1-Captain America Main Titles 0.56
2-Frozen Wasteland 1.53
3-Schmidt's Treasure 3.01
4-Farewell to Bucky 2.50
5-Hydra Lab 1.54
6-Training The Supersoldier 1.08
7-Schmidt's Story 1.59
8-Vitarays 4.25
9-Captain America "We Dit It" 1.59
10-Kruger Chase 2.55
11-Hostage on the Pier 2.46
12-General's Resign 2.18
13-Unauthorized Night Flight 3.13
14-Troop Liberation 5.06
15-Factory Inferno 5.05
16-Triumphant Return 2.16
17-Howling Commando's Montage 2.15
18-Hydra's Train 3.27
19-Rain Fire Upon Them 1.39
20-Motorcycle Mayhem 3.05
21-Invasion 5.09
22-Fight on the Flight Deck 3.30
23-This Is My Choice 3.26
24-Passage of Time 1.35
25-Captain America 1.08
26-Star Spangled Man 2.53*
27-Captain America March 2.36**

*Interprété par
The Star Spangled Singers
Ecrit par Alan Menken
Paroles de David Zippel
**Bonus download ITUNES.

Musique  composée par:

Alan Silvestri

Editeur:

Walt Disney Records D001387402

Produit par:
Alan Silvestri

Artwork and pictures (c) 2011 Marvel Studios/Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
CAPTAIN AMERICA :
THE FIRST AVENGER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alan Silvestri
Nouvelle adaptation très réussie des aventures de « Captain America », inspirée du célèbre comic book de chez Marvel, le long-métrage de Joe Johnston est un redoutable cocktail d’action, d’aventure et d’humour dans la grande tradition des films de super-héros et d’aventure des années 80. « Captain America : The First Avenger » nous replonge dans l’Amérique de 1942, en pleine Seconde Guerre Mondiale. Steve Rogers (Chris Evans), jeune homme frêle et peu sûr de lui, tente de s’enrôler dans l’armée pour partir combattre sur le fond, mais il est régulièrement recalé pour ses problèmes de santé et son physique désavantageux. C’est alors qu’un scientifique, le professeur Erskine (Stanley Tucci), le remarque et l’incite à participer à un programme expérimental qui fera de lui un super soldat connu sous le nom de ‘captain america’. Avec l’aide de son camarade Bucky Barnes (Sebastian Stan) et de la séduisante Peggy Carter (Hayley Atwell), agent des services stratégiques américains, Captain America devient l’indispensable bras droit des alliés et affrontera la diabolique organisation HYDRA, dirigée par le sinistre Johann Schmidt alias Red Skull (Hugo Weaving), agent nazi en quête du pouvoir absolu. « Captain America : The First Avenger » est le dernier film qui présente l’un des héros des « Avengers » (Les Vengeurs), un célèbre groupe de super héros dont les aventures seront portées à l’écran par Joss Whedon en 2012. A ce sujet, ceux qui restent patiemment jusqu’à la fin du générique de fin du film pourront apprécier une petite surprise bonus, un superbe teaser du futur « The Avengers », qui réunira donc les héros Thor, Hulk, Iron Man, Hawkeye, La Veuve Noire et Captain America dans un même film, dirigés par Nick Fury (Samuel L. Jackson).

Joe Johnston nous délivre avec « Captain America » un superbe divertissement rétro, dans la lignée des films d’aventure ‘eighties’ dont le cinéaste américain se revendique clairement. L’ancien spécialiste des effets spéciaux qui travailla autrefois pour Georges Lucas (« The Empire Strikes Back ») et Steven Spielberg (« Raiders of the Lost Ark ») fait appel à tout son savoir-faire et son amour du septième art en livrant un vrai film de super-héros à l’ancienne : Steve Rogers, brillamment interprété à l’écran par Chris Evans (qui se voit livrer ici l’un des meilleurs rôles de sa carrière), est un héros droit et noble, bien éloigné des personnages torturés de « The Dark Knight » ou « Hulk ». Il est le symbole d’une Amérique qui défend ses valeurs en pleine Seconde Guerre Mondiale, et ce retour aux sources, à la fois nostalgique et rétro, porte une certaine naïveté rafraîchissante, et traduit par la même occasion un véritable amour de la bande dessinée d’origine. Les scènes d’action démesurées et les péripéties s’enchaînent quasiment sans temps mort, avec toujours ce goût pour l’aventure et les méchants nazis : c’est bien simple, on se croirait revenu au temps de « The Rocketeer » ou du « Raiders of the Lost Ark » de Spielberg. Les effets spéciaux sont impressionnants (dommage que la 3D soit purement inutile) et les scènes d’action sont étonnamment très lisibles, un miracle à une époque où le surdécoupage des scènes et les caméras hystériques à la Paul Greengrass sont légion à Hollywood. Le film vaut aussi par son humour et son second degré pleinement assumé, avec son méchant nazi caricatural mais réussi (brillamment interprété par Hugo Weaving), et son pastiche de patriotisme américain dont le film semble se moquer ouvertement (la séquence avec le numéro musical signé Alan Menken est un pur modèle de kitsch irrésistible et particulièrement drôle !). Les décors sont aussi très réussis, Joe Johnston reconstituant parfaitement l’Amérique des années 40 : au final, grâce à ses bonnes idées et à une certaine sincérité de ton, « Captain America : The First Avenger » s’avère être l’une des bonnes surprises de cet été et parvient même à nous faire oublier les déceptions de « Green Lantern » ou de « Thor ».

