1-Iron Eagle-Main Title 1.59
2-Shot Down 1.15
3-Hallway 1.41
4-Ted On Trial 1.28
5-Three Days/Minister Sinister 2.37
6-The Gallows/Flight Line I 3.33
7-Chappy's Story/Appetite 3.30
8-Iron Eagle Story/Flight Line II/
The Coast 4.12
9-Chappy Gets Hit/Chappy Crashes/
Chappy Talks 4.16
10-Ted To Tarmac/The Tower 2.26
11-Doug and Dad 2.41
12-Think You Can Handle
The Music? 2.49
13-Missing Man/
You've Earned Them 2.29

Alternates:

14-Three Days/Minister Sinister 3.54
15-Flight Line I 2.25
16-Flight Line II 0.54
17-Chappy Talks 1.49

Source Music:

18-Slappy's Place 4.25
19-Slo-Slappy 1.29
20-Army Air Corps 2.19

Musique  composée par:

Basil Poledouris

Editeur:

Varèse Sarabande CD Club
VCL 0608 1077

Album produit par:
Robert Townson, Mike Matessino
Monteur musique:
Ken Johnson
Coordination musicale:
Leslie Morris

Edition limitée à 3000 exemplaires.

Artwork and pictures (c) 1986/2008 Falcon Flight, Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
IRON EAGLE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Basil Poledouris
« Iron Eagle » (L’aigle de fer) reste à n’en point douter l’archétype même du cinéma de divertissement américain des années 80. Réalisé par le canadien Sidney J. Furie (connu pour quelques classiques comme « The Ipcress File », « The Appaloosa », « The Entity » ou bien encore « Purple Hearts ») et sorti en 1986, « Iron Eagle » cristallise à lui tout seul toutes les préoccupations ‘eighties’ des artisans hollywoodiens de l’époque : le film surfe sur la vague militariste/aviatrice amorcée à la même époque par Tony Scott dans « Top Gun », et décrit un univers d’adolescents américains branchés, sur fond de tubes pop/rock envahissants, de réalisation tendance clip MTV, et de script revanchard à la « Rambo ». Pour l’Amérique de Ronald Reagan, c’est le divertissement cinématographique par excellence (un des personnages du film fait même allusion au président !). Le scénario, totalement improbable, raconte l’aventure d’un jeune ado, Doug Masters (Jason Gedrick), qui mène une existence ordinaire en compagnie de ses amis, jusqu’au jour où son père, Ted Masters (Tim Thomerson), un colonel de l’U.S Air Force et pilote américain chevronné, est abattu lors d’une mission au Moyen-Orient. Voyant que l’armée n’a pas l’intention d’agir pour partir le récupérer, Doug décide de faire appel à un vieil ami de son père, le colonel Charles « Chappy » Sinclair (Louis Gossett Jr.), un vétéran de l’U.S. Air Force et ancien du Viêt-Nam. Ensemble, ils vont organiser une importante et improbable opération secrète pour délivrer Ted Masters des griffes du colonel Akir Nakesh (David Suchet) et de ses troupes. « Iron Eagle » est donc un blockbuster 80’s typique de son époque, car si l’on oublie le scénario totalement invraisemblable (un ado et un vétéran dérobent deux F-16 à l’US Air Force pour organiser une mission clandestine de sauvetage au Moyen-Orient !), le film vaut surtout pour ses magnifiques séquences de combat aérien, le tout accompagné par une bande son qui enchaîne les tubes – le disque content les chansons du film fut édité dès la sortie du film et connu un certain succès (une pratique très courante à l’époque). Concept étonnant dans le film : le jeune héros conduit systématiquement le F-16 en écoutant des chansons sur son magnétophone, un prétexte pour inclure ainsi à l’écran les tubes 80’s « One Vision » de Queen, « These Are the Good Times » d’Eric Martin ou « Iron Eagle-Never Say Die » de King Cobra, qui accompagnent parfaitement les pirouettes aériennes de Doug et Chappy. Anecdote célèbre concernant le film : l’U.S Air Force refusa de participer au tournage du film, obligeant alors les producteurs à faire appel à Tsahal (l’armée de défense israélienne) pour utiliser leurs propres IAI Kfir et les faire passer à l’écran pour des F-16. Si l’on regrettera donc son propos militariste primaire, son scénario revanchard et sa caricature très ‘eighties’ du Moyen-Orient (avec sa vision du méchant arabe et son accent à couper au couteau), « Iron Eagle » reste au final un parfait divertissement de bout en bout, qui, bien qu’il ne fut guère épargné par la critique à sa sortie en 1986, connu un tel succès en vidéo qu’il offrit trois autres suites, réalisés tout au long des années 80 et 90.

