1-Chasing the Storm 3.11
2-Prologue 3.09
3-Sons of Odin 1.48
4-A New King 3.01
5-Ride to Observatory 2.10
6-To Jotunheim 2.19
7-Laufey 3.40
8-Frost Giant Battle 4.22
9-Banishment 1.53
10-Crisis in Asgard 2.19
11-Odin Confesses 2.43
12-Hammer Found 1.11
13-Urgent Matter 2.21
14-The Compound 7.40
15-Loki's Lie 1.54
16-My Bastard Son 2.39
17-Science and Magic 2.53
18-The Destroyer 2.57
19-Forgive Me 2.40
20-Thor Kills The Destroyer 1.53
21-Brothers Fight 6.59
22-Letting Go 3.17
23-Can You See Jane? 2.23
24-Earth To Asgard 2.33

Musique  composée par:

Patrick Doyle

Editeur:

Walt Disney Records B001365602

Album produit par:
Patrick Doyle
Monteur musique:
Christopher Benstead, Steve Durkee

Artwork and pictures (c) 2011 Paramount Pictures/Marvel Studios. All rights reserved.

Note: **1/2
THOR
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Patrick Doyle
Quand Kenneth Branagh s’essaie au registre du blockbuster hollywoodien ultra calibré, cela donne « Thor », curieux croisement entre film de super-héros traditionnel et drame Shakespearien plus typique du cinéaste britannique. Inspiré du célèbre comic de chez Marvel, le film de Branagh raconte l’histoire de Thor (Chris Hemsworth), guerrier puissant et arrogant qui vit au royaume mythique d’Asgard - selon la mythologique nordique. Thor est équipé du marteau Mjölnir, duquel il tire tous ses pouvoirs et grâce auquel il maîtrise la foudre. Son père est Odin (Anthony Hopkins), maître des dieux et roi d’Asgard. Un jour, Thor ignore les conseils de son père et déclenche une guerre avec le royaume ennemi de Jotunheim. Pour le punir de son arrogance et de sa stupidité, Odin retire tous les pouvoirs de Thor et le bannit sur terre. Le dieu se retrouve condamné à errer parmi les humains dans la peau d’un simple mortel. Il va alors se lier d’amitié avec une jolie scientifique, Jane Foster (Natalie Portman) et va apprendre à devenir un véritable héros, tandis que son frère Loki (Tom Hiddleston), complote pour prendre le pouvoir à Asgard et s’apprête à envoyer le terrifiant destructeur sur terre afin d’anéantir Thor pour de bon et l’empêcher de revenir au royaume. « Thor » reste donc un film de super-héros plutôt ordinaire, un bon film de commande pour Kenneth Branagh, cinéaste intellectuel et homme de théâtre qui s’essaie pour la première fois au film de super-héros 100% hollywoodien. Que voilà bien une association fort inattendue, et fort heureusement, Branagh n’a rien perdu de sa personnalité et réussit l’exploit rare de mélanger l’intrigue principale du comic originel de Stan Lee et Jack Kirby (inspiré de la mythologie nordique) avec une intrigue plus Shakespearienne d’esprit, entre complot, trahison, manipulation, jalousie et lutte de pouvoir. Branagh s’inspire donc autant du « Thor » d’origine que des classiques de Shakespeare telles que « King Lear », « Hamlet » ou même « MacBeth ». Le film vaut aussi pour la qualité assez exceptionnelle des nombreux effets spéciaux - en particulier pour les scènes se déroulant sur Asgard - et des quelques scènes de bataille qui parcourent un récit somme toute plus shakespearien qu’il n’y paraît. En évoquant la jalousie destructrice de Loki et l’orgueil qui ronge Thor, Kenneth Branagh fait de ses personnages de véritables héros de tragédie grecque même si, film de commande oblige, le cinéaste a été obligé de faire de nombreuses concessions au genre du blockbuster hollywoodien : ainsi, « Thor » est tout de même ankylosé d’un surplus d’effets spéciaux numériques, certains personnages sont plats et inconsistants (les compagnons de Thor, le personnage de Natalie Portman), les touches d’humour ne sont pas toujours bien employées et la 3D n’apporte rien de bien intéressant au film. A noter que le film est un préambule au futur et très attendu « The Avenger » de Joss Whedon, prévu courant 2012, et qui devrait réunir entre autre les héros de « Iron Man », « Thor », « Hulk » et « Captain America ».

