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1-Priest 3.26
2-Eclipsed Heart 3.34 3-I Have Sinned 5.07 4-Blood Framed Hell 3.52 5-Sacrosanct Delirium 7.44 6-Never One For Love 2.38 7-Faith, Work, Security 2.14 8-The Vampire Train 7.00 9-Fanfare For A Resurrected Priest 2.39 10-Cathedral City Blue 6.44 11-Detuned Towne 2.33 12-A World Without End 7.39 Musique composée par: Christopher Young Editeur: Madison Gate Records Album produit par: Christopher Young, Max Blomgren Montage musique: Thomas Milano Musique additionnelle de: Max Blomgren, Andrew Spence, Kevin Teasley, Jonathan Timpe, Brandon K.Verrett Artwork and pictures (c) 2011 Screen Gems. All rights reserved. Note: **** |
PRIEST
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by Christopher Young
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« Priest » est l’adaptation cinématographique d’une série de manhwa (équivalent du manga, en Corée) de l’artiste Hyung Min-woo, publié dans le magazine Comic Champ à partir de 1998. Le film, réalisé par Scott Charles Stewart, évoque un monde futuriste ravagé par la guerre, dans lequel l’Église est devenue omniprésente et gouverne des mégapoles entières d’une main de fer. Cathedral City est l’une de ces mégapoles, avec ces haut-parleurs qui martèlent régulièrement le dogme religieux et ces habitants entièrement soumis à la cause de l’église. Une guerre fait rage depuis des siècles entre humains et vampires, jusqu’au jour où les Prêtres guerriers vainquirent pour de bon les créatures de la nuit, tandis que les survivants furent parqués dans des réserves. Aujourd’hui, les Prêtres sont devenus inutiles et laissés pour compte, mais l’un d’entre eux, Priest (Paul Bettany), décide de reprendre les armes le jour où sa nièce est enlevée par la bande de vampires du sinistre Black Hat (Karl Urban). Priest défie par la même occasion l’autorité de l’omnipotente Eglise, qui lui a interdit depuis longtemps de partir au combat. Avec l’aide de la prêtresse (Maggie Q) et du shérif Hicks (Cam Gigandet), Priest s’élance à l’extérieur des frontières de Cathedral City, à la poursuite de Black Hat et de ses vampires maléfiques. « Priest » s’avère être un film d’action/science-fiction/horreur plutôt réussi bien que sans réelle surprise. La photographie nuancée, les effets spéciaux impressionnants et le mélange entre western, science-fiction, film post-apocalyptique et film de vampire opère ici pleinement, avec une énième performance solide de Paul Bettany. Ici, les vampires ne sont pas ceux que l’on voit habituellement dans des productions de ce genre : ce sont des créatures aveugles entièrement animées numériquement, qui vivent à l’intérieur d’immenses ruches et sont protégés à l’extérieur par une bande d’humains vampirisés nommés les « familiers ». Le film aligne les références avec un certain enthousiasme assez rafraîchissant : l’univers post-apocalyptique rappelle « Mad Max » ou le récent « Book of Eli », l’intérieur de la ruche des vampires fait irrémédiablement penser au « Aliens » de James Cameron, l’intérieur de Cathedral City fait penser à « Blade Runner », tandis que les scènes évoquant l’univers des westerns (le duel final entre Priest et Black Hat) semblent singer les grands classiques italiens de Sergio Leone ou même le « Quick and the Dead » de Sam Raimi. On retrouve aussi quelques très belles chorégraphies de combat basées sur l’art du gun-kata (on pense à « Ultraviolet » et « Equilibrium »), avec son lot de prêtres guerriers armés jusqu’aux dents et de vampires ressemblant à des monstres aveugles et translucides semblant surgir de « The Descent ». Mélangeant les genres et les influences avec brio, Scott Charles Stewart réussit l’exploit fou de faire un film étonnamment digeste et maîtrisé, bien que curieusement totalement court-circuité par une durée bien trop courte pour pouvoir concrétiser pleinement toutes ces idées : chose rare, le film dépasse à peine les 1h20 (générique de fin compris), et l’histoire se conclut bien trop vite pour pouvoir laisser une impression durable. On a à peine le temps de comprendre ce qu’il se passe que le récit arrive déjà à sa fin, donnant lieu à une fin ouverte annonçant d’ailleurs un deuxième opus (« Priest » serait donc conçu comme l’introduction d’une nouvelle saga ?), car malgré ses qualités, une bonne utilisation de la 3D et des scènes d’action heureusement fort lisibles, « Priest » nous laisse sur notre faim car le film semble inabouti et bien trop court par rapport à la richesse et la complexité de l’univers mis en place.
