1-Jake Lonergan 3.07
2-Palms To Heaven 2.24
3-Col. Woodrow Dolarhyde 4.51
4-Attack & Abductions 4.22
5-A Kid, A Dog & A Woman 3.57
6-Emmett's Close Encounter 4.54
7-Alien Air Attack 3.04
8-She's Gone 4.36
9-I Know Where They Are 6.28
10-Jake's Army 2.40
11-Godspeed 3.34
12-Goodbye Jake 2.50
13-I See Them 3.31
14-Ella's Mission 2.04
15-Do You Remember Me? 1.48
16-Return To The Cabin 1.12
17-See You Around 1.33

Musique  composée par:

Harry Gregson-Williams

Editeur:

Varèse Sarabande 302 067 105 2

Produit par:
Harry Gregson-Williams
Producteurs exécutifs:
Jon Favreau, Robert Townson
Direction musicale pour
DreamWorks:
Jennifer Hawks
Direction musicale pour Universal:
Mike Knobloch

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 2011 Universal Studios and DreamWorks SKG Distribution Co.LLC. All rights reserved.

Note: ***
COWBOYS & ALIENS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Harry Gregson-Williams
Après « Iron Man 2 », le réalisateur Jon Favreau renoue avec l’aventure dans « Cowboys & Aliens », long-métrage d’action mélangeant de façon étonnante western et science-fiction. Le film est une adaptation d’une série de comics books de Scott Mictchell Rosenberg publiée en 2006. « Cowboys & Aliens » nous replonge ainsi dans l’Ouest américain de 1873, dans le territoire de l’Arizona. Un mystérieux individu (Daniel Craig) se réveille un jour en plein milieu du désert, amnésique et blessé, avec un étrange anneau métallique autour du poignet. L’homme en question se rend alors dans la petite ville d’Absolution, où le révérend Meacham (Clancy Brown) s’occupe alors de soigner ses blessures. Peu de temps après, le mystérieux cow-boy fait la connaissance de l’irascible Percy Dolarhyde (Paul Dano), qui terrorise la ville régulièrement, et du shérif Taggart (Keith Carradine), qui reconnaît notre mystérieux héros sous le nom de Jake Lonergan, un hors-la-loi recherché par les autorités locales à la suite d’un hold-up. Jake rencontre ensuite une mystérieuse jeune femme nommée Ella Swenson (Olivia Wilde), qui s’intéresse particulièrement au cow-boy. C’est alors que le colonel Woodrow Dolarhyde (Harrison Ford), le père de Percy, arrive en ville pour mettre libérer son jeune fils et mettre la main sur Jake, afin de récupérer l’or que le hors-la-loi lui a dérobé il y a quelques mois. Mais alors que l’affrontement semble inévitable, la ville d’Absolution est soudainement attaquée par une horde de vaisseaux extra-terrestres, qui capturent les habitants les uns à la suite des autres. Désormais, Jake, Woodrow et ses compagnons, épaulés par les indiens Apaches, vont devoir s’associer et mettre leurs différends de côté afin de lutter ensemble contre les envahisseurs aliens, qui convoitent les ressources terriennes, et plus particulièrement l’or. « Cowboys & Aliens » dépoussière habilement le genre usé jusqu’à la moelle du western en mélangeant la mythologie du far-west traditionnel avec le genre très prisé de la science-fiction : le mélange des deux genres peut paraître assez hasardeux, mais le résultat est finalement très réussi. Jon Favreau multiplie les références et les citations, qu’il s’agisse de « Aliens » (les scènes à l’intérieur du vaisseau alien), « Close Encounters of the Third Kind » ou les westerns spaghettis de Sergio Leone ou des classiques tels que « Butch Cassidy & The Sundance Kid ». Le film reflète bien l’univers du comic originel, et maîtrise efficacement les codes du western et de la science-fiction, deux genres qui n’avaient quasiment jamais été mixés ensemble (on se souviendra néanmoins de la tentative audacieuse de Michael Crichton dans « Westworld » en 1973). Le film vaut surtout par la qualité de son casting irréprochable - le charismatique Daniel Craig et un Harrison Ford étonnant dans le rôle du méchant qui se rachète une conduite tout au long du film - sans oublier l’omniprésente Olivia Wilde (qui semble conquérir Hollywood depuis le succès de la série TV « House M.D ») et de nombreuses têtes connues dans les seconds rôles tels que Paul Dano, Sam Rockwell, Keith Carradine, Clancy Brown ou bien encore Walton Goggins, plus connu pour sa participation aux séries TV « The Shield » et « Justified ». Loin d’être le divertissement familial que nous vantait pourtant la bande-annonce officielle du film, « Cowboys & Aliens » reste un blockbuster assez sombre et violent qui, bien qu’assez original dans la forme, demeure finalement assez creux dans le fond, malgré de bons effets spéciaux, des aliens très convaincants et d’excellentes scènes d’action. Cela n’en demeure pas moins un solide divertissement de l’été 2011 !

