1-Infinity 4.06*
2-Main Title 3.07
3-That Truck Is A Horse
Of Death 1.26
4-The Mechanics of Vann 1.02
5-At Home 1.18
6-Rancheros Bolero 1.24
7-Postal Shuffle 1.49
8-Scatback's Daydream 1.12
9-Lab Rat 0.40
10-The Funeral 1.20
11-On The Job 0.24
12-Hunt for Gene 2.16
13-Christmas 1.18
14-Soft Shoe Shuffle 2.05*
15-Under The Sheets 1.18
16-Hampton's Devil 1.37
17-The Pouch Song 4.23*

*Ecrit et interprété par
Bryony Atkinson & Inara George.

Musique  composée par:

Marco Beltrami

Editeur:

Varèse Sarabande VSD-6043

Produit par:
Marco Beltrami
Producteur exécutif de l'album:
Robert Townson
Monteur musique:
James Flatto
Supervision de la musique:
Barry Cole, Christopher Covert
Assistant superviseur:
Matthew Abbott
Direction de la musique:
Phil Carson

Artwork and pictures (c) 1999 Shooting Gallery. All rights reserved.

Note: ***
THE MINUS MAN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Marco Beltrami
Adaptation cinématographique du roman éponyme de Lew McCreary, « The Minus Man » est un thriller dramatique réalisé par Hampton Fancher, mettant en scène Owen Wilson dans un rôle à contre-emploi, à des années lumières des personnages légers et rigolos qu’il joue habituellement dans des comédies. Vann Siegert (Owen Wilson) est un jeune homme calme et simple qui se déplace de ville en ville selon son bon vouloir. Vann paraît en tout cas suffisamment sympathique et accessible pour que la plupart des gens réussissent à se confier à lui. C’est alors que Vann arrive dans une petite ville de la Côte Ouest des Etats-Unis, où il fait la connaissance d’un vieux couple, Doug (Brian Cox) et Jane Durwin (Mercedes Ruehl). Charmés par l’innocence et la sympathie de Vann, les Durwin décident de l’héberger chez eux, dans la chambre de leur fille disparue. Grâce à Doug, Vann réussit à décrocher un emploi au bureau de poste local en tant que facteur, et ce en pleine époque de Noël. C’est en travaillant que Vann rencontre Ferrin (Janeane Garofalo), qui va tomber amoureuse de lui. Mais ce que toutes ces personnes ignorent, c’est que le jeune Vann est en réalité un serial-killer froid et manipulateur, qui commet ses méfaits en sélectionnant judicieusement ses victimes en fonction de ce qu’elles racontent au sujet de leur vie. Les choses se compliquent en ville le jour où Vann assassine discrètement une star de l’équipe de football locale en l’empoisonnant mortellement avant de l’enterrer au bord de la plage. La police et la population recherche alors activement le jeune homme, mais en vain. Pendant ce temps, Vann continue de mener sa petite vie tranquille, comme si de rien n’était. Le personnage d’Owen Wilson dans « The Minus Man » reste donc l’élément majeur du film d’Hampton Fancher, dévoilant le portrait d’un serial-killer atypique, jouant davantage sur son charme naturel, son accessibilité et sa simplicité que sur son machiavélisme ou sa violence. A vrai dire, le tueur explique lui-même qu’il n’a jamais recours à la violence pour assassiner ses victimes - utilisant constamment la méthode du poison - et qu’il choisit rigoureusement ses victimes selon plusieurs critères. Hélas, le film insiste tellement sur le portrait psychologique et intimiste du personnage d’Owen Wilson qu’il finit par lasser à cause d’un manque de rythme flagrant, du caractère monotone et impersonnel de la mise en scène. Reste quelques bonnes idées, comme les nombreuses scènes où Vann s’imagine en compagnie de deux détectives imaginaires (Dwight Yoakam et Dennis Haysbert) qui symbolisent sa conscience torturée et le questionnent sur ses crimes et ses motivations. Thriller inhabituel et extrêmement lent, « The Minus Man » ne convaincra que les amateurs de cinéma d’auteur indépendant, hors des sentiers battus, les autres risqueront de bailler tout le long du film.

