1-Main Titles 4.43
2-Escaping The Smokers 3.49
3-The Atoll 1.42
4-Prodigal Child 1.54
5-Smokers Sighted 2.10
6-Swimming 4.15
7-The Skyboat 3.54
8-National Geographics 1.46
9-Speargun 1.44
10-The Bubble 3.23
11-Helen Frees The Mariner 3.27
12-Helen Sews 0.50
13-Slide For Life 4.51
14-Half An Hour 4.36
15-We're Gonna Die 2.02
16-Arriving At The Deez 4.28
17-Deacon's Speech 3.52
18-Haircuts 1.32
19-Gills 1.59
20-Why Aren't You Rowing? 2.38
21-Balloon Flight 0.48
22-Dry Land 1.48
23-Mariner's Goodbye 3.15
24-Main Credits 2.18

Musique  composée par:

James Newton Howard

Editeur:

MCA Records
MCD 11282

Produit par:
James Newton Howard
Co-Produit par:
Michael Mason
Chargé de la musique
pour MCA Soundtracks:
Kathy Nelson
Chargé de la musique
pour Universal Pictures:
Harry Garfield
Monteur de la musique:
Jim Weidman
Assistant monteur:
David Olson

Artwork and pictures (c) 1995 Universal City Studios, Inc./MCA Records, Inc. All rights reserved.

Note: ****
WATERWORLD
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Newton Howard
'Waterworld'...sans aucun doute l'un des plus gros bides de l'année 1995, pour ne pas dire LE bide majeur de cette année, avec le massif 'Cutthroat Island' de Renny Harlin, qui a aussi atteint des sommets dans le plantage total au box-office. Il faut dire que le réalisateur Kevin Reynolds et son équipe n'ont pas été gâtés. D'abord, concernant Kevin Costner (qui aurait soi-disant terminé le tournage du film après le départ du réalisateur avant la fin du film), il faut savoir que l'un de ses précédents films, 'Wyatt Earp', avait déjà été un bide total. Manque de bol pour lui, il a encore choisi le mauvais projet. Deuxio, il ne faut non plus oublier que la production du film a investit une tonne d'argent dans un film qui a à peine réussi à rembourser la moitié du budget (plus de 175 millions de dollars, ce qui faisait de 'Waterworld' l'un des films les plus chers de l'histoire du cinéma en 1995 avant 'Titanic'), sans oublier le fait que l'immense atoll artificiel construit pour les besoins du film a été englouti et totalement détruit par une tornade. 'Waterworld', un film maudit? C'est possible, mais pas forcément pour tout le monde. D'un point de vue du scénario, rien de bien extraordinaire: on découvre la terre du futur, recouverte par tous les océans qui ont envahis les continents. Les survivants se sont regroupés dans des atolls artificiels construits afin de survivre, faute de mieux. Certains se sont même adaptés à ces nouvelles conditions de vie, comme c'est le cas du mystérieux Mariner (Kevin Costner), une sorte de mutant qui possède la capacité de respirer sous l'eau et qui a des pieds palmés. Arrivé sur un atoll artificiel, Mariner achète des provisions en échange d'un peu de terre (devenue rarissime dans ce monde). Après l'attaque des smokers, une bande pirates qui sillonnent les mers à la recherche de la mythique terre de 'Dry Land', Mariner réussit à s'échapper de l'atoll où les habitants l'avaient fait prisonniers. Il emmène avec lui Helen (Jeanne Tripplehorn) et une jeune fille intrépide de 10 ans nommée Enola (Tina Majorino). Mariner se montre vite brutal et peu enclin aux relations humaines. Il sait qu'Enola porte une mystérieuse carte inscrite dans son dos, indiquant la direction vers Dry Land, mais il n'en a que faire, étant donné qu'il n'a jamais cru à l'existence de cette terre mythique. Les smokers, eux, ne sont pas du même avis, et vont tout faire pour retrouver Enola et éliminer Mariner et Helen, mais c'est sans compter sans la ruse et la détermination du super héros de service, qui commence déjà à s'attacher à la petite fille et qui ira même jusqu'à combattre Deacon (Dennis Hopper), le chef des smokers, dans son propre Q.G.