Alan Silvestri marque un retour en force sur « Captain America », pour lequel il signe une nouvelle grande partition symphonique martiale, héroïque et musclée, dans la lignée de « Judge Dredd », « G.I. Joe » ou « Eraser ». Avec « Captain America », le réalisateur Joe Johnston offre l’opportunité rare à Alan Silvestri de renouer avec un style symphonique qu’il avait quelque peu délaissé ces derniers temps aux profits des loops électro à la mode dans « G.I. Joe » ou « The A-Team », des partitions plus fonctionnelles et décevantes qui ne rendaient guère hommage au talent du compositeur de « Back to the Future » et « Predator ». Pour « Captain America », Silvestri s’offre les services du Hollywood Studio Orchestra et apporte un mélange détonnant d’action, de suspense et d’héroïsme au film de Joe Johnston, avec ce langage orchestral « old school » qui rappelle parfois le travail de James Horner sur « The Rocketeer » ou celui de Silvestri sur « Judge Dredd ». Le score de « Captain America » se qualifie haut la main grâce à son excellent et mémorable thème principal, mélodie ample et héroïque dans la plus pure tradition hollywoodienne du genre, symbolisant le héros de l’Amérique et les valeurs qu’il défend avec acharnement tout le long du film. Martiale et cuivrée, la fanfare du capitaine America reste gravée dans l’esprit longtemps après une première vision – le réalisateur déclarait récemment qu’il souhaitait que chaque spectateur ressorte du film en fredonnant la mélodie principale du score d’Alan Silvestri – dès le début du film, Silvestri impose clairement son ambition d’écrire un thème fédérateur fort et puissant, une mélodie héroïque et populaire dans le sens « Williamsien » du terme, à la manière des grands thèmes d’aventure d’antan. Hélas, si le thème principal est l’attraction majeure de la partition de « Captain America », tout ce qui tourne autour du thème est un brin plus décevant, car étonnamment fonctionnel et alimentaire, efficace sur les images mais pas follement inspiré. La fanfare du héros est introduite brièvement dès le traditionnel « Captain America Main Titles », partagé entre les roulements de caisse claire et les cors solennels rappelant maintes fanfares américaines d’Aaron Copland (rappelons que le film se déroule aux USA dans les années 40). Le thème, très discret durant la première partie du film, sera très présent lors de la création du Captain America et de ses exploits héroïques contre les nazis du maléfique Red Skull.

