1-Video Game 1.25
2-Boot Camp 4.48
3-Grenade Bunker 1.02
4-Pugal Sticks 1.29
5-Purified Water 2.04
6-Ranger Attack 1.30
7-The Mission 2.33
8-Lost in the Desert 5.05
9-New Transportation 1.06
10-The Cobra 1.41
11-Camel Traders 0.46
12-Finding the F.A.V.S. 0.40
13-Bones 2.01
14-The Raid Begins 1.06
15-Last Chance 8.04

Musique  composée par:

Robert Folk

Editeur:

Intrada Records MAF 7058D

Produit par:
Robert Folk
Album produit par:
Douglass Fake
Producteur exécutif:
Roger Feigelson

Artwork and pictures (c) 1994 Hollywood Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
IN THE ARMY NOW
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Robert Folk
Comédie loufoque se déroulant dans le monde militaire, réalisée par Daniel Petrie Jr., « In The Army Now » (En avant les recrues !) raconte l’histoire de deux amis niais, simplets et débrouillards, Bones Conway (Pauly Shore) et Jack Kaufman (Andy Dick), qui travaillent dans un magasin d’électronique à Glendale, en Californie. Licenciés de leur boulot après avoir semé la pagaille dans le magasin, Bones et Jack décident alors de s’inscrire pour l’armée, afin de suivre une formation de technicien purificateur d’eau, croyant que le travail sera tranquille et bien payé. C’est le début des problèmes pour nos deux compères qui vont ficher une sacrée pagaille à l’armée, usant les nerfs de leur sergent instructeur et de leurs supérieurs, jusqu’à ce qu’ils finissent par être envoyés à la tête d’un commando de choc involontaire au milieu du désert libyen. Objectif de la mission : empêcher la Libye d’envahir le Chad. Mais les soldats libyens les interceptent alors et leur convoi est attaqué et immobilisé en plein milieu du désert. « In The Army Now » s’inscrit ainsi dans la continuité des comédies caricaturant l’univers de l’armée américaine, avec ses règles, ses codes et ses conventions. Dans la lignée de « Renaissance Man », « M.A.S.H. » ou « Sgt. Bilko », « In The Army Now » s’apparente ainsi à une sorte de « Police Academy » à l’armée, ou comment deux parfaits imbéciles vont semer la zizanie dans une corporation militaire pourtant très stricte et difficile, se retrouvant mêlés à des péripéties invraisemblables lorsqu’ils iront combattre les libyens dans le désert du Chad, pour finir par revenir comme de vrais héros américains salués par le public. Le message du film de Daniel Petrie Jr semble évident : même le pire des abrutis peut s’imposer à l’armée et devenir un parfait héros américain. Bien sûr, les clichés du monde militaire sont passés en revue avec une dérision constante, même si l’ensemble reste bien souvent pitoyable et pas vraiment marrant : à trop vouloir forcer sur la caricature, « In The Army Now » rate son coup et ne parvient que très rarement à nous faire décrocher le moindre sourire. Et que dire de l’interprétation fastidieuse du has-been Pauly Shore et de son compère Andy Dick qui en font des tonnes pour finalement brasser du vent et faire plonger le film dans le registre du nanar pur souche. Et malgré tout, lorsque les deux compagnons finissent par se débrouiller tant bien que mal pour survivre ensemble dans le désert libyen jusqu’à la grande séquence de bravoure finale, on finit par s’attacher à ces deux ahuris pas si bête que cela et à leur compagnon d’infortune. Dans le registre de la comédie militaire, on préféra donc cent mille fois plus « Renaissance Man » ou même « Sgt. Bilko » !

La partition symphonique de Robert Folk renforce à son tour l’humour et la dérision du film de Daniel Petrie Jr en jouant la carte des envolées cuivrées militaires et des rythmes martiaux et guerriers. Le compositeur, qui s’est imposé à la fin des années 80 pour sa fameuse partition de « Police Academy » (et sa célèbre fanfare), a de nouveau été engagé ici afin d’écrire une nouvelle musique dans la lignée de « Toy Soldiers », marquant ainsi sa seconde collaboration à un film de Daniel Petrie Jr. Epaulé par les 90 musiciens du Sinfonia of London, Robert Folk nous livre une composition symphonique martiale, héroïque et énergique, dans la continuité de « Police Academy » ou « Toy Soldiers ». Avec « Video Game », Folk ouvre le film accompagnant la séquence du jeu vidéo de guerre à grand renfort de cuivres et de percussions militaires, dévoilant son superbe thème principal dans son intégralité, thème martial et héroïque accompagnant les exploits farfelus de Bones, Jack et leurs compagnons tout au long de l’histoire. Le thème de « In The Army Now » est absolument typique des partitions orchestrales que composa Robert Folk à cette époque, avec toujours un même sens de la mélodie et des orchestrations, riches et soignées. Le compositeur semble même s’être fait plaisir en libérant l’artillerie lourde sur « Boot Camp », pour la scène de l’entraînement dans le camp militaire vers le début du film. Folk parsème aussi sa musique de quelques touches humoristiques pour rappeler l’aspect comédie du long-métrage de Daniel Petrie Jr. « Boot Camp » utilise ainsi tous les stéréotypes habituels des musiques militaires - caisse claire, section de cuivres évoquant les fanfares, etc. - accompagné de quelques bois virevoltants (clarinette, clarinette basse, piccolo, etc.) pour la partie plus mickey-mousing/comédie de la musique. L’écriture des bois est d’ailleurs ici particulièrement riche et soignée, chaque instrument se répondant d’un pupitre à un autre avec une fluidité exemplaire, preuve de l’immense savoir-faire d’un compositeur trop souvent sous-estimé. On retrouve encore une fois le style martial de « Toy Soldiers », mais avec un humour et une bonne humeur plus rafraichissante et assez irrésistible.

