1-The Procedure 2.00
2-Going To Rome 3.10
3-The Accident 2.46
4-The First Exorcism 3.07
5-God's Fingernail 2.27
6-Rosaria Coughs Up The Nails 4.34
7-Michael Remembers/
The Hospital 7.12
8-Angeline's Story 3.02
9-Phone Call To Father 2.02
10-The Terror Is Real 4.24
11-Exorcism Of Lucas Pt 1 7.33
12-The Final Exorcism 6.41
13-The Farewell 7.13

Musique  composée par:

Alex Heffes

Editeur:

Silva Screen SILCD 1356

Album produit par:
Alex Heffes

Artwork and pictures (c) 2011 Warner Bros. All rights reserved.

Note: ***
THE RITE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alex Heffes
« The Rite » s’inspire librement du documentaire « The Rite : The Making of a Modern Exorcist » de Matt Baglio sorti en 2009, qui aborde la formation du métier d’exorciste au Vatican. Réalisé par Mikael Hafström (à qui l’on doit notamment les thrillers « Derailed » et « 1408 »), « The Rite » met en scène un jeune séminariste sceptique, Michael Novak (Colin O’Donoghue), qui, pour fuir une existence terne en compagnie de son père embaumeur (incarné par le trop rare Rutger Hauer), décide de suivre à contrecoeur des cours d’exorcisme au Vatican, organisés par l’Athénée Pontifical Regina Apostolorum. Son formateur, le père Xavier (Ciaran Hinds), constate le scepticisme radical de Novak et lui suggère de rencontrer à Rome un vieil ami, le père Lucas Trevant (Anthony Hopkins), prêtre aux méthodes peu orthodoxes. En compagnie du père Lucas, Michael va découvrir la face cachée du métier d’exorciste et va l’amener à remettre en doute ses propres convictions tout en s’interrogeant sur sa foi et son rapport au Bien et au Mal. Alors que l’on se serait attendu à une énième variante du très imité « The Exorcist » de William Friedkin, le film de Mikael Hafström s’interroge davantage sur le rapport à la foi et les enjeux de la profession d’exorciste, à travers le personnage principal du jeune séminariste en quête de réponse. Le film vaut essentiellement pour ces scènes d’exorcisme assez dérangeantes, et l’interprétation - solide, comme d’habitude - d’Anthony Hopkins, dans un rôle taillé sur mesure, et ce malgré un dernier quart d’heure plus décevant de la part de l’acteur, qui tombe hélas dans le cabotinage un brin excessif. Le film sacrifie parfois la réalité des faits dont s’inspire le réalisateur au profit des scènes-choc et des quelques effets spéciaux - surtout lors de l’exorcisme final. Mais qu’importe, on suit cette histoire terrifiante avec intérêt, un intérêt qui va croissant alors que le personnage principal campé par le jeune Colin O’Donoghue évolue progressivement dans sa quête spirituelle intérieure. Voilà en tout cas un bon thriller surnaturel dans la continuité de « The Exorcism of Emily Rose », avec son lot de possessions démoniaques et d’intrigues religieuses, qui devrait aisément satisfaire les fans du genre.

La musique de « The Rite » a été confiée à Alex Heffes, jeune compositeur britannique et musicien attitré du cinéaste anglais Kevin Macdonald (« Last King of Scotland », « State of Play »). Pour « The Rite », Heffes signe une partition orchestrale sombre et terrifiante dans la lignée des musiques horrifiques de Christopher Young. Le score repose sur un thème principal exposé dès le début du film dans « The Procedure », un thème mystérieux et fragile de piano constitué d’un motif de 5 notes sur fond de nappes synthétiques. Les synthétiseurs apportent ici un caractère atmosphérique à la musique d’Alex Heffes et soulignent le ton moderne voulu par le compositeur sur la musique de « The Rite », nous rappelant que cette histoire se déroule aujourd’hui. Dans « Going To Rome », Heffes utilise alors l’orchestre symphonique habituel en mettant en valeur les cordes, les bois, le piano et les rythmiques synthétiques. Le thème de piano reste d’ailleurs très présent, accompagnant tout au long du film le jeune Michael Novak et sa quête spirituelle. Il évoque clairement la détermination du jeune séminariste sceptique qui cherche des réponses et s’interroge sur sa propre foi. Les cordes accentuent dans « Going To Rome » un sentiment de détermination et d’urgence, avec quelques parties chorales évoquant le Vatican. Dans « The Accident », le compositeur met les bouchées doubles et illustre la scène de l’accident vers le début du film en ayant recours pour la première fois dans le film à un style plus sombre et atonal, à base de cordes dissonantes, de notes vaporeuses de cordes et de choeurs lointains, évoquant ici les doutes et les interrogations intérieures du jeune Novak. Le morceau se transforme alors rapidement en adagio poignant pour la scène où l’adolescente accidentée meurt dans les bras du séminariste - à noter ici l’utilisation très réussie bien qu’assez stéréotypée d’un violoncelle soliste. La musique se radicalise davantage avec le sombre et torturé « The First Exorcism ». Alex Heffes accompagne la première scène d’exorcisme du film avec son lot habituel de cordes dissonantes, de cuivres sombres et de sonorités électroniques angoissantes - l’ombre de Christopher Young semble d’ailleurs planer sur ce morceau.

« God’s Fingernail » calme temporairement le jeu en renvoyant aux sentiments intérieurs de Novak et ses interrogations sur ses propres convictions. Heffes met l’accent ici sur des cordes plus lentes traduisant un sentiment de doute et d’introspection. On retourne dans la terreur et l’angoisse avec l’impressionnant « Rosaria Coughs Up The Nails » et ses clusters dissonants de cordes, de voix quasi surréalistes et de nappes synthétiques obscures, une atmosphère musicale parfaite pour le thème de l’exorcisme. « Michael Remembers/The Hospital » développe d’ailleurs cette ambiance sombre et atmosphérique pendant un peu plus de 7 minutes pour la scène à l’hôpital. Les rythmes synthétiques déterminés de « Going To Rome » reviennent dans « Angelina’s Story » tandis que « Phone Call To Father » alterne entre mystère, tension et mélancolie avec le retour du violoncelle soliste reprenant le thème principal associé à Michael Novak dans le film. La dernière partie du score permet au compositeur de lâcher son orchestre dans une véritable sarabande enragée de terreur pure avec l’obscur « The Terror Is Real » et surtout « Exorcism of Lucas », divisé en deux parties : « Exorcism of Lucas Pt.1 » et « The Final Exorcism ». C’est le personnage torturé d’Anthony Hopkins qui est alors mis en valeur dans ces longs déchaînements orchestraux de terreur pure, entre sursauts orchestraux, sonorités synthétiques angoissantes, effets instrumentaux avant-gardistes et amoncèlement chaotique de dissonances évoquant la possession démoniaque. La musique apporte une certaine intensité à cette longue séquence d’exorcisme final, intensité qui se trouve grandement renforcée par le jeu (sans nuance) d’Anthony Hopkins à la fin du film. En tout cas, les fans de musique horrifique à la Christopher Young devraient apprécier ces deux longs morceaux conclusifs, avant la reprise apaisée de « The Farewell ». Alex Heffes signe donc une partition sombre et terrifiante pour « The Rite », une musique horrifique intense et atmosphérique, qui, bien que très prévisible et sans grande originalité, remplit parfaitement le cahier des charges à l’écran.



---Quentin Billard