Disc 1
(Final Revised Film Score)


1-Main Titles 2.54
2-Gas Station/Leaving Belle's 2.05
3-Earl's Truck By/Photos/No Help 4.13
4-Route 7-North 7.44*
5-Deep Wacko/Heist Explained 4.33
6-The Bank 5.07**
7-Bringing Money To Earl***/
Jeff in the Truck +/
Jeff Stabs Earl/Cop Pursues 4.12
8-Earl and Cop Shot++/
Speeding Truck Climb 6.58+++
9-In The Freezer 3.36
10-Jeff Sneaks Into House/
Deke Freeze/Car Chase 9.27
11-Truck Ramming#/
Climb the Truck#/
The Truck Falls 3.59##
12-End Credits 4.37

Disc 2
(Alternate Early Film Score)


1-Main Titles 3.02
2-Earl's Truck By/
Leaving Belle's 2.09
3-No Help 1.46
4-Photos 1.04
5-Route 7-North 10.17
6-Deep Wacko 0.26
7-Heist Explained 4.12
8-The Bank/Bringing
Money to Earl 6.08
9-Jeff in the Truck/
Jeff Stabs Earl 2.36
10-Cop Pursues 0.50
11-Earl and Cop Shot 1.53
12-Speeding Truck Climb 5.29
13-In The Freezer/Deke Freeze/
Car Chase 12.53
14-Truck Ramming 5.41

Disc 3 (Alternates)

1-Photos (Early alternate) 1.10
2-Route 7-North (Original
Revised Composition) 8.46
3-Three Deep Wackos
(Three Alternates) 1.07
4-The Bank (Early Alternate) 5.08
5-Earl and Cop Shot/
Truck Climb (Original
Revised Composition) 7.00
6-In The Freezer (Early Alternate) 4.52
7-Deke Freeze/Car Chase
(Original Revised Composition) 8.09
8-Truck Ramming/Climb the Truck/
The Truck Falls (Original
Revised Composition) 5.24
9-Earl and Cop Shot
(Alternate Overlay) 1.52
10-The Bank/Route 7-North
(Alternate Segments) 6.55

*Composé par Richard Marvin (65%),
Basil Poledouris (35%)
**Composé par Richard Marvin (56%)
et Basil Poledouris (44%)
***Composé par Steve Forman et
Judd Miller
+Composé par Eric Colvin
++Composé par Basil Poledouris
et Eric Colvin
+++Composé par Eric Colvin (54%),
Judd Miller (29%) et
Richard Marvin (17%)
#Composé par Richard Marvin
##Composé par Richard Marvin (50%)
et Basil Poledouris (50%).

Musique  composée par:

Basil Poledouris

Editeur:

La La Land Records LLLCD 1173

Producteurs exécutifs pour
La-La Land Records:
MV Gerhard, Matt Verboys
Producteur exécutif de l'album:
Dan Goldwasser
Direction de la musique pour
Paramount Pictures:
Randy Spendlove
Coordination de l'album:
Kim Seiniger
Consultant du score:
Curtis Roush
Supervision montage musique:
Daryl B.Kell
Assistant monteur:
Christine Cholvin
Preview Music Editor:
Helena Lea
Speciality Percussion:
Steve Forman
EVI Soliste:
Judd Miller
Synthétiseurs:
Eric Colvin
Assistance de production album:
Lukas Kendall, Frank K.DeWald