'Waterworld' est donc le film d'aventure basique et typiquement hollywoodien, où le héros joue au gros dur et sa la pète durant tout le film (du genre, il accompli des cascades invraisemblables, vise toujours juste, s'en tire toujours comme un surhomme, etc.). Véritable anti-héros au commencement, le personnage méprisant de Kevin Costner finit par devenir plus humain au contact d'Enola et d'Helen, qui, à peine rencontrée, est déjà prête à s'offrir à lui au bout de dix minutes (ah là là, ce Kevin Costner, quel tombeur!). Ici, ce sont véritablement les méchants qui mènent le spectacle, avec un excellent Dennis Hopper passé maître dans l'art d'interpréter des méchants sans scrupules et un peu timbrés. On sent que l'acteur s'est particulièrement bien amusé à camper le rôle de Deacon, le chef des smokers. A noter une chose amusante: ici, les méchants sont des fumeurs qui vivent sur une immense épave d'un pétrolier connu pour avoir provoqué une marée noire dans la vraie vie. Evidemment, le gentil, lui, n'a rien de tous ces attributs (si ce n'est pas du manichéisme typiquement hollywoodien ça!). Avec quelques scènes d'action sympas, de bonnes bagarres et des effets spéciaux normaux sans plus (du moins pour l'époque), 'Waterworld' se laisse regarder au moins une fois (genre un Dimanche soir lorsqu'on s'ennuie ferme) avant de finir aux waters, comme son titre l'indique. Encore un gros nanar typiquement hollywoodien que vous pourrez regarder en laissant votre cerveau au vestiaire!

Après le renvoi de Mark Isham, qui devait composer la musique à l'origine, c'est finalement James Newton Howard qui été engagé pour écrire la musique de 'Waterworld', ce qui n'est pas plus mal étant donné le résultat final, absolument splendide! Avec le formidable 'Cutthroat Island' de John Debney, 1995 aura décidément été une année riche en partitions épiques à Hollywood, car le score de 'Waterworld' fait irrémédiablement partie de ce grand répertoire symphonique épique que chérissent tant certains producteurs hollywoodiens. La partition orchestrale de 'Waterworld' fait preuve de tout le savoir-faire d'un compositeur alors au sommet de son art à cette époque, et qui n'avait même pas encore signé ses géniales partitions musicales pour les films de Shyamalan. Avec son traditionnel et mystérieux 'Main Titles', James Newton Howard donne immédiatement le ton du score: avec des synthés atmosphériques new-age et des sonorités exotiques qui évoquent ce monde futuriste des océans, Howard nous plonge dans un autre monde qui semble revenir à un état primitif, d'où l'utilisation de flûtes de pans et des excellentes percussions tribales. C'est aussi l'occasion pour le compositeur de nous donner à entendre brièvement un choeur qui restera omniprésent tout au long du film, synonyme d'aventure épique et de grandeur. Howard fait manifestement dans le 'gigantisme' ici, avec une grande formation orchestrale et une impressionnante chorale, sans oublier son lot de percussions, d'instruments exotiques et de synthétiseurs. Pour un film d'aventure aussi énorme, on ne pouvait rêver de meilleure illustration musicale!

La musique s'accorde alors au diapason de l'aventure dans l'excitant 'Escaping The Smokers', premier véritable morceau d'action massif du score, illustrant la séquence où Mariner échappe aux smokers au début du film. Cuivres, cordes et percussions entament alors un rythme marqué et effréné avant que les percussions tribales ne lancent une nouvelle rythmique où surgit le superbe thème principal du score, traditionnel thème cuivré et héroïque illustrant les exploits de bravoure de Mariner. On appréciera la façon dont James Newton Howard va jongler avec ce thème tout au long de sa partition, le remodelant sous différentes variantes tout au long du film (à commencer ce morceau lui-même). Mémorable, le thème principal de 'Waterworld' servira ainsi de balise musical voire de leitmotiv pour illustrer Mariner au cours de son aventure. Plus mystérieux et intrigant, 'The Atoll' décrit son arrivée dans l'atoll artificiel avec un orchestre et des choeurs un peu plus sombres, toujours synonymes de grandeur. C'est dans 'Prodigal Child' que se profile le second thème du score, thème plus léger avec un côté doux et rêveur, entendu ici par une flûte et repris par les vents et les cordes. Ce second thème évoque la quête de Dry Land, d'où le côté un peu rêveur qui illustre l'aspect quasi féerique que représente cette terre 'promise' salvatrice.