« Grenade Bunker » prolonge cette exploration des rythmes martiaux, avec des orchestrations toujours riches et étoffées, et cette omniprésence du thème principal, développé régulièrement d’un morceau à un autre, comme c’est le cas au début de « Pugal Sticks », où une clarinette reprend les premières notes de la mélodie pour ensuite développer une nouvelle atmosphère martiale particulièrement joyeuse et entraînante. Robert Folk fait référence au monde des fanfares militaires américaines (celles de Sousa par exemple) qu’il pastiche à profusion, avec toujours cet enthousiasme et cet entrain communicatif, et ce même si l’approche voulue par le compositeur reste ultra prévisible et sans surprise. Dans « Purified Water », la musique nous fait clairement comprendre que Bones est en train d’accomplir quelque chose de positif au cours de sa formation, après avoir débuté l’entraînement de façon catastrophique. Ici aussi, l’enthousiasme communicatif qui se dégage du morceau à l’écran est assez irrésistible, bien que dénuée de la moindre once d’originalité. Avec « Ranger Attacks », la musique aborde alors la seconde partie du film, pour le départ de la bande dans le désert libyen. La musique devient alors plus sombre et plus inquiétante, symbolisant le danger et l’incertitude pour notre groupe de héros perdus au front. « The Mission » reprend le thème principal de la fanfare en grande pompe, tandis que « Lost in the Desert » paraît plus incertain et plus mystérieux, avec son mélange de synthétiseurs cristallins et de sonorités orientales évoquant le désert libyen (on pense parfois au score de « Arabian Knight » de Robert Folk), sans oublier quelques rythmes martiaux plus brefs. « New Transformation » utilise quelques petites percussions ethniques rappelant les décors libyens, agrémentées de synthétiseurs 90’s un brin cheap, typiques du compositeur. Les percussions orientales reviennent dans la scène du cobra (« The Cobra »), où Folk mélange adroitement comédie et action avec brio, le compositeur nous offrant un bref mais intense déchaînement orchestral virtuose, typique de ses grandes musiques d’action orchestrales - sans oublier quelques touches orientalisantes habituelles. Le motif qu’il développe pour le désert libyen se retrouve ensuite dans « Camel Traders », avant de déboucher sur l’envolée martiale héroïque de « Finding the F.AV.S. ». Enfin, le film se conclut sur deux superbes déchaînements orchestraux intenses, « The Raid Begins » et l’impressionnant « Last Chance », pour la bataille finale dans le désert, 8 minutes d’action pure et dure dans la lignée des grands scores action du compositeur - on pense à « The Lawnmower Man 2 », « The NeverEnding Story II », « Beastmaster 2 » ou « Toy Soldiers » - les fans de ce dernier score seront d’ailleurs aux anges avec le martial et belliqueux « Last Chance », un pur régal pour les amateurs de déchaînements orchestraux martiaux à l’ancienne !

Mission accomplie pour Robert Folk, qui parvient ainsi à insuffler un véritable souffle martial et guerrier au film de Daniel Petrie Jr. sans jamais perdre de point de vue le côté comédie délirante du film. La musique de « In The Army Now » est tout simplement réjouissante de bout en bout, bien qu’archi conventionnelle, ultra prévisible et sans surprise particulière. Le Sinfonia of London s’en donne à coeur joie tout au long du film, qu’il s’agisse des scènes d’entraînement du début, ou de la mission dans le désert libyen à la fin, débouchant sur la coda triomphante et glorieuse à la fin du superbe « Last Chance ». On reprochera néanmoins au compositeur son manque de prise de risque et de folie dans une musique somme toute bien écrite, bien conçue mais sans réelle audace. D’autre part, le score s’avère être un brin répétitif et monotone sur la longueur, même si à l’écran, le résultat est impeccable. Dans la continuité de « Police Academy » ou « Toy Soldiers », la partition de « In The Army Now » est un petit plaisir coupable pour les amateurs de musique militaire énergique et rythmée, servie par un thème principal mémorable : à ce sujet, il y a fort à parier que les auditeurs ressortiront de l’écoute en fredonnant de façon irrépressible l’entêtante fanfare du film, un pur régal dans son genre. En définitive, « In The Army Now » fait malheureusement partie de ces partitions injustement oubliées de Robert Folk, un solide travail à redécouvrir en même temps que le sympathique (mais néanmoins dispensable) film de Daniel Petrie Jr.



---Quentin Billard