Edition limitée à 3000 exemplaires
American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 1997 Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ***
BREAKDOWN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Basil Poledouris
« Breakdown » est un thriller nerveux signé Jonathan Mostow et sorti en 1997. Le film suit le parcours agité de Jeff Taylor (Kurt Russell), correspondant de guerre qui décide de prendre des vacances avec sa femme Amy (Kathleen Quinlan). Le couple entreprend alors la traversée des Etats-Unis et se rend à San Diego, jusqu’à ce que leur véhicule tombe subitement en panne en pleine région désertique. Un camionneur nommé Red (J.T. Walsh) s’arrête alors et propose à Amy de l’amener au prochain relais routier pour appeler un dépanneur, tandis que Jeff décide de rester près du véhicule. Alors qu’il attend longuement que sa femme revienne, Jeff parvient à faire redémarrer la voiture. Il se rend alors au relais routier où est censé se trouver Amy, mais personne ne semble l’avoir vue. Comprenant qu’il est arrivé quelque chose à sa femme, Jeff décide de remuer ciel et terre pour retrouver Amy, jusqu’à ce qu’il finisse par croiser à nouveau le fameux routier. Mais ce dernier jure ne l’avoir jamais vu, lui et sa femme. C’est le début du cauchemar pour Jeff Taylor. « Breakdown » est un thriller plutôt réussi, une bonne série-B à suspense typique des années 90, signée Jonathan Mostow, qui, grâce au succès de son film, se verra confier par la suite de plus gros budgets tels que « U-571 », « Terminator 3 » ou bien encore « Surrogates ». Maniant habilement le suspense avec habileté, Jonathan Mostow parvient à instaurer un véritable crescendo de tension tout au long du film et ce jusqu’au violent climax final - les 30 dernières minutes du film sont d’ailleurs un exemple d’intensité dramatique et de tension pure ! Avec ses décors désertiques des grandes routes de l’Amérique sauvage et son atmosphère à suspense digne d’Hitchcock, le réalisateur signe un bon thriller, brillamment campé par Kurt Russell, parfait en mari désespéré prêt à tout pour retrouver sa femme disparue. Le film manie aussi les références et les influences avec habileté, entre road-movie tendance « Duel » de Steven Spielberg ou thriller routier type « Red Rock West » ou « Hitcher » (« Breakdown » est d’ailleurs adapté du téléfilm américain « Dying Room Only » de Philip Leacock sorti en 1973). Et dans le rôle du bad guy de service, le regretté J.T. Walsh, excellent acteur américain et grand habitué des rôles de méchants hollywoodiens des années 90. « Breakdown » reste donc un classique du film à suspense ‘nineties’ dont on ne se lasse pas.

La partition musicale de Basil Poledouris pour « Breakdown » a connu un parcours assez agité avant d’aboutir au résultat final que l’on connaît dans le film. A l’origine, Poledouris composa un score orchestral complet qui fut finalement entièrement rejeté par la production, obligeant ainsi le compositeur à tout réécrire depuis le début, avec l’aide des compositeurs additionnels Richard Marvin, Steve Forman, Eric Colvin et Judd Miller. La célèbre mésaventure de Basil Poledouris sur « Breakdown » fut d’ailleurs assez exceptionnelle dans la carrière du compositeur, puisqu’il s’agissait de la première et unique fois que le musicien vit sa musique rejetée sur un film. Le triple album publié par La La Land Records nous permet d’ailleurs d’entendre le score final complet, le score complet rejeté et les pistes alternées et remaniées pendant la post-production du film. Premier élément remarquable ici : le score rejeté s’avère être bien souvent plus riche et aussi plus intéressant que la version finale, la production ayant opté pour des choix assez curieux, et généralement une certaine tendance à limiter les parties mélodiques et harmoniques pour conserver une approche souvent plus atmosphérique mais aussi un brin plus monotone. Quoiqu’il en soit, il y a du bon dans les deux scores mais aussi des éléments plus discutables, surtout dans le score final. Le film débute au son du traditionnel « Main Titles », remarquable grâce à son absence totale d’orchestre : l’accent est entièrement mis ici sur des percussions acoustiques/électroniques et l'utilisation du fameux EVI (interprété par Judd Miller) évoquant le danger à venir, alors que l’on aperçoit à l’écran le plan d’une autoroute sur lequel apparaît les principaux titres et noms de l’équipe du film. Après un « Main Titles » quelque peu étrange et tout en mystère, les synthétiseurs atmosphériques et l'EVI se prolongent dans « Gas Station/Leaving Belle’s », évoquent les immenses étendues désertiques, tandis que des cordes pointent tout à coup leur nez, et que la musique prend soudainement une tournure plus orchestrale. Basil Poledouris mélange alors orchestre et synthétiseur, dans un style qui rappelle beaucoup des partitions action 90’s telles que « Under Siege 2 », « On Deadly Ground » ou bien encore « Switchback ». Le suspense devient ensuite le principal mot d’ordre du compositeur dans « Earl’s Truck By/Photos/No Help ». Poledouris évoque le désarroi de Jeff après la disparition mystérieuse de sa femme. Il règne dans « Earl’s Truck By » une sensation de désolation avec ces synthétiseurs atmosphériques sombres et ces cordes mystérieuses typiques de la partition de « Breakdown ». Le segment « No Help » met en avant le mélange orchestre/rythmique électronique pour illustrer la tentative désespérée de Jeff de retrouver sa femme, à la recherche du moindre indice.