En dehors de la bande son pop/rock du film, « Iron Eagle » contient aussi une superbe partition symphonique du regretté Basil Poledouris, qui signe pour le film de Sidney J. Furie un score d’action teinté d’héroïsme, d’action et de danger. Le réalisateur contacta Poledouris après avoir vu « Red Dawn » de John Milius, et souhaita ainsi que le compositeur renouvelle encore une fois avec un style musical patriotique et martial, mélangeant adroitement orchestre, percussions militaires et parties synthétiques typiquement 80’s, tout en alternant systématiquement avec les chansons du film. Le score de « Iron Eagle » repose sur un thème principal patriotique, solennel et héroïque, typique des grandes musiques martiales de Basil Poledouris, introduit dès le générique de début (« Iron Eagle – Main Title »), thème ample partagé entre cuivres, cordes, percussions militaires et parties synthétiques cristallines. La mélodie ascendante et l’écriture des cuivres rappellent indiscutablement la partition de « Red Dawn », autre score militaire incontournable de Poledouris. A noter qu’après l’introduction du thème principal, le « Main Title » enchaîne ensuite sur un thème plus solennel associé à Chappy dans le film, et un motif de fanfare de trompettes à la Aaron Copland, deux thèmes et un motif qui seront ainsi très présents tout au long du film. Dans « Shot Down », la partition se veut plus intimiste, mettant l’accent sur les cordes, la harpe et les bois alors que Doug apprend que l’avion de son père a été abattu et qu’il est détenu prisonnier au Moyen-Orient. « Shot Down » introduit ici une touche plus sombre et dramatique évoquant les origines de l’aventure de Doug. Poledouris ne se limite pas qu’à l’action et aux élans patriotiques dans « Iron Eagle », puisqu’il nous offre aussi quelques moments plus doux et apaisés comme « Hallway » pour une scène familiale, entre Doug et sa mère, partagé entre flûte, clarinette et cordes. Autre axe majeur dans la partition de Basil Poledouris, les scènes se déroulant au Moyen-Orient, avec les bad guys arabes. Le compositeur accompagne la plupart de ces séquences en utilisant un mélange de percussions ethniques/orientales sur fond de cordes sombres et de synthétiseurs, et plus particulièrement lors des scènes avec le ministre (David Suchet), comme c’est le cas dans « Ted On Trial » pour les préparatifs du procès de Ted Masters.

La partition de « Iron Eagle » alterne ainsi tout au long du film entre action héroïque, passages intimistes et morceaux ethniques/orientaux plus menaçants, une variété d’ambiance fort bienvenue et parfaitement cohérente d’un bout à l’autre du film. Ainsi, on retrouve l’espoir dans « Three Days » tandis que « Minister Sinister » reprend les sonorités orientales de « Ted On Trial » avec son ostinato entêtant de cordes et de percussions ethniques. « Minister Sinister » amorce ici un nouveau thème, plus dramatique et déterminé, associé aux préparatifs de la mission de sauvetage mené par Doug et Chappy, thème que l’on retrouve, sur fond de percussions orientales et synthétiseurs dans « The Gallows ». Le thème principal héroïque et la fanfare reviennent ensuite dans « Flight Line I » alors que nos deux héros montent à bord de leurs avions, un thème qui apporte à cette séquence un fort sentiment d’espoir, de courage et de détermination. Poledouris reprend ensuite le thème de Chappy dans « Chappy’s Story », dans une version chaleureuse plus lente et intimiste, entre bois, cordes et harpe. Impossible ensuite de résister à l’enthousiasme héroïque de l’envolée thématique de « Iron Eagle Story/Flight Line II » lors du décollage des deux F-16 en route vers leur destinée. A noter ici l’utilisation des synthétiseurs 80’s typiques de Poledouris, et que le compositeur reprendra en partie dans « RoboCop », écrit l’année suivante. Le début de la mission de Doug et Chappy permet au musicien d’élaborer ensuite un ostinato entêtant de cordes dans « Chappy Gets Hit/Chappy Crashes/Chappy Talks », lors de la scène où l’appareil de Chappy est touché et va s’écraser en pleine mer méditerranéenne. Ici aussi, on alterne astucieusement entre action, tension et moments plus intimistes, comme lors de la scène où Doug écoute la cassette audio enregistrée par Chappy. L’action culmine dans « Ted To Tarmac/The Tower » où l’on mélange les sonorités associées au Moyen-Orient et à l’excellent thème du sauvetage (partagé entre cordes et synthétiseurs), sur fond d’ostinato de cordes, un très beau thème symbolisant la détermination de Doug à sauver son père et le danger représenté par le ministre arabe et ses troupes.

L’ostinato martial et quasi Holstien des cordes revient dans « Doug and Father » sur fond de thème du sauvetage et de percussions ethniques : Basil Poledouris mélange alors ses principaux axes musicaux et superpose les idées avec une habileté et une aisance chère au musicien. A noter un morceau non utilisé, « Think You Can Handle The Music ? », dans lequel Poledouris avait prévu à l’origine de reprendre le superbe thème principal sur fond de rythme pop 80’s kitsch, avant d’être remplacé dans le film par d’autres morceaux du score, lors de la scène où Doug affronte l’avion du ministre. Enfin, l’aventure touche à sa fin avec la coda héroïque et triomphante de « You’ve Earned Them », qui reprend une dernière fois le superbe thème principal martial et patriotique dans toute sa splendeur. Basil Poledouris signe donc une solide partition orchestrale pour « Iron Eagle », une partition qui alterne habilement entre aventure, héroïsme, danger et émotion, à l’instar du film de Sidney J. Furie. Le compositeur semble s’être fait plaisir sur ce film et cela s’entend, et son enthousiasme et assez communicatif, même si l’ensemble n’a rien de follement original de la part du musicien. A l’écran, mission accomplie pour la bande originale de Basil Poledouris : le compositeur n’est jamais aussi à l’aise que lorsqu’il s’agit d’écrire de grandes envolées martiales et des grandes mélodies héroïques et cuivrées (on pense entre autre à « Red Dawn » mais aussi « Flight of the Intruder » ou « Starship Troopers »). Sans être un chef-d’oeuvre de Poledouris, « Iron Eagle » reste au final une solide partition symphonique typique d’une ère révolue, un score martial et cuivré d’une grande qualité, intéressante de bout en bout et servie par le savoir-faire incomparable de ce grand musicien du cinéma qu’était Basil Poledouris, à redécouvrir grâce à l’excellente édition limitée CD Club de Varèse Sarabande !



---Quentin Billard