1-Super 8 1.44
2-Family Matters 0.28
3-Model Painting 0.39
4-Acting Chops 0.40
5-Aftermath Class 5.52
6-Thoughts of Cubism 0.48
7-We'll Fix It In Post-Hate 0.43
8-Productions Woes 0.34
9-Train Of Thought 0.35
10-Circle Gets The Cube 1.05
11-Breen There, Ate That 1.11
12-Dead Over Heels 0.48
13-Gas and Go 1.33
14-Looking For Lucy 0.48
15-Radio Haze 1.06
16-Mom's Necklace 1.33*
17-Shootus Interuptus 2.33
18-Thoughts Of Mom 1.40
19-Woodward Bites It 1.53
20-Alice Projects On Joe 2.28
21-Neighborhood Watch-Fail 4.44
22-The Evacuation of Lillian 3.39
23-A Truckload Of Trouble 0.57
24-Lambs On The Lam 2.39
25-Woodward's Home Movies 2.39
26-Spotted Lambs 1.35
27-Air Force HQ Or Bust 1.03
28-World's Worst Field Trip 3.35
29-The Seige of Lillian 2.56
30-Creature Comforts 10.07
31-Letting Go 5.15
32-Super 8 Suite 5.51

Bonus Track

33-The Case 3.28**

*Not contained in film
**Original music from the film
by Charles Kaznyk.

Musique  composée par:

Michael Giacchino

Editeur:

Varèse Sarabande 302 067 101 2

Album produit par:
Michael Giacchino
Producteurs exécutifs de l'album:
Steven Spielberg, J.J. Abrams,
Bryan Burk

Direction de la musique pour
Paramount Pictures:
Randy Spendlove
Producteur exécutif pour
Varèse Sarabande:
Robert Townson
Coordination de l'album:
Jason Richmond
Coordinateur score:
Andrea Datzman
Préparation de la musique:
Booker White
Monteur musique:
Paul Apelgren
Supervision montage:
Alex Levy
Supervision musique:
George Drakoulias

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 2011 Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ****
SUPER 8
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Michael Giacchino
Nouveau long-métrage très attendu de J.J. Abrams (auteur bien connu de « Lost », « Fringe » et « Star Trek »), « Super 8 » est sans aucun doute l’un des événements cinématographiques majeurs de l’été 2011. Produit par Steven Spielberg, « Super 8 » nous replonge dans un récit d’aventure et de science-fiction à la manière des grands films d’aventure familiaux des années 80. L’histoire commence dans la petite ville de Lillian dans l’Ohio durant l’été 1979. Un groupe de jeunes adolescents tournent ensemble un film d’horreur amateur en super 8. Mais le tournage est rapidement interrompu par une terrible catastrophe ferroviaire impliquant un train et un pick-up : ce dernier se précipite alors à toute vitesse sur un train de marchandise et cause un spectaculaire déraillement. Arrivés sur les lieux de l’accident, les ados découvrent de mystérieux cubes blancs aux alentours de l’épave, tandis que c’est avec stupéfaction qu’ils découvrent que le conducteur du pick-up n’est autre que leur propre professeur de biologie, le Dr. Woodward, qui leur intime l’ordre de ne jamais révéler ce qu’ils ont vu. Un peu plus tard, d’étranges phénomènes se produisent un peu partout dans la ville : des objets électroniques disparaissent, des habitants sont agressés et disparaissent aussi, etc. L’armée arrive alors et force la population à évacuer les lieux. C’est alors que le jeune Joe Lamb (Joel Courtney) décide de revenir en ville avec ses amis et sa camarade Alice (Elle Fanning) afin de percer le mystère entourant le secret du Dr. Woodward et des militaires : ils découvrent alors des documents qui révèlent la mission secrète sur laquelle travaille le gouvernement américain depuis de nombreuses années, suite au crash d’un vaisseau extra-terrestre en 1958. La créature alien, qui sème la terreur dans la région, cherche en réalité à reconstruire son vaisseau pour quitter la terre, mais l’armée américaine l’a emprisonné afin d’étudier et de découvrir les secrets de son incroyable technologie ultra moderne.