La musique de « Priest » a été confiée à Christopher Young, qui s’en donne ici à coeur joie en nous livrant une nouvelle partition d’action teintée de choeurs gothiques, de thèmes solennels et d’envolées orchestrales tonitruantes, agressives et dissonantes. A noter que c’est par le biais de Saim Raimi, qui officie ici en tant que producteur du film, que Christopher Young s’est retrouvé à la tête de la musique du film. Fait assez rare chez le compositeur : Chris Young s’est entouré sur ce projet de treize orchestrateurs et de cinq compositeurs pour l’écriture de la musique additionnelle, incluant quelques vocalises éthérées de l’incontournable Lisa Gerrard. Autant dire qu’une telle façon de travailler n’est pas sans rappeler le modus operandi des sbires de l’écurie Remote Control de Hans Zimmer (qui travaille aussi régulièrement avec Lisa Gerrard depuis « Gladiator » en 2000). Le score de « Priest » souligne tout au long du film la dimension christique/religieuse de Cathedral City et de l’ordre des Prêtres guerriers par le biais d’un orgue et de choeurs gothiques spectaculaires, tandis que l’orchestre reste au centre de la partition, sur fond de percussions endiablées pour les passages d’action typiques du compositeur de « The Core » et « Hard Rain ». Le film débute au son de « Priest » dans lequel Chris Young annonce un premier thème majeur de sa partition, thème ample et sombre de cuivres sur fond d’ostinato de cordes/bois. Très vite, les choeurs viennent rejoindre l’orchestre avec un orgue d’église, pour la dimension religieuse/gothique de la partition. L’effectif orchestral/choral reste ample et imposant, afin d’apporter plus de poids aux images du film de Scott Charles Stewart. L’utilisation de l’orgue pourrait faire penser quand à elle au style des toccatas et fugues de Bach durant l’ère baroque, renforçant l’idée de la suprématie de l’Eglise dans ce monde post-apocalyptique. « Eclipsed Heart » nous introduit à un nouveau thème, mélodie poignante et dramatique pour cordes et erhu (fameux violon chinois, très utilisé de nos jours à Hollywood par des compositeurs tels que Michael Giacchino dans « Star Trek »), nous rappelant que Christopher Young n’est pas qu’un maître du suspense et des frissons, mais qu’il possède aussi une veine lyrique qu’il n’hésite pas à valoriser quand un film s’y prête. L’émotion de « Eclipsed Heart » rappelle par moment certaines mesures du magnifique « Murder in the First », un thème poignant qui évoque dans le film la quête de Priest pour sauver sa nièce kidnappée par Black Hat. Dans « I Have Sinned », Chris Young introduit la scène où Priest quitte Cathedral City à grand renfort de choeurs gothiques entonnant un chant latin aux consonances épiques/religieuses assez grandioses (bien que l’on regrettera le côté « musique de trailer hollywoodien » un peu facile de la musique !). Ce passage choral épique n’est d’ailleurs pas sans rappeler un passage assez similaire dans la partition du film « Ghost Rider ». La musique évoque non seulement la détermination de Priest, mais aussi l’omniprésence de l’Eglise et le caractère guerrier de la quête du héros incarné à l’écran par Paul Bettany. Le morceau se prolonge par le biais d’un solide déchaînement orchestral dominé par des cuivres dissonants et des percussions agressives. Les percussions ont ici un rôle fondamental au cours des scènes d’action du film, même si certains ont très vite fait de les comparer aux travaux de Hans Zimmer - dont on retrouve effectivement certaines similitudes de style dans la partition de « Priest », au grand dam des détracteurs du compositeur teuton. Il est vrai que la musique de film hollywoodienne est plus que jamais sous l’emprise du diktat des studios qui ne jurent dorénavant que par Zimmer et le style Remote Control. Chris Young a su éviter le piège dans lequel est tombé cette année Patrick Doyle dans « Thor », et parvient malgré tout à faire quelques références au style Remote Control tout en conservant fort heureusement sa propre personnalité musicale. « I