James Newton Howard nous prouve avec une pièce comme 'Smokers Sighted' (attaque de l'atoll par les smokers) qu'il est décidément un grand maître de la musique d'action et que les enseignements de Jerry Goldsmith sur 'The Fugitive' lui ont décidément beaucoup servis. Mais loin de se contenter de mimer la musique d'action de Goldsmith, James Newton Howard développe un véritable style orchestral personnel et asseoit sa propre personnalité musicale. A l'écoute de 'Smokers Sighted' (hélas raccourci sur l'album par rapport au film), difficile de ne pas reconnaître le style du compositeur. Dans 'The Skyboat', la musique se veut encore plus massive, toujours accompagné par des cuivres tonitruants, des percussions martiales excitantes à souhait et une chorale grandiose. Howard évoque ici de manière puissante la séquence où Mariner et Helen affrontent l'avion des smokers qui tourne autour du bateau de Mariner. On appréciera ici une variante de la tête du thème principal de Mariner transformé de manière plus puissante et épique ici, accompagnée par des percussions exotiques électroniques. De la même façon, l'excitant 'Helen Frees The Mariner' nous plonge dans une ambiance épique lors de la séquence où Helen aide Mariner à s'échapper de l'atoll attaqué par les smokers. Une fois encore, James Newton Howard nous propose ici une relecture du terme 'puissance' à travers un grand déchaînement orchestral massif et excitant, cuivres tonitruants, percussions martiales et cordes agitées mises en avant. Impossible de ne pas se laisser entraîner ici par la superbe reprise héroïque du thème de Mariner aux trompettes, sous la forme d'une chevauchée épique avec choeurs puissants, qui illustre à merveille ce grand moment de bravoure (un peu comme dans le non moins puissant tour de force orchestral qu'est 'Slide For Life' dans la scène où Mariner va sauver Enola), et ce malgré le fait que la musique est injustement sous-mixée dans le film et noyée sous des tonnes d'effets sonores et de bruitages en tout genre.

D'un autre côté, des morceaux plus calmes et atmosphériques comme le superbe et envoûtant 'Swimming' ou le mystérieux 'The Bubble' viennent calmer le jeu en apportant un peu de relief à ce brillant score d'action massif. 'Swimming' (l'un des morceaux incontournables du score de 'Waterworld'), illustre la séquence où Mariner et Enola nagent ensemble dans l'eau. Ici, point de percussions martiales, de cuivres agressifs et de cordes tendues. Howard met ici en place un petit ostinato mélodique de harpe avec une utilisation remarquable des synthétiseurs new-age qui apportent à cette séquence une lumière particulière. Howard apporte à cette séquence un calme véritablement envoûtant qui décrit la beauté poignante de la mer et l'aspect serein de cette très belle séquence, agrémenté d'un soupçon de nostalgie qui évoque quelque part l'idée de la quête d'une paix intérieure pour Mariner, d'où, peut-être, le fait qu'il commence à s'attacher à la petite fille. Véritablement planante, la seconde partie de 'Swimming' fait appel à des synthétiseurs new-age quasi féeriques, agrémentés d'une mystérieuse vocalise lointaine de la soprano Marisa Chandler (elle pourrait évoquer quelque part le son de la mer, voire celui des sirènes). De la même façon, le sombre 'The Bubble' évoque d'un calme quasi étrange la séquence où Mariner et Helen descendent dans les profondeurs et découvrent la ville engloutie. Les synthétiseurs évoquent une fois encore la beauté de l'immense sous-marine, tandis que les choeurs illustrent de façon grandiose l'étonnante découverte au fond de l'eau. Toujours dans le domaine du calme paisible, 'We're Gonna Die' nous permet de réentendre le très beau thème Dry Land repris de manière intime et douce par une clarinette, puis par une flûte et quelques cordes.