La musique de « The Minus Man » a été confiée à Marco Beltrami. Révélé en 1996 pour sa splendide partition horrifique pour le « Scream » de Wes Craven, Beltrami a entamé depuis bien longtemps son ascension dans l’univers de la musique de film hollywoodienne, multipliant les projets avec un éclectisme rare, qu’il s’agisse des blockbusters comme des films indépendants. Sa musique pour « The Minus Man » reste assez particulière dans son genre, un score aux sonorités assez inventives qui joue sur les non-dits et les apparences, évoquant à la fois la simplicité naturelle de Vann Siegert et sa face obscure cachée - un serial-killer décidément bien atypique, à des années lumières des Hannibal Lecter et autre Norman Bates ! Le score de Marco Beltrami repose avant tout sur un thème principal aux sonorités cristallines et éthérées à la fois mystérieuses et étrangement douces, introduit par un harmonica de verre et une voix féminine fragile. Ce motif de 3 notes est associé tout au long du film au personnage d’Owen Wilson, et apporte une fragilité ambiguë assez inattendue à ce personnage de serial-killer, tout en évoquant la solitude intérieure du jeune homme et son apparente douceur (faussement) rassurante. Beltrami annonce d’emblée la couleur en jouant avec inventivité sur une instrumentation étoffée et recherchée à partir d’un petit groupe de musiciens, mélangeant ainsi voix féminine, harmonica de verre, percussion métallique, piano, violon et guitares (incluant la dobro). Les instruments créent un rythme soutenu tout au long du « Main Title », avec une mélodie étrangement mélancolique et touchante développée entre le piano et le violon sur fond d’ostinato rythmique de hang drum, percussion métallique au son assez caractéristique. Beltrami apporte à sa musique quelques éléments folk/blue grass qui rappellent la musique du sud de l’Amérique et souligne les décors ruraux « americana » du film (un peu comme il le fera plusieurs années plus tard dans « In The Electric Mist » en 2009). On pense immédiatement ici au style plus minimaliste et atypique de Thomas Newman, un style que Beltrami semble avoir quelque peu emprunté ici à la demande du réalisateur, qui souhaitait ainsi éviter l’approche orchestrale habituelle sur « The Minus Man », privilégiant au contraire une formation instrumentale plus éclectique et restreinte.

Si le « Main Title » pose la couleur et le style global de la partition de « The Minus Man », « That Truck Is A Horse of Death » prolonge cette ambiance particulière voulue par le compositeur en créant un sentiment de doute et de mystère quand aux réelles motivations de Vann dans le film. La musique oscille ainsi tout au long du film entre une certaine poésie étrange et un sentiment de crainte sous-jacent et subtil, qui évite le piège facile de la musique dissonante ou cacophonique que l’on entend habituellement dans les thrillers hollywoodiens. L’utilisation de percussions dans « Mechanics of Vann » décrit de façon mécanique la façon avec laquelle Vann calcule - froidement - ses meurtres. La précision et la réflexion de ses actes est suggérée ici par l’utilisation de percussions mélodiques diverses qui rappellent ici aussi l’éclectisme minimaliste d’un Thomas Newman. Le thème principal revient hanter la partition dans le mélancolique et solitaire « At Home », « Christmas » ou « The Funeral », tandis qu’un morceau comme « Rancheros Bolero » apporte une ironie mordante au film, avec son ostinato rythmique de boléro avec percussions diverses (incluant cymbales, tambourin et crotales), dobro, violon et piano. Ici aussi, l’ironie est matinée d’un soupçon d’inquiétude illustrant l’ambigüité du personnage d’Owen Wilson dans le film. « Postal Shuffle » et « On the Job » évoquent le quotidien de Vann à son travail avec, ici aussi, une certaine forme d’humour par le biais de rythmes de guitares folk/blue grass agréables et entraînants. La musique évolue ainsi tout au long du film, entre doute, mélancolie intimiste et rythmes folk avec une instrumentation inventive et minimaliste, comme nous le rappelle le poignant « Hunt for Gene », lorsque la population locale recherche le joueur de foot disparu. L’aventure inquiétante de Vann se conclut avec le sinistre « Hampton’s Devil », unique morceau dissonant et chaotique du score de « The Minus Man », où les percussions et les différents solistes (accompagnés ici de synthétiseurs aigus étranges) créent une ambiance angoissante lorsque Vann quitte la ville à la fin du film après avoir croisé une dernier fois la policière qui semble le reconnaître - c’est l’occasion pour Marco Beltrami de nous rappeler le temps d’un morceau son talent pour les musiques horrifiques période « Scream »/ « Mimic ». Vous l’aurez donc compris, Beltrami signe pour « The Minus Man » une partition minimaliste et étonnante, qui doit autant à l’inventivité du compositeur qu’à un style plus proche des travaux de Thomas Newman sur des films de ce genre. Le musicien d’origine italienne fait donc preuve ici d’une certaine inventivité dans l’utilisation d’une instrumentation éclectique et restreinte, retranscrivant parfaitement à l’écran les actes et le quotidien d’un serial-killer aussi atypique que la musique elle-même, une bonne découverte pour ceux qui souhaiteraient entendre un Marco Beltrami minimaliste, à des années lumières de ses grosses partitions hollywoodiennes habituelles !



---Quentin Billard