« Super 8 » est le film hommage de J.J. Abrams au cinéma de Steven Spielberg, qui officie en tant que producteur sur le film : ici, tout est fait pour renouer avec le cinéma d’aventure des années 80, avec une nostalgie constante. On pense bien évidemment à « Close Encounters of the Third Kind » (1977), qui semble avoir servi de référence majeure pour le réalisateur (on y retrouve les mêmes thèmes : conspiration militaire, paranoïa d’une menace extra-terrestre, description de la famille américaine moyenne, sans oublier le fait que le film se déroule aussi durant les années 70), tandis que l’intrigue du groupe d’ados qui se lancent dans une aventure pleine de danger rappelle irrémédiablement « The Goonies » de Richard Donner (1985), lui-même produit à l’époque par Spielberg. Les fans de cette ère résolue du cinéma américain devraient donc y trouver ici leur compte, même si « Super 8 » déçoit finalement et ne tient pas complètement ses promesses : effectivement, le scénario du film s’avère être extrêmement bâclé, mal écrit, maladroit et inabouti : les intrigues s’enchaînent à grande vitesse sans temps mort mais l’on passe trop souvent du coq à l’âne sans réelle cohérence. J.J. Abrams ne parvient pas à cimenter ses différentes intrigues, alors qu’il multiplie les thèmes sans réelle unité scénaristique : difficile de trouver le rapport entre un groupe d’ados cinéphiles qui cherchent à tourner un film d’horreur amateur en super 8, une conspiration militaire, les relations difficiles entre un père et son fils, une attaque extra-terrestre, etc. (En plus, le look de la créature est calqué sur celle de « Cloverfield » !). Et lorsque le réalisateur tient enfin un plan quasi exceptionnel, celui de la séquence où Alice joue de façon incroyable devant le regard médusé de Joe et ses compagnons (séquence émouvante et magique qui traduit clairement tout l’amour du réalisateur pour le cinéma), il se montre parfaitement incapable de développer davantage sa séquence alors qu’il coupe brutalement la magie de cette scène pour une avalanche excessive d’effets pyrotechniques lors de l’accident du train vers le début du film. On ne pourra évidemment pas passer sous silence la médiocrité du final, dans lequel J.J. Abrams semble complètement abandonner ses personnages pour privilégier le caractère spectaculaire des effets spéciaux : de plus, le côté « années 80 » du film paraît totalement froid, artificiel et surfait, car malgré toutes ses ambitions initiales, le réalisateur échoue et nous offre un blockbuster estival inégal, complètement desservi par un scénario brouillon et fourre-tout qui semble partir dans tous les sens. Restent quelques bonnes idées comme les séquences de film amateur en super-8 lors du générique de fin, un hommage nostalgique à l’enfance de cinéphile de J.J. Abrams et Steven Spielberg. Hélas, cela ne suffira pas pour faire de ce « Super 8 » le grand blockbuster estival tant vanté dans les médias, car même si la nostalgie est présente, le long-métrage de J.J. Abrams n’arrive jamais à recréer l’atmosphère ‘eighties’ qu’il cherche désespérément à émuler.

La musique de « Super 8 » a été confiée, sans surprise, à Michael Giacchino, fidèle complice de J.J. Abrams depuis quasiment ses débuts. C’est la troisième fois que Giacchino met en musique un film du réalisateur après « Mission : Impossible III » (2006) et « Star Trek » (2009). Pour « Super 8 », l’objectif était similaire au concept du film lui-même : renouer de façon nostalgique avec l’atmosphère des années 70/80, et plus particulièrement des musiques de film de John Williams écrites à l’époque pour les films de Steven Spielberg. Relevant le défi avec panache, Michael Giacchino fait appel aux ressources de l’excellent Hollywood Studio Symphony (quoiqu’il aurait été plus judicieux de faire appel au London Symphony Orchestra pour retrouver ce son propre aux grandes musiques de film symphoniques des années 80) et nous livre une composition orchestrale assez classique d’esprit, qui vaut surtout pour ses grandes qualités d’écriture et la présence de ses nombreux thèmes, chose devenue rare de nos jours dans la musique de film moderne. Le score de Giacchino se devait donc d’évoquer avec nostalgie un retour aux sources rafraîchissant et épisodique à une époque aujourd’hui révolue où musique de film rimait avec thèmes, symphonique et orchestrations luxueuses. Et c’est John Williams qui a servi de modèle au compositeur pour la musique de « Super 8 » (la présence de Spielberg à la production ayant probablement facilité cette inspiration), une grande partition symphonique dotée de quatre thèmes forts et mémorables, alternant entre action, suspense, aventure et émotion, à la manière des grandes musiques de film hollywoodiennes des années 80 (on pense autant à Williams qu’à James Horner voire Bruce Broughton ou Alan Silvestri).