Toute aventure possède à un moment donné un moment particulièrement sombre et frissonnant. C'est le cas ici avec le sinistre 'Half An Hour', dans lequel on devine le goût de James Newton Howard pour les ambiances atonales et glauques. Le morceau accompagne la séquence avec l'inconnu qui monte à bord pour faire du troc avec Mariner, et qui est sur le point de violer Helen qu'il croit avoir acheté, et ce avant que le héros n'en change d'avis (et oui, il ne serait plus un héros sinon!). On appréciera ici l'utilisation de synthés sombres avec des cordes particulièrement tendues et pesantes, qui créent un climat d'incertitude et de menace par le biais des traditionnels effets de dissonances, de glissendi, de tremolos, de clusters (la seconde partie du morceau illustre la scène de la pêche, avec le retour des percussions tribales du 'Main Titles'), etc. De la même façon, 'Arriving At The Deez' installe un climat de suspense assez sinistre pour la séquence où Mariner arrive au Q.G. de Deacon et rentre discrètement dedans en supprimant tous les smokers qui se trouvent sur son chemin. On appréciera ici l'utilisation d'une ligne de basse de synthé qui renforce le côté sombre du morceau, jusqu'à l'explosion finale sur un rythme martial illustrant l'attaque de Mariner.

On atteint un sommet de la partition de 'Waterworld' avec l'excitant et rythmé 'Deacon's Speech', formidable illustration de ce que peut apporter un excellent ostinato rythmique à l'écran, pour la séquence du speech de Deacon pour motiver ses troupes à la quête de Dry Land, la terre promise. Impossible ici aussi de ne pas attribuer le terme 'épique' à cet excellente pièce orchestrale au rythme martelé, aux choeurs grandioses et aux cuivres plus puissants que jamais. Passé le sombre et calme 'Haircuts' pour la scène de la coupe des cheveux d'Helen et Enola (la musique utilise de manière surprenante une guimbarde), le brutal 'Gills' est un autre morceau d'action qui nous renvoie à l'épisode du début où les habitants de l'atoll capturent Mariner. Le final est progressivement amené à partir de 'Balloon Flight' puis 'Dry Land' avec une superbe reprise grandiose du thème de Dry Land avec des choeurs majestueux, le film se concluant après 'Mariner's Goodbye' sur une ultime reprise plus lente aux cordes du thème principal dans 'Main Credits' pour le début du générique de fin.

Vous l'aurez compris, on ressort de l'écoute de ce score dans le film avec un très bon souvenir, celui d'un compositeur visiblement bien plus inspiré par son sujet que ne l'ont été Kevin Reynolds et tous ses technicos sur le film. 'Waterworld' nous permet d'entendre un James Newton Howard en pleine forme, qui n'hésite pas à parsemer sa musique de bonnes idées (la guimbarde dans 'Haircuts', les synthés new-age planants dans le magnifique 'Swimming', l'ostinato rythmique agressif de 'Deacon's Speech', etc.) afin de servir au mieux le propos du film. Avec 'Waterworld', Howard nous permet d'entendre l'une de ses meilleures musiques d'aventure/action considéré à juste titre comme son classique incontournable. Si 'The Fugitive' l'avait en grande partie révélé au public béophile en 1993, 'Waterworld' lui aura définitivement permit de jouer dans la cours des grands en imposant son style orchestral personnel et son propre sens du rythme, de l'harmonie et des mélodies. Du coup, on en vient presque à se demander ce que Mark Isham aurait put faire de mieux sur ce film. La partition de 'Waterworld' est aussi l'occasion pour nous de nous rappeler qu'une fois encore, un mauvais film peut très bien contenir une bonne musique. C'est ce que nous prouve ici James Newton Howard dans l'une de ses meilleures partitions orchestrales qui, sans tenir du pur chef-d'oeuvre, n'en demeure pas moins un score de très grande qualité, malheureusement mal mixé et peu mis en valeur dans le film.



---Quentin Billard