Le morceau « Route 7-North » a été co-écrit quand à lui par Poledouris et Richard Marvin. Il met à son tour en avant les synthétiseurs atmosphériques, l'EVI et des sonorités de guitare country pour évoquer les étendues désertiques de la grande route 7. Ici aussi, priorité à un suspense atmosphérique et à une tension omniprésente. La traque entre Jeff et les camionneurs devient ici plus présente, avec ses cordes rapides et agitées, ses timbales menaçantes et ses trilles dissonants de violons. Les traits rapides des cordes et les ponctuations de cuivres et piano/timbales renforcent à leur tour le sentiment de menace et de danger, dans la plus pure tradition « Herrmannienne » du genre (à noter que l’écriture rapide des cordes rappelle curieusement ici un morceau de la partition de « Misery » de Marc Shaiman). Ici, les principaux codes de la musique de thriller hollywoodienne sont passés en revue, afin de renforcer la poursuite et la tension. Dès lors, le suspense ira crescendo tout au long du film, et ce jusqu’au violent climax final. Un morceau comme « Deep Wacko/Heist Explained » est ainsi très représentatif de l’atmosphère de suspense du film, avec ses synthétiseurs planants évoquant la menace représentée par Earl et ses compères, et les incertitudes de Jeff concernant sa femme. A noter que l’on retrouve ici les percussions électroniques mystérieuses du « Main Titles », qui rappellent encore une fois l’idée de la traque et du danger. La tension monte d’un cran lors de la séquence où Jeff se rend à la banque (« The Bank »), avec ses cordes sombres et ses nappes synthétiques sinistres, tandis que « Bringing Money To Earl » s’oriente davantage vers l’action avec ses rythmiques synthétiques, ses cuivres et ses cordes agitées. L’action reprend de plus belle dans le long et intense « Earl and Cop Shot/Speeding Truck Climb », dont la seconde partie a été écrite par le trio Judd Miller/Eric Colvin et Richard Marvin (à noter que le track list de l’album précise même la participation de chaque musicien quantifiée par un pourcentage précis). Le suspense redevient plus intense dans le sinistre et dissonant « In The Freezer » (qui frôle la musique d’épouvante), avant de déboucher sur l’intense poursuite finale de « Jeff Sneaks Into House/Deke Freeze/Car Chase » et ses percussions synthétiques agressives (à noter que « Car Chase » reprend le motif de cordes rapides écrit par Richard Marvin pour « Route 7-North »), sans oublier le climax brutal de « Truck Ramming/Climb the Truck/The Truck Falls », morceau d’action/tension malheureusement gâché parfois par le côté cheap des synthétiseurs. Enfin, Poledouris nous offre une solide conclusion pour l’excellent « End Credits », plus lyrique et apaisée, bien que reprenant aussi les principales sonorités de la partition de « Breakdown ».