Le premier thème, très présent tout au long du film, est un motif ascendant de trois notes, sombre et mystérieux, associé à la créature. Ce motif, véritablement protéiforme, sera quasiment omniprésent lors de la plupart des scènes où il est question de l’alien ou des dégâts qu’il commet tout autour de lui. Autre thème majeur ici, le thème familial de Joe, le jeune héros du film, thème plus intimiste et touchant reconnaissable à sa cellule mélodique de quatre notes, entendu dès le début du film dans « Super 8 » (morceau qui débute d’ailleurs par une toute première introduction du motif du monstre). Le troisième thème, plus secondaire, et pourtant bien plus intéressant que le thème principal de Joe, est entendu pour la première fois dans « Acting Chops » : il s’agit du Love Theme pour Alice et Joe, thème mélodique ample et romantique assez savoureux, très influencé de John Williams ou des grands Love Theme de James Horner (on pense par exemple à celui de « The Rocketeer »). Enfin, le quatrième et dernier thème est entendu brièvement dans « Aftermath Class » et repris notamment dans « The Evacuation of Lillian ». Il s’agit du thème martial et cuivré associé aux bad guys du film, les soldats de l’armée américaine. Le thème – qui n’est pas sans rappeler le thème allemand de la musique de Giacchino pour le jeu vidéo « Medal of Honor – Secrets Weapons Over Normandy » - sera lui aussi très présent tout au long des scènes avec les militaires, et personnifie clairement la menace et le danger que représentent les soldats américains tout au long du film, un thème assez malléable qui sera bien souvent opposé en contrepoint avec le motif de la créature.

Fort de ses quatre thèmes majeurs, Michael Giacchino élabore ainsi une partition symphonique à l’ancienne, le tout porté par une nostalgie et un goût évident pour les grandes oeuvres symphoniques d’antan. Si « Super 8 », « Family Matters », « Model Painting » ou « Acting Chops » ne servent qu’à établir les premiers thèmes du score – celui de la famille de Joe et le Love Theme secondaire d’Alice – les choses deviennent plus complexes avec le long et sombre « Aftermath Class », où mystère et danger ont enfin leur mot à dire. Giacchino met ici l’accent sur le motif entêtant de la créature et le thème de l’armée. On appréciera, comme toujours chez le compositeur, les qualités de l’écriture orchestrale et des orchestrations, riches et soignées – à noter par exemple l’utilisation typique de la harpe vers le milieu de « Aftermath Class » et d’un orgue utilisé discrètement pour représenter la découverte stupéfiante des ados suite au crash du train. On appréciera aussi la façon dont Giacchino développe admirablement ses principaux thèmes en fonction de l’action et du récit, un procédé narratif qui renvoie à la technique traditionnelle du leitmotiv wagnérien, que John Williams porta à son apogée dans le cinéma de Spielberg des années 70/80. Un morceau pourtant modeste comme « Thoughts of Cubism » est représentatif de ce fait, notamment dans la façon dont Giacchino superpose le Love Theme d’Alice et le motif obsédant de la créature. Le thème d’Alice se voit d’ailleurs transformé en mélodie élégante et enthousiasmante dans « We’ll Fix It In Post-Hate », où il se retrouve confié à des cordes malicieuses et enjouées sur fond de harpe et piano, évoquant la fougue et l’innocence poétique de la jeunesse. Les oreilles plus attentives remarqueront d’ailleurs un cinquième thème dans la partition de « Super 8 », plus secondaire, entendu dans son intégralité au début de « Aftermath Class » où il est confié à un mélange contrebasses/contrebasson/bassons. Ce thème mystérieux constitué d’un groupe de quatre notes descendantes évoque clairement tout au long du film le secret entourant le crash du train, thème qui reviendra brièvement aux vents au début de « Train of Thought ». Le thème militaire devient prépondérant et puissant dans le martial « Circle Gets the Cube », un thème qui, en plus d’évoquer « Medal of Honor », a souvent été rapproché du thème des bad guys du « E.T. The Extra-Terrestrial » de John Williams. Le suspense et l’action ne sont pas en reste dans « Breen There, Ate That », évoquant avec fureur les méfaits de la créature, avec ses cuivres rugissants et agressifs.