Pour Harry Gregson-Williams, « Cowboys & Aliens » représente l’occasion unique de mélanger musique de western et musique de science-fiction/d’action. Le score d’HGW joue ainsi sur les codes musicaux des westerns traditionnels, agrémentés d’une pléiade de synthétiseurs et autre rythmique moderne très à la mode. Le score repose essentiellement sur un thème principal, confié à une guitare électrique sur fond de guitare rythmique, cordes et percussions dans « Jake Lonergan », pour le générique de début du film. Le thème principal, ample et majestueux, évoque clairement de par son rythme soutenu et son envolée mélodique grandiose, les décors de l’Ouest sauvage, et plus précisément ceux de l’Arizona de 1873. Le thème possède aussi un côté héroïque et déterminé associé au personnage de Daniel Craig alias Jake Lonergan dans le film, un vrai thème de western dans la grande tradition du genre, accompagné de quelques touches synthétiques plus atmosphériques et modernes. La fusion des deux styles musicaux, entre tradition et modernité, est pleinement respectée ici et aussi très réussie. A noter l’utilisation d’un choeur féminin vers la fin du morceau, un élément important dans le score de « Cowboys & Aliens », et qui sera très présent tout au long de l’histoire, symbolisant la quête d’identité de Jake ou les interrogations d’Ella. La musique véhicule ensuite un sentiment d’inquiétude et de danger dans « Palms to Heaven », avec ses cordes sombres, ses quelques notes de guitare et ses synthétiseurs atmosphériques plus typiques du style habituel d’Harry Gregson-Williams. La musique devient même plus nostalgie et intimiste dans la seconde partie du morceau, grâce à quelques notes plus mélancoliques de guitare, sur fond de nappe synthétique atmosphérique. Dommage cependant que la musique devienne alors plus fonctionnelle et peu intéressante dans ces passages plus atmosphériques et lents. Avec « Col. Woodrow Dolarhyde », le compositeur évoque le personnage d’Harrison Ford en mettant à nouveau l’accent sur la formation instrumentale western : petites percussions et guitare acoustique/électrique sont ainsi de la partie, représentant le colonel Woodrow Dolarhyde dans son côté bad guy, au début du film. Dommage qu’ici aussi, l’utilisation du sound design soit un brin envahissante et pas toujours très inspirée, malgré une fusion toujours très efficace dans le film entre tradition et modernité. Les choeurs féminins reviennent alors à la fin de « Col. Woodrow Dolarhyde », comme pour suggérer l’apparition d’un élément surréaliste et fantastique dans l’intrigue du film, impression largement confirmée dans l’agressif et intense « Attack & Adbuctions ».