Un mot au sujet de la partition rejetée : dès le « Main Titles » d’origine, la musique affichait d’emblée une tonalité orchestrale et mélodique bien plus riche que ce qui a finalement été retenu pour la version finale. L’ancien « Main Titles » rejeté utilisait ainsi un solide mélange d’orchestre/synthétiseurs/guitare dans la lignée du score de « Switchback », avec un thème principal de qualité, des orchestrations plus riches et étoffées. La guitare était d’ailleurs assez présente, comme le rappelle la version alternée de « Earl’s Truck By/Leaving Belle’s », sans oublier l’utilisation des bois dans « Photos ». Les musiques d’action étaient plus amples et massives, et aussi plus typiques de Poledouris, comme le rappelle la version rejetée (et pourtant très solide !) de « Route 7-North », très proche ici du style de la partition de « Under Siege 2 », notamment dans l’utilisation de l’électronique et des orchestrations. C’est ainsi pour tout le reste de la musique rejetée de « Breakdown », qui, au final, ne ressemble quasiment pas à la version finale, bidouillée et écrite en grande partie par les compositeurs additionnels. On se demande même finalement quel a été véritablement la place de Basil Poledouris sur la version finale, tant la patte du compositeur semble totalement absente ou méconnaissable dans la musique définitive. Il est véritablement dommage que la production ait rejeté l’approche orchestrale/synthétique prévue à l’origine par Poledouris, au profit d’un score plus orienté synthés/série-B à suspense plus modeste et banale. Certains morceaux de la musique rejetée de « Breakdown » nous auraient ainsi permis de retrouver le grand Basil Poledouris des musiques d’action 90’s comme « Jeff In The Truck/Jeff Stabs Earl », « Speeding Truck Climb » ou « Car Chase ». L’utilisation des synthétiseurs était aussi bien plus intéressante et inventive dans la version rejetée (voire parfois même assez expérimentale, comme à la fin de « Truck Ramming » et son EVI extravagant!). Le troisième disque nous présente à son tour une série de morceaux alternés très tôt durant la post-production, une étape intermédiaire qui débouchera rapidement sur la version finale, avec l’ajout des compositeurs additionnels. Ainsi, la version alternée de « Route 7-North » emploie déjà quelques sonorités synthétiques que l’on retrouvera dans la musique finale. Autre élément intéressant : « Three Deep Wackos », qui nous permet de comparer trois versions alternées de « Deep Wacko », trois ébauches d’idée assez passionnantes à comparer et à analyser (cela permet aussi de comprendre tout le cheminent du processus créatif de Poledouris sur « Breakdown », et comment la version finale est apparue progressivement à force de changements et de réécriture). A noter les synthétiseurs macabres de « In The Freezer » version « early alternate », plus expérimentaux et dissonants que dans la version finale retenue, tandis qu’à contrario, l’ancienne version de « Car Chase » décevait par son emploi d’un clavier synthétique MIDI un brin vulgaire et bon marché, pas vraiment digne du talent de Poledouris – en revanche, on se rapproche beaucoup encore une fois du style de la version finale.

Au final, « Breakdown » devrait néanmoins satisfaire tous les amateurs de Basil Poledouris, même si l’on regrettera le caractère impersonnel et un peu anecdotique de la version finale du film, très efficace à l’écran mais un brin fonctionnelle et sans grand éclat sur l’album : la version alternée du disque 2 s’avère être bien plus passionnante à écouter et permet au compositeur de prolonger un style action qui atteint sa maturité au milieu des années 90, notamment dans les mélanges orchestre/synthétiseur. Le triple album confectionné avec soin par La La Land nous permet ainsi de découvrir toutes les idées du compositeur, de ses premières esquisses en post-production jusqu’aux morceaux remaniés et au résultat final. La musique de « Breakdown » est un sommet d’action et de suspense dans l’éclectique carrière de Basil Poledouris, mais l’ensemble risque fort d’en décevoir plus d’un quand à la qualité du score final, car, même si à l’écran, la musique véhicule parfaitement tension et suspense oppressant, le résultat en écoute isolée paraît plus terne et décevant : mieux vaut privilégier l’écoute du deuxième disque, avec une musique rejetée plus riche et aussi plus personnelle et intéressante !




---Quentin Billard