Et comme toujours, on retrouve une solide combinaison du thème militaire et du motif de l’alien dans « Gas and Go », tandis que le motif du train est à nouveau repris dans « Looking for Lucy », avec le retour de cet orgue étrange utilisé à plusieurs reprises dans le film (une excellente idée qui vient apporter une certaine personnalité à la composition de Michael Giacchino). On notera aussi avec intérêt l’utilisation de l’électronique dans le sombre et angoissant « Woodward Bites It », où le thème militaire est repris de façon extrêmement glauque et tendue – avec la présence de cet orgue mystérieux couplé ici à un son de glass harmonica. L’action n’est pas en reste avec entre autre l’excellent « Lambs on the Lam » ou l’intense « Air Force HQ Or Bust » et ses cuivres massifs qui rappellent parfois, non sans nostalgie, les musiques de film d’épouvante/science-fiction des années 50. On appréciera d’ailleurs le caractère virtuose et extrêmement agressif des orchestrations et du jeu des instruments dans l’intense « World’s Worst Field Trip » pour la séquence de l’affrontement dans l’épave du bus – on retrouve clairement ici le style action de « Mission Impossible III » - le morceau apporte une intensité extrême à cette scène spectaculaire du film, grâce à ses cuivres intenses, ses percussions martelées et ses rythmes syncopés complexes, et personnifie admirablement bien le danger et l’excitation de l’affrontement, le tout servi par des orchestrations toujours très riches et pleines de détails. La tension monte ensuite d’un cran dans « The Siege of Lillian » débouchant au long climax final de « Creature Comforts », 10 minutes intenses alternant entre action, suspense et coda calme et apaisée, suivi du magnifique « Letting Go » pour la grande conclusion du film, reprenant le motif mystérieux de la créature, le thème de Joe aux violoncelles et le Love Theme d’Alice. On appréciera ici la façon dont Giacchino superpose encore une fois ses thèmes dans une écriture contrapuntique très élaborée et digne des plus grands maîtres, « Letting Go » apportant une sensation d’émerveillement grandiose et d’émotion pour la conclusion du film, le tout porté par une lyrisme et une poésie chère à Michael Giacchino.

Seule ombre au tableau : les morceaux s’avèrent être bien souvent très courts (trop ?), les premières pistes du score ne dépassant ainsi quasiment jamais 1 minute voire 50 secondes, un défaut assez particulier dans « Super 8 », qui donne ainsi l’impression d’entendre une partition certes très cohérente mais aussi extrêmement morcelée (la faute est aussi imputable à un séquençage hasardeux). Mais au final, sans être d’une folle originalité, la musique de « Super 8 » reste à n’en point douter l’une des musiques de film majeures de l’été 2011, une grande partition symphonique « old school » dotée d’une pléiade de thèmes, d’orchestrations riches et d’une écriture harmonique/contrapuntique/mélodique qui rappelle clairement les grandes heures de la musique de film hollywoodienne, preuve en est que les talents n’ont pas disparus à Hollywood et qu’il reste encore des musiciens capables d’écrire des musiques d’une telle ampleur, d’une telle qualité pour des blockbusters U.S. Certes, la musique de « Super 8 » imite bien souvent John Williams sans jamais atteindre le génie ni la complexité des oeuvres du maestro américain – l’écriture mélodique de Giacchino restant bien souvent plus simple et aussi plus prévisible que chez Williams – mais le résultat est tout bonnement épatant, aussi bien dans le film que sur l’album, où l’on écoute le score avec un intérêt constant, une musique agréable, tour à tour sombre, furieuse, menaçante, mystérieuse et aussi émouvante, poétique, touchante et enthousiasmante. Elle évoque avec nostalgie une époque lointaine où les compositeurs savaient encore nous faire rêver au cinéma, et c’est là le défi que s’est lancé Michael Giacchino sur « Super 8 », un défi qu’il semble avoir relevé haut la main, sa partition étant d’ailleurs nettement supérieure au film décevant de J.J. Abrams. Un must de l’été 2011, à découvrir sans plus tarder !



---Quentin Billard