Ce morceau permet à HGW de nous offrir son premier déchaînement d’action, écrit dans un style synthético-orchestral moderne, cher aux musiciens du studio Remote Control (ex Media Ventures) de Hans Zimmer : percussions électroniques mises en avant, cordes survoltées, cuivres massifs, guitare électrique sombre, tout semble être mis en oeuvre pour souligner clairement la terreur et le danger lors de la séquence de l’attaque des vaisseaux aliens dans la ville d’Absolution vers le début du film. Le sound design reste très présent pour évoquer la menace alien, même si l’on regrettera là aussi le côté banal et envahissant des sonorités électroniques. Les textures synthétiques brumeuses évoquent ici la présence extra-terrestre avec une série de sonorités difformes et angoissantes très caractéristiques. Dans « A Kid, A Dog & A Woman », la musique nous dévoile le second thème de la partition d’Harry Gregson-Williams, une excellente mélodie ample, héroïque et solennelle, que l’on entendra surtout lorsque les principaux protagonistes se réunissent à la fin du film pour combattre l’invasion extra-terrestre. Ce thème fédérateur et puissant apporte un sentiment d’espoir dans la musique somme toute assez sombre de « Cowboys & Aliens ». Ce sont d’ailleurs les sonorités électroniques difformes associées aux aliens qui reviennent rapidement dans « Emmett’s Close Encounter », comme pour rappeler l’omniprésence des créatures extra-terrestres et de la menace qu’ils représentent pour les humains. La musique devient alors dissonante et chaotique dans « Emmett’s Close Encounter », même si l’on regrettera là aussi l’utilisation souvent peu inspirée et brouillonne du sound design. A noter qu’ici aussi, HGW développe un motif d’action de cuivres déjà entendu lors de la scène de l’attaque des vaisseaux aliens (« Attack & Abductions »), et très présent dans la plupart des séquences d’action du film. On regrettera simplement ici aussi le côté purement fonctionnel de ces passages atmosphériques qui n’apportent pas grand chose à l’écoute, en dehors des images, si ce n’est de simplement remplir leur rôle à l’écran, mais sans grande originalité ou surprise particulière. La scène de l’attaque aérienne permet à HGW de reprendre le motif action dans « Alien Air Attack » pour un nouveau déchaînement orchestral rappelant bon nombre de passages d’action de ses partitions pour « The Chronicles of Narnia ». Le compositeur fait aussi plusieurs allusions au thème héroïque cuivré tout au long du morceau pour évoquer les exploits de Jake tout au long de la scène, lorsqu’il s’élance pour sauver Ella des griffes du vaisseau alien. A noter d’ailleurs une brève reprise du thème principal lors de cette séquence, renforçant l’héroïsme et la bravoure du personnage de Daniel Craig.

Les passages atmosphériques comme « She’s Gone » ou « I Know Where They Are » n’apportent pas grand chose de plus à la partition, mais c’est véritablement lors de la bataille finale que la musique atteindra son apogée et sa grandeur épique et démesurée. Les préparatifs de la bataille débutent avec l’excellent « Jake’s Army », alors que Jake réunit son armée pour partir affronter les extra-terrestres. HGW reprend alors le thème principal associé à Jake dans une version orchestrale plus déterminée et pleine d’espoir, avant de céder la place à une magnifique reprise du thème héroïque, exposé dans toute sa splendeur aux cuivres sur fond d’arpèges rapides et majestueux de cordes et de quelques rythmes percussifs pour l’arrivée des héros sur leurs chevaux. On appréciera ici l’espoir et l’héroïsme solennel qui se dégage de « Jake’s Army » avant le début des hostilités dans « Godspeed » et ses envolées orchestrales déchaînées, ou l’intense « I See Them » et ses percussions agressives sur fond d’orchestre agité. Ici aussi, l’espoir est plus que jamais présent, sous forme d’envolées solennelles ou héroïques - dommage cependant que le sound design et les sempiternelles et agaçantes percussions électroniques de chez Remote Control soient omniprésentes tout au long de ces morceaux d’action - les amateurs d’envolée héroïque apprécieront sans aucun doute la superbe reprise conclusive du thème de Jake à la fin de « I See Them », pour rappeler encore une fois les exploits de Jake, tandis que les choeurs féminins grandioses reviennent dans « Ella’s Mission », lorsqu’Ella se sacrifie pour détruire le vaisseau alien. Retour au calme dans « Do You Remember Me ? », « Return to the Cabin » et la reprise finale du thème « western » de Jake à la guitare dans « See You Around », d’une façon similaire à « Jake Lonergan », la boucle étant bouclée dans le film. Harry Gregson-Williams nous livre donc un score d’action/aventure plutôt réussi dans le film, entre la musique de western traditionnelle et le style synthético-orchestral habituel et moderne de chez Remote Control. Le score remplit parfaitement le cahier des charges et renforce le mélange d’aventure et de tension du film de Jon Favreau, sans grand éclat particulier - en dehors de quelques belles envolées thématiques assez prenantes. Les fans d’Harry Gregson-Williams devraient apprécier pleinement le nouvel opus musical du compositeur, mais les autres risquent fort d’être un peu plus mitigés face à une partition fonctionnelle qui ne propose rien de bien neuf !



---Quentin Billard