1-Main Title 3.07
2-Training Montage 2.00
3-The Shuttle 5.02
4-The Computer Room 1.54
5-Friends Forever 2.20
6-In Orbit 3.12
7-White Sands 6.52
8-SpaceCamp 4.06
9-Viewing Daedalus 2.45
10-Max Breaks Loose 2.21
11-Andie is Stranded 4.08
12-Max Finds Courage 2.18
13-Re-Entry 3.55
14-Home Again 3.30

Musique  composée par:

John Williams

Editeur:

Intrada Special Collection Vol.140

Réédition CD produite par:
Douglass Fake
Producteur exécutif CD:
Roger Feigelson
Album original produit par:
Lionel Newman
Monteur musique:
Kenneth Wannberg
Assistant de production:
Regina Fake

Edition limitée à 3000 exemplaires.

Artwork and pictures (c) 1986 ABC Pictures Corporation. All rights reserved.

Note: ***1/2
SPACECAMP
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Williams
« Spacecamp » est une comédie d’aventure réalisée par Harry Winer et sorti en 1986. Le film s’inspire du roman de Patrick Bailey et Larry B. Williams et se déroule dans le milieu du camp d’entraînement spatial d’Huntsville dans l’Alabama. Un groupe de quatre adolescents, Kevin (Tate Donovan), Kathryn (Lea Thompson), Tish (Kelly Preston), Rudy (Larry B. Scott) et un jeune garçon de 12 ans, Max (Joaquin Phoenix), décident de suivre pendant l’été le stage d’entraînement des futurs astronautes américains de la NASA. Ils y font alors la connaissance d’Andie (Kate Capshaw) et de son mari Zach Bergstrom (Tom Skerritt). La première est instructrice et astronaute, chargée du programme d’initiation des enfants au SpaceCamp, frustrée de ne pas encore avoir de mission attitrée, tandis que le second est le directeur du camp et l’un des premiers astronautes américains à s’être posé sur la lune. Un jour, le jeune Max sauve de la destruction le robot Jinx. Ce dernier lui propose alors en échange d’accomplir un de ses rêves : partir en mission dans l’espace. C’est alors que le robot programme en secret l’ordinateur de la NASA, transformant alors la simulation en véritable vol dans l’espace. « SpaceCamp » est malheureusement connu pour avoir été un redoutable échec financier, plombé par de gros problèmes de production. Prévu à l’origine pour novembre 1985, le film a été repoussé plusieurs fois avant de sortir finalement en juin 1986, soit cinq mois après le tragique accident de la navette spatiale américaine Challenger du 28 janvier 1986 qui coûta la vie à sept astronautes. « SpaceCamp » a d’ailleurs souvent été décrit comme un véritable « cauchemar marketing », car il est apparu aux yeux de plus d’une personne que sortir un film sur un sujet pareil cinq mois après l’accident de la navette Challenger - encore très présent dans l’opinion publique américaine - était véritablement indécent. Ceci pourrait certainement expliquer en partie l’échec du film d’Harry Winer au cinéma. Si « SpaceCamp » se laisse regarder avec un certain plaisir, on regrettera le côté souvent idéalisé et enfantin de l’histoire et du traitement des personnages - le film étant manifestement destiné à un public « familial ». Toute la seconde partie du film à bord de la navette dans l’espace paraît tout bonnement invraisemblable et le manque de réalisme du récit fait que l’on y croit difficilement. Reste un casting solide réunissant quelques stars 80’s. Hélas, cela ne suffira pas à en faire un film mémorable ou digne d’un grand intérêt.