Have Sinned » reste donc un premier morceau d’action grandiose, avec sa conclusion martiale/chorale tout bonnement impressionnante, et aussi très accessible pour du Christopher Young. Effectivement, le compositeur nous avait habitué jusqu’à présent à des partitions plutôt sombres et avant-gardistes, bien souvent difficiles d’accès, mais sa partition pour « Priest » reste finalement plus accessible que « Drag Me To Hell » ou « The Uninvited », et permet au compositeur de s’illustrer dans le registre de l’épique et de la science-fiction avec brio. « Blood Framed Hell » reprend les choeurs et l’orgue gothique du début, introduisant quelques éléments électroniques discrets et quelques percussions action du plus bel effet. La musique apporte une réelle intensité aux images, lors des scènes où Priest affronte les vampires dans la ruche. A noter que « Blood Framed Hell » se conclut avec les vocalises éthérées de Lisa Gerrard. « Sacrosanct Delirium » fait à nouveau la part belle aux choeurs latins épiques, dans un style qui pourrait presque faire penser au « Lord of the Rings » d’Howard Shore. Le reste du morceau est une énième déferlante orchestrale d’action et de chaos sonore ténébreux et dissonant comme seul Chris Young en détient le secret - sans aucun doute l’un des morceaux d’action les plus impressionnants du score de « Priest ». Le thème associé au Prêtre guerrier fait d’ailleurs brièvement son apparition dans « Sacrosanct Delirium », un thème qui deviendra surtout plus présent sur la fin du film. Autre thème qui deviendra important pour la fin du film, le thème mélancolique de « Never One For Love », introduit délicatement ici au piano sur fond de cordes et de choeur, et qui rappelle ici aussi l’idée de la noble quête du héros (sauver sa nièce des griffes des vampires). « Faith, Work, Security » reprend quand à lui le thème de Priest entendu dans « Sacrosanct Delirium », développé cette fois-ci dans son intégralité, un thème héroïque et solennel assez poignant sur fond d’ostinato de cordes et de choeurs grandioses, un grand moment dans la partition de « Priest ». On appréciera aussi les rythmes martiaux entêtants de « The Vampire Train » et ses harmonies introductives teintées d’espoir, débouchant sur un nouveau morceau d’action totalement démesuré. La prêtresse possède son propre morceau dans le prenant « Fanfare for a Resurrected Priestless », avec les vocalises féminines introductives débouchant sur un nouveau thème ample et majestueux plein d’espoir (on penserait presque par moment ici aux thèmes de « Transformers » de Steve Jablonsky). C’est avec un certain plaisir que l’on retrouve le thème de Priest dans « Cathedral City Blue », à la fin du déchaîné « Detuned Towne » pour la confrontation finale sur le toit du train, et pour le générique de fin dans « A World Without End ». Le thème cède ensuite sa place au thème mélancolique de « Never One For Love », développé jusqu’au bout du générique de fin de façon entêtante. Il est rare que Christopher Young mette autant l’accent sur l’aspect mélodique dans une de ses musiques, et « Priest » s’avère être une exception assez épatante dans la filmographie du compositeur, car même si l’ensemble n’a rien de foncièrement original en soi, la musique étonne par sa thématique riche et rafraîchissante, et par le côté épique et grandiose du score sur les images du film. Certes, on pourra toujours reprocher les ressemblances faciles avec le style Remote Control, ou la quantité trop importante de thèmes, trop nombreux pour pouvoir être correctement assimilés et développés sur à peine 80 minutes de film (générique compris), mais l’ensemble reste extrêmement solide et convaincant, une nouvelle excellente partition musicale de la part d’un Christopher Young toujours aussi inspiré : à l’heure où les partitions fonctionnelles et sans âme se succèdent à vitesse grand V à Hollywood, il est bon d’entendre un vrai travail de passionné, aussi agréable à écouter dans le film que sur l’album. A découvrir rapidement, donc ! ---Quentin Billard |