La première partie du film, qui va de « Captain America Main Titles » à « Captain America We Did It ! » est la plus décevante de la partition d’Alan Silvestri. Moins inspirée que la seconde partie, cette première section du score alterne entre suspense atmosphérique et morceaux fonctionnels qui ne laisseront pas un grand souvenir, la faute à une réelle ambition thématique – curieusement absente au début du film – et à un manque d’originalité de la part du compositeur. Des ambiances sombres de « Frozen Wasteland » aux atmosphères mystérieuses de « Schmidt’s Treasure » ou à la menace de « Hydra Lab », difficile de retenir grand chose de la musique en dehors des images. La musique remplit parfaitement le cahier des charges à l’écran, point barre. Le score apporte alors ce sentiment de danger et de mystère, tout en suggérant la menace grandissante de Red Skull à partir de « Schmidt’s Treasure » et ses quelques cordes dissonantes sur fond de ponctuations de cuivres et de percussions. Et voilà justement l’un des gros points noirs du score de « Captain America » : le côté étrangement faiblard de la thématique, car hormis la formidable fanfare du Captain America/Steve Rogers, les autres personnages n’ont pas d’identité mélodique à proprement parler, un choix étonnant étant donné le caractère old school du film et de la musique d’Alan Silvestri. Il y avait pourtant matière à écrire une poignée de thèmes mémorables, mais Silvestri aura finalement fait le choix de ne se limiter quasi exclusivement qu’au thème principal. Malgré tout, les auditeurs suffisamment attentifs pourront percevoir un motif secondaire récurrent dans le score, entendu pour la première fois dans « Schmidt’s Treasure » à partir de 1:54, et repris notamment à la fin de « Hostage on the Pier » à 2:05, dans « Rain Fire Upon Them » à 0:07, dans « Hydra Lab » à 1:22, ou au début de « General’s Resign ». Il s’agit en réalité du motif associé dans le film au Tesseract, cet artefact puissant et mystérieux qu’utilise Schmidt/Red Skull tout au long du récit : le motif est donc aussi celui de Red Skull dans le film, motif qu’Alan Silvesti réemploiera un an plus tard dans sa partition pour « The Avengers » de Joss Whedon. Le thème apporte par la même occasion une tension et un sentiment de danger omniprésent pour toutes les séquences avec le personnage d’Hugo Weaving et ses complices. Les nazis d’HYDRA ont droit quand à eux à un motif guerrier que l’on peut entendre à quelques reprises dans le film, notamment dans « Hydra Train » et « Invasion », mais qui reste totalement sous-exploité et franchement peu mémorable. Le score se limite souvent à un côté descriptif assez fonctionnel durant les 20 premières minutes du film, hormis peut être un « Farewell to Bucky » plus intimiste et touchant (avec ses harmonies subtiles et apaisées) ou un « Training the Supersoldier » plus enthousiaste et déterminé, avec ses rythmes martiaux/cuivrés pour la scène de l’entraînement militaire de Steve Rogers. L’absence d’un thème vraiment mémorable pour Red Skull est assez frustrant, étant donné que Schmidt est l’alter ego maléfique de Rogers et que l’on était donc en droit d’attendre un vrai motif imposant et inspiré pour lui, en dehors du motif de « Hydra Train » et des notes furtives du Tesseract (qui passera certainement totalement inaperçu à la première écoute du score dans le film !).

Les choses prennent une tournure plus satisfaisante dans « Kruger Chase », premier grand morceau d’action du score de « Captain America », et véritable défouloir orchestral dans la plus pure tradition des déchaînements orchestraux martiaux qu’Alan Silvestri affectionne tant. « Kruger Chase » accompagne intensément la séquence où Rogers pourchasse l’espion nazi dans les rues de la ville jusqu’au port (« Hostage on the Pier »). Dès lors, le ton est donné : priorité à l’action et aux grands déchaînements orchestraux à l’ancienne, avec des orchestrations solides et soignées, et – comble de chance – une quasi absence des traditionnels synthétiseurs et autre rythmique électro moderne à la Remote Control, si ce n’est en dehors de quelques brèves touches synthétiques (cheap) dans « Troop Liberation » ou au début de « Fight on the Flight Deck ». Silvestri alterne alors habilement durant ces morceaux d’action martiaux guerriers les envolées héroïques du thème principal et les sonorités plus menaçantes et guerrières de Red Skull/HYDRA, qui culminent d’ailleurs dans le puissant « Fight on the Flight Deck » lors de la confrontation finale dans l’avion futuriste de Red Skull. On appréciera ainsi l’intensité dramatique de « Factory Inferno », les accents guerriers débridés de « Invasion », l’héroïsme optimiste de « Triumphant Return », le caractère martial et déterminé du superbe « Howling Commando’s Montage », évoquant brillamment les exploits du commando du Captain et de ses compagnons d’arme contre les troupes nazies – à noter l’utilisation d’un motif guerrier héroïque associé au commando dans le film, brillamment repris au début de « Hydra Train » et repris en partie des notes de la fanfare du Captain America. Le thème du commando revient dans le solide « Hydra Train » pour l’affrontement musclé dans le train nazi (on peut l’entendre entre 0:38 et 1:09), le tout sur fond de percussions martiales, de cuivres guerriers et de rythmes complexes et élaborés - à noter l’utilisation d’un ostinato de cordes/piano rythmique typique d’Alan Silvestri, dans la lignée de « Van Helsing » ou même « Predator ».