La musique de John Williams constitue l’un des rares atouts positifs du film d’Harry Winer. Ecrite à une époque où le compositeur américain était au sommet de son art (« Star Wars : The Empire Strikes Back », « Jaws », « Indiana Jones and the Temple of Doom », « E.T. », « Raiders of the Lost Ark », etc.), la musique de « SpaceCamp » reste évidemment mineure dans la carrière du compositeur face aux mastodontes symphoniques pour les films de Spielberg ou Lucas, mais reste malgré tout une petite partition de qualité très réussie. Alors que les producteurs recherchaient un compositeur capable d’évoquer le sentiment d’aventure, la grandeur de la NASA, l’excitation et la magie de voyager pour la toute première fois dans l’espace, mais aussi le danger pour revenir sur terre, ils se tournèrent rapidement vers John Williams, qui paraissait un choix idéal sur « SpaceCamp » - le maestro atterrit d’ailleurs sur le film suite aux recommandations de son ami Lionel Newman à la Fox. Le compositeur avoua d’ailleurs avoir pris un certain plaisir à travailler sur ce film, qu’il trouva très réussi, distrayant, et pour lequel il en garda un bon souvenir. Le score de « SpaceCamp » utilise toutes les ressources habituelles de l’orchestre symphonique, agrémenté de quelques touches électroniques 80’s discrètes mais néanmoins présentes (choses assez rare chez Williams à cette époque !). Le score illustre tout au long du film l’aventure, l’excitation et le danger avec un thème principal solide, entendu dès le début du film dans le traditionnel « Main Title ». John Williams introduit ce thème par des cors amples et majestueux, sous la forme d’une fanfare solennelle agrémenté de quelques synthétiseurs discrets. Ce thème, constitué de phrases mélodiques ascendantes typiques du compositeur, est associé à la fois à l’univers de la conquête spatiale, de la NASA, mais aussi aux jeunes héros qui partent malgré eux à la découverte de l’espace. Après une introduction absolument typique du maestro américain, le thème trouve écho dans l’inattendu « Training Montage », qui s’empare alors d’un style pop/électro kitsch des années 80, entièrement écrit pour synthétiseurs et boîtes à rythme. Williams cède alors sa patte symphonique à un style musical plus à la mode à cette époque, et typique des musiques des films d’ados eighties. « Training Montage » accompagne d’ailleurs la scène de l’entraînement vers le début du film, tout en développant le thème principal dans un style plus 80’s et daté. Le sentiment d’aventure paraît plus probant dans le superbe « The Shuttle », qui évoque la navette de l’entraînement avec un solide mélange d’excitation et de danger pendant près de 5 minutes. Le thème principal est à nouveau présent, l’accent étant mis ici sur les cuivres, avec, comme toujours chez Williams, des orchestrations très riches et soignées, et un classicisme d’écriture élégant et soutenu.

Williams évoque le robot Jinx dans « The Computer Room » en utilisant à nouveau quelques touches électroniques, et se voit même attitré d’un nouveau thème, une sorte de motif ascendant que l’on retrouve dans « Friends Forever » et dans une version plus sombre pour « White Sands ». La navette Atlantis se voit elle-même illustrée par un thème ample et majestueux de cuivres dans « The Shuttle » et développé dans « The Computer Room ». Avec ses trois thèmes, Williams assure les fondements thématiques solides de sa partition et évoque avec brio les différents aspects du récit, entre l’aventure, l’amitié et le danger. On appréciera par exemple l’intimité apaisée de « Friends Forever » et les synthétiseurs cristallins associés à l’amitié entre Max et Jinx, ou l’enthousiasme de « In Orbit », constitué d’une série de développements autour du thème principal ascendant. Plus sombre, « White Sands » évoque les complications pour nos jeunes héros à bord de la navette perdue dans l’espace. La musique devient alors plus dissonante et menaçante, avec une série de développements thématiques (le thème de la navette, le motif du robot) plus contrastés et nuancés. Les orchestrations restent comme toujours très riches, avec une écriture contrapuntique très soutenue et typique du maestro. On appréciera la façon dont Williams réussit à passer ici d’un instrument à un autre sans aucune discontinuité, l’unité étant assuré par les harmonies dissonantes du morceau et les brefs traits rapides de cordes suggérant une tension permanente, et ce pendant près de 7 minutes. La musique évolue alors rapidement vers de grandes envolées d’aventure entraînantes et enthousiastes typiques du compositeur. Même chose pour l’énergique « SpaceCamp » qui déborde d’enthousiasme et d’une jovialité orchestrale brillante et colorée, rappelant bon nombre de musiques des films de Spielberg. La musique évolue ainsi durant toute la dernière partie du film, entre aventure et suspense - le sombre « Max Breaks Loose », dont les traits instrumentaux rapides à la Bartók annoncent déjà le style du futur « Minority Report ». On retrouve même un John Williams carrément atonal dans le menaçant « Andie is Stranded », dont le caractère dissonant rappelle parfois certaines mesures de « Jaws » ou « Close Encounters of the Third Kind ». John Williams signe donc une solide partition orchestrale pour « SpaceCamp », pleine de fraîcheur, d’enthousiasme et de suspense, une musique vive, riche et colorée qui apporte une énergie toute particulière au film d’Harry Winer, à défaut de briller d’une originalité particulière. Le score de John Williams nous rappelle à quel point le maestro était alors au sommet de son art au milieu des années 80. Voilà en tout cas un score certes mineur mais plutôt intéressant, à redécouvrir grâce à la récente réédition CD publiée par Intrada, à ne surtout pas manquer !



---Quentin Billard