1-The Big Apple Juice 1.54
2-Cirque Du Parté-Crasher 1.45
3-Manhattan Tow-Truck 2.46
4-Ghetto A La Hollyweird 1.30
5-He Head/She Dead 1.29
6-Big Girls Don't Cry 2.23*
7-Where Have You Gone, L.Ron? 3.06
8-Transit Authority 2.12
9-Gas Attack 2.08
10-Killer Lang 1.48
11-Smoking Gun II 3.29
12-Top Of The World 4.32
13-The Good, The Badge
and The Ugly 1.55
14-Run Around Sue 2.43**

*Interprété par The Four Seasons
Ecrit par Bob Gaudio, Bob Crewe
**Interprété par Dion
Ecrit par Ernest Maresca
et Dion DiMucci.

Musique  composée par:

Arthur B. Rubinstein

Editeur:

Varèse Sarabande VSD-5315

Produit par:
Arthur B. Rubinstein
Producteur exécutif:
Robert Townson
Assistant de production:
Tom Null

Artwork and pictures (c) 1991 Universal City Studios Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE HARD WAY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Arthur B. Rubinstein
Buddy movie détonnant réalisé par John Badham et sorti en 1991, « The Hard Way » (La manière forte) nous offre un duo étincelant que tout semble opposer, James Woods et Michael J. Fox. Le premier, John Moss (Woods) est un flic new-yorkais grincheux et brutal qui traque un redoutable serial-killer, le second, Nick Lang (Fox), est une célébrité du cinéma hollywoodien qui cherche à donner un nouvel élan à sa carrière en incarnant dans son prochain film un policier héroïque et intrépide. C’est alors que Lang devient le co-équipier de John Moss, le suivant dans toutes ses enquêtes avec un intérêt constant : pour Nick Lang, il s’agit avant d’étudier les moindres faits et gestes de Moss afin de s’en inspirer pour son prochain film. Mais Moss n’apprécie guère la star hollywoodienne qu’il va constamment malmener au fil de ses enquêtes, l’entraînant dans de nombreuses péripéties à la poursuite du tueur fou (Stephen Lang) alias le ‘party crasher’. « The Hard Way » reprend donc les formules habituelles du buddy movie traditionnel hérité d’une longue lignée de comédies d’action des années 80 telles que « 48 Hours », « Beverly Hills Cop » ou la saga des « Lethal Weapon ». Rien de bien neuf à l’horizon donc, le film de John Badham mélangeant agréablement action, fusillades et humour avec un intérêt constant. Le duo James Woods/Michael J. Fox fonctionne à la perfection, face à un Stephen Lang en roues libres dans la peau du tueur déjanté. « The Hard Way » reste donc un bon divertissement, mâtiné d’un zest d’action et d’autodérision.

Le compositeur Arthur B. Rubinstein retrouve à nouveau le réalisateur John Badham pour lequel il signe sur « The Hard Way » sa cinquième partition pour un film du réalisateur britannique après « Whose Life Is It Anyway ? » (1981), « Blue Thunder » (1983), « WarGames » (1983) et « Stakeout » (1987). Le score de « The Hard Way » fait la part belle à l’orchestre et aux rythmes jazzy/électronique rappelant par moment « Stakeout », le tout mâtiné d’un soupçon d’humour. Dès les premières minutes du film, Arthur B. Rubinstein nous plonge dans une ambiance festive pour l’introduction avec « The Big Apple Juice », mélangeant les styles avec brio : percussions latinos, saxophones jazzy, sonorités asiatiques, et première apparition du thème principal associé à Nick et John dans le film, thème rythmé et entraînant brillamment interprété ici par une section de cuivres jazzy savoureuse sur fond de percussions d’Amérique du sud, une superbe introduction festive idéale pour rentrer en grande pompe dans la partition de « The Hard Way ». Dans « Cirque du Parté Crasher », Rubinstein introduit son deuxième thème, mélodie plus sombre et menaçante associée au tueur fou brillamment interprété par Stephen Lang dans le film. Le thème est interprété par un saxophone sur fond de synthétiseurs atmosphériques sombres. Le compositeur évoque la folie du serial-killer en mélangeant les rythmes et les sonorités de façon quasi cacophoniques, évoquant l’univers du cirque de façon quasi grotesque et faussement ridicule, instaurant un malaise évident à l’écran par le biais de ses sonorités synthétiques très « années 80 » (une constante chez le compositeur). La poursuite en camion vers le début du film (« Manhattan Tow-Truck ») permet à Rubinstein de nous offrir un premier solide morceau d’action développant le thème du ‘party crasher’ par le biais de cordes, cuivres et rythmiques électroniques soutenues. Comme d’habitude, Rubinstein se montre particulièrement à l’aise dans les musiques d’action et les thèmes, qu’il soigne toujours avec un intérêt constant - « Manhattan Tow-Truck » annonce d’ailleurs clairement le style du futur « Nick Of Time » (1995). La musique apporte un sentiment d’excitation et de frénésie tout au long de la poursuite en maintenant un ostinato rythmique mi-acoustique mi-électronique assez impressionnant.