Kenneth Branagh retrouve à nouveau son éternel complice Patrick Doyle pour la musique de « Thor ». Le compositeur écossais signe ainsi sa neuvième partition musicale pour un long-métrage du réalisateur britannique. Cette fois-ci, Doyle change quelque peu de registre avec « Thor » et se tourne désormais vers un style musical plus hollywoodien, teinté de percussions synthétiques et de rythmiques modernes. Comble du comble, le compositeur, connu pour son sens du lyrisme et de la mélodie, tombe lui aussi en plein dans les concessions et a dû se plier aux exigences d’une production frileuse, désireuse de retrouver sur « Thor » un son plus proche de l’univers musical de chez Remote Control et toute la bande à Hans Zimmer. Décidément, la mode des musiques d’action made in Zimmer est plus que jamais tenace à Hollywood, et touche de plus en plus des compositeurs symphonistes autrefois considérés comme des musiciens intègres (cf. Alan Silvestri sur « G.I. Joe », Trevor Jones sur « G.I. Jane » mais aussi les récents travaux de Daft Punk sur « Tron Legacy », James Horner sur « Avatar » ou ceux de James Newton Howard et Brian Tyler). Le score de « Thor » est l’exemple même de la musique d’action hollywoodienne d’aujourd’hui, dans laquelle les compositeurs sont obligés d’adopter des schémas musicaux préconçus. Ne soignez donc pas étonné si, en écoutant la musique de « Thor », vous reconnaîtrez des accords à la Hans Zimmer, des sonorités à la Steve Jablonsky ou des rythmes à la Ramin Djawadi. Le résultat est pourtant très réussi dans le film. Après une introduction relativement sombre (« Chasing the Storm ») dans laquelle Doyle utilise les cordes du prestigieux London Symphony Orchestra et quelques parties chorales, la conclusion du morceau introduit tout un lot de percussions ‘action’ musclées qui seront au coeur même de la partition de « Thor » : ce sont d’ailleurs ces percussions qui apportent un côté « Remote Control » totalement impersonnel au score de Patrick Doyle et qui paraissent parfois de trop sur les images. Dans « Prologue », les percussions fonctionnent encore, avec un orchestre couplé à des choeurs grandioses mais une écriture orchestrale assez simpliste pour du Doyle, à base de choeurs, de cuivres et d’ostinatos de cordes tendance « The Dark Knight » de Zimmer. La musique réussit pourtant à illustrer l’immensité fabuleuse du royaume d’Asgard et les pouvoirs mythiques de Thor, le compositeur en profitant pour annoncer et développer pour la première fois le thème principal associé à Thor dans le film, thème ample, majestueux et solennel qui n’est pas sans rappeler certains thèmes de « Hamlet » ou même « Henry V ».

Dans « Sons of Odin », on retrouve cette idée de solennité avec un deuxième thème attaché aux splendeurs du puissant royaume d’Odin constitué d’harmonies majestueuses des cuivres sur fond de cordes virevoltantes et de percussions martelées. Dommage cependant qu’ici aussi la simplicité des rythmes et le caractère étrangement plat des orchestrations (très peu de bois utilisés) nous renvoie clairement à du Steve Jablonsky façon épilogue de « The Island », d’autant que les percussions paraissent parfois totalement inutiles et surchargées sur les images - on a parfois l’impression étrange qu’elles ont été simplement ajoutées sur les images pour rendre la musique plus ‘moderne’ et plus proche des goûts du public actuel, là où un accompagnement orchestral normal et sans percussion aurait fonctionné tout aussi bien si ce n’est mieux. Que voilà donc un bien étrange parti-pris musical de la part de Patrick Doyle, épousant ici le son et les tics de l’univers musical d’Hans Zimmer et de toute sa bande. Le thème solennel de Thor revient dans « A New King », pour la scène du couronnement (avorté) de Thor. Ici aussi, la majestuosité de l’orchestre renvoie à certaines partitions shakespeariennes plus anciennes de Patrick Doyle, même s’il est regrettable de retrouver encore une fois les percussions ‘action’ un brin envahissantes et assez surfaites sur les images. C’est le cas notamment de « Ride to Observatory », où le thème majestueux d’Asgard « Sons of Odin » revient, tout comme « To Jotunheim » et ses ostinatos de cordes simplistes. La musique devient plus sombre lors de la scène d’affrontement avec « Laufey », privilégiant davantage les cordes du LSO, tandis que l’action prend le dessus sur le percussif et cuivré « Frost Giant Battle » lors de la séquence de la bataille contre les géants des glaces, premier grand morceau d’action malheureusement gâché par un style totalement impersonnel, mais qui apporte suffisamment d’énergie et d’excitation à cette scène d’action. Certains passages plus dramatiques apportent un semblant d’émotion comme « Science and Magic » et son écriture plus lyrique et suave des cordes évoquant la romance naissante entre Thor et Jane, « Letting Go » et son utilisation touchante du piano ou « Can You See Jane ? » et sa très belle partie de violoncelle soliste. On appréciera pour finir l’ultime reprise grandiose et épique du thème principal dans « Earth to Asgard » pour le générique de fin.

« Thor » reste donc un score frustrant sur plus d’un point, car assez réussi dans le film mais incroyablement impersonnel et anecdotique dans la carrière d’un compositeur pourtant talentueux comme Patrick Doyle. Jusqu’à présent, sa collaboration avec Kenneth Branagh était quasiment un sans-faute, mais avec « Thor », le compositeur semble décevoir quelque peu pour la première fois, alors que l’on était en droit d’attendre autre chose sur un film pareil qu’une banale musique d’action épique à la Remote Control. Voilà donc un score épique fonctionnel et réussi sur les images, mais qui risque fort d’en décevoir plus d’un par son manque de personnalité, sa trop grande simplicité (orchestrations plates, percussions envahissantes, ostinatos de cordes entendus 1000 fois auparavant, etc.) et ses trop nombreuses concessions faites à un univers musical qui n’a rien à voir avec celui de Patrick Doyle !



---Quentin Billard