L’action passe un cap avec l’excitant « Motorcycle Mayhem », qui reprend l’ostinato rythmique de « Hydra Train » et évoque furieusement la bataille en moto pour ce qui reste probablement l’un des meilleurs morceaux d’action du score de « Captain America », sur fond de reprises du thème héroïque et du thème du commando américain – à noter ici l’utilisation du xylophone et des percussions, typiques du compositeur. Vous serez comblé dans le film par la puissance orchestrale de « Invasion » (dont la fureur rythmique et symphonique rappelle beaucoup « Van Helsing » et « G.I. Joe »), ponctué de nombreux rappels du thème principal en mode action et même d’une allusion cuivrée au motif menaçant du Tesseract/Red Skull (perceptible aux cors entre 2:45 et 2:56). Enfin, on ne pourra pas finir sans évoquer le somptueux « Captain America March », accompagnant fièrement le générique de fin du film avec une superbe reprise de la fanfare de Captain America dans toute sa splendeur, à la manière de la célèbre « Raiders March » de John Williams pour « Raiders of the Lost Ark », morceau honteusement absent de l’album CD et uniquement disponible en téléchargement bonus sur I-Tunes (chose curieuse, qui risque fort de pousser les acheteurs à la version téléchargeable au détriment de l’album CD !). A noter aussi la fameuse chanson originale d’Alan Menken – compositeur de chez Disney – pour le kitchissime « Star Spangled Man », accompagnant la séquence du numéro de music hall 40’s vers le milieu du film, caricature joyeuse des musiques de propagande militaire américaine de la Seconde Guerre Mondiale, chanson sympathique mais pas indispensable, hormis pour ceux qui affectionnent les travaux vocaux/instrumentaux d’Alan Menken et son style musical cheap hérité de Broadway.

« Captain America » reste au final une partition assez rafraîchissante dans sa manière de vouloir renouer avec force et volonté à une esthétique orchestrale old school rappelant le grand Alan Silvestri des années 80/90. Ici, point de rythmes à la « Remote Control » et de synthétiseurs impersonnels comme dans les récents « Iron Man 2 », « Thor » ou bien encore « The Incredible Hulk », place à une déferlante symphonique d’héroïsme, d’action et de grands morceaux de bravoure, dans la plus pure tradition du genre. Si le score n’a rien de follement original et reste assez ordinaire de la part d’Alan Silvestri, on ne pourra que saluer ce bien bel effort de vouloir ressusciter un style orchestral devenu moribond à Hollywood, et qui semble encore avoir son mot à dire, tant que des réalisateurs « old school » comme Joe Johnston ou JJ Abrams (cf. le récent « Super 8 » de Michael Giacchino) continueront de travailler pour le cinéma américain. La musique, parfois très fonctionnelle et sans grande originalité, ne laissera pas un souvenir impérissable dans le film mais ravira malgré tous les auditeurs les plus exigeants et les fans d’Alan Silvestri, grâce à la présence d’un thème fédérateur ample, noble et mémorable, et par une multitude de morceaux d’action virtuoses maîtrisés de bout en bout. Alan Silvestri le sait bien, et ce plus que n’importe qui à Hollywood : c’est définitivement dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes, et c’est en suivant donc ce bon vieil adage que le compositeur nous livre l’un de ses meilleurs scores d’action/aventure de ces cinq dernières années ! Certes, malgré toutes ses promesses et ses ambitions, le score de « Captain America » risque d’en décevoir quelques uns à cause de l’absence d’une thématique secondaire forte et d’un manque d’originalité et de prise de risque, mais il serait injuste de bouder notre plaisir tant la musique semble habitée, sur les images, par une véritable volonté d’exacerber un style symphonique ‘old school’ salvateur pour un film de super héros réalisé en 2011, une grande musique symphonique à l’ancienne comme on en attendait plus aujourd’hui à Hollywood ! Et pour Alan Silvestri, c’est l’occasion d’effacer les déceptions successives de « G.I. Joe » et « The A-Team », en attendant ses prochaines retrouvailles avec Robert Zemeckis et Stephen Sommers, que l’on espère autrement plus riches et encore plus inspirées !




---Quentin Billard