Dans « Ghetto A La Hollyweird », Rubinstein évoque l’univers urbain d’un ghetto malfamé que partent visiter John Moss et Nick pour les besoins de l’enquête. Le compositeur utilise ici une série de percussions diverses avec quelques cordes et quelques vents reprenant le thème principal des deux compères, le tout sur fond de sonorités synthétiques diverses. Alternant ses deux thèmes tout au long du film, Rubinstein nous propose ensuite un nouveau développement intéressant du thème du bad guy dans « He Head/She Dead » avec un violon samplé étrange et des orchestrations très soignées, mélangeant ici aussi orchestre et électronique avec brio. Le personnage de Stephen Lang semble ainsi avoir particulièrement inspiré Arthur B. Rubinstein qui nous offre ainsi de très bons développements sombres et inventifs autour de son thème. Mais à la noirceur déjantée du ‘party crasher’, Rubinstein répond aussi par une série de morceaux plus jazzy et entraînants comme « Where Have You Gone, L.Ron ? », évoquant l’univers des polars/films noirs traditionnels d’Hollywood, d’où provient d’ailleurs Nick Lang dans le film. Le morceau s’apparente ici à un superbe slow jazzy langoureux pour saxophone, trombone et section rythmique traditionnelle. La dernière partie du film permet au compositeur de mélanger action et tension avec un enthousiasme toujours constant avec « Transit Authority » et sa rythmique pop/funky urbaine sur fond de cuivres massifs, de guitare électrique et de steel bands tropicaux. Avec « Smoking Gun II », Rubinstein nous offre un superbe climax d’action pour la scène du film « Smoking Gun II » qui passe dans une salle de cinéma. Rubinstein joue ainsi sur le thème classique du film dans le film en nous offrant un superbe morceau d’action au cours de cette séquence-clé de « The Hard Way », développant le thème principal dans une superbe envolée héroïque savoureuse et des orchestrations très soignées et colorées (bois virevoltants, ponctuations de xylophone, cuivres syncopés, etc.), délaissant pour l’occasion les synthétiseurs du début afin d’asseoir un son volontairement plus hollywoodien pour l’univers des films d’action d’où provient l’acteur Nick Lang dans le film. L’action aboutit ensuite à l’affrontement final dans le frénétique et superbe « Top of the World » et la conclusion triomphante et cuivrée de « The Good, The Badge & The Ugly ». Arthur B. Rubinstein signe donc un très sympathique score d’action pour « The Hard Way », partagé dans le film entre rythmiques synthétiques urbaines, passages jazzy savoureux et morceaux d’action orchestraux extrêmement solides et maîtrisés, le tout illustrant parfaitement le mélange comédie/action du film. Sans être la meilleure partition qu’ai écrit le compositeur pour un film de John Badham, « The Hard Way » nous rappelle néanmoins l’extrême professionnalisme d’un compositeur au style très personnel, mais malheureusement injustement tombé dans l’oubli, un très bon score d’action à redécouvrir en même temps que les autres oeuvres d’Arthur B. Rubinstein pour les films de John Badham !



---Quentin Billard