère donc pleinement à l’écran, apportant un sentiment de menace et d’excitation indispensable aux scènes d’action, le tout entrecoupé de passages à suspense dissonants évoquant la terreur et le chaos.

Matthew Margeson nous offre un autre morceau de qualité dans « Ship Down », évoquant l’idée de l’espoir et de la survie de l’humanité pour la scène où le vaisseau alien est abattu et s’écrase sur le sol. Le compositeur développe alors pour cette séquence un thème solennel et puissant assez touchant, bien que malheureusement peu réutilisé par la suite dans le film. On regrettera aussi le côté parfois pâteux et simpliste des orchestrations, qui délaissent quasiment le pupitre des bois pour valoriser encore une fois le traditionnel mélange cordes/cuivres/percussions sans grande originalité. On ressent aussi l’influence du « Transformers » de Steve Jablonsky dans l’écriture de certaines parties orchestrales et l’utilisation de certaines percussions synthétiques. Un morceau plus fonctionnel comme le sombre « Skyline » déçoit par son manque d’idée et de point de vue musical (même si l’on appréciera le recours à des sonorités synthétiques oppressantes pour les aliens), tandis que « They’re Not Dead » développe le thème principal par bribe, entre tension et passages dramatiques, mais sans apporter quoique ce soit de nouveau à la partition. Signalons au passage le séquençage non-chronologique de l’album, qui empêche l’auditeur de réellement ressentir la progression de la musique dans le film, Margeson ayant privilégié les meilleurs morceaux au début du CD pour finir sur les moins intéressants vers la fin - un truc emprunté manifestement à Brian Tyler. Les amateurs de suspense apprécieront néanmoins les dissonances brutales de « Make a Run for It », « Vaya con Dios » et l’oppressant « The Resurrection », les sonorités électroniques macabres de « Inside the Ship » ou la reprise puissante du thème solennel dans le martial et prenant « The Cavalry » (mais qui contient malheureusement un petit couac de trompette à 1:52), sans oublier un dernier solide morceau d’action pour l’affrontement final dans « Final Battle » et la reprise rock/électro survitaminée du thème dans « Damage Control » pour le générique de fin du film.

Vous l’aurez donc compris, Matthew Margeson applique toutes les recettes du genre à la règle, exploitant ses connaissances et un savoir-faire acquis auprès des compositeurs pour lesquels il a travaillé précédemment. Visiblement autant à l’aise dans les thèmes que dans l’action ou le suspense, Margeson signe donc pour « Skyline » un score honnête mais plutôt impersonnel et sans surprise, qui apporte action, suspense et émotion aux films des frères Strause sans laisser de souvenir particulier. Mais ne soyons pas trop sévère pour autant, car pour un premier travail, ce n’est déjà pas si mal que ça ! Espérons que le compositeur saura prendre son envol sur des projets plus intéressants et plus réussis, qui sauront l’inspirer davantage et lui permettre de gagner en maturité et en personnalité : c’est en tout cas tout le mal qu’on lui souhaite !



---Quentin Billard